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Jean Cauvin dit Calvin

lundi 7 juin 2021 (Date de rédaction antérieure : 9 novembre 2012).

Jean Cauvin dit Calvin (1509-1564)

Réformateur religieux

Jean Cauvin dit Calvin Réformateur religieux

Né à NoyonNoyon est une commune du département de l’Oise. Noyon est situé à 25 km au nord de Compiègne, 62 km au sud-est d’Amiens. En 531, saint Médard de Noyon y déplace le siège de l’évêché de la civitas Viromanduorum. À l’époque mérovingienne, l’évêché de Noyon bénéficie de sa proximité avec Soissons, qui fut l’une des capitales du royaume franc et des palais voisins. Né en Limousin vers 588, l’orfèvre Éloi devint monétaire de Clotaire II, puis trésorier de Dagobert 1er avant d’être élu évêque de Noyon en 641. Noyon est une ville importante au Moyen Âge. Charlemagne y est sacré roi des Francs en 768. dans l’Oise dans une famille de petite bourgeoisie, il est le fils de Gérard Cauvin, notaire et procureur fiscal de l’évêque de Noyon. Il étudie à la Sorbonne [1], apprend le latin, le grec et l’hébreu et démontre très jeune des qualités de dialecticien redoutable. Il prit le nom de Calvin en 1532, version francisée de son nom latin Calvinus.

Il adhère à la Réforme en 1533 et entame sa vie de prédicateur, après “l’affaire des Placards”, qui l’oblige à quitter la France pour Bâle [2].

Un an plus tard, il est appelé à Genève [3] où il fait adopter des mesures de dictature morale connues sous le nom d’ordonnances. Il s’agit d’une règle de vie à laquelle chacun se doit de prêter serment.

Un parti de citoyens non jureurs ou libertins résiste à ses exhortations. En 1538, ils obligèrent Farel, Calvin et leurs suivants à quitter Genève pour Strasbourg. Calvin épouse alors Idelette de Bure, qui mourra quelques années plus tard.

En 1541, il accepte de rentrer à Genève en se voyant octroyer des pouvoirs discrétionnaires, alors même que son statut officiel restait celui d’un simple pasteur. Le Consistoire composé de pasteurs et de laïcs va désormais régir la ville avec l’assistance des docteurs, anciens et diacres, sous la forme d’une théocratie. Des dispositions administratives dénommées articles et ordonnances, ou théologiques comme le Catéchisme de Genève vont matérialiser son emprise sur la vie de la cité qui acquiert dès lors le titre de Rome protestante et attire des réfugiés et des sympathisants de toute l’Europe.

La publication en français de “L’institution de la religion chrétienne”, en 1541, fait de lui une figure essentielle de la Réforme. Par la rigueur de sa doctrine, il fonde lui-même une Église. Si les Ordonnances ecclésiastiques établissent le statut de l’Église réformée de Genève, où il s’installe définitivement en 1541, elles fondent aussi les règles qui sont celles du “ calvinisme ”. Calvin ne reconnaît que la Bible pour source de la foi, et admet les dogmes des 5 premiers conciles. La doctrine de la prédestination et de la grâce qui est la sienne est proche des thèses de saint Augustin. Enfin il prône un retour à la simplicité du culte, où seuls les sacrements du baptême et de la communion, commémoration de la Cène, sont admis. Les valeurs éthiques, qui louent le travail et permettent le prêt, auront une influence déterminante sur les protestants, qui prennent à leur compte les critères de la foi qu’il a définis.

Les idées de Calvin sont à bien des égards rétrogrades : il voit la terre au centre de l’univers, les femmes comme accessoires de l’homme. Il ne tolère pas les résistances, fut-ce de ses propres amis. Gouet, Bolsec sont poursuivis pour impiété et le premier exécuté en tout pas moins de 58 sentences capitales et 76 bannissements sont prononcés entre 1550 et 1555.

Castellion qui en tient pour ses idées de tolérance doit s’exiler.Michel Servet, poursuivi par l’Inquisition en France, croit trouver à Genève de la compréhension en 1553. Calvin le fit juger derechef et brûler vif pour hérésie. La musique, le théâtre, le bal et la vie mondaine sont proscrits. Il vit en ascète et s’inflige des privations et une vie dépourvue de confort malgré une santé chétive et des migraines continuelles. Il trouve encore le temps de soutenir avec énergie et intransigeance la cause de la Réforme en France au colloque de Poissy [4] en 1561. Il meurt en 1564 et est inhumé au cimetière des Rois de Plainpalais [5].

Il laissa une œuvre théologique et didactique considérable, en latin pour la plus grande part. On possède plus de 2.300 sermons de sa main. Il a fait preuve de plus d’intransigeance envers les protestants extrémistes que vis-à-vis des catholiques avec lesquels il collabora plus d’une fois. Dans le domaine politique et social, il tient à l’ordre établi, alors qu’il fait preuve à titre personnel d’une extrême austérité. Il créer le Collège de Genève [6] en 1550, lequel compta jusqu’à 1500 élèves.

Son rôle lors des querelles politiques en France fut modéré et il condamna la Conjuration d’Amboise [7] qui visait à s’assurer de la personne de François II pour en tirer des concessions en 1560.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Franck Belloir (dir.), Jean Calvin (1509-1564) De l’humanisme aux lumières de la foi, Les Éditions de Paris, 2009

Notes

[1] La Sorbonne est un bâtiment du Quartier latin dans le 5e arrondissement, c’est une propriété de la ville de Paris. Il tire son nom du théologien et chapelain de Saint Louis, du 13ème siècle, Robert de Sorbon, le fondateur du collège de Sorbonne de l’Université de Paris, collège consacré à la théologie dont il définit ainsi le projet : « Vivre en bonne société, collégialement, moralement et studieusement ». Ce terme de Sorbonne est aussi utilisé par métonymie pour désigner l’ancienne Université de Paris, sous l’Ancien Régime de 1200 à 1793, puis de 1896 à 1971, ainsi que les anciennes facultés des sciences (1811) et des lettres de Paris (1808) au cours du 19ème siècle.

[2] Bâle est une ville de Suisse. C’est la 3ème ville la plus peuplée après Zürich et Genève, et le chef-lieu du canton de Bâle-Ville. Le 13 juillet 1501 représente une date historique puisque Bâle décide d’entrer dans l’alliance des Confédérés, en raison de sa situation limitrophe très exposée. Les délégués suisses sont accueillis par la formule : Soyer les bienvenus à Bâle, sur territoire suisse. Contre l’engagement de neutralité en cas de conflit contre les Confédérés, Bâle reçoit une place à part parmi les autres cantons. La ville peut ainsi jouir pendant des siècles d’une tangible évolution. En 1504 commence la construction de l’hôtel de ville (Rathaus), sis sur la place du Marché (Marktplatz), au centre-ville, et siège actuel du gouvernement de Bâle-Ville. La situation politique évolue. Le 12 mars 1521, les statuts du Conseil sont révisés. L’évêque est écarté de la nomination des autorités urbaines. C’est ainsi la fin de son pouvoir temporel dans la cité. Le dernier évêque fut Christoph von Utenheim. En 1585, paiement de 200 000 florins à l’évêque en échange de sa renonciation à l’ensemble de ses droits sur la ville.

[3] Genève, ville suisse située à l’extrémité sud-ouest du Léman. Elle est la deuxième ville la plus peuplée de Suisse après Zurich. Elle est le chef-lieu et la commune la plus peuplée du canton de Genève. Dès 1526, des marchands allemands propagent à Genève les idées de la Réforme luthérienne parmi les commerçants genevois ; la même année, Genève signe un traité de combourgeoisie avec Berne et Fribourg. Sous l’influence de Berne, Genève accepte de laisser prêcher des prédicateurs dans la ville, dont Guillaume Farel en 1532. Le 10 août 1535, la célébration de la messe catholique est interdite et, le 26 novembre, le Conseil des Deux-Cents s’attribue le droit de battre monnaie à sa place alors que la ville est à nouveau menacée par la Savoie. La Réforme est définitivement adoptée le 21 mai 1536 en même temps que l’obligation pour chacun d’envoyer ses enfants à l’école. Genève devient dès lors le centre du calvinisme et se trouve parfois surnommée la « Rome protestante »

[4] Le colloque de Poissy est une conférence religieuse qui s’est tenue du 9 septembre au 14 octobre 1561 dans le prieuré royal Saint-Louis de Poissy. En vue de maintenir la paix religieuse en France, la reine mère Catherine de Médicis tente d’effectuer un rapprochement entre catholiques et protestants, en réunissant 46 prélats catholiques, 12 ministres du culte protestant et une quarantaine de théologiens. Malgré l’échec du colloque, Catherine de Médicis fait signer en janvier 1562 un édit de tolérance, l’édit de janvier, mais ne peut empêcher le massacre de Wassy, qui marque, le 1er mars 1562, le début de la première guerre de Religion en France. Ce colloque est également un des facteurs qui contribue à relancer la troisième séance du concile de Trente et à l’installation des jésuites en France, introduits dans le royaume à l’occasion de cette conférence.

[5] Le cimetière des Rois, ou cimetière de Plainpalais, est un cimetière de la ville de Genève où sont enterrés, sur 28 000 m², certains magistrats genevois ainsi que des personnalités ayant contribué à la renommée de la ville

[6] Le Collège Calvin, qui porte ce nom depuis 1969, et qui a été fondé en 1559 sous le nom de Collège de Genève, est une école de maturité du canton de Genève situé au numéro 2 de la rue Théodore-de-Bèze dans la vieille-ville de Genève. Le Collège Calvin est aujourd’hui le plus ancien des Collèges de Genève. En adhérant à la Réforme protestante, le 21 mai 1536, les Genevois décident de remodeler l’enseignement et de le rendre obligatoire et gratuit. Inspiré par l’exemple des écoles fondées par les Frères de la vie commune et par l’idéal humaniste incarné par Jean Sturm de Strasbourg, fondateur du réputé Gymnase Jean-Sturm à Strasbourg, et son ancien maître Mathurin Cordier, Jean Calvin voit la nécessité de transformer l’institution. C’est le 29 mai 1559 que sont promulguées les Leges Academiae Genevensis, (Ordre du Collège de Genève) qui donnent à Genève un établissement d’enseignement secondaire mais aussi une université. Le collège, dirigé par Théodore de Bèze, connaît alors un rapide succès et atteint 2000 élèves en 1566

[7] La conjuration d’Amboise, également appelée tumulte d’Amboise (mars 1560) est la tentative d’enlèvement manquée, organisée par des gentilshommes protestants pour s’emparer de la personne du roi François II pour le soustraire de la tutelle des Guises, jugés trop proches de lui. Il s’agit d’un événement qui annonce les guerres de religion à venir (1562-1598).