Sanche 1er d’Aragon ou Sancho Ramirez (vers 1043-1094
Fils de Ramire 1er d’Aragon et d’ Ermesinde de Foix . Il succède à son père en 1063 et règne sur le royaume d’Aragon [1]. En 1076, il est appelé au trône de Pampelune [2] par la noblesse navarraise et devient roi comme Sanche V de Pampelune.
Son règne est marqué par l’expansion croissante de la jeune monarchie aragonaise, qui s’étend vers le sud, le long des vallées de l’Èbre [3], du Cinca [4] et du Gállego [5], aux dépens des royaumes de taïfas [6], auxquels il impose le paiement de tributs. Il réorganise aussi religieusement son royaume, qu’il place dans la vassalité du pape, par la rénovation des monastères et l’adoption du rite romain.
Il épouse, en 1062 ou 1063, Isabelle d’Urgell, fille du comte d’Urgell [7] Armengol III et d’Adélaïde de Besalú. Son père meurt peu de temps après, et il devient roi d’Aragon.
En 1063, le pape Alexandre II lance un appel à la croisade contre les Maures [8], auxquels répondent des chevaliers et des seigneurs francs : un contingent d’Aquitains est mené par le duc d’Aquitaine [9] Guillaume VIII, le contingent papal par le Normand Guillaume de Montreuil, tandis que Sanche 1er dirige le contingent espagnol, formé de Catalans et d’Aragonais, auquel participe son beau-père, Armengol III.
Le but de l’entreprise était la conquête de Barbastro [10], devant laquelle le siège est mis en 1064. À la suite de la prise de la ville, Armengol III est nommé chef de la place. Il meurt cependant le 17 avril 1065, lorsque Ahmad 1er al-Muqtadir , roi de la taïfa de Saraqusta [11], réagit pour récupérer Barbastro et mena le djihad [12].
Malgré la perte de Barbastro, Sanche 1er mena en 1065 d’autres campagnes militaires victorieuses contre la taïfa de Saraqusta et conquit la ville d’Alquézar [13], ainsi que les villages proches.
Entre 1065 et 1067, Sanche 1er fut impliqué dans la guerre des trois Sanche, avec ses cousins Sanche IV de Navarre et Sanche II de Castille . Le roi d’Aragon apporta son aide à son cousin de Navarre, mais les deux cousins sont défaits par le roi de Castille [14] à Bureba en Alava [15].
Sanche 1er se lie d’amitié avec Ebles II de Roucy , seigneur champenois venu combattre à Barbastro, qui lui apporte aide et conseil durant la guerre des trois Sanche. Après avoir répudié son épouse, en 1070, il épouse la sœur de son nouvel ami, Félicie de Roucy .
En 1068, Sanche 1er se rendit à Rome, dans l’idée de consolider son royaume. Il offrit au pape Alexandre II de lui rendre hommage pour les terres de Matidero [16] et Vadoluengo [17]. En échange de cette reconnaissance de vassalité, Sanche 1er promit de payer chaque année la somme de 600 marcs d’or. Ce contrat est à l’origine de hipòtesi dels lemniscs [18], qui soutient que le drapeau royal d’Aragon tient son origine dans les fils de soie rouge et or qui pendaient des sceaux de la papauté. Sanche 1er ne commença cependant à verser le tribut pas avant 1087.
Sanche 1er se fait d’ailleurs le promoteur de la réforme grégorienne [19] dans son royaume. C’est l’abbaye de Fanlo [20] qui la première décide de réformer la règle des moines. Le roi d’Aragon promeut aussi la réforme clunisienne [21] qui touche d’abord le monastère Saint-Victorien, puis Saint-Jean de la Peña [22]. Il ordonna d’ailleurs la reconstruction du monastère Saint-Jean de la Peña, nécropole des rois d’Aragon.
Le 9 mars 1071, le mercredi des Cendres, le rite romain commença à remplacer le rite wisigoth dans les abbayes royales d’Aragon. Ce changement de liturgie provoqua des résistances, en particulier de la part de Garcia, évêque de Jaca [23] et frère du roi.
Enfin, Sanche 1er décide du transfert de l’évêché d’Aragon [24], dont le siège était à Saint-Adrien de Sasabe [25], dans sa nouvelle capitale, Jaca [26].
Sanche IV, roi de Navarre, allié de Sanche 1er, s’inquiéta de l’expansionnisme aragonais et se retourna contre lui. Il passa des traités d’alliance avec le roi de Saraqusta, Al-Muqtadir, en 1069 et en 1073.
Sanche IV fut cependant assassiné le 4 juin 1076 lors d’une partie de chasse à Peñalén, victime d’une conjuration de son frère Raimond et de sa sœur Ermesinde, peut-être avec le soutien d’Al-Muqtadir. Le meurtre provoque une crise de succession. Le roi de León [27] et Castille, Alphonse VI de León en profite pour s’emparer de la Rioja [28]. Les nobles navarrais, refusant d’être dirigés par le fratricide Raimond, qui part se réfugier à Saraqusta, ou par le fils de Sanche IV, Garcia, qui n’est qu’un enfant, choisissent Sanche 1er comme roi. En août, Sanche 1er bat le roi de León et Castille, qui menace son nouveau royaume et l’incorpore au sien sous le nom de Sanche V de Navarre. Quant au jeune fils de Sanche, Garcia, il est poussé à l’exil en Castille.
En 1077, Sanche 1er concède à la ville de Jaca son premier fuero. Jaca connut une exceptionnelle promotion et un important développement, qui en fit le véritable cœur du royaume de Sanche 1er.
En 1078, Sanche 1er ravagea la région de Saraqusta. En 1083, il s’empara de Graus [29] et d’Ayerbe [30], qu’il ordonna de repeupler. La conquête de ces deux villes ouvraient au roi d’Aragon la porte des terres basses du Cinca et de la Hoya de Huesca [31]. Tenant plusieurs villes de la Sotonera [32] et de la plaine de la Violada, il put leur imposer un tribut. L’année suivante, il fit la conquête de Naval [33] au nord de Barbastro, puis, le 5 avril 1084, Arguedas [34], à seulement 15 km de Tudèle [35].
Sanche 1er s’efforce ensuite de rétablir de bonnes relations avec Alphonse VI. Il lui vient en aide contre le général almoravide [36] Youssef ben Tachfine lors de la bataille de Sagrajas [37], en 1086. En 1090, il envoie un contingent lors du siège de Tolède [38]. Il conclut même un traité d’aide mutuelle avec l e Cid Rodrigo Díaz de Vivar en 1092
En 1087, Sanche 1er décida de nouvelles conquêtes dans la vallée du Cinca, réunit son armée, accompagné de son fils Pierre , comte de Ribagorce [39], et soumit Estada [40] puis, en 1089, Monzón [41] et Estadilla [42]. En 1092, Pierre, qui avait obtenu de diriger une partie du territoire conquis, à savoir le plateau de Monzón, élevé au titre de “royaume de Monzón”, s’empara de Zaidin [43].
Au fur et à mesure des conquêtes, Sanche 1er ordonna la construction de forts qui servaient à la fois à relayer son action et à protéger les terres conquises. Lors de ses expéditions dans le nord de Saraqusta, il fit élever la forteresse d’El Castellar [44], sur les rives de l’Èbre, à seulement 20 km en amont de la capitale musulmane. Il fut alors capable de soumettre le royaume de Saraqusta à un tribut. Il fortifia également le château de Loarre [45], au nord de Huesca, et fit élever des forteresses [46]. Enfin, il compléta l’encerclement de l’importante ville de Huesca en fortifiant Abiego [47], Labata [48] et Santa Eulalia la Mayor [49] en 1092
Ayant resserré son emprise sur Huesca, Sanche 1er tenta de s’emparer de la ville et la soumit à un siège. Mais il fut mortellement blessé lors du siège et mourut quelques jours après, le 4 juin 1094, à Montearagón [50]. Son corps est ensuite transporté au monastère de Saint-Jean de la Peña.
Notes
[1] Le royaume d’Aragon est une entité politique du nord-est de la péninsule Ibérique, née en 1035 de l’union des comtés d’Aragon, du Sobrarbe et de la Ribagorce et disparue en 1707 avec son intégration au sein du royaume d’Espagne par les décrets de Nueva Planta.
[2] Le royaume de Pampelune, constitué en 905, fut le noyau de celui de Navarre.
[3] L’Èbre est le plus puissant des fleuves espagnols. Sa longueur est de 928 km et son bassin versant a 85 550 km² de superficie.
[4] Le Cinca est une rivière du nord de l’Espagne et un sous-affluent de l’Èbre par le Sègre.
[5] Le Gállego est l’un des cours d’eau importants du bassin moyen de l’Èbre. Son bassin est d’une superficie de 8 903 km² ; il parcourt 215 km avant de confluer avec l’Èbre.
[6] Une taïfa ou royaume de taïfa est un royaume (émirat) musulman indépendant formé après la dissolution du Califat de Cordoue en 1031 situé dans la partie de la péninsule ibérique soumise aux musulmans.
[7] Le comté d’Urgell est un ancien comté catalan de la marche hispanique du royaume franc carolingien, qui se forme entre 785 et 790 pour lutter contre les musulmans qui avaient conquis l’Espagne et les Pyrénées. La région est alors rattachée au comté de Toulouse. Le comté d’Urgell fut créé, à l’époque carolingienne, au sein du Royaume franc. Sa capitale était initialement Castellciutat puis, à compter de 1105, Balaguer. Le noyau de ce comté était La Seu d’Urgell. Les comtes d’Urgell sont mentionnés pour la première fois en 981.
[8] Les Maures, ou anciennement Mores, sont originellement des populations berbères peuplant le Maghreb. Ce terme a changé de signification durant plusieurs périodes de l’histoire médiévale et contemporaine. À partir des conquêtes arabo-musulmanes du 7ème siècle, l’Empire arabe omeyyade, à l’aide du général berbère Tariq Ibn Zyad, conquiert l’Espagne, sous le nom d’Al Andalus. C’est le début de l’Espagne musulmane. À partir de cette époque, le terme « maure » va devenir un synonyme de « musulman », plus particulièrement de n’importe quel musulman vivant en Andalousie, qu’il soit d’origine berbère, arabe ou ibérique. Une population qui s’installera par la suite essentiellement au Maroc après la reconquête de l’Andalousie par l’armée espagnole.
[9] Le duché d’Aquitaine est constitué en 675, à la mort de Childéric II. Il se reconstitue au 9ème siècle, comme héritier du royaume d’Aquitaine attribué à Pépin 1er d’Aquitaine (mort en 838). Il fut ensuite l’objet de luttes entre les comtes d’Auvergne, de Toulouse et de Poitiers.
[10] La Croisade de Barbastro est une expédition prêchée par le pape Alexandre II pour prendre aux Maures la cité espagnole de Barbastro (dans l’actuelle Aragon). Une importante armée, composée de combattants venus de toute la chrétienté occidentale, participèrent au siège de la cité en 1064. Cette guerre est un épisode de la Reconquista, mais le caractère international de son armée, ainsi que le soutien de la papauté, en font un prélude aux Croisades.
[11] Sarragosse)
[12] Le djihad, est un devoir religieux au sein de l’islam et du babisme. En arabe, ce terme signifie « abnégation », « effort », « lutte » ou « résistance », souvent traduit à tort par « guerre sainte ». Le mot jihâd est employé à plusieurs reprises dans le Coran, souvent dans l’expression idiomatique « al-ǧihād bi amwalikum wa anfusikum » qui peut se traduire par « lutter avec vos biens et vos âmes ». Ainsi, le djihad peut aussi être défini par l’expression « faites un effort dans le chemin de Dieu ». Le concept de djihad a varié au cours du temps et, parfois, ses interprétations successives ont été en concurrence. Le djihad est parfois considéré comme le sixième pilier de l’islam par une minorité au sein du sunnisme bien qu’il n’en ait pas le statut officiel. Dans le chiisme duodécimain, il est considéré comme l’une des dix pratiques religieuses du culte.
[13] Alquézar est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.
[14] Le royaume de Castille est un ancien royaume du Moyen Âge qui trouve ses origines au nord de la péninsule Ibérique, dans l’actuelle Espagne. À la fin du Moyen Âge, le royaume de Castille s’étend depuis le golfe de Gascogne au nord jusqu’à l’Andalousie au sud et comprend la majeure partie du centre de la péninsule Ibérique. En 1037, date à laquelle Ferdinand 1er fonde le Royaume uni de Castille et León. En 1058, Ferdinand est à l’origine d’une série de guerres contre les Maures, se lançant à la conquête de ce qui allait devenir la Nouvelle-Castille (bataille d’Alarcos et bataille de Las Navas de Tolosa). La région s’agrandit particulièrement sous le règne d’Alphonse VI (1065-1109) et d’Alphonse VII (1126-1157). Sous Alphonse X, la vie culturelle du royaume se développe, mais une longue période de conflits internes suit. En 1469, le mariage de Ferdinand II d’Aragon (plus tard Ferdinand V de Castille) et d’Isabelle 1ère de Castille initie l’union des royaumes d’Aragon et de Castille et, par la suite, de l’ensemble de l’Espagne.
[15] L’Alava (officiellement Araba/Álava) est l’une des trois provinces de la communauté autonome du Pays basque, dans le nord de l’Espagne. Sa capitale est la ville de Vitoria-Gasteiz. C’est aussi une des sept provinces historiques du Pays basque.
[16] Boltaña est une municipalité, capitale de la comarque de Sobrarbe, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne. Située dans la vallée de Broto, sur un versant d’une colline couronnée par le château de Boltaña, qui était habité par le comte de Sobrarbe, aujourd’hui en ruines, mais récemment une petite reconstruction a été entreprise. À l’époque romaine, la cité est la capitale de la région appelée Boletania, d’où provient certainement son nom actuel. Le premier habitat se trouvait entre l’actuel château de Boltaña et la rivière Ara et s’appelait Municipium Boletanum. Le château, édifié selon la tradition locale par les Arabes, entra en possession de Sanche III de Navarre qui en confia la garde successivement à Sancho Galindez, Jimeno Garcés et Jimeno Iñiguez, pour s’opposer aux incursions musulmanes en Sobrarbe. Une partie du château fut bâtie à partir de 1017 par des maçons lombards.
[17] Sangüesa en espagnol ou Zangoza en basque est une ville et une municipalité de la Communauté forale de Navarre (Espagne). Elle est située dans la zone non bascophone de la province et à 45 km de sa capitale, Pampelune. Le castillan est la seule langue officielle alors que le basque n’a pas de statut officiel. Sangüesa fut la plus ancienne commanderie de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem au sein du grand prieuré de Navarre, son existence étant attestée en 1165. Les Hospitaliers se sont établis dans la ville dès 1131 à la suite du don du palais et de l’église par Alphonse le batailleur
[18] l’hypothèse des fils de soie
[19] La réforme grégorienne est une politique menée durant le Moyen Âge sous l’impulsion de la papauté. Si les historiens admettent que le pape Léon IX a commencé le redressement de l’Église, c’est pourtant le pape Grégoire VII qui a laissé son nom à la réforme. De plus, les efforts pour sortir l’Église catholique d’une crise généralisée depuis le 10ème siècle se poursuivent bien après le pontificat de Grégoire VII. Ainsi l’expression « réforme grégorienne » peut paraître impropre puisqu’elle ne s’est pas limitée à quelques années mais concerne au total près de trois siècles.
[20] Fanlo est une municipalité de la comarque de Sobrarbe, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.
[21] L’abbaye de Cluny et son modèle se développe d’autant mieux qu’elle est dirigée par une série d’abbés particulièrement brillants : les abbés Bernon, Odon, Mayeul, Odilon de Mercœur, Hugues de Semur et Pons de Melgueil, se suivent et augmentent constamment le prestige et le pouvoir politique de leur ordre. L’ordre de Cluny a un rôle culturel et politique de premier plan au 10 et 11ème siècles : le mouvement de la trêve de Dieu, en canalisant la chevalerie vers un rôle constructif, permet le développement de la société. La puissance politique de Cluny va permettre la genèse d’États structurés à même de contrôler les débordements de la noblesse.
[22] L’abbaye ou monastère Saint-Jean de la Peña est situé à 23 kilomètres au sud-ouest de la ville de Jaca et à 2 kilomètres du village de Santa Cruz de la Serós (province de Huesca, communauté autonome d’Aragon, Espagne). Après une longue montée dans la sierra de la Peña, à 1 200 m d’altitude, dans un site spectaculaire, le monastère apparaît minuscule sous le surplomb du rocher. En raison de son ancienneté et de son emplacement, le plan du monastère est très atypique. Saint-Jean était l’un des monastères les plus influents de l’Espagne chrétienne au 11ème et 12ème siècles ; il accueille les sépultures d’une grande partie des souverains d’Aragon.
[23] Le diocèse de Jaca est un diocèse de l’Église catholique en Espagne, suffragant de l’archidiocèse de Pampelune et Tudela. La ville de Jaca appartenait au diocèse de Huesca quand les musulmans prennent Huesca en l’an 713, l’évêque fuit et le diocèse est gouverné par des évêques itinérants, appelés aragonensis episcopus ou suborensis résidant notamment au monastère Saint-Adrien de Sasabe. Ferriolo, premier évêque d’Aragon est mentionné dans les chroniques du début du 10ème siècle. Trois autres évêques lui succèdent jusqu’en 1076 où l’évêché de Jaca est établi. Avant cela, le monastère Saint-Jean de la Peña ou le monastère Saint-Pierre de Siresa sont aussi des lieux de résidence des évêques d’Aragon. Avec la reconquête de Huesca par Pierre 1er d’Aragon en 1096, l’évêque retourne sur son siège et Jaca perd son autonomie et les prélats sont nommés évêques de Huesca-Jaca.
[24] Le diocèse de Huesca est un diocèse de l’Église catholique en Espagne, suffragant de l’archidiocèse de Saragosse. L’évêché est à Huesca avec la cathédrale de la Transfiguration. Le diocèse est officiellement érigé en 533, suffragant du diocèse de Tarragone avec Elpide comme 1er évêque. Gabin, évêque de 576 à 600 est présent au 3ème concile de Tolède le 8 mai 589, sa signature scelle l’abjuration de l’arianisme du roi Récarède 1er et sa conversion à la foi catholique. En 598, a eu lieu à Huesca un conseil de la province ecclésiastique tarraconaise. Ordulf, successeur de Gabin, participe en 633 au 4ème concile de Tolède et en 638, 6ème concile de Tolède. Eusèbe, 6ème évêque, est présent au 8ème concile de Tolède en 653. Beaucoup d’évêques de Huesca de cette époque sont liés au monastère saint Martin de Asán, outre Vincent, qui fait profession religieuse en 551 comme diacre et lègue ses biens au monastère du temps de l’abbé saint Victorien, d’autres évêques de Huesca sont premièrement abbés de saint Martin de Asán, comme Audebert, qui étant abbé, assiste comme vicaire l’évêque Gadiscle au 15ème concile de Tolède en 683 puis comme évêque, signe en 693 les actes du 16ème concile de Tolède. De plus des évêques d’autres diocèses ont été moines de saint Martin de Asán comme saint Gaudiose de Tarazona, Aquilin de Narbonne, Tranquilin de Tarragone et Eufronime de Zamora. En 711 les Arabes envahissent la péninsule Ibérique et en prennent bientôt la majeure partie : en 714, ils atteignent Saragosse et la vallée de l’Èbre. Huesca capitule en 719, et une minorité de chrétiens emporte les reliques de leurs églises et prennent la route de l’exil dans les vallées cachées pyrénéennes, y résidant au cours des 380 années de domination musulmane à Huesca, soit à Siresa où sera fondé le monastère Saint-Pierre, à Sasabe avec le monastère Saint-Adrien, et également le monastère Saint-Jean de la Peña et le monastère de San Pedro, ce seront des lieux de refuge pour les anciens évêques de Huesca devenus évêques itinérants sous le titre d’évêques d’Aragon.
[25] Le monastère Saint-Adrien de Sasabe, fondé à une date imprécise dans la vallée pyrénéenne de Lubierre, un petit affluent de l’Aragon, dans la communauté autonome du même nom, dans l’actuelle commune de Borau, a été le premier siège épiscopal du comté d’Aragon. Tout ce qu’il en reste aujourd’hui se limite à l’église romane, élevée au début du 12ème siècle. Les ruines du monastère sont encore ensevelies sous terre. Le monastère est fondé à l’époque wisigothique, à une date imprécise. On sait seulement qu’en 719, lorsque les Arabes envahissent la région, les évêques de Huesca y trouvent refuge. Le monastère accueille alors une petite communauté, mais qui prend une certaine importance, puisqu’il devient le cœur religieux et culturel du comté d’Aragon, fondé à la même période autour de Jaca. À partir de 922, le monastère devient la résidence principale des évêques d’Aragon, qui se déplacent le plus souvent dans la vallée de Borau : ils fréquentent également les monastères de Saint-Jean de la Peña et de Saint-Pierre de Siresa. Le premier d’entre eux est Ferriolo, episcopus sisabensis. Une pierre rappelle également que trois évêques y sont enterrés. En 1050, le premier roi d’Aragon, Ramire 1er, fait réformer le monastère, et en expulse les moines qui ne suivent pas la règle. Il le cède, avec d’autres propriétés des vallées de Borau et de Tena, et de la région de Jaca, à l’évêque García 1er. À la fin du 11ème siècle, l’évêché est transféré à Jaca. Sous l’impulsion de l’abbé Sancho de Larrosa, l’église est reconstruite entre 1100 et 1104, et consacrée par l’évêque Esteban de Huesca, en présence du roi Pierre 1er et son frère Alphonse 1er.
[26] Jaca est une commune d’Espagne dans la communauté autonome d’Aragon, province de Huesca. C’est la capitale de la comarque de la Jacétanie. Elle est située au pied des Pyrénées, sur l’axe Pau - Saragosse par le Tunnel du Somport. La cité de Jaca fut la première capitale du royaume d’Aragon (12ème siècle), un des points de départ de la Reconquista. Elle n’était, au début du 11ème siècle, qu’un camp militaire fortifié. Mais son emplacement stratégique au pied du col du Somport, et sur le camino aragonés vers Santiago de Compostelle, chemin de pèlerinage de plus en plus fréquenté, lui donnèrent de l’importance. Ramire 1er d’Aragon, fils du roi Sanche III de Navarre le Grand, hérita du comté de Jaca, puis des comtés de Sobrarbe et de Ribagorce, et prit le titre de roi d’Aragon en 1038. Son fils Sanche 1er obtint du pape que Jaca, sa capitale, devienne le siège de l’évêché d’Aragon. Il accorda à la ville une charte (fuero de Jaca de 1077), et ordonna la construction de la cathédrale Saint-Pierre. La reconquête de Huesca sur les musulmans en 1096 fit perdre à Jaca son rang de capitale. Jaca resta un centre commercial, maîtresse de l’un des cinq péages sur la route Saragosse - France, et gîte d’étape majeur pour les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle
[27] León devint un royaume chrétien indépendant vers 910, lorsque les Asturies furent partagées entre les trois fils d’Alphonse III, après l’abdication de ce dernier.
[28] La Rioja est une communauté autonome du Nord de l’Espagne, provinciale, sans littoral, traversée par l’Èbre et la Oja, limitée par le Pays basque au nord, par la Navarre au nord et à l’est, par l’Aragon à l’est et par la Castille-et-León au sud et à l’ouest. Le point culminant de la province est le San Lorenzo à 2 271 mètres (Sierra de la Demanda).
[29] Graus est une commune espagnole d’Aragon, située dans la province de Huesca et capitale administrative de la comarque de la Ribagorce.
[30] Ayerbe est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon comarque de Hoya de Huesca.
[31] La Hoya de Huesca ou Plana de Uesca est une comarque d’Aragon en Espagne. La majeure partie de la comarque est située dans la province de Huesca. Deux communes (Murillo de Gállego et Santa Eulalia de Gállego) sont situées dans la province de Saragosse.
[32] La Sotonera est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon, comarque de Hoya de Huesca.
[33] Naval est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.
[34] Arguedas est une municipalité de la Communauté forale de Navarre au nord de l’Espagne. Elle est située dans la merinda de Tudèle dans la Ribera de Navarre. Elle est située dans la zone non bascophone de la province. Le castillan est la seule langue officielle alors que le basque n’a pas de statut officiel.
[35] Tudela (on peut trouver parfois Tudèle en français, essentiellement dans un contexte historique) est une ville et commune espagnole de la Communauté forale de Navarre.
[36] Les Almoravides sont une dynastie berbère sanhajienne, qui constitue du 11ème au 12ème siècle une confédération de tribus puis un empire englobant la Mauritanie, le Maroc, l’Ouest de Algérie ainsi qu’une partie de la péninsule Ibérique (actuels Espagne, Gibraltar et Portugal).
[37] La bataille de Sagrajas ou Zalaca, se déroule le 23 octobre 1086 entre les troupes du général almoravide Youssef Ibn Tachfin et celles du roi de Castille Alphonse VI. Cet épisode de la Reconquista voit la victoire des armées musulmanes maures.
[38] Tolède est une ville qui se trouve dans le centre de l’Espagne, capitale de la province du même nom et de la communauté autonome de Castille-La Manche. Lors des Grandes invasions du 5ème siècle qui ravagèrent un Empire romain d’Occident déclinant, Tolède est pillée à plusieurs reprises par les Barbares (Vandales, Suèves et Alains) qui ont envahi la péninsule Ibérique à partir de l’an 409. À partir du milieu du 6ème siècle, Tolède devient la capitale des Wisigoths, devenus les nouveaux maîtres d’une grande partie de la péninsule. Au début du 8ème siècle, lors de la conquête musulmane de l’Espagne, le dernier souverain wisigoth, Rodrigue, est battu par le conquérant arabe Tariq ibn Ziyad à la bataille de Guadalete en 711. Tolède tombe aux mains des musulmans en 712. À partir de là, la ville fait partie du Califat omeyyade, puis de l’Émirat de Cordoue (755–929), et enfin du Califat de Cordoue. Le 25 mai 1085, en pleine Reconquista, les chrétiens dirigés par le roi Alphonse VI de Castille reprennent Tolède aux musulmans.
[39] Le comté de Ribagorce était l’un des anciens comtés pyrénéens formés au Moyen Âge au début de la Reconquista. Il était limité par la haute vallée de l’Ésera à l’ouest, son principal affluent l’Isabena, et par la Noguera Ribagorzana à l’est. Son histoire est liée au comté, puis royaume d’Aragon, auquel il fut définitivement rattaché à partir du 11ème siècle. Les limites de ce comté correspondent aujourd’hui à l’actuelle comarque aragonaise de Ribagorce.
[40] Estada est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.
[41] Monzón est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon comarque de Cinca Medio. Au Moyen Age, la région a été occupée par les musulmans puis par les chrétiens. En 1143, Monzón appartenait aux Templiers qui ont cédé leurs droits à la couronne d’Aragon. Au cours de l’Histoire, la cathédrale Santa Maria del Romeral et le château ont accueilli les rois et les nobles.
[42] Estadilla est une municipalité de la comarque de Somontano de Barbastro, dans la province de Huesca, dans la communauté autonome d’Aragon en Espagne.
[43] Zaidín est une commune d’Espagne, dans la comarque de Baix Cinca (province de Huesca, communauté autonome d’Aragon).
[44] El Castellar est une commune d’Espagne, dans la province de Teruel, communauté autonome d’Aragon, comarque de Gúdar-Javalambre
[45] Le château-abbaye de Loarre est un château en Espagne. Il s’agit d’une forteresse située dans le nord de la Communauté autonome d’Aragon. Le château-abbaye de Loarre est la forteresse romane la plus importante du Haut Aragon et d’Espagne. » Ricardo del Arco ; Il se situe dans la commune de Loarre, à 30 km de la ville de Huesca. Il a été construit au 11ème siècle. C’est le plus bel exemplaire des fortifications espagnoles et le bâtiment roman se trouve dans un état de conservation remarquable.
[46] Obanos, Garisa, Montearagón, Artasona et Castiliscar
[47] Abiego est une commune de la province de Huesca dans la communauté autonome de l’Aragon en Espagne. Elle est située dans la comarque de Somontano de Barbastro. La commune fait partie de la zone linguistique aragonaise
[48] Casbas de Huesca est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon comarque de Hoya de Huesca.
[49] Loporzano est une commune d’Espagne, dans la province de Huesca, communauté autonome d’Aragon comarque de Hoya de Huesca. Le 18 août 1391, le roi Jean 1er d’Aragon vendit Loporzano au Monastère de Montearagon.
[50] Le château de Montearagón se trouve dans la commune de Quicena, dans la province de Huesca (Espagne). Stratégiquement construit pour aider à la reconquête de la cité de Huesca sur les musulmans, le château fut fondé en 1085 par Sanche 1er d’Aragon. Une fois rempli son objectif, il devint l’un des monastères les plus riches et puissants durant le Moyen Âge.