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Vaudès dit Pierre Valdo ou Valdès

dimanche 11 décembre 2022, par ljallamion

Vaudès dit Pierre Valdo ou Valdès (1140-1217)

Marchand de Lyon-Prédicateur de l’évangile

À la suite d’une crise religieuse, il finance une des premières traductions de la bible en langue vernaculaire [1]. Il donne tous ses biens pour suivre l’idéal de pauvreté apostolique. Il fonde la fraternité des Pauvres de Lyon [2], le mouvement vaudois [3]. Il est excommunié en 1184 et son mouvement persécuté.

Vaudès, peut-être né à Vaulx-en-Velin [4], s’établit à Lyon où il fit fortune dans le commerce. Frappé de la mort subite de l’un de ses amis dans une réunion de plaisir, il décida vers 1170 de renoncer au monde, abandonnant femme et enfants. Il vendit tous ses biens et partagea sa fortune en quatre quarts : une partie pour sa femme, une pour ses filles, une pour ceux qu’il pensait avoir lésés et une pour les pauvres et de travailler désormais uniquement à son salut. Il se fit traduire en franco-provençal les Évangiles, décida de prêcher la bonne parole et créa un mouvement laïc qualifié plus tard d’hérétique qu’on appela les Pauvres de Lyon.

En 1179, Vaudès et un de ses disciples se rendirent à Rome. Ils furent bien accueillis par le pape Alexandre III, mais plus fraîchement par la Curie [5]. Ils durent expliquer leur vision de la foi devant un collège de 3 ecclésiastiques et notamment des points qui faisaient alors débat au sein de l’Église comme le sacerdoce universel, l’évangile en langue vulgaire, une plus grande pauvreté de l’Institution.

Vaudès et ses amis ne furent pas pris au sérieux, un comité auquel participait Walter Map, représentant du roi d’Angleterre Henri II, les questionna sur des points précis de théologie où ils furent incapables de répondre. La rencontre n’aboutit donc à rien, et Vaudès et ses disciples d’abord vus avec méfiance furent condamnés au concile Latran III [6] de cette même année mais non encore excommuniés.

Tout d’abord protégés par Guichard de Pontigny , archevêque de Lyon [7] sensible aux thèses réformatrices du mouvement, ils furent chassés de la ville par son successeur Jean Belles-mains , élu par un chapitre cathédral hostile. Persécutés, Vaudès et ses disciples s’installèrent dans les hautes vallées du Piémont, puis, en France, dans le Luberon [8] : l’Église vaudoise est née. Excommuniés par le Concile de Vérone en 1184 [9], sa doctrine fut condamnée par le Concile de Latran en 1215 [10].

C’est sous son impulsion, payant de sa poche la traduction de plusieurs livres de la Bible en francoprovençal vers 1180, que naîtra un engouement populaire pour la lecture et la propagation de la Bible en langue populaire et non plus en latin. En cela Vaudès est un précurseur de la Réforme. De même, il est précurseur de la réforme en proposant que les laïcs soient prédicateurs de l’évangile, tout croyant seul face à Dieu pouvant porter le message.

Il existe à présent en Italie avec une diaspora en Amérique latine une Chiesa Valdese [11], dont Vaudès serait l’inspirateur. Les vaudois piémontais réfugiés dans les villages abrités des pentes alpines orientales avaient maintenu les principes des Pauvres de Lyon.

Mis en contact au début du 16ème siècle avec la Réforme genevoise de Jean Calvin et Guillaume Farel, ils s’y rallièrent lors du Synode de Chanforan en 1532 [12]. Les vaudois deviennent protestants et leur francophonie les pousse à financer la première traduction de la Bible en français à partir de l’hébreu et du grec : c’est la Bible dite d’Olivétan [13] en 1535, étape importante dans la promotion de la langue française.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Tourn, Pierre Valdo et les vaudois, Éditions Olivétan, Lyon, 2010, (ISBN 978-2-3547-9105-6)/ dictionnaire d’histoire universelle, le petit mourre édition Bordas 2004 p 1363

Notes

[1] le francoprovençal

[2] L’Église évangélique vaudoise est la principale église de tradition réformée du protestantisme italien. Depuis 1975, elle intègre au sein d’une organisation commune L’Église évangélique vaudoise - Union des églises méthodistes et vaudoises, les églises Italiennes de tradition Vaudoise ou Méthodiste. L’Église évangélique vaudoise assume l’héritage de la prédication de Vaudès (aussi connu sous le nom de Pierre Valdo ou Pierre Valdès). On parle également de valdéisme ou de Mouvement vaudois. Plus ancienne , elle est présente principalement en Italie, dans les Vallées vaudoises du Piémont , avec des antennes en Amérique du Sud. Elle est adhérente de l’Alliance réformée mondiale et de la Conférence des Églises protestantes des pays latins d’Europe.

[3] À la fin du 12ème siècle le Pays de Vaud était relativement indépendant ne reconnaissant sur ses terres aucune autorité supérieure à la sienne. Devant ce fait, Berthold IV de Zähringen faisait édifier, sur les bords de la Sarine, la ville de Fribourg en 1157, du nom de la ville principale de ses États Fribourg-en-Brisgau. Dotée de terres considérables, qui prirent le nom d’"Anciennes Terres", elle était peuplée de colons venus de Souabe et du Brisgau et devenait la frontière entre deux peuples. Voyant d’un mauvais œil l’octroi des libertés qu’octroyait la charte, "Handfeste", que donnait Berthold IV à sa ville et plus encore la puissance ainsi affichée par ce prince, les seigneurs du Pays de Vaud tentèrent de détruire Fribourg avec à leurs têtes les moines du monastère de Payerne. Furieux, Berthold V marchait sur le Pays Vaudois en 1190 pour rencontrer les seigneurs romands dans la plaine entre Payerne et Avenches. Fort de son succès il prenait et brûlait le château de Lucens avant de s’arrêter à Moudon de le faire fortifier et d’y construire la Tour-de-Broie. Ensuite il forçait les seigneurs vaudois à retourner dans leurs forteresses, il relevait les murailles d’Yverdon et construisait la ville et le château de Morges afin de tenir en respect celui de Vufflens, fief de l’église de Lausanne. À l’extinction de la famille des Zähringen la ville de Fribourg passait sous la domination des Kybourg et par le mariage, en 1218, d’Hartmann IV de Kybourg avec Marguerite, fille du comte Thomas 1er de Savoie, la paix revenait sur le Pays de Vaud. Ce comte signe le Traité de Burier du 3 juillet 1219 lui permettant d’acquérir la souveraineté immédiate sur Moudon et instituant de ce fait la présence de la Maison de Savoie dans le Pays de Vaud

[4] Vaulx-en-Velin est une commune française située dans la banlieue est de Lyon, elle fait partie des communes dites de l’Est lyonnais, tout comme Bron ou Décines-Charpieu

[5] La curie romaine est l’ensemble des dicastères et autres organismes du Saint-siège qui assistent le pape dans sa mission de pasteur suprême de l’Église catholique. « La Curie romaine dont le Pontife suprême se sert habituellement pour traiter les affaires de l’Église tout entière, et qui accomplit sa fonction en son nom et sous son autorité pour le bien et le service des Églises, comprend la Secrétairerie d’État ou Secrétariat du Pape, le Conseil pour les affaires publiques de l’Église, les Congrégations, Tribunaux et autres Instituts ; leur constitution et compétence sont définies par la loi particulière ».

[6] Le troisième concile du Latran est le 11ème concile œcuménique de l’Église catholique. Il se tient à Rome en mars 1179, à la suite de la paix de Venise conclue entre l’empereur Frédéric Barberousse et la Ligue lombarde fomentée par le pape Alexandre III. Il met fin au schisme survenu au moment de l’élection d’Alexandre III en 1159.

[7] L’archidiocèse de Lyon (en latin : Archidioecesis Lugdunensis) est un des archidiocèses métropolitains de l’Église catholique en France. Burchard 1er de Lyon puis Burchard II, respectivement frère et fils illégitime de Conrad III de Bourgogne, posent les premiers jalons d’une principauté épiscopale lyonnaise dès la seconde moitié du 10ème siècle. À ce titre et à la suite du rapprochement avec le royaume de France (amorcé par la permutation de 1173), l’évêque Jean II de Belles-Mains édifia à la fin du 11ème siècle un château à motte ; motte de Béchevelin. La motte, outre le rôle symbolique et politique, tête de pont sur la rive gauche du Rhône de l’église de Lyon, contrôlait le passage sur le fleuve et surveillait le « compendium » antique Lyon-Vienne ; un péage y était attaché. Ce même évêque favorisa également la construction du pont du Rhône, pont de la Guillotière actuel. Il est à noter que ce territoire sur lequel l’église de Lyon avait autorité était contesté par le comte de Savoie, les seigneurs de Chandieu et les dauphins de Viennois.

[8] Le massif du Luberon est un massif montagneux peu élevé qui s’étend d’est en ouest entre les Alpes-de-Haute-Provence et le département de Vaucluse, en France. La première mention du massif est antérieure au début de l’ère chrétienne

[9] Le concile de Vérone est réuni en novembre 1184 par le pape Lucius III, qui chassé par la commune de Rome s’est réfugié à Vérone, entre le 1er août et le 4 novembre 1184, en présence de l’empereur Frédéric Barberousse. Le concile condamne les néo-manichéens (cathares). Le prédicateur lyonnais Pierre Valdès est excommunié. Les Umiliati de Lombardie, les disciples d’Arnaud de Brescia, les Patarins sont également condamnés. Le 4 novembre, la bulle Ad abolendam est promulguée. Elle institue l’Inquisition épiscopale : les autorités ecclésiastiques désignent les hérétiques qui doivent être châtiés par le pouvoir temporel. Elle définit l’hérésie à l’aide du droit canonique.

[10] Le quatrième concile œcuménique du Latran est le 12ème concile œcuménique de l’Église catholique. Il s’est tenu à Latran en 1215 sur l’initiative du pape Innocent III. Le concile Latran IV marque l’apogée de la chrétienté médiévale et de la papauté après l’effort de renouveau inauguré, 150 ans plus tôt, par les réformateurs du 11ème siècle en particulier par Grégoire VII. Pendant les trois semaines que dure le concile, du 11 au 30 novembre 1215, de nombreuses décisions sont prises qui renforcent l’emprise du Saint-siège sur la chrétienté occidentale.

[11] Eglise vaudoise

[12] Le synode vaudois de Chanforan a eu lien en 1532, dans le Val d’Angrogne, au Piémont italien. Au cours du synode de Chanforan, les Vaudois ont décidé de faire imprimer une version de la Bible en français et de rejoindre le mouvement de la Réforme. L’imprimerie n’en était qu’à ses débuts ; la plupart des imprimeurs étaient protestants. Cette assemblée réunissait des « barbes », nom que se donnaient les prédicateurs itinérants vaudois, de plusieurs régions comme les Pouilles, la Provence, le Piémont, les Allemagnes et les communautés dispersées en Europe

[13] La Bible d’Olivétan, Bible des Martyrs ou Bible de Serrières est une traduction de la Bible en français par le calviniste Pierre Robert Olivétan publiée pour la première fois en 1535 à Neuchâtel. Il s’agirait de la première traduction en français de la Bible qui ne soit pas faite à partir du texte latin de la Vulgate, mais à partir des textes originaux (hébreux et grecs). Cette Bible a donné lieu à de multiples rééditions et révisions, telles que la Bible de Genève.