Sous son règne, la décadence de la monarchie wisigothique [1] s’accéléra.
Comte goth lié à la famille du roi Chindaswinthe et marié à une fille du roi Swinthila, Liubigotona, il supplanta en 680 le vieux roi Wamba devenu notamment impopulaire à cause de ses réformes militaires et religieuses. Wamba prit l’habit monacal alors qu’il se croyait sur le point de mourir, et on le contraignit à abdiquer et à entrer dans un monastère alors qu’il s’était rétabli.
Il fait d’Ervige son successeur et ce dernier est sacré à Tolède [2] le 31 octobre 680. Par la suite, au 9ème siècle, des légendes attribuèrent à Ervige l’empoisonnement du roi, que ses partisans poussèrent à faire repentance tandis que ceux d’Ervige le faisaient monter sur le trône.
Les évêques du 12ème concile de Tolède [3], qu’Ervige inaugure le 9 janvier 681, attestent que les documents par lesquels Wamba renonçait au trône et confirmait Ervige comme son héritier sont authentiques et portent bien sa signature. Pourtant, certains historiens ont vu dans la rapidité du sacre d’Ervige après que le roi eut reçu les derniers sacrements la preuve d’une intrigue de palais bien préparée.
Ervige commence son règne au milieu des doutes concernant la façon dont il est monté sur le trône.
Probablement, comme il se sent peu sûr de lui, nobles et évêques en profitent. Le nouveau roi favorise ceux qui avaient été écartés au temps de Wamba. Après le 12ème concile, un 13ème en 683 et un 14ème en 684 se succèdent.
Ils confirment une deuxième fois la légitimité d’Ervige et promulguent un grand nombre de lois pour protéger la vie et le règne du roi et de sa famille, sans oublier son épouse, la reine Liubagotona.
Ervige publie également 28 lois contre les Juifs avec l’appui du 12ème concile. En personne il fait savoir au concile son désir de revenir à la législation du règne de Sisebut , bien que lui-même soit un peu plus indulgent et opposé à la peine capitale. Ces lois font partie d’une version révisée et développée du Liber Iudiciorum [4] qui porte le nom d’Ervige. Le roi ordonna aux Juifs du royaume d’abjurer leur foi sous peine de confiscations de leurs biens et de leurs expulsions d’Espagne.
Toutes les lois concernant les Juifs sont attribuées à l’influence de leur ennemi fanatique, l’archevêque de Tolède Julien de Tolède dit Julien II . Quand le code d’Ervige est promulgué en novembre 681, il ajoute encore 6 de ses propres nouvelles lois et 3 lois de Wamba, plus 80 lois de Recceswinth révisées.
Pour se protéger des ambitions des grands nobles, il crée une garde de bucellaires [5], à l’origine de la vassalité dans le nord de la péninsule Ibérique [6], notamment en Castille.
Après être tombé sérieusement malade, Ervige proclame le 14 novembre 687 son gendre Egica, le mari de sa fille Cixilo, comme son héritier et le jour suivant prend sa retraite dans un monastère comme pénitent, après avoir donné congé à sa cour pour qu’elle retourne à Tolède avec Egica qui devait être sacré et couronné.