Lucterios ou Luctère
Chef gaulois des Cadurques
Il fut le dernier avec le Sénon [1] Drappès à résister à l’invasion des légions romaines de Jules César à la fin de la guerre des Gaules.
Il nous est connu par les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César. Lucterios se rallie en 52 av. jc, à la cause de Vercingétorix qui envoie chez les Rutènes [2], avec une partie des troupes, le Cadurque [3] Lucterios, homme d’une rare intrépidité. Il les gagne aux Arvernes [4]. Il pousse chez les Nitiobroges [5] et chez les Gabales [6], reçoit de chaque peuple des otages, et, ayant réuni une forte troupe, entreprend d’envahir la Province, en direction de Narbonne [7]. César renforce ses positions et Lucterios renonce à traverser les Cévennes [8] en hiver. Plus tard, Lucterios participe au siège d’Alésia et à la défaite gauloise.
Hirtius, historiographe de Jules César, raconte le siège d’Uxellodunum [9], place forte appartenant aux Cadurques. Un an après la reddition de Vercingétorix à Alésia, Lucterios et Drappès le Sénon réunissent leurs forces avec à nouveau l’intention d’envahir la Provincia [10]. Menacés par les légions de Caninius, ils se réfugient dans l’oppidum d’Uxellodunum après s’être ravitaillés en blé. César intervient en personne et prend la ville en la privant d’eau. Vaincu, Lucterios cherche refuge chez le chef arverne Epasnactos, qui rallié à Rome, le livre à César.
Notes
[1] Les Sénons étaient un des nombreux peuples celtes basés en Gaule. Ils occupaient la région du Sénonais, s’étendant sur une partie des départements actuels de l’Yonne et de Seine-et-Marne. Ils donnèrent leur nom à la ville de Sens qui était leur capitale sous le nom d’Agendicum. Durant le Haut Empire, la cité des Sénons faisait partie de la province de Gaule lyonnaise.
[2] peuple client des arvernes, selon Strabon
[3] Peuples gaulois qui donna leur nom au Quercy et à la ville de Cahors. Les Cadurques semblent avoir aboli la royauté, le pouvoir étant entre les mains de l’aristocratie foncière. Les Cadurques émette des pièces en argent dont certaines vont se répandre dans tout le sud-ouest de la Gaule. Leur chef Lucterius ou Lucterios fut un fidèle allié de Vercingétorix dans sa lutte contre Jules César. Un an après la reddition de Vercingétorix à Alésia, Lucterius et Drappès le Sénon se réfugièrent dans l’oppidum d’Uxellodunum pour y poursuivre la lutte. Vaincu, Lucterius chercha refuge chez le chef arverne Epasnactos, qui le livra à César.
[4] Peuple gaulois du Massif central. Ils furent un des peuples les plus puissants de la Gaule centrale, s’opposant à plusieurs reprises à la puissance romaine. Les Arvernes ont légué leur nom à l’Auvergne. Leur capitale, lors de la guerre des Gaules, Gergovie, se trouvait sur un plateau qui domine l’actuelle ville de Clermont-Ferrand.
[5] Les Nitiobroges sont un peuple gaulois dont le territoire se situait dans l’actuel Agenais. À l’époque de la conquête de la Gaule, il avait à sa tête un roi, Teutomatos, fils d’Ollovico, qui prit part avec ses hommes au sièges de Gergovie et d’Alésia aux côtés de Vercingétorix.
[6] Les Gabales sont un peuple gaulois, client des Arvernes demeurant en Gévaudan (devenu à la Révolution le département de la Lozère). Ils participent à la coalition gauloise aux côtés des Arvernes. En 52 av. jc ils participent à l’attaque de la Narbonnaise avec les Nitiobroges et les Rutènes sous le commandement de Lucterios avant de s’en prendre aux Helviens.
[7] Narbonne est une commune française située dans le département de l’Aude, en Occitanie. Au début du 6ème siècle, Narbonne fut brièvement la capitale des Wisigoths vaincus à la bataille de Vouillé en 507 par les Francs de Clovis, conquérant du royaume de Toulouse. Grâce à l’aide militaire des Ostrogoths d’Italie, les Wisigoths du jeune roi Amalaric conserveront la Septimanie et Narbonne. Amalaric y sera assassiné en 531. Sous le règne du roi Theudis, Narbonne cessera d’être la capitale des Wisigoths mais reste une capitale provinciale. Elle accueille plusieurs souverains tels Liuva 1er couronné roi à Narbonne, et est le siège de plusieurs révoltes "séparatistes" jusqu’à la fin du 7ème siècle. Les deux derniers rois wisigoths Agila II et Ardo auraient régné sur la cité au moment de l’invasion musulmane.
[8] Les Cévennes forment une chaîne montagneuse faisant partie du Massif central, située entre les départements de la Lozère et du Gard, prolongeant au sud les monts du Vivarais situés en Ardèche et en Haute-Loire, et au nord les monts de Lacaune et de l’Espinouse situés en partie dans le département de l’Hérault. La dénomination inclut également, sur ses contreforts sud-est, une partie de la plaine méridionale dont fait partie le bassin alésien.
[9] Uxellodunum est le nom d’un oppidum gaulois, situé dans le Quercy actuel. Il est surtout connu pour avoir été le lieu de la dernière bataille de la guerre des Gaules, en 51 av. jc, César emportant la reddition de la place à la suite de son siège. Son nom signifie la « forteresse élevée ». C’est un nom gaulois assez répandu qui a évolué en Issolu, Issolud, Issoudun, Exoudun, à plusieurs occasions, dans la toponymie de la Gaule romaine. Longtemps objet de débats, la localisation d’Uxellodunum au Puy d’Issolud, sur le territoire de la commune de Vayrac (Lot), est désormais démontrée par les fouilles archéologiques et admise par la communauté scientifique.
[10] L’expression Gaule narbonnaise désigne, chez certains historiens du 19ème siècle, une province romaine ainsi nommée dès 118 av. jc après la fondation de la colonie romaine de Narbonne. En réalité, la province a été successivement nommée : « Gaule transalpine » après sa conquête par Rome ; « Gaule romaine » après la conquête du reste de la Gaule par Jules César, pour la distinguer de la Gaule chevelue (mais l’expression « Gaule transalpine » a continué d’être utilisée) ; « Narbonnaise » après la réorganisation des Gaules par l’empereur Auguste, en même temps que sont créées les provinces de Gaule belgique, de Gaule lyonnaise et d’Aquitaine. À la suite de la réorganisation de l’Empire par Dioclétien (vers 300), sont créées les provinces de Narbonnaise première, de Narbonnaise seconde et de Viennoise.