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Thierry II

vendredi 24 avril 2020, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 27 octobre 2011).

Thierry II (587-613)

Roi de Bourgogne de 595 à 613

Thierry II Roi de Bourgogne de 595 à 613

Second fils de Childebert II, il hérita du royaume de Bourgogne [1] et de l’Orléans lors du partage de 595 alors qu’il n’était âgé que de 8 ans. De fait, sa grand-mère Brunehaut exerça la régence des 2 royaumes et poursuivi assidûment la lutte sanglante contre Frédégonde. Or, en 599, Théodebert II chassa Brunehaut de son royaume qui vint se réfugier chez Thierry II.

Il continua à lutter contre Clotaire II, roi de Neustrie [2], et le vainquit à Dormelles [3] avec son frère Théodebert II en 600. Cela permit à Brunehaut de s’emparer de la plus grande partie de la Neustrie exceptée Rouen, Amiens et Beauvais. Ayant écarté la menace de la Neustrie, il mena en 602 une campagne punitive avec son frère contre les Vascons [4] afin de ramener le calme.

Par la suite, il mena une seconde expédition contre Clotaire II qui envoya contre lui son Maire du palais [5] Landry. Mais ce dernier fut vaincu à Étampes en 604 ce qui permit à Thierry II de délivrer Orléans assiégée avant d’entrer dans Paris pour l’occuper.

Il chercha alors à écraser définitivement Clotaire II mais l’aristocratie austrasienne [6] commençait à s’agiter ce qui l’obligea à interrompre sa brillante campagne.

Cherchant à réaffirmer son autorité, il ordonna en 605 l’exécution du Maire du Palais Protade , nommé par Brunehaut. En effet, ce dernier, issu d’une illustre famille romaine, cherchait à rétablir un pouvoir centralisé capable de soumettre l’aristocratie franque. Cependant, haï par l’aristocratie, Protadius pouvait un jour s’allier avec cette même aristocratie contre Thierry II, ce qui représenterait alors une terrible menace contre le pouvoir royal. De même, il soutint Brunehaut lorsqu’elle ordonna l’exécution en 607 de l’évêque de Vienne [7] Didier trop critique envers la politique royale. Il n’hésita pas non plus à se heurter contre Saint Colomban qui refusait de bénir plusieurs enfants du roi issus de ses nombreuses concubines. Finalement, Brunehaut ordonna l’exil de saint Colomban vers l’Italie en 610.

Maître d’une grande partie du royaume Franc avec la Bourgogne et une grande partie de la Neustrie, il s’allia avec le roi Wisigoth [8] Wittéric en épousant sa fille Ermenberge .

Se sentant suffisamment puissant, il visa à unifier le royaume de son père en annexant l’Austrasie. Poussé par sa grand-mère avide de venger l’affront qu’elle avait subi, il déclara la guerre à son frère mais à ses dépens puisqu’il perdit en 607 l’Alsace. Cependant, il poursuivit la guerre et défit finalement Théodebert II à Toul [9] puis à Tolbiac en 612 [10]. Vainqueur, il livra à Brunehaut son frère. Cette dernière le fit tonsurer puis enfermer dans un monastère où il mourut en captivité mais tua ses arrière-petits-fils Mérovée et Clotaire en 613.

Maître de la Bourgogne, de l’Austrasie et d’une partie de la Neustrie, Thierry II s’éteignit peu de temps après, en 613, à l’âge de 26 ans et après 18 ans de règne, victime de la dysenterie. Son royaume fut alors partagé entre son fils Sigebert II et Corbon. Son troisième fils, Childebert, mourut en 617.

Notes

[1] Le royaume de Bourgogne était un royaume mérovingien puis carolingien qui a existé de 534 à 843. Le traité de Verdun de 843 divise la Bourgogne en deux grandes entités territoriales : une Bourgogne franque à l’ouest (futur duché), et une Bourgogne impériale à l’est dans laquelle se trouve notamment le comté de Bourgogne (Franche-Comté), la Bourgogne transjurane (Suisse occidentale, nord de la Savoie et Val d’Aoste), la Bourgogne cisjurane et le comté de Provence.

[2] Royaume franc qui couvrait le nord-ouest de la France actuelle, et avait pour capitale Soissons. Néanmoins, il semble que le terme de Neustrie ne soit apparu qu’un siècle après la création du royaume. La Neustrie avait été créée lors du partage qui suivit la mort de Clovis 1er, en 511, et revint à Clotaire 1er, qui, au terme de son long règne de 50 ans, avait réussi à reconstituer le royaume de son père. Elle fut le 2ème grand royaume franc né lors des partages successoraux mérovingiens à partir des territoires conquis sur Syagrius. Son aire géographique était limitée par la Loire au sud, l’océan Atlantique et la Basse-Bretagne à l’ouest, et la Champagne à l’est. Elle s’étendait jusqu’en Flandre au nord.

[3] La bataille de Dormelles est un épisode de la guerre entre le roi de Neustrie Clotaire II et les petits-fils de la reine Brunehilde, Thierry II, roi de Burgondie et Thibert II, roi d’Austrasie.

[4] Les Vascons était le nom donné par les Romains durant l’Antiquité au peuple de la Péninsule Ibérique dont le territoire s’étendait au 1er siècle av. jc entre le cours supérieur de la rivière Èbre et sur le versant péninsulaire des Pyrénées occidentales, une région qui correspond à l’époque contemporaine à la quasi-totalité de la Navarre, les aires du nord-ouest de l’Aragon, du nord-est et du centre de La Rioja1 et du nord-est de Guipuscoa. Les Vascons, qui atteignirent un degré élevé d’intégration dans le monde romain, particulièrement dans les plaines, le long des rives de la rivière Èbre et dans les aires autour des cités romaines de Pompaelo et Oiasso, peuplèrent la région la plus au Nord et la plus montagneuse, connue comme le Vasconum Saltus, pendant la crise économique et sociale qui accompagna la décomposition de l’Imperium et la pression causée par les invasions barbares des peuples germaniques et slaves au début du 5ème siècle. Ils entrèrent par la suite en conflit à diverses occasions avec les royaumes des Wisigoths et des Francs qui sont installés sur les deux versants des Pyrénées. Après l’invasion musulmane de la péninsule ibérique au début du 8ème siècle, qui a abouti à la dissolution du Royaume wisigoth et au retrait partiel des gouverneurs francs au nord de l’Aquitaine, les descendants des Vascons, qui avaient adopté le christianisme durant le Bas Empire romain, se réorganisèrent vers le 9ème siècle autour des entités féodales du duché de Vasconie en Gascogne et de celle du royaume de Pampelune. Cette dernière entité donnera naissance durant le Moyen Âge au Royaume de Navarre.

[5] A l’origine intendant général, chargé de diriger les services politiques et domestiques de la maison du roi, le maire du palais apparaît, dès le milieu du 7ème siècle, comme le personnage principal de l’Etat. C’est lui, de fait, qui exerce la réalité du pouvoir.

[6] L’Austrasie désignait durant la période mérovingienne un royaume franc couvrant le nord-est de la France actuelle, les bassins de la Meuse et de la Moselle, jusqu’aux bassins moyen et inférieur du Rhin. La capitale en fut d’abord Reims, puis Metz. Les habitants de l’Austrasie étaient les Austrasiens. Ce royaume est apparu à la mort de Clovis en 511, lorsque le territoire de celui-ci est partagé entre ses fils. Berceau de la dynastie carolingienne, l’Austrasie disparaît en 751 avec le dernier roi mérovingien pour être intégrée dans le grand royaume franc que réunirent Pépin le Bref et Charlemagne.

[7] L’archidiocèse de Vienne est un ancien archidiocèse de l’Église catholique en France. Le diocèse de Vienne est le plus ancien de Gaule crée par Saint-Crescent au milieu du 1er siècle. Il est érigé en archidiocèse au milieu du 3ème siècle. Son premier évêque attesté est saint Avit, élu vers 475, mort vers 525. Cet archidiocèse est supprimé par la Constitution civile du clergé et n’est pas rétabli à la suite du Concordat de 1801.

[8] Les Wisigoths entrent en Gaule, ruinée par les invasions des années 407/409. En 416 les Wisigoths et leur roi Wallia continuent leur invasion en Espagne, où ils sont envoyés à la solde de Rome pour combattre d’autres Barbares. Lorsque la paix avec les Romains fut conclue par le fœdus de 418, Honorius accorda aux Wisigoths des terres dans la province Aquitaine seconde. La sédentarisation en Aquitaine a lieu après la mort de Wallia. Les Wisigoths pénétrèrent en Espagne dès 414, comme fédérés de l’Empire romain. Le royaume des Wisigoths eut d’abord Toulouse comme capitale. Lorsque Clovis battit les Wisigoths à la bataille de Vouillé en 507, ces derniers ne conservent que la Septimanie, correspondant au Languedoc et une partie de la Provence avec l’aide des Ostrogoths. Les Wisigoths installèrent alors leur capitale à Tolède pour toute la suite. En 575 ils conquièrent le royaume des Suèves situé dans le nord du Portugal et la Galice. En 711 le royaume est conquis par les musulmans.

[9] La bataille de Toul a lieu en mai 612 entre deux frères : Thibert II (ou Théodebert), roi d’Austrasie et Thierry II (ou Théodoric), roi de Bourgogne, dans le cadre d’une guerre commencée en 610, sans doute autour de la possession de l’Alsace.

[10] La bataille de Tolbiac (actuelle Zülpich près de Cologne en Allemagne) a lieu en mai 612 entre deux frères : Thibert II (ou Théodebert), roi d’Austrasie et Thierry II, roi de Bourgogne, dans le cadre d’une guerre commencée en 610, sans doute autour de la possession de l’Alsace. Elle est immédiatement consécutive à la bataille de Toul.