Félicie de Roucy (vers 1060-1123)
Reine consort d’Aragon et de Navarre
Dernière fille d’Hilduin IV de Montdidier, comte de Roucy [1] de la maison de Montdidier [2] et de son épouse Alix de Roucy.
En 1063, le pape Alexandre II prêche la croisade contre les Maures [3] d’al-Andalus [4], afin de prendre la ville de Barbastro [5], dépendant de la taïfa de Lérida [6]. Ebles II de Roucy, fils d’Hilduin IV et frère de Félicie, décida de participer à la croisade et se rendit en Aragon [7]. C’est là qu’il rencontra le roi d’Aragon, Sanche 1er. Après la prise de la ville, il resta aux côtés du roi d’Aragon et l’aida lors de la guerre des 3 Sanche, entre 1065 et 1067.
Le roi d’Aragon obtint en 1070 que son mariage avec Isabelle d’Urgell soit annulé. Pour sceller son alliance avec Ebles II, Sanche 1er épousa Félicie la même année. Preuve de l’alliance solide entre le roi aragonais et le seigneur champenois, Ebles II organisa à nouveau, en 1073, une croisade en Aragon, dont le résultat n’est pas connu.
Félciie donna naissance à 3 fils. Alphonse et Ramire les 2 derniers furent rois d’Aragon, après la mort de leur demi-frère Pierre , né du premier lit de leur père, mort sans descendance. Félicie reçut en donation de son mari les terres de Ribagorce [8].
Félicie meurt à Barcelone [9], le 3 mai 1123. Son corps fut enterré dans le monastère Saint-Jean de la Peña [10].
Notes
[1] Roucy était l’une des sept pairies du duché de Champagne, il en formait la limite nord-ouest. Le comte de Roucy portait aussi le titre de comte de Reims, et a un temps possédé le château de la Porte de Mars, le château épiscopal de Reims. Le comté, bien que variant au fil du temps et des querelles seigneuriales s’étendait le long de l’Aisne de Pargnan en aval à Évergnicourt en amont. Au nord limité par le tracé de l’Ailette et au sud par celui de la Vesle. Il jouxtait les terres du Laonnois au nord, du domaine royal par l’ouest et la Braine, du duché de Champagne avec la ville de Reims et les terres du Rethelois à l’est.
[2] La Maison de Montdidier est une famille noble du Moyen Âge qui régna sur les comtés de Montdidier, de Dammartin et de Roucy. Elle est connue à partir du 10ème siècle et se prolongea par les branches de Roucy et de Ramerupt jusqu’au 13ème siècle.
[3] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.
[4] Al-Andalus est le terme qui désigne l’ensemble des territoires de la péninsule Ibérique et de la Septimanie qui furent sous domination musulmane de 711 (premier débarquement) à 1492 (chute de Grenade). L’Andalousie actuelle, qui en tire son nom, n’en constitua longtemps qu’une petite partie. La conquête et la domination du pays par les Maures furent aussi rapides qu’imprévues et correspondirent à l’essor du monde musulman. Al-Andalus devint alors un foyer de haute culture au sein de l’Europe médiévale, attirant un grand nombre de savants et ouvrant ainsi une période de riche épanouissement culturel
[5] Barbastro est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.
[6] La taïfa de Lérida ou Larida fut un royaume de taïfa situé dans l’est de l’Espagne musulmane au Moyen Âge. Il fut fondé entre 1031 et 1036 sur les décombres du califat omeyyade de Cordoue par Sulayman al-Musta’in 1er. Le royaume connut une histoire difficile, les rois taïfa de Saragosse cherchant à mettre la main sur Lérida. Finalement le royaume fut conquis par les Almoravides en 1102.
[7] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta. L’Aragon conserva toutefois son particularisme à l’intérieur de la couronne d’Aragon, grâce à ses Cortes (parlement général) et aux pouvoirs étendus de sa noblesse. De plus, l’Aragon était le seul royaume à l’intérieur de la couronne à parler le castillan et l’aragonais et non le catalan.
[8] Le comté de Ribagorce était l’un des anciens comtés pyrénéens formés au Moyen Âge au début de la Reconquista. Il était limité par la haute vallée de l’Ésera à l’ouest, son principal affluent l’Isabena, et par la Noguera Ribagorzana à l’est. Son histoire est liée au comté, puis royaume d’Aragon, auquel il fut définitivement rattaché à partir du 11ème siècle. Les limites de ce comté correspondent aujourd’hui à l’actuelle comarque aragonaise de Ribagorce.
[9] Barcelone est la capitale administrative et économique de la Catalogne, de la province de Barcelone, de la comarque du Barcelonès ainsi que de son aire et de sa région métropolitaines, en Espagne. Lors de la guerre de Succession (1701-1714), Barcelone, comme la plupart de la Catalogne, prit le parti de l’archiduc Charles contre le roi Bourbon, Philippe V. Après le siège de 1697, la ville s’ouvre à l’armée de l’archiduc et le proclame roi sous le nom de Charles III. Barcelone est assiégée par les Franco-Espagnols en 1705 et 1706, puis à nouveau de juillet 1713 à septembre 1714. La capitulation a pour conséquence, dans le cadre de la politique centralisatrice et répressive des Bourbon, la disparition des institutions propres à la Catalogne (conseil de Cent et Generalitat).
[10] L’abbaye ou monastère Saint-Jean de la Peña est situé à 23 kilomètres au sud-ouest de la ville de Jaca et à 2 kilomètres du village de Santa Cruz de la Serós (province de Huesca, communauté autonome d’Aragon, Espagne). Après une longue montée dans la sierra de la Peña, à 1 200 m d’altitude, dans un site spectaculaire, le monastère apparaît minuscule sous le surplomb du rocher. En raison de son ancienneté et de son emplacement, le plan du monastère est très atypique. Saint-Jean était l’un des monastères les plus influents de l’Espagne chrétienne au 11 et 12ème siècles ; il accueille les sépultures d’une grande partie des souverains d’Aragon.