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L’histoire pour le plaisir

Nonnosos

jeudi 25 août 2022, par ljallamion

Nonnosos (vers 500- ?)

Ambassadeur byzantin sous Justinien 1er

Empire byzantin en 650On lui doit un rapport sur sa mission dans la région de la mer Rouge [1] qui a survécu sous forme de fragments dans les textes du patriarche [2] Photius 1er de Constantinople.   Nonnosos naquit dans une famille, probablement d’origine syrienne mais vivant à Constantinople [3], ayant conduit de nombreuses missions diplomatiques pour le compte des empereurs byzantins [4] et entretenant des liens étroits avec les populations arabes lakhmides [5] au sud de l’Irak et kindites [6].   Nonnosos dut terminer son rapport en 532 puisqu’il mentionne la deuxième ambassade de son père en 531/532, mais que sa propre ambassade est mentionnée dans la troisième édition de l’Histoire de Malalas datant de 533. Le même rapport fut utilisé par Jean Malalas et Théophane le Confesseur.   L’ambassade de Nonnosos avait trois objectifs : l’ambassadeur devait d’abord convaincre Qays de se rendre à Constantinople auprès de l’empereur, il devait ensuite se diriger vers l’Éthiopie [7] pour convaincre le roi Ella Άṣbeḥa de s’allier avec Byzance [8] contre les Perses [9] avant de se rendre au Yémen [10] convaincre les vassaux himyarites [11] du même roi de lancer de telles attaques.   Il échoua dans sa première mission, mais mentionne que son père eut plus de succès dans une ambassade subséquente. Après avoir traversé la mer Rouge, il remonta le Nil [12] jusqu’à la capitale éthiopienne d’Axoum [13] où Ella Άṣbeḥa accepta que les Himyarites fassent des incursions en pays perse. De là il se rendit au Yémen chez ces derniers qui, effectivement, lancèrent des excursions contre les Perses.   Son récit, très exotique, raconte ses aventures et abonde en descriptions concernant la religion des Arabes (pré-islamique), les patois locaux, les éléphants et les Pygmées [14]

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de R. Henry, Photius, Bibliothèque, t. V (Codices 230–241), Paris, Les Belles Lettres, coll. « CUF, série grecque », 2003 (ISBN 978-2-251-32224-7).

Notes

[1] La mer Rouge est une mer intracontinentale du bassin Indo-Pacifique entre l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient d’une superficie d’environ 450 000 km². C’est une mer d’une grande importance stratégique et commerciale qui permet aux navigateurs en provenance de la mer Méditerranée et à destination de l’océan Indien, ou vice-versa, de ne pas être contraints de faire le tour de l’Afrique.

[2] Dans l’Église chrétienne, un patriarcat est une région soumise à l’autorité d’un patriarche. En 325, le premier concile œcuménique qui siège à Nicée accorde un privilège d’honneur aux évêques de Rome, d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Le 2e concile œcuménique (Constantinople - 381) étendra ce privilège à l’évêque de Constantinople, la Deuxième Rome.

[3] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[4] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[5] Les Lakhmides sont une tribu pré-islamique arabe du sud de l’Irak alliée des Perses, avec pour capitale Al-Hira. Rivaux des Ghassanides, ils faisaient partie de l’Église de l’Orient. Par contre, les souverains lakhmides ne sont pas chrétiens, à l’exception du dernier, An-Nu’man III, exécuté en 602 par les Perses. Ils sont longtemps au service de la politique perse de contrôle des tribus arabes de leur empire. Leurs revenus viennent des bénéfices commerciaux, du butin de leurs expéditions principalement contre les tribus arabes et les autres populations des confins du Shâm, et du tribut versé par les tribus arabes soumises. Après la conquête arabe, l’établissement militaire permanent des conquérants se fait à Kûfa, 6 km au nord est d’Hîra. Alî, émir de Hîra y est assassiné, selon les sources arabes. Les descendants des Lakhmides sont la famille princière Arslan. C’est une famille druze qui a toujours occupé le Mont-Liban.

[6] Arabie saoudite

[7] Considérée comme l’un des berceaux de l’humanité, l’Éthiopie est avec le Tchad, le Maroc et le Kenya, l’un des pays où l’on retrouve les plus anciens hominidés. On y a découvert Lucy en 1974 et, en 2003, les plus anciens spécimens d’Homo sapiens. Au sein de l’Afrique, l’Éthiopie se caractérise comme l’un des pays à avoir conservé sa souveraineté lors du partage de l’Afrique au 19ème siècle

[8] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[9] Apparus en Iran en même temps que les Mèdes vers le 1er millénaire av. jc, les Perses sont également considérés, par leur origine et leur langue, comme un peuple indo-européen. Ils sont cités dès le 5ème siècle av. jc par Hérodote et Thucydide. Les Perses fondent dans l’Histoire deux empires importants : du 6ème au 4ème siècle av. jc, sous les Achéménides et du 3ème au 7ème siècle, sous les Sassanides.

[10] Le Yémen est l’un des plus anciens centres de civilisation du Moyen-Orient, dans l’antiquité le pays était un territoire du Royaume de Saba. Le royaume de Saba est un royaume habituellement situé en Arabie du sud, actuel Érythrée, Yémen et nord de Éthiopie. Ce royaume, évoqué par la Bible et le Coran, a bel et bien existé, mais il est difficile de séparer le mythe de l’histoire. Ses habitants s’appellent les sabéens. Les sources suggèrent une existence bien postérieure à la période biblique du règne de Salomon.

[11] Himyar est un royaume antique d’Arabie du Sud qui connut son apogée au début du 1er siècle en constituant un Empire qui contrôlait une grande partie de l’Arabie méridionale. Ses habitants sont appelés Himyarites ou parfois Homérites.

[12] Le Nil est un fleuve d’Afrique. Avec une longueur d’environ 6 700 km, c’est avec le fleuve Amazone, le plus long fleuve du monde. Il est issu de la rencontre du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le Nil blanc (Nahr-el-Abiad) prend sa source au lac Victoria (Ouganda, Kenya, Tanzanie) ; le Nil bleu (Nahr-el-Azrak) est issu du lac Tana (Éthiopie). Ses deux branches s’unissant à Khartoum, capitale du Soudan actuel, le Nil se jette dans la Méditerranée en formant un delta au nord de l’Égypte. Le Nil est la voie qu’empruntaient les Égyptiens pour se déplacer. Il apporte la vie en fertilisant la terre et garantit l’abondance. Il joua un rôle très important dans l’Égypte antique, du point de vue économique, social (c’était autour de lui que se trouvaient les plus grandes villes), agricole (grâce au précieux limon des crues) et religieux. La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives. Le Nil est la voie qu’empruntaient les Égyptiens pour se déplacer. La crue du Nil, qui avait lieu chaque été et qui apportait le limon noir permettant la culture de ses rives

[13] Aksoum ou Axoum est une ville septentrionale d’Éthiopie, dans la province du Tigré. C’est l’un des centres religieux de l’Église éthiopienne orthodoxe. Aksoum fut le centre de l’Empire aksoumite entre le 1er et le 6ème siècle de notre ère. Les Aksoumites ont adopté le christianisme comme religion d’État entre 330 et 360 sous le roi Ezana. On connaît, en effet deux séries monétaires en or, l’une portant le disque et le croissant, l’autre, la croix chrétienne. C’est ce qui permet de situer cet évènement dans cette fourchette. Le royaume d’Axoum a été le premier État à utiliser l’image de la croix sur ses monnaies. Cette religion aurait été importée par un prisonnier, Frumentius, qui avait obtenu la confiance du roi et qui devint, à sa mort, le conseiller de son épouse, veuve, entre 330 et 360. Il accorda des lieux de cultes aux marchands étrangers. Le chef de l’Église éthiopienne était nommé par le patriarche d’Alexandrie

[14] Pygmée désigne un individu appartenant à des populations spécifiques caractérisées par leur petite taille, inférieure à 1,50 m de haut. Le terme « Pygmée » englobe différents groupes ethniques disséminés le long de l’équateur dans de nombreux États de l’Afrique centrale actuelle, ce sont notamment les Baka, les Aka, les Mbuti (ou Bambuti), les Babongo, les Babinga ou les Efe. Les Pygmées partagent entre eux un mode de vie traditionnel basé sur la chasse et la cueillette de produits forestiers, et une culture commune qui accorde une grande importance à la musique et la danse. Ces groupes de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs sont aujourd’hui confrontés à une précarisation croissante et leur culture se trouve menacée. De nombreux groupes sont sédentarisés.