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L’histoire pour le plaisir

Jean VI d’Aumont

jeudi 1er août 2024, par lucien jallamion

Jean VI d’Aumont (1522-1595)

Comte de Châteauroux-Baron d’Estrabonne-Maréchal de France

Né au château du Parc à Châteauroux [1], fils de Pierre III d’Aumont [2], seigneur d’Estrabonne [3] et Nolay [4], gentilhomme de la chambre du roi, et de Françoise de Sully.

Il épouse en 1559 Antoinette Chabot [5], fille de Philippe Chabot de Brion, amiral de France [6], comte de Charny [7] et Buzançais [8] et de Françoise de Longwy nièce du roi François 1er, puis en seconde noce Françoise Robertet [9], d’une famille du Berry [10].

Il fait ses premières armes en Piémont [11] comme capitaine de cavalerie sous le maréchal de Brissac. La franchise et l’ardeur de son caractère ainsi que sa prestance le firent surnommer Le franc Gaulois.

Il est blessé et fait prisonnier à la bataille de Saint-Quentin le 10 août 1557 [12], et prend ensuite une part active à la guerre civile contre les Huguenots. Il est aux batailles de Dreux [13] le 19 décembre 1562, Moncontour [14] le 3 septembre 1569, au siège de La Rochelle [15], à la prise de Fontenay-le-Comte [16] 1er juin 1587, de Mesle [17] et de Lusignan [18]. Le roi le récompensa en le faisant chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit [19] le 1er janvier 1579 et Maréchal de France [20] le 23 décembre de la même année. À la mort d’Henri III, il fut l’un des premiers à se ranger auprès d’Henri IV et à lui jurer fidélité.

Il reçut du nouveau roi le gouvernement de la Champagne [21]. Il lutta avec vigueur contre la Ligue catholique à la bataille d’Arques [22] en septembre 1589 notamment et se montra si vaillant à la bataille d’Ivry [23] le 14 mars 1590 que le roi lui dit, au soir de cette victoire : Il est juste que vous soyez du festin, après m’avoir si bien servi à mes noces . Il participe ensuite au siège de Paris [24].

Il est envoyé par Henri IV pour rétablir ses affaires dans le Maine [25] après la défaite de ses armes à la Bataille de Craon [26] le 23 mai 1592. Il prit Mayenne [27], le 15 août, puis en 1593 fut pourvu du gouvernement de Bretagne et se consacra à soumettre cette province, et à surveiller le Maine.

C’est de là qu’il entama avec quelques Lavallois [28], Guillaume Le Clerc de Crannes , surtout, des négociations qui lui livrèrent la ville où il entra sans résistance le 27 avril 1594.

Pendant les Guerres de la Ligue, le 17 novembre 1594, le maréchal d’Aumont prit d’assaut le fort de Crozon [29].

Ayant mis le siège devant le château de Comper [30], près de Rennes [31], il est grièvement blessé par une mousquetade [32] et meurt des suites de ses blessures le 19 août 1595 à l’âge de 73 ans. Il repose dans l’église du couvent des Cordeliers à Châteauroux.

Le maréchal d’Aumont aura servi 6 rois : François 1er, Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Christine Méry-Barnabé, Célèbres en Berry, p. 33-34, 256 p., Alan Sutton, Saint-Cyr-sur-Loire, 2006, (ISBN 2-84910-358-6)

Notes

[1] Le château du Parc ou château Balsan est situé sur la commune de Châteauroux, dans le département de l’Indre. Le château fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 12 décembre 1996. Il est situé dans le parc Balsan, entre l’IUT de Châteauroux et le centre universitaire supérieur de Châteauroux.

[2] La Maison d’Aumont est une famille noble française, d’extraction féodale, originaire de Picardie. La branche aînée a été créée duc d’Aumont en 1665. La maison d’Aumont s’est éteinte en 1888.

[3] Étrabonne est une commune française située dans le département du Doubs, la région culturelle et historique de Franche-Comté

[4] Nolay est une commune française située dans le canton d’Arnay-le-Duc du département de la Côte-d’Or, qui se retrouve quasiment au centroïde de la région de la Bourgogne-Franche-Comté. Deux hameaux dépendent de la commune de Nolay : le hameau de Cirey-les-Nolay et celui de Saigey.

[5] La famille de Chabot est une famille subsistante de la noblesse française d’extraction chevaleresque sur preuves de 1269. Elle est originaire du Bas-Poitou. La famille de Chabot forma de nombreuses branches, dont celles des barons de Retz, des barons de Saint-Gelais, et la branche ainée des barons et comtes de Jarnac. Cette dernière donna naissance en 1645 à la branche de Rohan-Chabot, ducs de Rohan (en 1648), par le mariage d’Henri Chabot avec Marguerite de Rohan, fille et héritière d’Henri de Rohan, premier duc de Rohan.

[6] La dignité d’amiral de France (ou de grand amiral de France) récompense en France des services militaires exceptionnels pour des amiraux de la Marine. Elle est l’équivalent pour les marins de celle de maréchal de France pour l’Armée de terre. Même si personne ne porte le titre actuellement, cette dignité reste pleinement valable de nos jours : "Le titre de maréchal de France et le titre d’amiral de France constituent une dignité dans l’Etat

[7] Charny est une commune française située dans le département de la Côte-d’Or

[8] Buzançais est une commune française située dans le département de l’Indre

[9] La famille Robertet est une dynastie de hauts fonctionnaires français des 15 et 16ème siècles. Certains de ses membres sont également connus pour leurs talents littéraires ou pour leurs collections d’œuvres d’art et leurs palais.

[10] Le Berry est une province historique de la France de l’Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean 1er de Berry (1340-1416). Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416, avant de passer entre les mains de deux fils du roi Charles VI : d’abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII. Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont les plus célèbres sont Charles de France (1686-1714), cadet des petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XVI et le second fils du roi Charles X. Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

[11] Au cours du Moyen Âge, se constitue autour de Turin la principauté de Piémont, gouvernée par une branche de la maison de Savoie, la lignée de Savoie-Achaïe. En 1418, à la mort de Louis de Savoie-Achaïe, la principauté du Piémont revient au duc de Savoie, qui a la faveur de l’empereur en tant que membre du parti gibelin. À partir de 1494, le Piémont est embrasé par les guerres d’Italie : dans la première moitié du 16ème siècle, le pays devient un théâtre d’opérations d’armées étrangères, ce qui bloque la vie culturelle. En 1563, le duc de Savoie et prince de Piémont décide de faire de Turin sa principale capitale, au détriment de Chambéry.

[12] La bataille de Saint-Quentin (10 août 1557) est une victoire espagnole sur la France. Par cette victoire d’Emmanuel-Philibert de Savoie, lieutenant général du roi Philippe II d’Espagne, sur les troupes du roi de France, Henri II, aux ordres du connétable de Montmorency, qui y est capturé, Saint-Quentin passe aux Espagnols. La route de Paris est ouverte. Mais l’armée de Philippe II, pourtant forte de 60 000 hommes, ne marchera finalement pas sur la capitale des rois de France. La résistance des Saint-Quentinois conduits par Gaspard de Coligny, parvenu dans la ville dans la nuit du 2 au 3 août 1557 avec 500 hommes armés fut héroïque et dura 17 jours, mais le massacre qui eut lieu sous ses murs laissa sa trace dans l’histoire.

[13] Le 19 décembre 1562, sous la régence de Catherine de Médicis, la campagne sud de la ville de Dreux est le théâtre du premier choc important des guerres de religion entre les troupes protestantes du prince de Condé et de l’amiral de Coligny et l’armée catholique et royale dirigée par le « triumvirat » composé du connétable de Montmorency, du duc de Guise et de Jacques d’Albon de Saint-André, ancien favori d’Henri II, maréchal de France et premier gentilhomme de la Chambre.

[14] Le 3 octobre 1569, les forces catholiques du roi Charles IX, sous le commandement du duc d’Anjou, battent à Moncontour, dans le Poitou, les troupes huguenotes, commandées par l’amiral Gaspard de Coligny. Cette bataille a lieu durant la troisième guerre de Religion.

[15] Le siège de La Rochelle de 1573 est le siège militaire ordonné par le roi catholique Charles IX contre la ville protestante de La Rochelle. Il est l’évènement principal de la 4e guerre de Religion qui fait suite au massacre de la Saint-Barthélemy. Il opposa l’armée royale et catholique commandé par le duc d’Anjou, frère du roi (futur Henri III)1, aux habitants protestants de La Rochelle. Il eut lieu du 11 février au 26 juin 1573.

[16] Fontenay-le-Comte est une commune de l’Ouest de la France, sous-préfecture du département de la Vendée

[17] Melle est une commune nouvelle française résultant de la fusion au 1er janvier 2019 des communes de Mazières-sur-Béronne, Melle, Paizay-le-Tort, Saint-Léger-de-la-Martinière et Saint-Martin-lès-Melle, située dans le département des Deux-Sèvres

[18] Lusignan est une commune du Centre-Ouest de la France, située dans le département de la Vienne

[19] L’ordre du Saint-Esprit fut, pendant les deux siècles et demi de son existence, l’ordre de chevalerie le plus prestigieux de la monarchie française. Ce n’est cependant pas le plus ancien, puisque l’ordre de Saint-Michel a été fondé 110 ans auparavant. Il a disparu officiellement en 1830 et n’est plus aujourd’hui qu’un ordre dynastique.

[20] Depuis la création du titre, en 1185, il y a eu 342 maréchaux de France. L’office de maréchal n’est devenu militaire que depuis le début du 13ème siècle. À son origine, le maréchal de France n’a qu’un rôle d’intendance sur les chevaux du roi. Son office devient militaire au début du 13ème siècle, tout en étant subordonné au connétable. Le premier à porter le titre de maréchal du roi de France avec une fonction militaire était Albéric Clément, seigneur de Mez, désigné par Philippe Auguste, en 1185. Après l’abolition de l’office de connétable par Richelieu en 1624, les maréchaux deviennent les chefs suprêmes de l’armée. Parfois le roi crée une charge de maréchal général des camps et armées du roi, qu’il confie au plus prestigieux de ses maréchaux. Outre leurs fonctions militaires, les maréchaux ont aussi la responsabilité du maintien de l’ordre dans les campagnes, par l’intermédiaire des prévôts des maréchaux, d’où l’appellation de « maréchaussée » donnée à l’ancêtre de la gendarmerie. Jusqu’en 1793, date de l’abolition de cette charge, il y eut 263 maréchaux de France.

[21] La Champagne est une région historique et culturelle, au nord-est de la France, à la frontière avec la Belgique. Elle s’est formée en 1065 à partir d’un comté palatin par la réunion autour de Provins, troisième métropole du royaume de France, de comtés issus du démantèlement de la fraction occidentale de l’Austrasie mérovingienne. Elle recouvrait l’ancienne région administrative Champagne-Ardenne, le sud du département de l’Aisne, le nord du département de l’Yonne, et la majeure partie du département de Seine-et-Marne jusqu’à la Brie française. Elle s’étendait à l’ouest sur la Brie mouvante, qui est située entre le cours supérieur de l’Yerres et la via Agrippa. Au nord, la frontière changeante avec la Principauté de Liège incluait Sugny et excluait Givet. Son terroir a donné son nom au vignoble de Champagne.

[22] La bataille d’Arques eut lieu du 15 au 29 septembre 1589 entre les troupes royales de Henri IV et les Ligueurs dirigés par Charles de Mayenne.

[23] La bataille d’Ivry, le 14 mars 1590, est une bataille des guerres de religion qui ensanglantèrent ponctuellement le Royaume de France entre 1562 et 1598. Elle oppose l’armée royale commandée par Henri IV à l’armée ligueuse, renforcée de contingents espagnols, commandée par le duc Charles de Mayenne. Elle se déroule dans la plaine Saint-André entre la ville de Nonancourt et la ville d’Ivry, ensuite renommée Ivry-la-Bataille en souvenir du combat. Malgré leur supériorité numérique, les ligueurs sont mis en déroute.

[24] Le siège de Paris de 1590 désigne la tentative d’Henri IV, roi de France, de s’emparer de la ville de Paris. Il oppose les troupes royales commandées par le roi à la Ligue catholique commandée par le duc de Nemours. Le siège de Paris est l’un des épisodes de la huitième guerre de religion. Henri IV échoue à cause de l’intervention, en faveur de la Ligue, de l’armée d’Alexandre Farnèse, gouverneur des Pays-Bas espagnols.

[25] Le Maine est une région historique et culturelle française, correspondant à une ancienne province et dont la capitale est Le Mans. Le Maine est aussi un comté puis un duché. Situé dans le Nord-Ouest de la France, entre Paris et la Bretagne, le Maine est à cheval sur le Massif armoricain et sur le Bassin parisien. Né de la réunion du territoire de deux tribus gallo-romaines, les Diablintes et les Cénomans, le Maine existe d’abord grâce à la création du diocèse du Mans au tout début du Moyen Âge. Il existe ensuite en tant que comté autonome, mais il est absorbé dans l’empire Plantagenêt, né dans le comté voisin d’Anjou. Il est rattaché au domaine royal français par Philippe Auguste.

[26] La bataille de Craon a lieu le 23 mai 1592 dans le cadre des guerres de Religion. Elle oppose l’armée royale commandée par le prince de Conti à l’armée ligueuse. Lors de la huitième guerre de Religion, la ville de Craon est assiégée par l’armée royale. Les ligueurs étaient assiégés dans la ville, où commandait Pierre Le Cornu, par l’armée du prince de Conti et du duc de Montpensier. Le duc de Mercœur dirigea de ce côté les forces dont il disposait et qui étaient recrutées surtout en Bretagne. La ville est dégagée par les Espagnols, débarqués en Bretagne le 24 mai 1592

[27] Mayenne est une commune de l’Ouest de la France, située à 250 km à l’ouest de Paris. C’est l’une des sous-préfectures du département de la Mayenne. Le château et la ville de Mayenne passent à la maison de Lorraine à la fin du 15ème siècle. En 1544, le domaine passe du rang de baronnie à celui de marquisat, puis il devient un duché en 1573, les seigneurs de Mayenne sont donc désormais « ducs de Mayenne ». Ce changement survient sous Charles de Mayenne, le frère du duc de Guise, grand opposant aux Huguenots pendant les guerres de Religion. La ville de Mayenne fut gravement touchée par les guerres de Religion. Elle fut assiégée une première fois par les Ligueurs en 1574, qui échouèrent à la prendre. En 1589, elle reçut le nouveau roi Henri IV, et son séjour resta calme, si bien qu’il mit une garnison dans le château, mais pas dans la ville. Elle fut néanmoins assiégée une seconde fois l’année suivante, et les Ligueurs réussirent à en prendre le contrôle. Ils furent rapidement chassés par les troupes royales, et la bataille fit des centaines de morts. Mayenne subit un nouveau siège pendant l’Épiphanie de 1592, et cette fois-ci, ce sont les Huguenots qui s’en emparèrent. Ils étaient conduits par le comte d’Essex, venu d’Angleterre pour aider les Protestants français. Mayenne, fort appauvri par la guerre, traverse une année dure, subissant tour à tour les ligueurs, les royaux et l’étranger, qui ne ménageaient personne et dont les excès étaient d’égale violence. Le 5 février 1592, François de Bourbon-Conti, prince de Conti est à Mayenne. Les Catholiques assiègent la ville le 4 juin, et les Huguenots se rendent le 7. Le prince de Conti arrive à Mayenne le 20 juillet suivant, afin de reprendre la ville au compte du roi Henri IV. Le siège qu’il mène dure 17 jours. Les innombrables attaques qu’a connues Mayenne ont occasionné des pillages et d’importantes destructions. Charles de Mayenne, de son côté, a poursuivi les combats contre l’autorité royale jusqu’en 1595. Après la guerre, le château est démantelé, tout comme un grand nombre de forteresses françaises situées loin des frontières. Charles IV de Mayenne, qui possédait de très nombreux titres et résidait en Italie, connaissait de grandes difficultés financières qui l’obligèrent à vendre ses possessions françaises. Le duché de Mayenne fut acheté le 30 mai 1654 par le Cardinal Mazarin.

[28] Laval est une ville de l’Ouest de la France, chef-lieu du département de la Mayenne. Elle est située à environ 300 kilomètres à l’ouest de Paris. Située historiquement dans le Maine, Laval est aussi placée près des frontières bretonne, angevine et normande. La ville était au Moyen Âge une place forte importante, et c’était également une grande étape sur la route reliant Paris à Brest.

[29] situé en fait à la Pointe des Espagnols dans l’actuelle commune de Roscanvel

[30] Le château de Comper est situé à proximité de la forêt de Paimpont, à trois kilomètres à l’est du bourg de Concoret en Bretagne. À l’origine château fort médiéval profitant d’une position stratégique enviable grâce à la protection offerte par le vaste étang et la forêt qui l’entourent, il a connu diverses destructions et reconstructions au fil de son histoire. Il passe aux mains des barons de Gaël-Montfort, des Laval, des Rieux, des Coligny et des La Trémoille. Démantelé en 1598 sur ordre d’Henri IV, il est incendié durant la Révolution française.

[31] Rennes est une commune du nord-ouest de la France, chef-lieu du département d’Ille-et-Vilaine. La ville se situe en Haute-Bretagne à la confluence de l’Ille et de la Vilaine.

[32] Un mousquet est une arme à feu portative au long canon en usage dans l’infanterie aux 16 et 17ème siècles. Le mousquet est utilisé, pour la première fois, par les Espagnols, lors du siège de Parme de 1521. Les auteurs et les manuels militaires français du 18ème siècle différencient bien le mousquet à mèche, en usage dans les armées jusque vers 1700, du fusil à silex qui lui succéda