Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 17ème siècle > Jean-Louis Guez de Balzac

Jean-Louis Guez de Balzac

mardi 7 avril 2020 (Date de rédaction antérieure : 5 novembre 2012).

Jean-Louis Guez de Balzac (1597-1654)

Écrivain-membre de l’Académie française

Jean-Louis Guez de Balzac Écrivain-membre de l'Académie française

Né à Angoulême [1], fils du maire d’Angoulême, Guillaume Guez, qui fut anobli et prit le nom du fief de Balzac, au bord de la Charente, où il fit bâtir son château [2].

Après des études chez les jésuites [3], il fit, en 1612, des études à l’université de Leyde [4] où il fut le condisciple de Théophile de Viau avec qui il échangera par la suite d’amères récriminations. Il fut ensuite le secrétaire du duc d’Épernon Jean-Louis de Nogaret de La Valette à Metz. Après avoir passé 2 ans à Rome de 1621 à 1623 comme agent du cardinal de La Valette, il vint à Paris où il s’était fait connaître par ses lettres. Richelieu le remarqua et lui fit donner la fonction d’historiographe et le brevet de conseiller du roi en ses conseils avec une pension de 2 000 livres.

Paru en 1624, le premier volume de ses Lettres lui valut d’emblée les plus grands éloges. Surnommé “le grand épistolier”, il devint l’oracle de l’hôtel de Rambouillet [5], côtoyant entre autres, Chapelain, Malherbe ou Boisrobert.

Néanmoins l’orgueil, vu comme un signe de libertinage caractérisant ses Lettres, fera bientôt l’objet d’attaques de la part du jésuite François Garasse. L’année suivante, accusé d’avoir pillé les auteurs anciens et modernes, il fut attaqué par Jean Goulu , supérieur de l’ordre des Feuillants [6], dans son pamphlet “Lettres de Phyllarque à Ariste” de 1627.

Son naturel vaniteux s’accommodant mal tant des attaques incessantes contre ses ouvrages que des polémiques de la vie littéraire parisienne, il se retira dans sa terre de Balzac où il put satisfaire son humeur sombre en se livrant presque entièrement à des exercices de piété qui le firent nommer “l’ermite de la Charente”. Ceci ne l’empêcha pas de continuer à correspondre activement avec ses amis parisiens et de rester l’arbitre du bon goût en matière de style.

Bien qu’ayant toujours répliqué par des railleries aux sollicitations de Chapelain et Boisrobert, il paraît avoir été inscrit d’office à l’Académie française [7] en mars 1634, ce qui en fit un des premiers membres bien qu’il n’y ait probablement jamais siégé. Il y fonda néanmoins le premier prix d’éloquence avec un legs de 2 000 livres.

Cet hypocondriaque au grand appétit distribua sur la fin de sa vie tous ses biens aux œuvres de charité avant de se retirer au couvent des capucins d’Angoulême où il mourut, léguant 12 000 livres à l’hospice d’Angoulême. Il fut l’un des écrivains français qui contribuèrent à réformer la langue française.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Mathilde Bombart, Guez de Balzac et la querelle des Lettres. Ecriture, polémique et critique dans la France du premier XVIIe siècle, H. Champion, 2007

Notes

[1] Angoulême est une commune du Sud-Ouest de la France, préfecture du département de la Charente. Ancienne capitale de l’Angoumois sous l’Ancien Régime, Angoulême a longtemps été une place forte convoitée, en raison de sa position de carrefour de voies de communication importantes, et a subi de nombreux sièges. Jean Calvin, promoteur du protestantisme et ami de Louis du Tillet, archidiacre d’Angoulême, obligé de fuir Paris en 1533, se réfugie à Angoulême et dans les grottes de Rochecorail à Trois-Palis. Il y rédige une partie de l’Institution de la religion chrétienne dont la première édition est publiée en latin à Bâle en 1536. Angoulême est touchée par la révolte des pitauds : en 1541, la gabelle est imposée à la Saintonge et à l’Angoumois. Ces provinces ne payaient cet impôt sur le sel. La révolte éclate autour d’Angoulême, et les paysans des campagnes environnantes prennent la ville en juillet 1548. Lors de la première guerres de Religion, la ville prend les armes : elle est reconquise en 1563 par Montpensier. En 1565, Charles IX passe dans la ville lors de son tour de France royal, accompagné de la cour. En octobre 1568, la ville est prise par les protestants.

[2] Le château de Balzac est situé sur la commune de Balzac, en Charente, près d’Angoulême. Guillaume de Guez, nouvellement anobli, faisait partie de la maison du duc d’Épernon quand celui-ci est devenu gouverneur d’Angoumois et de Saintonge. Il était trésorier principal à l’extraordinaire des guerres en Angoumois, Aunis et Saintonge, quand il a acheté la seigneurie de Balzac proche d’Angoulême et fait construire ce château vers 1600. Il prend alors le nom de cette terre. Jean-Louis Guez de Balzac, son fils, couramment appelé Guez de Balzac, né le 31 mai 1597 et mort le 8 février 1654 vécut au château de Balzac jusqu’en 1612 puis revint à Angoulême passer la fin de sa vie. Cet écrivain français du 17ème siècle contribua à la réforme de la langue française.

[3] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[4] L’université de Leyde est la plus ancienne des universités néerlandaises. Située à Leyde, elle est très réputée et a été fréquentée par plusieurs membres de la famille royale des Pays-Bas.

[5] L’hôtel de Rambouillet est un hôtel parisien connu pour le salon littéraire que Catherine de Vivonne, épouse d’Angennes, marquise de Rambouillet tient de 1608 jusqu’à sa mort en 1665. Il était situé rue Saint-Thomas-du-Louvre (rue perpendiculaire à la rue Saint-Honoré, au sud de celle-ci), approximativement à l’emplacement de l’actuel pavillon Turgot du Louvre.

[6] Les Feuillants, Folietani, sont les membres d’un ordre monastique bernardin de la règle de Cîteaux, issu de l’ordre des Cisterciens. L’ordre tenait son nom de l’abbaye cistercienne de Notre-Dame de Feuillant dans l’ancien diocèse de Rieux près de Toulouse (Haute-Garonne). Fondée vers 1145, devenue commendataire en 1493 et livrée au gouvernement de séculiers étrangers à la vie monastique, cette abbaye passe ainsi en 1562 aux mains de Jean de la Barrière. Converti, celui-ci décide d’y vivre personnellement comme moine et, devenu effectivement abbé, entreprend de restaurer l’ancienne observance. D’autres maisons adoptent sa réforme : ils devaient avoir la tête et les pieds nus, dormir sur des planches, manger à genoux, s’imposer des privations surhumaines ; par la suite, l’austérité de cette règle fut adoucie.

[7] L’Académie française, fondée en 1634 et officialisée le 29 janvier 1635, sous le règne de Louis XIII par le cardinal de Richelieu, est une institution française dont la fonction est de normaliser et de perfectionner la langue française. Elle se compose de quarante membres élus par leurs pairs. Intégrée à l’Institut de France lors de la création de celui-ci le 25 octobre 1795, elle est la première de ses cinq académies. La mission qui lui est assignée dès l’origine, et qui sera précisée le 29 janvier 1635 par lettres patentes de Louis XIII, est de fixer la langue française, de lui donner des règles, de la rendre pure et compréhensible par tous, donc d’uniformiser cette dernière. Elle doit dans cet esprit commencer par composer un dictionnaire : la première édition du Dictionnaire de l’Académie française est publiée en 1694 et la neuvième est en cours d’élaboration. L’Académie française rassemble des personnalités marquantes de la vie culturelle : poètes, romanciers, dramaturges, critiques littéraires, philosophes, historiens et des scientifiques qui ont illustré la langue française, et, par tradition, des militaires de haut rang, des hommes d’État et des dignitaires religieux.