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Titus Lucretius Carus dit Lucrèce

mardi 20 juin 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 7 décembre 2011).

Titus Lucretius Carus dit Lucrèce (vers 98-55 av.jc)

Poète et philosophe latin

Page 1, de De Rerum Natura par Titus Lucretius Carus, de l'édition 1675 par Tanaquil FaberAuteur d’un seul livre inachevé, le De rerum natura [1], un long poème passionné qui décrit le monde selon les principes d’Épicure.

C’est essentiellement grâce à lui que nous connaissons l’une des plus importantes écoles philosophiques de l’Antiquité, l’épicurisme [2], car des ouvrages d’Épicure, qui fut beaucoup lu et célébré dans toute l’Antiquité tardive, il ne reste pratiquement rien, sauf 3 lettres et quelques sentences.

Son tempérament angoissé et passionné est presque à l’opposé de celui du philosophe grec. Et il vit une époque troublée par les guerres civiles et les proscriptions, massacres de Marius, proscriptions deSylla, révolte de Spartacus, conjuration de Catilina [3]. De là, les pages sombres du De rerum natura sur la mort, le dégoût de la vie, la peste d’Athènes, de là aussi sa passion anti-religieuse qui s’en prend avec acharnement aux dieux, aux cultes et aux prêtres, passion que l’on ne retrouve pas dans les textes conservés d’Épicure, même si celui-ci critique la superstition et même la religion populaire.

Surtout Lucrèce unit à la science épicurienne, souvent difficile, la douceur et la dimension visionnaire de la poésie.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Richard Wojnarowski, Quelques commentaires au De Rerum Natura de Lucrèce, Editions BoD, Paris, 2020, 508 p, (ISBN 9782322208425)

Notes

[1] De la nature des choses, qu’on traduit le plus souvent par De la nature

[2] L’épicurisme est une philosophie qui se vit : elle propose d’atteindre le bonheur en évitant tout ce qui peut troubler la quiétude ; le bonheur est alors défini comme l’absence de troubles (ataraxie). Philodème suit ce précepte, tout en assouplissant la règle et en étendant le champ d’application de cette philosophie à des domaines que le fondateur de l’école, Épicure, n’avait pas abordés ou tenait comme mineurs : l’esthétique, et notamment la musique, la politique.

[3] La conjuration de Catilina est un complot politique visant la prise du pouvoir à Rome en 63 av. jc par le sénateur Lucius Sergius Catilina. Devenue la capitale d’un empire en croissance rapide, la Ville est alors depuis longtemps à l’abri d’une attaque ennemie, mais depuis la Guerre sociale (de 91 à 88), elle doit faire face à de nombreux troubles qui mettent à mal les institutions de la République romaine et sa population. Le complot ourdi par Catilina et ses partisans ne ressemble pourtant en rien à ce que la République romaine a connu jusqu’alors. Déçu par un double échec lors de l’élection au consulat, Catilina organise secrètement une conjuration qui vise à éliminer une partie de l’élite politique romaine et à s’emparer du pouvoir politique suprême en s’appuyant sur les frustrations d’une partie de la nobilitas romaine et de certains notables italiens. Sur sa route, le conspirateur voit ses visées contrecarrées par la détermination du consul Cicéron, dont le mandat touche à sa fin au moment des faits. En bon orateur, Cicéron dénonce Catilina publiquement et avec virulence, puis conduit la contre-offensive militaire qui met finalement la conjuration en déroute. Catilina meurt au combat au début 62, tandis que Cicéron, salué du titre de « Pater patriae », connaît d’abord la gloire pour avoir sauvé la République, avant que cette même affaire ne le contraigne à l’exil en 58.