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L’histoire pour le plaisir

Jean-Baptiste Oudry

dimanche 18 février 2024, par lucien jallamion

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755)

 Peintre animalier et graveur

Né à Paris, illustrateur célèbre des Fables de La Fontaine. Il est surtout célèbre pour ses peintures de chiens de chasse, ses natures mortes animalières et ses animaux exotiques. Il est nommé peintre ordinaire de la vénerie royale [1]], ainsi que peintre officiel de la manufacture des tapisseries de Beauvais [2].   Fils de Jacques Oudry, maître peintre et marchand de tableaux sur le pont Notre-Dame [3], et de sa femme Nicole Papillon, qui appartenait à la famille du graveur Jean Michel Papillon .

Jean-Baptiste Oudry étudia tout d’abord à l’école de l’Académie de Saint-Luc [4], dont son père était directeur, en plus d’être membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture [5]. Il fut placé ensuite chez Nicolas de Largillierre, dont il devint bientôt le commensal et l’ami.

En 1708, à l’âge de 22 ans, il fut reçu en même temps que ses 2 frères comme membre de l’Académie de Saint-Luc. Il fit pour morceau de réception un Saint Jérôme en buste, tenant d’une main un livre et ayant l’autre appuyée sur une tête de mort. Oudry s’adonna d’abord au portrait. On cite ceux de ses fils, celui de M. d’Argenson, lieutenant de police, enfin le Portrait du tsar Pierre 1er.

Il fit aussi des buffets, dont deux furent exposés aux Salons de 1737 et de 1743. Pour gagner sa vie, il composa des tableaux d’histoire, entre autres une Nativité et un Saint Gilles pour l’église Saint-Leu de Paris [6], et une Adoration des mages pour le chapitre de Saint-Martin-des-Champs [7].

En 1709, il épousa Marie-Marguerite Froissé dite Marie-Marguerite Oudry , fille d’un miroitier, à laquelle il donnait des leçons de peinture. Oudry fut nommé professeur adjoint à la maîtrise en 1714 et professeur en 1717. Il fut agréé à l’Académie royale de peinture en 1717 et titulaire en 1719 sur L’Abondance avec ses attributs.

Recommandé à l’intendant des Finances [8], Louis Fagon fils de Guy-Crescent Fagon, il réalisa la décoration en arabesques mêlées de fleurs et d’oiseaux du salon de sa propriété de Voré [9] et de sa maison de plaisance de Fontenay-aux-Roses [10].

Fagon le charge de rétablir la manufacture de Beauvais, tombée en décadence. Il en est nommé directeur artistique et financier associé à Nicolas Besnier , qui ne se serait, paraît il, occupé que de la comptabilité. Ils ont reçu en 1734 les lettres patentes leur donnant la concession du privilège de la manufacture pendant 20 ans. Oudry s’adjoignit François Boucher et Charles-Joseph Natoire pour exécuter la copie des tableaux.

Peintre ordinaire de la vénerie royale, Oudry suit les chasses royales et fait de fréquentes études dans la forêt de Compiègne [11]. Il réalise des cartons pour la série de tapisserie “Les Chasses royales”, exécutées à partir de 1733 à la Manufacture des Gobelins [12], dont il devient directeur en 1736.

Il devint professeur adjoint à l’Académie royale en 1739 et professeur en 1743.

Grâce à son ami le miniaturiste Jean-Baptiste Massé , il fit connaissance du marquis Henri-Camille de Beringhen, premier écuyer du roi. Outre de nombreux ouvrages qui lui furent commandés pour le roi, il obtint un atelier dans la cour des princes aux Tuileries [13] et un logement au Louvre.

Quoique très travailleur, il était d’un caractère jovial. Il improvisait chez Fagon des pièces de théâtre dans les bosquets et jouait volontiers le rôle de Pierrot en s’accompagnant de la guitare. Le successeur de Fagon supprima quelques-uns des privilèges d’Oudry, ne lui laissant que la direction de la manufacture de Beauvais. Cette mesure le chagrina.

Il mourut d’une attaque d’apoplexie le 30 avril 1755 et fut enterré dans l’église Saint-Étienne de Beauvais.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Hal Opperman, Catalogue de l’exposition J.-B. Oudry, 1686-1755, Fort Worth, Kimbell Art Museum, 1983, (ISBN 0912804114 et 0912804122)

Notes

[1] La vénerie aussi appelée « chasse à courre » ou encore désignée par « chasse à courre, à cor et à cri », « chasse à bruit » ou « chasse par force », est un mode de chasse ancestral qui consiste à poursuivre un animal sauvage (traditionnellement le cerf, le sanglier, le chevreuil, le renard ou le lièvre) avec une meute de chiens courants, jusqu’à son épuisement (chasse à l’épuisement) et sa prise. Seuls les chiens chassent, grâce à leur odorat et leur instinct de prédateur. Le rôle de l’homme, généralement cavalier pour la circonstance, consiste à les contrôler et à les suivre.

[2] La manufacture de tapisserie de Beauvais est une manufacture royale fondée en 1664 par Colbert, à Beauvais, dont la qualité de la production de basse-lisse était équivalente à la production de la manufacture des Gobelins. Elle est toujours en activité.

[3] Le pont Notre-Dame est un pont situé à Paris et traversant le grand bras de la Seine, reliant le quai de Gesvres au quai de la Corse sur l’île de la Cité.

[4] L’Académie de Saint-Luc est à l’origine, à Paris, la confrérie charitable associée à la Communauté des maîtres peintres et sculpteurs de Paris, avec laquelle elle a fini par se confondre. Fondée en 1391, elle a été refondée en 1649 à l’instigation de Simon Vouet par la Communauté des peintres et sculpteurs et dotée de chaires d’enseignement pour faire pièce aux enseignements institués en 1648 avec l’Académie royale de peinture et de sculpture. La Communauté des peintres et sculpteurs de Paris a été réformée entre 1655 et 1668, puis supprimée avec les autres communautés d’arts et de métiers par l’Édit dit de Turgot de 1776. Elle s’inspirait des corporations de métiers artistiques qui existaient depuis le Moyen-Âge en Italie, notamment de celle qui était appelée « Compagnie des peintres de Saint-Luc » depuis 1339, par exemple, à Florence Compagnia dei pittori fiorentini di San Luca, ou Guilde de Saint-Luc dans toute l’Europe, entre autres en Flandres.

[5] L’Académie royale de peinture et de sculpture est une ancienne institution d’État chargée en France, de 1648 à 1793, de réguler et d’enseigner la peinture et la sculpture en France durant l’Ancien Régime. L’acte créant l’Académie royale de peinture et de sculpture date du 20 janvier 1648, jour de la requête au Conseil du roi de Louis XIV (alors enfant) par l’amateur d’art Martin de Charmois, conseiller d’État originaire de Carcassonne où il possède un cabinet de curiosité remarquable. Cette institution est ainsi fondée sur mandat royal, sous la régence d’Anne d’Autriche, à l’instigation d’un groupe de peintres et de sculpteurs réunis par Charles Le Brun, qui avait pris la première initiative.

[6] L’église Saint-Leu-Saint-Gilles est une église du 13ème siècle de culte catholique située au no 92 rue Saint-Denis dans le 1er arrondissement de Paris.

[7] Le prieuré Saint-Martin-des-Champs est un ancien prieuré catholique romain situé dans le 3e arrondissement de Paris, au 270–292, rue Saint-Martin. Fondé en 1079, il devient rapidement la principale dépendance de la puissante abbaye de Cluny dans le nord de la France. Grâce à la protection des rois et aux nombreux dons que le prieuré Saint-Martin-des-Champs reçoit, il peut créer une trentaine de filiales réparties sur dix diocèses, et ses possessions s’étendent jusqu’en Angleterre.

[8] Les intendants des finances sont des agents de l’administration financière de la France sous l’Ancien Régime. Les intendants organisent et contrôlent la perception des impôts domaniaux et assistent l’action du Roi en matière fiscale auprès des parlements. Ils rectifient les terriers du roi et répartissent les impôts royaux directs dans les pays d’élection. Ils exercent la tutelle financière des communautés d’habitants (ville par exemple) et des établissements royaux ou cléricaux (manufactures, écoles, abbayes...) et prennent en liaison avec les intendants provinciaux toute mesure utile au progrès économique (routes, gestion forestière, manufactures, formation...). La fonction d’intendant des finances fut créée en 1552 en tant que commission, pour gérer les subsides levés pour le voyage d’Allemagne. En 1556, ces commissaires prirent le nom d’intendants des finances. Les intendants formaient un ministère collégial des finances, mais il n’était pas rare que l’un d’entre eux bénéficiât d’une prééminence ou fût, parfois, nommé surintendant des finances.

[9] Le château de Voré est une demeure du 18ème siècle qui se dresse sur le territoire de l’ancienne commune française de Rémalard, dans le département de l’Orne. Au 18ème siècle, un édifice est bâti sur un plan classique auquel s’ajoute un parc. Il est acquis en 1719 par l’intendant des finances et membre du Conseil de finances Louis Fagon. Il cherche à embellir le jardin et le château. Vers 1720-1723, il fait réaliser par le jeune peintre Jean-Baptiste Oudry de grandes toiles peintes représentant des scènes de réjouissances et les installe dans un salon du château

[10] Fontenay-aux-Roses est une commune française dans le département des Hauts-de-Seine, dans l’arrondissement d’Antony, au sud-ouest de Paris. Elle se situe à 8 kilomètres de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

[11] La forêt de Compiègne est une forêt domaniale des Hauts-de-France proche de Compiègne. D’une superficie de 14 357 hectares (pour la partie domaniale), elle constitue un des grands massifs forestiers de France et la cinquième forêt domaniale de France métropolitaine par sa taille. Elle est un des terrains de chasse favoris des rois de France des Mérovingiens au Second Empire. Ils l’aménagent pour la chasse à courre en y traçant des routes droites (1 200 km aujourd’hui), qui se croisent à des carrefours en étoile où l’on trouve des poteaux indicateurs blancs qui font une des particularités de la forêt. Napoléon 1er fait ouvrir pour Marie-Louise d’Autriche la percée des Beaux-Monts, qui offre une perspective de 4 km à travers les bois depuis le château de Compiègne.

[12] La manufacture des Gobelins est une manufacture de tapisserie dont l’entrée est située au 42, avenue des Gobelins à Paris dans le 13e arrondissement. Elle est créée en avril 1601 sous l’impulsion d’Henri IV, à l’instigation de son conseiller du commerce Barthélemy de Laffemas. Reprenant pour le compte de Louis XIV le plan mis en œuvre par Henri IV, Colbert incite peu avant 1660 le hollandais Jean Glucq à importer en France un nouveau procédé de teinture écarlate appelé « à la hollandaise ». Celui-ci se fixe définitivement en 1684 dans une des maisons de l’ancienne folie Gobelin qu’il achète et embellit après avoir obtenu des lettres de naturalité. Appréciant la qualité des productions de l’enclos des Gobelins, Colbert réussit à convaincre Louis XIV de donner les moyens nécessaires au lustre censé glorifier la monarchie. Voulant donner une tout autre organisation à l’œuvre d’Henri IV, il ne renouvelle pas à Hippolyte de Comans la concession en 1661 : il emprunte afin d’acheter le 6 juin 1662 au sieur Leleu, à l’emplacement de l’ancien Clos Eudes de Saint Merry, l’hôtel des Gobelins (environ 3,5 hectares, maintes fois agrandi jusqu’en 1668) pour la somme de 40 775 livres et regrouper autour tous les ateliers parisiens ainsi que celui créé à Maincy par Nicolas Fouquet. Ainsi naît la Manufacture royale des Gobelins qui dépend du surintendant des bâtiments et est soumise par lui à l’autorité du premier peintre du Roi, Charles Le Brun, lequel, nommé officiellement en 1663, a par la suite sous ses ordres des équipes entières d’artistes. Il cumule donc la direction de la Manufacture des Meubles de la Couronne. C’est ainsi qu’incluse dans la Manufacture des Meubles de la Couronne, la Manufacture des Gobelins reçoit de l’édit royal de novembre 1667 son organisation définitive, d’importants avantages étant octroyés à ses habitants

[13] Le palais des Tuileries est un ancien palais parisien, aujourd’hui détruit, dont la construction commença en 1564 sous l’impulsion de Catherine de Médicis, à l’emplacement occupé auparavant par l’une des trois fabriques de tuiles établies en 1372 à côté de l’hôpital des Quinze-Vingts, non loin du vieux Louvre. Agrandi au fil du temps et unifié avec le palais du Louvre en 1860, il disposait d’une immense façade (266 mètres de long pour le palais disparu, et environ 328 mètres si on compte les pavillons de Flore et de Marsan qui subsistent) et il était le point focal du grand axe historique de Paris conçu à partir de ce palais. Il a été la résidence royale à Paris de nombreux souverains (Henri IV, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI mais aussi Louis XVIII, Charles X puis Louis Philippe), et impériale (Napoléon 1er puis Napoléon III). Entretemps il a aussi été le siège de la Première République et du Consulat. Son rôle de siège officiel du pouvoir français fut interrompu par sa destruction par un incendie volontaire le 23 mai 1871, allumé par les communards Jules-Henri-Marius Bergeret, Victor Bénot et Étienne Boudin. Les ruines du palais des Tuileries furent abattues en 1883, les présidents de la Troisième République étant alors installés dans le palais de l’Élysée.