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Marco Polo

dimanche 4 juin 2023, par ljallamion (Date de rédaction antérieure : 4 juin 2012).

Marco Polo (1254-1324)

Marco Polo

Marco a 15 ans lorsque son père Niccolo et son oncle Matteo reviennent d’un long voyage aux confins de la Chine.

Les deux marchands ont pu traverser la Russie méridionale et l’Asie continentale dans une relative sécurité, toutes ces contrées ayant été conquises et unifiées quelques décennies plus tôt par Gengis Khan et ses guerriers mongols.

L’empire chinois obéit lui-même à un petit-fils du conquérant mongol, Kubilai Khan. Celui-ci charge les deux marchands vénitiens de lui ramener des missionnaires chrétiens.

A peine revenus dans leur patrie, les frères Polo repartent donc pour la Chine avec un message du pape. Ils emmènent avec eux le jeune Marco.

Les missionnaires dominicains [1] n’auront pas le courage de dépasser la Méditerranée. Kubilai Khan reçoit les trois voyageurs avec les honneurs.

Marco devient un familier de l’empereur et obtient même le gouvernement d’une ville. Il effectue maints voyages qui lui permettent d’apprécier les richesses de l’Extrême-Orient et l’art de gouverner des Mongols.

Marco Polo dévoile des informations sur des contrées inconnues des Européens de son temps, comme Cipango [2]. Il découvre aussi les pâtes de blé dur qui seront adoptées avec ferveur par ses compatriotes. Ses souvenirs font état d’un monde merveilleux où abondent les pierreries, les épices et les soieries mais aussi les belles dames, les palais rutilants et des bêtes monstrueuses.

Quelques précurseurs l’avaient précédé sans atteindre à sa notoriété, comme Jean du Plan de Carpin qui parcourût l’Asie Centrale du 16 avril 1245 au 9 juin 1247 et William de Rubruk qui en fit autant du 7 mai 1253 au 6 juin 1255. Les Polo quittent enfin l’empereur avec quantité de cadeaux et se rendent en bateau à Ormuz [3], sur la côte perse. Fait prisonnier en 1295 au cours d’un combat naval entre Gênes [4] et Venise [5], Marco Polo a pu dicter ses souvenirs à son compagnon de cellule, un certain Rustichello de Pise, qui en a de suite perçu l’intérêt littéraire. Ils regagnent Venise en 1295, après une absence de 24 ans.

C’est le 8 janvier 1324, que meurt Marco Polo à 70 ans, le marchand vénitien s’est déjà acquis en Europe une immense célébrité en raison de ses récits de voyage à la cour de l’empereur de Chine.

Le compte rendu a été publié en français sous le titre “Le livre des Merveilles du Monde” en 1298. Mêlant le merveilleux et l’inhabituel, il a fait rêver les Européens du Moyen Age et a valu à son auteur le surnom de Messer Millione en raison de ses exagérations.

Il faudra attendre plus d’un siècle avant que d’autres voyageurs ne se lancent sur les traces des Vénitiens. Mais ces nouveaux aventuriers, comme Vasco de Gama et Christophe Colomb, préféreront la voie maritime à la voie terrestre.

C’est qu’entre-temps, l’irruption des Turcs et la chute de l’empire byzantin [6] ont rendu très difficile aux chrétiens la possibilité de suivre l’antique “route de la Soie”, de Constantinople [7] à Pékin [8] via le Turkestan [9]

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pierre-Yves Badel, Marco Polo, La Description du Monde, Édition, traduction et présentation, Le livre de Poche, « Lettres gothiques », 1998.

Notes

[1] L’ordre des Prêcheurs ou des Frères Prêcheurs, plus connu sous le nom d’ordre dominicain, est un ordre catholique né sous l’impulsion de saint Dominique en 1215. Il appartient, comme l’ordre des Frères mineurs ou franciscains, à la catégorie des ordres mendiants. Suivant la règle de saint Augustin, ainsi que ses propres Constitutions, en partie inspirées de celles des prémontrés, il s’est donné pour mission l’apostolat et la contemplation. Les dominicains sont des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer qu’un seul vœu, celui d’obéissance, dans les mains du maître de l’ordre (ou de son représentant), les vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation étant de prêcher, leurs couvents sont souvent situés dans de grandes villes.

[2] dont nous vient le mot... Japon

[3] Ormuz est une île iranienne située dans le détroit d’Ormuz. Elle dispose d’une importance stratégique de par sa position au débouché du golfe Persique. En 1507, le navigateur Afonso de Albuquerque après avoir conquis l’île de Socotra dans l’océan Indien négocie avec le souverain d’Ormuz la passation de l’île sous suzeraineté portugaise, assurant ainsi à ces derniers le contrôle de l’entrée du golfe Persique. Il entreprend la construction d’un fort mais doit abandonner ce projet en raison de la défection de certains de ses officiers et de résistances locales.

[4] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[5] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[6] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[7] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[8] Pékin, est la capitale de la République populaire de Chine. Située dans le Nord-Est du pays, la municipalité de Pékin, d’une superficie de 16 800 km², est entourée par la province du Hebei ainsi que la municipalité de Tianjin. Pékin est considérée comme le centre politique et culturel de la Chine, tandis que Hong Kong et Shanghai dominent au niveau économique. D’abord ville périphérique de l’empire chinois sous les Han et les Tang, elle prend de l’importance lorsque les Jurchen, qui fondent la dynastie Jin, la choisissent comme leur capitale principale en 1153. Le prince mongol Kubilai Khan en fait de même sous le nom de Dadu (« grande métropole »), enfin les Ming y transfèrent leur administration en 1421, parachevant le choix de Pékin comme capitale de la Chine. Située à proximité de la Grande Muraille, Pékin abrite des monuments célèbres comme la Cité interdite et le Temple du ciel

[9] Le Turkestan est l’ancien nom donné à une région d’Asie centrale délimitée au nord par les steppes du Kazakhstan et le massif de l’Altaï, à l’est par la Mongolie et la Chine, au sud par l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan et l’Iran, enfin à l’ouest par la mer Caspienne.