Son père, lui aussi prénommé François, était fabricant de chandelles. On ne sait rien de sa formation, si ce n’est qu’il apprit le clavecin et le violon, ni des premières décennies de sa vie. On relève sa trace pour la première fois de sa carrière parmi les "organistes et les professeurs de clavecin." Un acte notarié daté de 1714 le signale habitant la paroisse Saint James à Westminster [1]. En effet il c’est déplacé en Angleterre, pour suivre la comtesse de Sandwich [2], fille de John Wilmot , comte de Rochester [3], elle était également la belle-fille de l’amiral Edouard Montague , un parent de Samuel Pepys qui avait voyagé sur le continent pour des raisons de santé. C’est à elle qu’il dédiera les 6 suites éditées à Amsterdam [4], et il est plus que probable qu’elle ait été son élève de clavecin.
Sa présence à Londres est attestée en 1704 ; cette année-là, il compose la musique de scène pour la pièce “Britain’s Happiness” de Peter Motteux représentée au théâtre de Drury Lane [5].
Un an plus tard, il s’associe au violoniste Thomas Clayton et à Nicola Haym , un violoncelliste venu d’Italie, pour faire représenter, toujours à Drury Lane, un opéra italien, c’est-à-dire à cette époque comportant une seule action dramatique et chanté de bout en bout, “Arsinoe”, le premier en sol britannique, dans une version en anglais ; la soprano Catherine Tofts tenait le rôle-titre, tandis que dans l’orchestre jouaient, aux côtés de Dieupart au clavecin, son ami John Christopher Pepusch , musicien et compositeur né à Berlin, et le flûtiste et hautboïste John Loeillet , originaire de Gand [6].
En 1706, il était toujours en équipe avec Haym et Clayton, participant en tant qu’organisateur et claveciniste aux représentations chantées partiellement en anglais du “Trionfo di Camilla” de MarcAntonio Bononcini à Drury Lane, puis en 1708 à celles de “Pyrrhus and Demetrius”, version anglaise du “Pirro e Demetrio” d’Alessandro Scarlatti, cette fois au Queen’s Theatre [7], que l’impresario John Vanbrugh venait de faire construire à Haymarket [8] pour loger, mais sans succès, une troupe d’opéra italien.
En 1711, le théâtre de la rue de Drury fait faillite, incapable de concurrencer la compagnie nouvellement formée par Handel quand“ Rinaldo” a rencontré un énorme succès.
Dieupart, Haym et Clayton eurent beau faire passer des avis dans The Spectator [9] invitant le public à assister aux nouveaux spectacles en musique qu’ils prévoyaient donner aux “York Rooms”, l’affaire ne put survivre et un commentateur français rapporte qu’après ces efforts infructueux, il fut sur le point de quitter Londres pour suivre aux Indes un opérateur de la pierre qui voulait adoucir par la musique les souffrances de ses patients.
Il fut obligé pour sa subsistance d’organiser des concerts en 1711 et 1712, de jouer dans l’orchestre de Handel, et d’enseigner le clavecin.
Malgré cela, il passa ses années restantes dans la pauvreté. Il meurt autour de 1740
Dieupart a laissé très peu de compositions : on lui doit 6 sonates pour flûte à bec et basse continue publiées à Londres en 1717, une trentaine d’airs parus pour la plupart entre 1729 et 1731 dans The Musical Miscellany [10], une ouverture et une chaconne [11] pour “l’opéra Thomyris”, publiées en 1708, ainsi que quelques concertos et sonates pour orchestre de vents et cordes restés manuscrits.
Malgré leur caractère très français, les suites montrent par endroits l’influence de Corelli, par une aisance mélodique certaine, au moment où la musique française, très appréciée en Angleterre jusqu’en 1700 environ, allait céder graduellement la place à l’italienne.
Son apport est loin d’être négligeable, tant par la qualité de sa production que par l’influence qu’il a su exercer sur ses contemporains.