Édouard 1er de Portugal
Onzième roi de Portugal, il naquit à Viseu [1]. Il était le fils de Jean 1er du Portugal et de Philippa de Lancastre et succéda à son père en 1433.
Très tôt, il accompagna son père dans les affaires du royaume. En 1412, il fut associé au gouvernement avec son père devenant ainsi son bras droit.
Contrairement à son père, il recherchait le consensus et durant son court règne, convoqua 5 fois les Cortès [2] pour discuter des affaires de l´État.
Edouard continua à favoriser les explorations maritimes et les conquêtes en Afrique. Durant son règne, son frère Henri inaugura l´école de navigation de Sagres [3] et Gil Eanes dépassa le Cap Bojador [4].
En 1437, ses frères Henri et Ferdinand le convainquirent d’attaquer le Maroc afin de consolider la présence portugaise au nord de l´Afrique et pour le transformer en une base pour l´exploration de l´Atlantique. L´idée n´était pas partagée par tous : Pierre duc de Coimbra , et Jean duc d’Aveiro y étaient opposés. La campagne se termina en désastre, avec les Portugais encerclés devant Tanger [5]. Pour se sauver, les Portugais promettent de livrer Ceuta [6] aux Maures [7] et durent laisser Ferdinand en otage.
À part la politique, Édouard fut un homme intéressé par la culture et les connaissances. Il écrivit des livres de poésie, sur la chasse et aussi un traité politique “Le conseiller loyal”. Lors de sa mort, il allait préparer une révision du code civil portugais.
Il mourut à Tomar [8] le 12 septembre 1438, son fils Alphonse V lui succéda.
Notes
[1] Viseu est une ville du Portugal, chef-lieu du district de Viseu dans la région Centre. Viseu est partie intégrante du Comté de Portugal et obtient sa première charte en 1123 par la comtesse Thérèse de León. Son fils Afonso Henriques, devenu Alphonse 1er de Portugal, concède une nouvelle charte qui n’entre en application que sous le règne de son fils Sanche 1er en 1187. Cette charte définit quatre classes parmi la population : les chevaliers, le clergé, les marchands et les paysans. Le fils de ce dernier, devenu le roi Alphonse II de Portugal, entreprend une longue série de confirmations et de révocations des titres accordés par ses prédécesseurs, à la noblesse, au clergé mais aussi aux villes. Cela aboutit à la confirmation de la charte de Viseu en 1217. Viseu est constituée en fief pour la première fois le 7 juillet 1340, date à laquelle Alphonse IV de Portugal l’offre à Constance de Castille, peu avant son mariage avec son fils et héritier Pierre 1er de Portugal. Après la mort de Constance, le roi fait passer la seigneurie à sa propre mère, Béatrice de Castille, le 9 juin 1357. À la mort de celle-ci en 1359, le fief repasse à la couronne, jusqu’au 2 octobre 1377, quand Ferdinand 1er de Portugal le dote à sa fille naturelle, Isabelle, qui le garde jusqu’en 1383 et la crise dynastique. Durant la crise dynastique (1383-1385), Viseu est attaquée, pillée et incendiée par les troupes de Castille, puis une seconde fois en 1396. Jean 1er de Portugal ordonne en 1412 l’érection d’une muraille défensive tout autour de la ville, dont il reste encore deux des sept portes initiales. Le futur Édouard 1er naît à Viseu le 31 octobre 1391. Son père Jean 1er crée le duché de Viseu en 1415 et nomme son fils l’Infant Don Henri, plus connu comme Henri le Navigateur, premier duc de Viseu en récompense de la conquête de Ceuta. C’est le plus ancien duché du Portugal avec celui de Coimbra, créé pour son frère l’Infant Pierre. Le cinquième duc, Manuel de Beja, est couronné roi sous le nom de Manuel 1er de Portugal en 1495, incorporant le titre de duc à la couronne royale. Celui-ci ne sera plus donné qu’occasionnellement à des infants royaux, sans être héréditaire.
[2] Dans les pays de la péninsule Ibérique (Espagne et Portugal), les Cortes ou Cortès sont une instance représentative assez comparable aux États généraux français, comprenant une réunion par corps (noblesse, clergé et tiers état). Elles sont considérées comme l’un des premiers parlements en Europe.
[3] Sagres est une ville portugaise située dans l’Algarve et dans le district de Faro, situé à l’extrême sud ouest du Portugal et de l’Europe. Elle est surtout renommée pour l’école de navigation de Sagres que l’Infant Henri le Navigateur y aurait établi, même si cette école serait plus un mythe qu’une réalité.
[4] Le cap Boujdour, anciennement cap Bojador, est situé au Sahara occidental, dans la partie contrôlée par le Maroc. La ville de Boujdour se trouve à proximité. Le cap a longtemps été considéré par les Européens comme la limite méridionale du monde. Une légende disait qu’une mer des Ténèbres s’étendait après le cap Bojador. Il était surnommé « cap de la Peur » par les Portugais : de hautes vagues et des récifs aux arêtes tranchantes y rendaient la navigation dangereuse.
[5] Tanger est une ville du Nord du Maroc, dans le Rif occidental. Située à l’extrémité du nord-ouest du pays sur le détroit de Gibraltar, la ville se trouve à 24 kilomètres de la côte espagnole. Le général musulman Moussa Ibn Noçaïr, gouverneur du Maghreb au service des Omeyyades de Damas, s’intéresse à Tanger pour sa position stratégique et c’est donc de là qu’en 711, commence la conquête de l’Espagne par les troupes de Tariq ibn Ziyad un lieutenant d’Ibn Noçaïr, à qui Gibraltar doit son nom (Djebel Tarik, la « montagne de Tarik »). Pendant les 5 siècles qui suivent, des dynasties différentes se disputent la souveraineté de Tanger. Les Idrisides de Fès, les Omeyyades de Cordoue, s’affrontent pour sa domination pendant plus d’un siècle. Au milieu du 10ème siècle, les Ifrénides, Maghraouas, Fatimides et Zirides y étendent leur autorité. En 1075, les Almoravides en deviennent maîtres jusqu’en 1149, date à laquelle la ville passe aux Almohades. Elle s’inféode aux Hafsides de Tunis avant de devenir Mérinide en 1274.
[6] Ceuta est une ville autonome espagnole formant une encoche sur la côte nord du Maroc en Afrique. Située sur le côté méditerranéen du détroit de Gibraltar, en face de la péninsule Ibérique, à environ quinze kilomètres des côtes de la province espagnole de Cadix, elle est revendiquée par le Royaume du Maroc depuis 1956.
[7] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.
[8] Tomar est une ville du Portugal. Située sur les rives du Nabão. Elle a été fondée en 1160 comme quartier général des Templiers au Portugal et on peut encore y voir parmi les monuments les plus significatifs des Templiers en Europe : le château de Tomar qui contient en son sein le Couvent de l’ordre du Christ et forme un complexe architectural exceptionnel en parfait état. Tomar a surtout pris de l’importance au 15ème siècle, quand la ville est devenue le centre de l’expansion portugaise sous le règne de Henri le Navigateur. En 1581, la ville est le siège des Cortes réunies par Philippe II d’Espagne pour se faire reconnaître roi de Portugal.