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L’histoire pour le plaisir

Josaphat (Juda)

vendredi 29 mars 2024, par lucien jallamion

Josaphat (Juda)

Selon la Bible [1], Josaphat, fils d’ Asa , a été roi de Juda [2] durant 25 ans, au début du 9ème siècle av. jc. Son règne fut marqué par un rapprochement entre les royaumes de Juda et d’Israël [3]. La seule source explicite dont on dispose sur Josaphat est la Bible.

Fils d’Asa et d’Azuba, fille de Shilhi, il succéda à son père à l’âge de 35 ans. La Bible le décrit comme un roi qui, à l’instar de son père, fit ce qui est droit aux yeux de l’Éternel.

Il eut 7 fils. Il leur laissa un héritage conséquent. Joram régna sans doute avec lui durant 5 ans, puis lui succéda.

Son rapprochement avec le royaume d’Israël se concrétisa par des visites au roi Achab, par une alliance militaire entre les deux royaumes, et par le mariage de son fils Joram avec une fille de la maison d’ Omri , Athalie , fille ou sœur d’Achab.

La ville de Ramoth [4] en Galaad en Transjordanie [5] étant aux mains de Ben-Hadad II ou Adad-Idri , roi d’Aram [6], Achab convia Josaphat à se joindre à lui pour la reprendre.

Josaphat accepte mais demande à consulter Dieu, par l’intermédiaire des prophètes. 400 prophètes de l’entourage d’Achab prédirent le succès, mais Josaphat demanda à consulter un autre prophète. Achab fit alors appeler le prophète Michée, fils de Yimla, malgré sa rancœur à son égard. Michée prédit la défaite, mais Achab refusa de le croire et le fit arrêter. Les 2 rois partirent alors à la guerre, mais malgré le stratagème d’un Achab déguisé, vraisemblablement pour se protéger aux dépens de Josaphat, les armées d’Aram, qui avaient pour ordre de se focaliser sur le roi d’Israël, finirent par le reconnaître. Achab fut mortellement touché alors que le roi de Juda fut épargné.

Josaphat fit construire des vaisseaux de Tarsis [7] pour aller chercher l’or d’Ophir [8], mais ces vaisseaux sombrèrent à Ezion-Geber [9]. Selon le Premier livre des Rois [10], Josaphat refusa l’offre d’Ochozias, roi d’Israël, qui voulait participer à l’expédition. Mais selon le Chroniste [11], l’échec de celle-ci est une punition divine après que Josaphat s’est associé à Ochozias pour construire cette flotte. Il est possible que ces deux passages constituent une comparaison entre Josaphat et son illustre ancêtre Salomon.

Dans un récit relativement proche de celui de la guerre menée avec Achab contre Aram, le Deuxième livre des Rois [12] raconte la guerre menée par Josaphat au sein d’une alliance regroupant avec lui Joram, roi d’Israël et le roi d’Édom [13], contre Mesha, roi de Moab [14], vassal rebelle d’Israël. L’armée étant assoiffée, Josaphat demanda à consulter un prophète de Dieu.

Les trois rois alliés allèrent donc consulter le prophète Élisée, qui ne les reçut que par égard pour Josaphat, et leur prédit la victoire. En effet, Moab fut battue, et les Israélites ravagèrent le pays jusqu’à Qir-Hérès [15], capitale de Moab. Là, Mesha, défait militairement, sacrifia son propre fils, ce qui était abominable aux yeux des Israélites, qui rentrèrent chez eux.

Josaphat participa à plusieurs guerres contre ses voisins dans le cadre de son alliance avec le Royaume du Nord. De plus, le Deuxième livre des Chroniques contient le récit, sans parallèle dans les livres des Rois, d’une guerre contre Moab, Ammon [16] et les Maonites (ou Méûnites), qui l’attaquaient. Avertis de l’approche de cette coalition, le roi et son peuple prennent peur et se tournent vers Dieu. Un prophète les exhorta à marcher vers l’ennemi, ce qu’ils firent. Ils n’arrivèrent face à eux que pour constater leur anéantissement, pillèrent leurs richesses et revinrent à Jérusalem [17].

Roi pieux comme son père Asa, Josaphat poursuivit son œuvre en matière religieuse, en particulier en luttant contre la prostitution sacrée.

Selon le Chroniste, la 3ème année de son règne, il envoya des militaires et des religieux enseigner la Loi à tout le peuple de Juda. Toujours selon le Chroniste, il établit dans son royaume une administration judiciaire et religieuse, et en particulier des juges. On retrouve dans les lois deutéronomiques des traces de cette réforme.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Gershon Galil, The Chronology of the Kings of Israel & Judah, Brill, 1996, 180 p. (ISBN 90-04-10611-1)

Notes

[1] La Bible est un ensemble de textes sacrés pour les juifs et les chrétiens. Les diverses confessions peuvent inclure des livres différents dans leurs canons, dans un ordre différent. Les textes eux-mêmes ne sont pas toujours identiques d’une religion à l’autre. La Bible rassemble une collection d’écrits très variés (récits des origines, textes législatifs, récits historiques, textes sapientiaux, prophétiques, poétiques, hagiographies, épîtres) dont la rédaction s’est échelonnée entre le 8ème siècle av. jc et le 2ème siècle av. jc pour l’Ancien Testament, et la deuxième moitié du 1er siècle, voire le début du 2ème siècle pour le Nouveau Testament.

[2] Le royaume de Juda est un petit royaume du Proche-Orient ancien établi par les Israélites à l’âge du fer. Selon la Bible, il existe de 931 à 586 av. jc, concomitamment avec le royaume d’Israël et en rivalité avec lui. L’archéologie permet de tracer l’existence de Juda en tant que royaume à partir du 8ème siècle av. jc. N Selon la Bible, sa création serait le résultat d’un schisme après la mort du roi Salomon. Après une période d’essor sous la domination de l’empire néo-assyrien, il est détruit par les Babyloniens sous le règne de Nabuchodonosor II dans un contexte de guerre entre Égyptiens et Babyloniens.

[3] le royaume d’Israël est un royaume du Proche-Orient ancien établi par les Israélites dans le nord de la Palestine à l’âge du fer. Il existe pendant environ 200 ans, de la fin du 10ème au 8ème siècle av. jc. (environ 930-720 av. jc). Les historiens le nomment souvent royaume de Samarie ou royaume du Nord pour le différencier du royaume de Juda, au sud. Selon la Bible hébraïque, il succède au royaume uni d’Israël et de Juda.

[4] Ramoth en Galaad est une ancienne ville des montagnes de Galaad

[5] La Transjordanie est une région située à l’est de la vallée du Jourdain, du bassin de la mer Morte et de la Arabah. Elle s’étend du mont Hermon au nord, au golfe d’Aqaba (ou d’Eilat) au sud. C’est une région essentiellement située dans l’actuelle Jordanie. Dans la Bible, elle est appelée la région « au-delà du Jourdain ». C’est là que sont installées la demi-tribu de Manassé et les tribus de Gad et de Ruben. À l’âge du fer, la région est dominée par les royaumes d’Ammon, de Moab et d’Édom. Durant la période des rois en Israël, elle est sous la domination du royaume de Samarie mais elle est conquise par le roi d’Aram-Damas, Hazaël, qui l’emporte contre le roi de Samarie, Jéhu. Selon la Bible hébraïque, elle fut longtemps disputée entre Israël et Aram, et des rois d’Israël y ont combattu les Araméens, comme Achab qui y fut tué et Joram, fils d’Achab, qui y fut blessé.

[6] Aram Damas était un État araméen du Proche-Orient ancien aux environs de Damas en Syrie, de la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc.

[7] Le nom de Tarsis, est évoqué dans l’Ancien Testament. C’est peut-être une ville située dans une contrée lointaine, là où les vaisseaux de Salomon allaient chercher des métaux précieux. On est incertain sur la position de cette contrée : on l’a identifié à Tarse en Cilicie, à Tartessos en Espagne (fondée par les Cariens et les Turdétans), au Zanguebar ou encore à Ophir. Le mot a aussi pu devenir synonyme, plus tardivement (en particulier dans le livre de Jonas), de « contrée très lointaine ». Selon une autre hypothèse, ce terme peut signifier simplement « fonderie », les « vaisseaux de Tarsis » étant alors des navires desservant des mines. L’expression a aussi pu désigner, plus généralement, des « navires de haut bord » capables de naviguer jusqu’à Tarsis

[8] Ophir est un port ou une région mentionnée dans la Bible qui était connue pour sa richesse, notamment l’or. Le roi Salomon est censé avoir reçu tous les trois ans une cargaison d’or, d’argent, de bois (probablement de santal), de pierres précieuses, d’ivoire, de singes et de paons d’Ophir.

[9] près de l’actuelle Eilat

[10] Le Premier Livre des Rois est un livre de l’Ancien Testament classé parmi les livres des Prophètes dans le judaïsme et le christianisme. Avec le Deuxième Livre des Rois, il constituait à l’origine un ensemble, le Livre des Rois, qui a été divisé à l’époque de la Septante.

[11] Le Deuxième Livre des Chroniques est un livre de l’Ancien Testament. Il suit le Premier Livre des Chroniques, qui retrace l’histoire du monde de la Création à la royauté de David. À l’origine ces deux livres n’en formaient qu’un, appelé Livres des Chroniques, mais ils ont été divisés probablement pour des raisons d’encombrement

[12] Le Deuxième Livre des Rois est un livre de l’Ancien Testament classé parmi les Livres des Prophètes dans la tradition juive et dans les livres historiques dans le christianisme. Il suit le Premier Livre des Rois, avec lequel il constituait, à l’origine un seul livre. Depuis le règne d’Ochozias, roi d’Israël, jusqu’à la chute du royaume de Juda, il présente avec plus ou moins de détails chacun des rois d’Israël et de Juda, deux royaumes condamnés par la justice divine après leur rejet des commandements divins.

[13] Édom est un petit royaume du Proche-Orient ancien situé au sud de la mer Morte, au sud de la Transjordanie et de la Judée, de part et d’autre de la vallée de l’Arabah. Le terme Édom désigne à la fois un peuple, les Édomites, et une région. Comme les royaumes israélite et moabite voisins, le royaume d’Édom apparaît à l’âge du fer. Il perdure pendant trois siècles, 8ème au 6ème siècle av. jc environ, durant lesquels il se confronte à ses voisins : Juda à l’ouest et Moab au nord. Les Édomites connaissent leur plus grande prospérité à l’époque assyrienne et babylonienne. Sous la pression des tribus nomades du désert, leur position se fragilise en Transjordanie. Alors que le royaume de Juda s’affaiblit, ils s’installent graduellement au sud de la Judée. L’invasion continue de populations arabes finit par les rendre minoritaires dans leur territoire historique. À partir de la période perse achéménide, le terme apparenté « Idumée » est utilisé pour désigner une région du nord du Néguev et s’étendant dans la Shéphélah, peuplée d’Édomites ou Iduméens.

[14] L’ancien royaume biblique de Moab se situait sur la rive orientale du Jourdain, au nord des rivages de la Mer Morte, dans l’actuelle Jordanie. Une de ses capitales aurait été Ar, dans la vallée de l’Arnon. Il est cité dans la Bible (livre des Nombres, livres historiques notamment). Le mont Nébo, d’où Moïse a aperçu la terre sainte, avant de mourir se situait dans le royaume de Moab. Le royaume de Moab (alors dirigé par Balak, fils de Tsippor) est confronté à l’arrivée des Hébreux à la suite de la sortie d’Égypte, lesquels, dirigés par Moïse, Aaron et Josué, viennent de vaincre les Amoréens. Le royaume de Moab aurait ensuite été partagé entre trois des douze tribus d’Israël (Ruben, Gad, Manasseh).

[15] Al-Karak écrit aussi Karak ou Kerak est une ville de Jordanie située à quelques kilomètres à l’est de la Mer Morte et sur le territoire de laquelle a été édifié un célèbre château fort croisé au 12ème siècle, le Kerak de Moab. Il s’agit de la capitale du gouvernorat de Karak.

[16] Les Ammonites sont un peuple du Proche-Orient ancien, occupant le pays nommé Ammon. Leur ancêtre fondateur est Ben-Ammi, fils que Loth a de sa fille cadette. Selon un ouvrage juif du Moyen Âge, le Sefer ha-Yashar, Ben-Ammi eut six fils : Gerim, Ishon, Rabbot, Sillon, Aynon et Mayoum. Ils habitaient à l’est de la demi-tribu orientale de Manassé, et avaient pour capitale Rabbath-Ammon (Amman). Ils furent presque toujours en guerre contre les Hébreux. Jephté, Saül et David les battirent à plusieurs reprises.

[17] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif