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Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles dite marquise de Lambert

mardi 17 septembre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 15 novembre 2012).

Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles dite marquise de Lambert (1647-1733)

Marquise de Saint-Bris-Femmes de lettres

Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles Marquise de Saint-Bris dite marquise de Lambert-Femmes de lettres

Fille de Étienne de Marguenat, seigneur de Courcelles, et de Monique Passart.

Elle perdit son père, maître-des-comptes à la chambre des comptes de Paris [1], en 1650, alors qu’elle n’était âgée que de 3 ans. Elle fut élevée par sa mère, qui se signalait par la légèreté de ses mœurs, et par le second mari de celle-ci, le poète François Le Coigneux de Bachaumont , qui lui inculqua l’amour de la littérature.

Le 22 février 1666, elle épousa Henri de Lambert , marquis de Saint-Bris [2], officier distingué qui devait être lieutenant général [3] et gouverneur du Luxembourg [4]. Leur union fut très heureuse et ils eurent 2 enfants.

Elle devint veuve en 1686 et éleva ses 2 enfants, encore jeunes, en soutenant de longs et pénibles procès contre sa belle-famille pour sauver leur fortune.

En 1698, elle loua la moitié nord-ouest de l’hôtel de Nevers [5], situé rue de Richelieu [6], à l’angle de la rue Colbert [7]. À partir de 1710, dans son beau salon décoré par Robert de Cotte, elle lança son célèbre salon littéraire.

Sous la Régence, quand la cour de la duchesse du Maine, au château de Sceaux [8], s’amusait à des frivolités et quand celle du duc d’Orléans, au Palais Royal [9], se livrait à des débauches, le salon de la marquise de Lambert passait pour le temple des bienséances et du bon goût, en réaction contre le cynisme et la vulgarité de l’époque. Pour les beaux esprits du temps, c’était un véritable honneur d’être admis aux célèbres“ mardis”, où l’on respirait encore l’esprit de dignité et le bon ton du Grand Siècle. Elle est l’initiatrice des salons philosophiques du 18ème siècle, et reçoit Fénelon , Bernard Le Bouyer de Fontenelle , Montesquieu ...

Elle recevait deux fois par semaine : les gens de lettres les mardis et les personnes de qualité les mercredis, sans chercher cependant à établir une barrière infranchissable entre les deux mondes, tout au contraire, elle aimait intéresser la bonne société à la littérature et montrer aux écrivains les avantages de la fréquentation du monde, et les habitués pouvaient passer sans contrainte d’un jour à l’autre.

Les mardis commençaient vers une heure de l’après-midi. Après le dîner, qui était très fin, avaient lieu des “conférences académiques” sur un thème de philosophie ou de littérature. Les discussions politiques ou religieuses étaient absolument proscrites. Chaque invité se devait d’émettre une opinion personnelle ou de lire quelques morceaux de ses dernières œuvres. Elle encourageait les littérateurs à la meilleure tenue morale et contribuait à orienter le mouvement des idées vers les formes nouvelles. C’est de son salon que partirent les attaques de Houdar de la Motte contre la règle des trois unités, contre les vers ou contre Homère, que Mme de Lambert trouvait ennuyeux, ce qui ne l’empêchait pas de recevoir des partisans des Anciens comme Anne Dacier , le Père d’Olivet ou Valincour .

Fort peu dévote, la marquise de Lambert soutint les Lettres persanes [10] et parvint à faire élire Montesquieu à l’Académie française [11]. Elle fut l’une des premières femmes du monde à ouvrir sa porte aux comédiens comme Adrienne Lecouvreur ou Michel Baron .

Le salon de la marquise de Lambert passait pour l’antichambre de l’Académie française.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Portail du 17ème siècle/ Femme de lettres française

Notes

[1] La Chambre des comptes de Paris était la plus ancienne des Chambres des comptes après l’Échiquier de Normandie, est l’ancêtre de l’actuelle Cour des comptes. Les Chambres des comptes étaient en France, sous l’Ancien Régime, des juridictions souveraines spécialisées dans les affaires de finances.

[2] Saint-Bris-le-Vineux est une commune française située dans le département de l’Yonne

[3] En France, sous l’Ancien Régime, l’appellation de lieutenant général des armées du roi, lieutenant général des armées navales pour la Marine, est un grade militaire particulier détenu par un officier général, qui le place entre le grade des maréchaux des camps et chefs d’escadre et la charge tenue par les colonels généraux, ceux-ci n’étant pour leur part surpassés que par les titulaires de la dignité de maréchal de France ou d’amiral de France qui sont des grands officiers de la Couronne titulaires d’une dignité à la fois honorifique et lucrative. En termes de statut et de mission, le grade de lieutenant général des armées constitue aussi dans les faits une charge militaire. On note qu’un lieutenant général porte ce grade et est désigné comme tel dans l’armée, mais que dans la marine, il conserve celui d’amiral. Le grade de lieutenant général des armées ou de lieutenant général des armées navales pour la Marine, était le grade le plus élevé de la hiérarchie militaire d’Ancien Régime, inaccessible à un roturier. Le grade de lieutenant général était l’équivalent du grade actuel de général de division et celui de lieutenant général des armées navales correspondait à celui de vice-amiral de notre époque. Comme c’est aussi le cas dans l’armée d’aujourd’hui pour les officiers généraux de haut rang, il y avait un certain nombre de lieutenants généraux des armées du roi, simultanément au sein de l’armée royale. À partir de 1775, les lieutenants généraux reçoivent des épaulettes à trois étoiles. En 1791, le grade de lieutenant général des armées fut renommé « général de division » pour les troupes terrestres et « vice-amiral » pour la marine. En 1814, le grade de général de division reprit le nom de « lieutenant général des armées », avant de reprendre définitivement l’intitulé de général en 1848.

[4] Le duché de Luxembourg est une ancienne principauté du Saint-Empire romain germanique. Il était beaucoup plus étendu que l’actuel grand-duché, puisqu’il regroupait l’actuel grand-duché, la province belge de Luxembourg, une partie de la province de Liège (environs de Saint-Vith) telle qu’on la connaît aujourd’hui, les alentours de Montmédy et de Carignan ainsi que ceux de Thionville jusqu’à Marange-Silvange en France, ainsi que la région comprenant Bitburg, Neuerburg, Kronenburg, Manderscheid et Schleiden dans l’Eifel, mais aussi les localités d’Igel, aux portes de Trèves, et de Sarrebourg sur la rive droite de la Moselle.

[5] L’hôtel de Nevers est un hôtel particulier situé 12, rue Colbert et 58 bis, rue de Richelieu à Paris, en France. Constitué à l’origine d’une aile de 144 mètres située le long de la rue de Richelieu, il ne reste aujourd’hui qu’un modeste vestige du bâtiment originel. Seule demeure la partie située à l’angle de la rue Colbert et de la rue de Richelieu, côté nord, dénommée encore aujourd’hui hôtel de Nevers. La propriété du bâtiment relève de la Bibliothèque nationale de France.

[6] La rue de Richelieu est une longue rue du centre de Paris, qui va du cœur du 1er arrondissement au nord du 2e arrondissement.

[7] La rue Colbert est une petite rue du 2e arrondissement de Paris.

[8] Au début du 17ème siècle, les Potier de Gesvres, seigneurs de Sceaux depuis 1597, font construire un château de style Henri IV ou Louis XIII. C’est une famille de bourgeois qui finiront par devenir ducs : ducs de Tresmes et ensuite ducs de Gesvres. Sceaux est érigée en châtellenie en 1612 et en baronnie en 1619-1624 pour le fils cadet de Louis, Antoine Potier de Sceaux, greffier des ordres du Roi. En 1670, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances de Louis XIV, qui souhaite disposer d’un domaine près de Paris et non loin de Versailles, pour y établir sa maison de campagne, achète la terre de Sceaux aux trois héritiers de René Potier, marquis de Gesvres, duc de Tresmes.

[9] Le Palais-Royal, ensemble monumental (palais, jardin, galeries, théâtre) au nord du palais du Louvre dans le 1er arrondissement de Paris, est un haut lieu de l’histoire de France et de la vie parisienne. Construit par Richelieu en 1628, le Palais-Cardinal, donné au roi Louis XIII en 1636, sert de résidence à Louis XIV enfant pendant les troubles de la Fronde et devient le Palais-Royal.

[10] Les Lettres persanes sont un roman épistolaire de Montesquieu rassemblant la correspondance fictive échangée entre deux voyageurs persans, Usbek et Rica, et leurs amis respectifs restés en Perse. Leur séjour à l’étranger dure 9 ans. Le roman est publié au printemps 1721 à Amsterdam, et Montesquieu, par prudence, n’avoue pas qu’il en est l’auteur. Selon lui, le recueil est anonyme, et il se présente comme simple éditeur, ce qui lui permet de critiquer la société française de l’époque sans risquer la censure.

[11] L’Académie française, fondée en 1634 et officialisée le 29 janvier 1635, sous le règne de Louis XIII par le cardinal de Richelieu, est une institution française dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs. Intégrée à l’Institut de France lors de la création de celui-ci le 25 octobre 1795, elle est la première de ses cinq académies. La mission qui lui est assignée dès l’origine, et qui sera précisée le 29 janvier 1635 par lettres patentes de Louis XIII, est de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre pure et compréhensible par tous, donc d’uniformiser cette dernière. Elle doit dans cet esprit commencer par composer un dictionnaire : la première édition du Dictionnaire de l’Académie française est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d’élaboration. L’Académie française rassemble des personnalités marquantes de la vie culturelle : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens et des scientifiques qui ont illustré la langue française, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.