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L’histoire pour le plaisir

Théodora Comnène

mardi 9 janvier 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 20 mars 2012).

Théodora Comnène (1146-1185)

Théodora Comnène Fille d'Isaac Comnène et de Theodora Kamaterina Fille d’Isaac Comnène et de Theodora Kamaterina, une nièce de Manuel 1er Comnène, empereur byzantin [1].

Le roi Baudouin III de Jérusalem prend possession du royaume de Jérusalem [2], mais ne réussit pas à empêcher l’unification de la Syrie musulmane par Nur ad-Din, atabeg [3] d’Alep [4], qui s’est rendu maître de Damas [5] en 1154. Il n’est pas marié et la Haute Cour du royaume décide en 1157 qu’il épouse une princesse originaire de l’empire byzantin, l’état le plus puissant et le plus proche. Une alliance byzantine apporterait au royaume de Jérusalem des subsides et une aide militaire contre Nur ad-Din.

Attard, archevêque de Nazareth, Onfroy II de Toron, connétable du royaume [6], Joscelin Piscellus, et William de Barris sont envoyés à Byzance [7] pour négocier le mariage du roi. Les ambassadeurs séjournent à Byzance pendant une année entière, et c’est finalement Théodora qui est choisie comme femme pour Baudouin. Elle n’avait alors que 12 à 13 ans, mais était déjà renommée pour sa beauté. Sa dot se montait à 100 000 hyperpères et Guillaume de Tyr estime que sa garde robe extravagante valait 14 000 hyperpères. Baudouin lui donne en douaire la ville de Saint-Jean-d’Acre [8], qu’elle doit recevoir dans le cas où Baudouin meurt sans enfant.

Les ambassadeurs arrivent à Jérusalem avec Théodora en septembre 1158. Aimery de Limoges , le patriarche d’Antioche [9], célèbre le mariage, car Amaury de Nesle , patriarche latin de Jérusalem [10], vient seulement d’être élu et n’est pas encore consacré. Baudouin, précédemment connu pour sa frivolité, devient un mari dévot et loyal. Mais le mariage ne dure pas, car Baudouin meurt sans enfants quelques années plus tard, le 10 janvier 1162, laissant Théodora veuve à l’âge de 16 ans. Elle reçoit Saint-Jean-d’Acre, comme promis.

Quelques années plus tard, en 1166, un cousin de Théodora, Andronic Comnène, visite le royaume et reçoit Beyrouth [11] en fief d’Amaury 1er, frère et successeur de Baudouin III. Andronic, après avoir séduit Philippe d’Antioche, sœur de Bohémond III et de l’impératrice Marie d’Antioche , invite ensuite Théodora à Beyrouth et la séduit. Ces aventures suscitent la colère de l’empereur Manuel Comnène qui demande à Amaury de s’emparer d’Andronic et de lui crever les yeux.

Mais les 2 amants s’enfuient et se réfugient à Damas à la cour de Nur ad-Din, pendant qu’Amaury confisque Acre et Beyrouth. Ils voyagent ensuite en séjournant dans diverses cours musulmanes, à Bagdad [12], à Mardin chez les Ortoqides, et d’autres, mais n’y restent jamais longtemps, tant la crainte de Manuel Comnène incitait les émirs musulmans à envoyer le couple chez l’émir voisin. Finalement, Nicéphore Paléologue , gouverneur byzantin de Trébizonde [13], réussit à capturer Théodora.

Andronic finit par se soumettre et à revenir à Constantinople en 1180 et devient stratège de Paphlagonie [14]. En 1183, il renverse et assassine l’empereur Alexis II Comnène et épouse sa veuve Agnès de France , abandonnant Théodora. On ignore ce qu’elle est ensuite devenue.

P.-S.

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Notes

[1] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[2] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099-1187 et 1229-1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[3] Atabeg, atabey ou atabek (père du prince) est un titre de noblesse turc. À l’époque des Seldjoukides, il s’agissait d’un dignitaire jouant le rôle de tuteur d’un jeune prince. Quand un prince seldjoukide mourait, la régence était attribuée à un atabeg chargé de protéger et de guider les héritiers. Ils épousaient souvent les mères veuves et de ce fait, assumaient d’une certaine manière la paternité par procuration. Aux 11ème et 12ème siècles, des dynasties ont été fondées par des mamelouks affranchis qui occupaient des hauts postes administratifs dans la cour des puissants émirs. À la mort de ces derniers, ils se sont retrouvés titulaires eux-mêmes de la régence et ont privé les héritiers de la légitimité de leur pouvoir, profitant de l’occasion pour usurper le trône. Ces usurpateurs prirent le titre d’atabeg car ils n’osaient pas prendre le titre de sultan. Aussi, le 12ème siècle, en Mésopotamie (Irak) est l’"âge des atabegs" (des régents). Ils ont fondé différentes dynasties et ont placé leurs héritiers, les émirs seldjoukides, dans diverses principautés.

[4] En 637, le général arabe Khalid ibn al-Walid conquit la Syrie face aux Byzantins. D’abord partie intégrante du califat omeyyade, puis abbasside, la ville d’Alep est confiée à partir du 10ème siècle à des émirs qui se la transmettent héréditairement.

[5] Damas est l’une des plus anciennes villes continuellement habitées. Elle est aussi la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie) (des traces archéologiques remontent au 4ème millénaire av. jc). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse, et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes. Damas connut l’influence de nombreuses civilisations dont celles des Assyriens, Perses, Grecs, Séleucides, Romains, Arabes et Turcs. De la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc, elle est la capitale du royaume d’Aram-Damas. Elle fut l’un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d’Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l’année 37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd’hui dans le quartier chrétien de Bab Touma). En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l’adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l’empire musulman durant près d’un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l’Afrique, l’Anatolie, la mer Méditerranée et l’Asie (route de la soie en direction de la Chine et du commerce des épices avec l’Inde).

[6] Il y avait six offices permanents dans le royaume de Jérusalem : connétable, maréchal, sénéchal, chambellan, bouteiller et chancelier. Les quatre premiers étaient des Grands Offices. Durant certaines périodes, il y eut aussi des baillis, des vicomtes et des châtelains. Ces offices sont calqués sur ceux qui existaient dans le nord du royaume de France au 11ème siècle, la terre d’origine des premiers rois de Jérusalem. Ces offices continuèrent à se développer en France et en Angleterre, mais à Jérusalem, ils évoluèrent peu ou pas du tout.

[7] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[8] Acre est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. Elle devient au 13ème siècle la capitale du Royaume de Jérusalem et le principal port de Terre sainte.

[9] La fonction et le titre de Patriarche latin d’Antioche ont été créés par l’Église catholique au moment des croisades. Ils ont été supprimés en 1964.

[10] Le Patriarche latin de Jérusalem est l’un des patriarches catholiques orientaux. C’est le titre le plus ancien parmi tous les patriarches catholiques orientaux puisqu’il date de 1099 et le seul de rite latin. En effet, après la prise de Jérusalem par les croisés en 1099, une structure religieuse, le patriarcat latin, est créée à Jérusalem en complément d’une structure temporelle, qui sera le royaume de Jérusalem.

[11] Beyrouth est la capitale du Liban et la ville la plus importante du pays. Béryte est fondée vers 5000 av. jc. Petit port à l’origine, moins puissante que les autres cités phéniciennes tel que Tyr, Byblos, ou Sidon, elle gagne de l’importance pendant l’Empire romain. Elle est renommée pour son école de droit mais elle est ravagée en 552 par un violent séisme accompagné d’un tsunami. Pendant les croisades, elle est le centre de la seigneurie de Beyrouth, vassale du royaume franc de Jérusalem. Elle est prise par les mamelouks en 1291. Sous l’Empire ottoman, elle joue un rôle commercial actif parmi les échelles du Levant mais subit les effets du déclin économique de la Syrie ottomane. Elle ne retrouve sa place qu’au 19ème siècle.

[12] Bagdad ou Baghdad est la capitale de l’Irak et de la province de Bagdad. Elle est située au centre-Est du pays et est traversée par le Tigre. Madīnat as-Salām fut fondée ex nihilo au 8ème siècle, en 762, par le calife abbasside Abou-Djaafar Al-Mansur et construite en quatre ans par 100 000 ouvriers. Selon les historiens arabes, il existait à son emplacement plusieurs villages pré-islamiques, dont l’un s’appelait Bagdad.

[13] Trabzon, ou Trébizonde (d’après son nom antique et médiéval), est une ville de Turquie, préfecture de la province du même nom, située au bord de la mer Noire, dans la région de la mer Noire. Capitale culturelle et historique de la région de la mer noire (karadeniz).

[14] La Paphlagonie est une ancienne région de l’Asie Mineure, sur la côte nord, entre la Bithynie et le Pont, bornée au sud par la Galatie, qui avait pour capitale Amastris (Amasra) et comme villes principales Gangra (Çankırı) et Sinope (Sinop). Selon Hérodote, la Paphlagonie est au 6ème siècle av jc sous la domination de Crésus, roi de Lydie. En 480 av jc, elle envoie un contingent, dirigé par un certain Dotos, fils de Mégasidrès à Xerxès 1er pour son invasion de la Grèce. Après Alexandre le Grand, la Paphlagonie devint un royaume, dont le dernier roi Pylémène II, légua à sa mort, en 121 av jc, son territoire au père de Mithridate VI. Ce pays devint dès lors un sujet de guerre entre les rois du Pont et ceux de Bithynie. Les Romains, vainqueurs de Mithridate, la réduisirent en province romaine, et la réunirent à la province du Pont en 63 av jc. Elle en fut séparée et fit partie sous Dioclétien du diocèse du Pont.