Budic de Cornouaille
Comte de Cornouaille du 6ème siècle
Le cartulaire de Landévennec [1] copié au 11ème siècle à l’abbaye de Landévennec [2], donne la liste des rois ou princes et des comtes de Cornouaille dans laquelle Budic et son frère Maxenti ou Maxen rí sont présentés comme les successeurs et fils d’un certain Daniel Drem Ruz .
Ce personnage est évoqué dans le Vita de saint Oudocée incluse dans le Livre de Llandaff [3]
Après la mort d’un roi de Cornouaille, Budic rentre en Armorique [4] avec sa maisonnée dont son épouse enceinte à cette époque qui donne naissance à un 3ème fils dénommé Oudocée qui sera plus tard envoyé étudier chez Teilo, comme cela lui avait été promis.
Lorsque que la Peste jaune [5] ravage le Pays de Galles [6], Teilo se rend en Armorique où il rencontre Budic et Samson de Dol. Tous deux tentent sans succès de convaincre Teilo de ne pas retourner en Bretagne [7].
Budic, établit au cours de son long règne le royaume de Cornouaille, auquel il donne à peu près l’étendue de l’antique cité des Osismes [8]. Ses domaines sont bordés au nord par ceux du comte Conomor, peut-être initialement son vassal, qui épouse une de ses filles, et à l’est par la principauté de Waroch . Il semble, comme Conomor, être également intervenu sur l’autre rive de la Manche.
Grégoire de Tours évoque un certain Budic, comtes des Bretons, identifié par la suite comme comte de Cornouaille, contemporain et allié de Macliau avec qui il conclut un accord selon lequel les domaines du premier décédé reviendraient au survivant.
À la mort de Budic, Macliau chasse son fils Tewdrig , qui s’exile sans doute en Bretagne dans le pays de Gwent [9], contrôlé par sa famille maternelle. Tewdrig revient d’exil plusieurs années plus tard, et, en 577, il tue Macliau et son fils Iacob et partage le domaine paternel avec Waroch, le fils et héritier de Macliau.
Notes
[1] Le cartulaire de Landévennec est un manuscrit daté du 11ème siècle, provenant de l’ancienne abbaye de Landévennec (située dans l’actuel Finistère) et actuellement conservé à la Médiathèque de Quimper.
[2] L’abbaye Saint-Guénolé de Landévennec est une abbaye située en la commune de Landévennec dans le département du Finistère. Elle est réputée avoir été fondée au 5ème siècle par saint Guénolé, ce qui en fait une des plus anciennes et plus importantes de Bretagne. L’historien Arthur Le Moyne de la Borderie l’a qualifiée de "Cœur de la Bretagne". Abandonnée en 1793 et ruinée dans les années 1810, elle est relevée par une nouvelle communauté monastique bénédictine en 1958, qui y construit de nouveaux bâtiments. Elle est affiliée à la congrégation de Subiaco.
[3] Le Livre de Llandaff, est la chartulaire de la cathédrale de Llandaff, une compilation du 12ème siècle de documents relatifs à l’histoire du diocèse de Llandaff au Pays de Galles. Il est écrit principalement en latin, mais contient également une quantité importante de noms et de marginalia gallois anciens et moyens.
[4] L’émigration bretonne en Armorique désigne un processus ayant lieu principalement entre les 5ème et 6ème siècles de notre ère, par lequel les Bretons de la province romaine de Bretagne (actuels Angleterre et pays de Galles ; l’Écosse, au nord du mur d’Hadrien, était hors de l’Empire romain) émigrent en masse vers l’Armorique, dont fait partie l’actuelle Bretagne. Mais les détails de cette migration et ses motifs sont mal connus, et donc, l’objet de discussions. C’est aux alentours de 400 que commença l’émigration de certains habitants de l’île de Bretagne vers l’Armorique. Contraints par l’invasion croissante de leur île par les Angles et les Saxons, certains traversèrent la Manche à bord de currachs, mettant le cap sur la péninsule armoricaine, dont l’accès leur était familier depuis des générations. L’exode dura près de 2 siècles concernant aussi l’île d’Irlande. Quand il se termina, l’Armorique avait cessé d’être et une seconde Bretagne, la Bretagne continentale, parlons mieux, la Bretagne tout court, était née
[5] La peste de Justinien, dite aussi pestis inguinaria ou pestis glandularia en latin, est la première pandémie connue de peste (les « pestes » précédentes restent incertaines quant à leur nature exacte). Elle a sévi à partir de 541 jusqu’en 767, dans tout le bassin méditerranéen, avec un épisode paroxystique jusqu’en 592. Elle porte le nom de l’empereur romain d’Orient Justinien 1er. Des analyses menées en 2012 lors de la fouille d’une nécropole en Bavière ont confirmé que l’agent pathogène était Yersinia pestis
[6] Le pays de Galles est une nation constitutive du Royaume-Uni située dans l’Ouest de l’île de Grande-Bretagne. Il partage une frontière avec l’Angleterre à l’est et est bordé par la mer d’Irlande au nord et à l’ouest et le canal de Bristol au sud.
[7] La Bretagne ou Britannie (Britannia en latin) est la province romaine qui, du premier au quatrième siècle, couvrait une partie de l’île de Grande-Bretagne correspondant à des territoires qui devinrent par la suite ceux de l’Angleterre, du pays de Galles et du sud de l’Écosse.
[8] Les Osismes sont un des peuples gaulois du groupe des Celtes armoricains. Le territoire des Osismes correspond approximativement à celui du département français du Finistère et à la partie occidentale de celui des Côtes-d’Armor. Leur oppidum principal semble avoir été le camp d’Artus situé à Huelgoat. Après la conquête romaine de la Gaule, leur territoire a pour capitale Vorgium, l’actuelle Carhaix. Les autres centres urbains d’importance sont Vorganium (probablement Kerillien près de Plounéventer) et Le Yaudet près de Lannion.
[9] Gwent est un ancien royaume gallois au sud-est du Pays de Galles situé sur les Marches galloises, la rivière Wye le séparant de l’Angleterre à l’est, et l’estuaire de la rivière Severn la séparant au sud du Somerset. Il serait une partie du mythique royaume gallois d’Ewyas, l’autre moitié étant le Glywysing (Cernyw ?) et l’Ergyng. L’histoire de cette région est assez confuse, principalement à cause de la fluctuation des frontières et des noms à travers le temps, accentuée par les innombrables revendications claniques de l’époque. Il est intéressant de constater qu’il garda un mode de vie romanisé plusieurs générations après le départ des troupes romaines de Bretagne, dans la décennie 410.