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L’histoire pour le plaisir

Alexis Simon Belle

lundi 16 octobre 2023, par lucien jallamion

Alexis Simon Belle (1674-1734)

Peintre français

Né à Paris, deuxième enfant et unique fils de Jean-Baptiste Belle peintre également, et d’Anne des Champs.

La naissance et le baptême d’Alexis Simon Belle sont annotés sur les Registres de la paroisse Saint-Sulpice à Paris, et figurent dans l’œuvre d’Eugène Piot, “Le Cabinet de l’amateur”.


Belle étudia d’abord avec son père, puis entra comme élève de François de Troy , peintre à la cour du Roi Jacques II d’Angleterre en exil à Saint-Germain-en-Laye. Il commença à travailler à Saint-Germain de 1698 jusqu’en 1701. Cette période fut une période de paix entre la France et la Grande-Bretagne et les Jacobites [1] pouvaient traverser la Manche en transportant les tableaux de Jacques François Stuart et de sa sœur, la Princesse Louisa Maria dite Louise Marie Thérèse Stuart . Troy était alors l’unique peintre de la cour de Jacques II et avait besoin de l’aide de Belle, son meilleur élève, pour pouvoir réaliser les peintures qui lui été commandées.

En août 1700, Belle obtient le prix de Rome [2], mais alla à Saint-Germain au lieu de voyager en Italie.

Le 12 novembre 1701, Belle épousa Anne Chéron, peintre miniaturiste, sœur d’ Élisabeth-Sophie Chéron peintre sur émail, graveur et poétesse et apparaissait comme Peintre ordinaire du roi d’Angleterre.

À la suite de la mort quelques semaines avant du Roi Jacques II, il fut recommandé ainsi à son fils James Edward, qui avait été proclamé Roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande par le roi Louis XIV. Alexis Simon Belle devient donc le peintre principal de la cour Jacobite, où lui et sa femme s’installèrent et travaillèrent.


Agréé le 24 septembre 1701 à l’Académie [3], alors qu’il portait déjà le titre de peintre de Sa Majesté Britannique, il fut reçu le 4 août 1703 avec les portraits de Pierre Mazeline et de François de Troy.

Pour des raisons inconnues, l’assemblée lui demanda un troisième tableau, selon une procédure rarissime. Il exécuta donc le Portrait de Louis II Lerambert et le soumis le 31 décembre 1704.

Après que la guerre éclata de nouveau entre la Grande-Bretagne et la France en 1702, ses portraits de James Edward Stuart et de sa sœur la princesse royale, continuèrent de passer à travers la Manche en contrebande, et Belle fit d’autres travaux pour les membres de la cour ainsi que pour le couvent des Augustins anglais de Paris.


Le portrait le plus célèbre de Belle est celui de James Edward Stuart, datant de 1712, juste avant son départ de Saint-Germain pour la Lorraine, où il est représenté en tenue militaire dans une tente. Cette œuvre est l’image typique du Vieux Prétendant et a été copiée de nombreuses fois.


Pendant les années 1716 à 1719, Belle reçut de nombreuses commandes de la part des Jacobites en exil à la suite de l’échec de 1715. Pendant cette époque, le Prétendant vivait en Italie.

Pendant les années 1720, Belle eut beaucoup de travail de la part de la noblesse française. Il peint le jeune roi Louis XV , et une grande partie de son œuvre a été gravée, indiquant en cela qu’il jouissait alors d’un statut élevé en France. Il a travaillé aussi pour les Jacobites en France, et en 1724 il signa un portrait de Marie-Charlotte Sobieska belle-sœur de James Edward Stuart.


Anne Chéron, première épouse de Belle est morte en avril 1718. Le 12 janvier 1722, il épousa, en secondes noces, Marie-Nicolle Horthemels, elle-même peintre et graveur. Ensemble, ils eurent deux fils, nés en 1722 et 1726, et une fille née en 1730. La famille Belle vécut dans le quartier de Saint-Germain à Paris, rue du Four [4]. La sœur de son épouse, Louise-Magdeleine Horthemels fut un graveur de renommée à Paris pendant plus de 50 ans, épouse de Charles Nicolas Cochin Père et donc mère du graveur et critique d’art Charles-Nicolas Cochin .


La famille Horthemels, originaire des Pays-Bas, est adepte du théologien hollandais Cornelius Jansen et avait des liens étroits avec l’Abbaye de Port-Royal des Champs [5], le centre de la pensée janséniste [6] en France.

Belle et son épouse Marie-Nicole eurent un enfant, Clément-Louis-Marie-Anne Belle , peintre français et dessinateur de tapisseries, recteur de l’école spéciale de peinture, de sculpture, d’architecture et gravure, et le professeur de dessin à la Manufacture impériale des Gobelins [7].

En tant que peintre-portraitiste, le style de Belle suit celui de ses maîtres François de Troy, Hyacinthe Rigaud , et Nicolas de Largillierre. Quant à lui, il fut le maître de Jacques-André-Joseph-Camelot Aved .


Belle est mort à Paris en 1734. Ses funérailles à l’église Saint-Sulpice [8] sont décrites avec détails par Eugène Piot, dans Le Cabinet de l’amateur. Son enterrement eut lieu de 22 novembre 1734.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des Peintres, Sculpteurs, Dessinateurs et Graveurs, Paris, 1911-1923, réédition augmentée : Librairie Gründ, 1976

Notes

[1] Les rébellions jacobites (ou révoltes jacobites) sont une série de soulèvements, de rébellions et de guerres s’étant déroulées dans les îles Britanniques (en Grande-Bretagne et en Irlande) entre 1688 et 1746. Leur objectif commun était de ramener Jacques Stuart, VII d’Écosse et II d’Angleterre (le dernier roi catholique de la monarchie britannique), et, plus tard, ses descendants de la maison Stuart, sur le trône dont ils ont été privés par le Parlement après la Glorieuse Révolution de 1688. Ces révoltes tirent leur nom du jacobitisme, lui-même issu de Jacobus, l’équivalent latin de Jacques (James en anglais).

[2] Le prix de Rome, expression qui date du 19ème siècle, désigne couramment le concours des Académies royales de l’Ancien Régime et la pension à Rome puis, à partir de la Révolution française et de l’Empire, le concours et la bourse d’étude de l’Académie des beaux-arts permettant aux jeunes artistes de se former en Italie.

[3] L’Académie royale de peinture et de sculpture est une ancienne institution d’État chargée en France, de 1648 à 1793, de réguler et d’enseigner la peinture et la sculpture en France durant l’Ancien Régime. L’acte créant l’Académie royale de peinture et de sculpture date du 20 janvier 1648, jour de la requête au Conseil du roi de Louis XIV (alors enfant) par l’amateur d’art Martin de Charmois, conseiller d’État originaire de Carcassonne où il possède un cabinet de curiosité remarquable. Cette institution est ainsi fondée sur mandat royal, sous la régence d’Anne d’Autriche, à l’instigation d’un groupe de peintres et de sculpteurs réunis par Charles Le Brun, qui avait pris la première initiative.

[4] Cette rue est un tronçon du vieux chemin de Paris à Issy et Sèvres, située dans le prolongement des rues Saint-André-des-Arts et de Buci. Son nom provient du four banal, situé à l’actuel emplacement du croisement des rues du Four et de Rennes et propriété de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où les habitants devaient obligatoirement aller faire cuire leur pain sous peine d’amende.

[5] Le site de Port-Royal des Champs est un ensemble constitué des ruines de l’abbaye de Port-Royal, du musée national de Port-Royal des Champs anciennement musée des Granges, et d’un domaine forestier et paysager. Au cœur de la vallée de Chevreuse, au sud-ouest de Paris, dans la commune de Magny-les-Hameaux (Yvelines), il est situé au bout de la plaine de Trappes. Il ne reste aujourd’hui presque rien de ce monastère fondé en 1204, témoin de l’histoire de l’abbaye de Port-Royal et du jansénisme. Cet endroit fut le théâtre d’une intense vie religieuse, intellectuelle et politique du 13ème siècle à nos jours. D’abord simple abbaye cistercienne féminine au cœur du Bassin parisien, Port-Royal devient au 17ème siècle l’un des hauts lieux de la réforme catholique puis l’un des symboles de la contestation politique et religieuse face à l’absolutisme royal et aux réformes théologiques et ecclésiologiques de l’Église tridentine.

[6] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine

[7] La manufacture des Gobelins est une manufacture de tapisserie dont l’entrée est située au 42, avenue des Gobelins à Paris dans le 13e arrondissement. Elle est créée en avril 1601 sous l’impulsion d’Henri IV, à l’instigation de son conseiller du commerce Barthélemy de Laffemas. Reprenant pour le compte de Louis XIV le plan mis en œuvre par Henri IV, Colbert incite peu avant 1660 le hollandais Jean Glucq à importer en France un nouveau procédé de teinture écarlate appelé « à la hollandaise ». Celui-ci se fixe définitivement en 1684 dans une des maisons de l’ancienne folie Gobelin qu’il achète et embellit après avoir obtenu des lettres de naturalité. Appréciant la qualité des productions de l’enclos des Gobelins, Colbert réussit à convaincre Louis XIV de donner les moyens nécessaires au lustre censé glorifier la monarchie. Voulant donner une tout autre organisation à l’œuvre d’Henri IV, il ne renouvelle pas à Hippolyte de Comans la concession en 1661 : il emprunte afin d’acheter le 6 juin 1662 au sieur Leleu, à l’emplacement de l’ancien Clos Eudes de Saint Merry, l’hôtel des Gobelins (environ 3,5 hectares, maintes fois agrandi jusqu’en 1668) pour la somme de 40 775 livres et regrouper autour tous les ateliers parisiens ainsi que celui créé à Maincy par Nicolas Fouquet. Ainsi naît la Manufacture royale des Gobelins qui dépend du surintendant des bâtiments et est soumise par lui à l’autorité du premier peintre du Roi, Charles Le Brun, lequel, nommé officiellement en 1663, a par la suite sous ses ordres des équipes entières d’artistes. Il cumule donc la direction de la Manufacture des Meubles de la Couronne. C’est ainsi qu’incluse dans la Manufacture des Meubles de la Couronne, la Manufacture des Gobelins reçoit de l’édit royal de novembre 1667 son organisation définitive, d’importants avantages étant octroyés à ses habitants

[8] L’église Saint-Sulpice est une grande église du quartier de l’Odéon dans le 6ème arrondissement de Paris. Elle est située place Saint-Sulpice. Elle est dédiée à Sulpice le Pieux, archevêque de Bourges au 7ème siècle.