Alexandre de Corinthe (mort 247 av. jc)
Gouverneur et tyran de Corinthe
Fils de Cratère qui avait fidèlement gouverné Corinthe [1] et Chalcis [2] pour son demi-frère Antigone II Gonatas. Sa grand - mère était Phila, la fille de Antipater et première femme de Démétrios Poliorcète.
A la mort de son père, vers 263 Alexandre hérite de sa position qui ressemblait plus à une régence dynastique en Grèce. Depuis quelques années, Alexandre était resté fidèle à Antigone, mais il a accepté en 253 des subventions du roi égyptien Ptolémée II Philadelphe et a décidé de remettre en question la suprématie macédonienne cherchant l’indépendance de Corinthe.
La perte de Corinthe et de l’Eubée [3] était un coup irréparable à l’hégémonie macédonienne sur la Grèce. Antigone essaya de récupérer, la construction d’une alliance avec Athènes [4], Argos [5] et Sicyone [6], mais Alexandre a réussi à tirer Sicyone de son côté, puis s’allia avec les Achéens [7]. Contré par une offensive contemporaine de son rival ptolémaïque dans les Cyclades [8], Antigone fut incapable de protéger ses alliés. En 249 Alexandre réalisa des victoires sur Athènes et Argos et l’année suivante , il peut forcé ses ennemis à accepter une trêve.
Au plus fort de son pouvoir, Alexandre est mort en 247 dans des circonstances qui ont conduit ses contemporains à croire qu’il avait été empoisonné par Antigone Gonatas.
La veuve d’Alexandre, Nicée, a pris le contrôle de ses biens, mais après la mort de son protecteur Ptolémée Philadelphe en 246 sa position fut affaiblie.
Lorsque Antigone fit une incursion en Béotie [9] menaça Chalcis, l’Attique [10] et Corinthe, elle accepta de se marier avec le fils et héritier de Antigone Démétrius II Aetolicus.
Lors de la célébration du mariage dans l’hiver 245/244 elle repris le contrôle de ses anciennes possessions.
Notes
[1] Corinthe était l’une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l’Acrocorinthe. Elle abritait autrefois un célèbre temple d’Aphrodite.
[2] l’Iturée
[3] L’Eubée est la deuxième plus grande île de la mer Égée, située en face de l’Attique et de la Béotie, dont elle est séparée par le détroit de l’Euripe.
[4] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès
[5] Argos est une ville d’Argolide dans le Péloponnèse, située près de Nauplie. Située au pied de deux acropoles remontant à l’antiquité Argos fut définitivement éclipsée par Sparte à partir du 6ème siècle av. jc. Elle ne participa pas aux guerres médiques. La rivalité avec Sparte explique qu’Argos ait adopté systématiquement un parti anti-laconien pendant la guerre du Péloponnèse, soit en restant neutre, soit en s’alliant à Athènes. La bataille de Mantinée, en 418 av. jc, finit par convaincre Argos de s’allier avec Sparte. Elle rompit cependant son traité au début de la guerre de Corinthe, en 395 av. jc. Pyrrhus s’attaqua à Argos en 272 avant notre ère, au cours de sa guerre contre le Macédonien Antigone II Gonatas. Il y fut tué, en recevant une tuile lancée depuis un toit par une vieille femme.
[6] Sicyone était une cité grecque du Péloponnèse, située sur un plateau, non loin du golfe de Corinthe. Sicyone devint rapidement un grand centre culturel, notamment dans le domaine de la sculpture. Ses ateliers de bronze et de céramique étaient très réputés. Son école de sculpture forma tout au long de l’Antiquité de grands artistes comme Lysippe, Polyclète, Scopas ou Diopoinos et Scyllis. C’est dans cette cité que, pensaient les Grecs, la peinture avait été inventée. Après la chute des tyrans, la prospérité continua jusqu’à la fin du 6ème siècle av. jc, lorsque Sicyone tomba alors dans l’orbite de Sparte. Sicyone participa à la ligue du Péloponnèse contre Athènes dans la guerre du Péloponnèse. Ceci fut cause de sa prise par les Thébains en 369 av. jc. Elle fut détruite pendant l’époque hellénistique par Démétrios Poliorcète en 303 av. jc, et rebâtie non loin de là.
[7] Les Achéens sont probablement l’un des premiers peuples de langue indo-européenne à s’être établi en Grèce continentale. Ils y apparaissent vers 1900 av. jc. Originaires de régions plus septentrionales, et probablement venus des Balkans, ils y arrivent par l’ouest, et s’installent d’abord en Épire, puis descendent en Thessalie. Ils repoussent les anciens habitants, les Pélasges, grâce à leur suprématie militaire, usage de l’épée au lieu du poignard, et surtout du bronze. Ils dominent ensuite les populations de Béotie, d’Attique, et enfin du Péloponnèse, où ils s’arrêtent en Argolide. Dans les épopées homériques, le terme désigne l’ensemble des Grecs rassemblés devant Troie, dirigés par les rois Ménélas et Agamemnon.
[8] Les Cyclades sont un archipel de Grèce situées dans le Sud de la mer Égée, dans la périphérie de l’Égée-Méridionale. L’archipel comprend environ 250 îles, îlots et îlots-rochers. Seules 241 îles sont habitées. On les appelle Cyclades car elles forment un cercle autour de l’île sacrée de Délos.
[9] La Béotie est une région de Grèce centrale. Elle est bordée par l’Attique au sud-est, par le golfe d’Eubée à l’est, par la Phthiotide au nord, par la Phocide à l’ouest et par le golfe de Corinthe au sud. La capitale moderne est Livadiá, mot qui signifie prairie, pâturage, une réalité économique emblématique de la région. La capitale antique était Thèbes (actuelle Thiva).
[10] L’Attique est la région qui entoure Athènes. L’Attique s’est d’abord appelée Mopsopie L’Attique est découpée en 139 dèmes et parallèlement, en trois grands secteurs : la ville, la côte et l’intérieur. Les dèmes sont regroupés en trittyes qui elles-mêmes sont regroupées trois par trois, une de chaque secteur, pour constituer une tribu. Durant l’Antiquité, il s’agissait de l’une des plus importantes régions productrices d’huile d’olive ; huile qui était ensuite exportée par exemple vers l’Étrurie. La céramique d’Attique au 6ème siècle av. jc connaît également un certain succès.