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L’histoire pour le plaisir

Charles François Dieupart

vendredi 23 décembre 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 12 février 2013).

Charles François Dieupart (1670 -1740)

Violoniste-claveciniste et compositeur

"Instruments de musique baroque sur une table par Baschenis (Collection : Musées royaux des beaux-arts de Belgique) wiki Musique baroque"Son père, lui aussi prénommé François, était fabricant de chandelles. On ne sait rien de sa formation, si ce n’est qu’il apprit le clavecin et le violon, ni des premières décennies de sa vie. On relève sa trace pour la première fois de sa carrière parmi les "organistes et les professeurs de clavecin." Un acte notarié daté de 1714 le signale habitant la paroisse Saint James à Westminster [1]. En effet il c’est déplacé en Angleterre, pour suivre la comtesse de Sandwich [2], fille de John Wilmot , comte de Rochester [3], elle était également la belle-fille de l’amiral Edouard Montague , un parent de Samuel Pepys qui avait voyagé sur le continent pour des raisons de santé. C’est à elle qu’il dédiera les 6 suites éditées à Amsterdam [4], et il est plus que probable qu’elle ait été son élève de clavecin.

Sa présence à Londres est attestée en 1704 ; cette année-là, il compose la musique de scène pour la pièce “Britain’s Happiness” de Peter Motteux représentée au théâtre de Drury Lane [5].

Un an plus tard, il s’associe au violoniste Thomas Clayton et à Nicola Haym , un violoncelliste venu d’Italie, pour faire représenter, toujours à Drury Lane, un opéra italien, c’est-à-dire à cette époque comportant une seule action dramatique et chanté de bout en bout, “Arsinoe”, le premier en sol britannique, dans une version en anglais ; la soprano Catherine Tofts tenait le rôle-titre, tandis que dans l’orchestre jouaient, aux côtés de Dieupart au clavecin, son ami John Christopher Pepusch , musicien et compositeur né à Berlin, et le flûtiste et hautboïste John Loeillet , originaire de Gand [6].

En 1706, il était toujours en équipe avec Haym et Clayton, participant en tant qu’organisateur et claveciniste aux représentations chantées partiellement en anglais du “Trionfo di Camilla” de MarcAntonio Bononcini à Drury Lane, puis en 1708 à celles de “Pyrrhus and Demetrius”, version anglaise du “Pirro e Demetrio” d’Alessandro Scarlatti, cette fois au Queen’s Theatre [7], que l’impresario John Vanbrugh venait de faire construire à Haymarket [8] pour loger, mais sans succès, une troupe d’opéra italien.

En 1711, le théâtre de la rue de Drury fait faillite, incapable de concurrencer la compagnie nouvellement formée par Handel quand“ Rinaldo” a rencontré un énorme succès.

Dieupart, Haym et Clayton eurent beau faire passer des avis dans The Spectator [9] invitant le public à assister aux nouveaux spectacles en musique qu’ils prévoyaient donner aux “York Rooms”, l’affaire ne put survivre et un commentateur français rapporte qu’après ces efforts infructueux, il fut sur le point de quitter Londres pour suivre aux Indes un opérateur de la pierre qui voulait adoucir par la musique les souffrances de ses patients.

Il fut obligé pour sa subsistance d’organiser des concerts en 1711 et 1712, de jouer dans l’orchestre de Handel, et d’enseigner le clavecin.

Malgré cela, il passa ses années restantes dans la pauvreté. Il meurt autour de 1740

Dieupart a laissé très peu de compositions : on lui doit 6 sonates pour flûte à bec et basse continue publiées à Londres en 1717, une trentaine d’airs parus pour la plupart entre 1729 et 1731 dans The Musical Miscellany [10], une ouverture et une chaconne [11] pour “l’opéra Thomyris”, publiées en 1708, ainsi que quelques concertos et sonates pour orchestre de vents et cordes restés manuscrits.

Malgré leur caractère très français, les suites montrent par endroits l’influence de Corelli, par une aisance mélodique certaine, au moment où la musique française, très appréciée en Angleterre jusqu’en 1700 environ, allait céder graduellement la place à l’italienne.

Son apport est loin d’être négligeable, tant par la qualité de sa production que par l’influence qu’il a su exercer sur ses contemporains.

P.-S.

Source : Tout le guide de la musique/Keith Johnson/Proposé par Aryeh Oron /Novembre 2008/traduit de l’Anglais par mes soins

Notes

[1] La Cité de Westminster est une cité et un borough du Grand Londres. Historiquement située dans le Middlesex, elle a pour devise, en latin : « Custodi Civitatem Domine », ce qui signifie : « Gardez la cité, Seigneur ». La Cité de Westminster est élargie en 1965 au-delà de ses frontières historiques pour y inclure St. Marylebone et Paddington. Une partie importante de la superficie de la cité est occupée par les espaces verts, dont cinq des neuf parcs royaux de la capitale : Green Park, Hyde Park, Kensington Gardens (sauf la partie à l’ouest de Broadwalk), Regent’s Park (sauf la partie à l’est de Broadwalk) et St. James’s Park. La cathédrale de Westminster, église-mère de la communauté catholique britannique, se trouve également dans la circonscription.

[2] Sandwich est une ville du Kent en Angleterre. C’était au Moyen Âge anglais un port important, faisant partie des Cinq-Ports. Au fil des siècles, les dépôts marins de sable ont éloigné le rivage à quelques kilomètres du village. En vieil anglais, Sandwicæ signifie port sur le sable. En rentrant de la 3ème croisade, Richard Cœur de Lion est fait prisonnier par l’empereur Henri VI. L’empereur le libère en février 1194 et Richard retrouve l’Angleterre en débarquant au port de Sandwich le 20 mars 1194. Elle joue un rôle important dans la mobilisation navale anglaise pendant la guerre de Cent Ans. En 1339, la ville est prise et pillée par une attaque de la marine française. En 1660, le comté de Sandwich est ajouté à la pairie d’Angleterre

[3] Rochester est un ancienne cité à coté de la River Medway dans le Kent, au sud-est de l’Angleterre, situé à environ 50 km de Londres.

[4] Amsterdam est la capitale des Pays-Bas, bien que le gouvernement ainsi que la plupart des institutions nationales siègent à La Haye. Petit village de pêcheurs au 12ème siècle, la ville connaît une très forte croissance au Moyen Âge au point de devenir l’un des principaux ports du monde durant le siècle d’or néerlandais. Le quartier de De Wallen est la partie la plus ancienne de la ville, qui se développe autour d’un réseau concentrique de canaux semi-circulaires reliés par des canaux perpendiculaires, formant une « toile d’araignée ». Au centre de la vieille ville se trouve, sur la place du Dam, le palais royal d’Amsterdam, construit au 17ème siècle, symbole de l’importance de la ville. Guillaume 1er en fait sa résidence en 1815.

[5] Le théâtre de Drury Lane ou théâtre royal de Drury Lane est un théâtre du West End de Londres situé dans le quartier de Covent Garden (Cité de Westminster). Sa façade se trouve dans Catherine Street, tandis que l’arrière donne sur Drury Lane. Le bâtiment actuel est le dernier d’une série de quatre théâtres construits et reconstruits au même endroit depuis 1663, ce qui en fait le théâtre le plus ancien de Londres.

[6] Gand est une ville belge néerlandophone, située en Région flamande au confluent de la Lys et de l’Escaut. C’est le chef-lieu de la province de Flandre-Orientale et depuis 1559 le siège de l’évêché de Gand. Capitale de l’ancien comté de Flandre, grande cité drapière et commerçante, puis ville natale de Charles Quint, elle connut à partir du 12ème siècle, et plus encore du 14ème au 16ème siècle, une période de floraison tant économique que culturelle. En 1500, Jeanne de Castille y donna naissance à Charles Quint, futur empereur romain germanique et roi d’Espagne. Quoique natif de Gand, celui-ci prit des mesures brutales pour réprimer la révolte de Gand en 1539, exigeant que les notables de la ville défilent pieds nus avec une corde autour du cou : depuis cette époque, les Gantois sont surnommés Stroppendragers (les « garrotés »). La congrégation de Saint-Bavon fut dissoute, son monastère rasé et remplacé par une caserne ducale. Seuls quelques édifices de l’ancienne abbaye échappèrent à la démolition. La fin du 16ème et le début du 17ème siècle se traduisirent par des bouleversements liés à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Face à la menace des troupes espagnoles, des états généraux des Dix-Sept Provinces se tiennent à Gand en 1576. Il en résulte un acte de pacification qui affirme l’autonomie nationale contre les ministres et les troupes espagnoles. Don Juan d’Autriche est obligé d’accepter la pacification de Gand. Cependant, la minorité calviniste, organisée en un parti d’une grande efficacité, s’empare du pouvoir par la force. En 1577, les calvinistes s’appuient sur le programme du prince d’Orange qui promet la restauration des libertés communales. Les vieilles magistratures municipales retrouvèrent leurs prérogatives, les chartes confisquées réapparurent et les métiers siégèrent derechef à la Collace. Gand est pour un temps une république calviniste. Mais bientôt les Espagnols, conduits par Alexandre Farnèse, reprirent la ville, la convertissant définitivement au catholicisme. Les conflits de la guerre de Quatre-Vingts Ans mirent un terme au rayonnement international de Gand. La ville est prise en 1678 par Vauban

[7] Théâtre de la Reine

[8] Haymarket est une rue située dans le quartier St. James’s de la Cité de Westminster, à Londres, au Royaume-Uni. La rue s’étend de Coventry Street (non loin de Piccadilly Circus) à Pall Mall, Pall Mall East et Cockspur Street.

[9] The Spectator est un journal quotidien de 1711/ 1712 fondé en Grande-Bretagne par Joseph Addison et Richard Steele, qui avaient fait connaissance à Charterhouse School. Eustace Budgell, un cousin d’Addison, y contribua également.

[10] Le recueil musical de collection de chansons de choix pour violon et flûte, par les maîtres les plus éminents. Edité en 1729

[11] La chaconne, ou plus rarement chacone est un genre musical pratiqué aux 17 et 18ème siècles. Initialement, la chaconne est une danse populaire d’origine hispanique ou hispano-américaine et la pièce musicale chantée qui l’accompagne. Transplantée ensuite dans d’autres pays d’Europe, elle y devient une danse de caractère noble puis est abordée par les instruments, en orchestre ou solistes.