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Théophane le Confesseur

jeudi 15 janvier 2015, par lucien jallamion

Théophane le Confesseur (758/759-817/818)

Moine-Théologien et chroniqueur

Théophane le Confesseur Moine-Théologien et chroniqueurNé à Constantinople, aristocrate byzantin, il est surtout connu comme l’auteur d’une importante chronographie [1].

Théophane est né dans une famille iconodule [2] de la riche noblesse de Constantinople. Son père, Isaac, était gouverneur des îles de la mer Noire, mais on ignore tout de la famille de sa mère, Théodora. Son père mourut alors que Théophane n’avait que 3 ans. Il fut recueilli à la cour impériale par l’empereur Constantin V Copronyme qui veilla à son éducation.

Il fut nommé strator sous Léon IV et épousa à l’âge de 12 ans la fille d’un ami de l’empereur, Megalo. Cette union matrimoniale faisait de lui l’un des plus riches héritiers du pays.

Le couple décida toutefois de mener une vie de virginité et, 8 ans plus tard, se sépara pour embrasser la vie monastique. Megalo entra dans un couvent situé sur une île près de Constantinople, alors que Théophane, après avoir affranchi ses nombreux serfs et distribué ses biens aux pauvres entra au monastère de Polychronius sur la montagne de Sigiane, près de Cyzique [3], sur le côté asiatique de la mer de Marmara. Par la suite, il fonda son propre monastère sur des terrains lui appartenant dans l’île de Calonymus.

6 ans plus tard, il retourna à Sigiane pour y fonder le monastère de Megalos Agros [4] en Bithynie [5] dont il devint l’abbé.

Lors de la controverse concernant le deuxième mariage de Constantin VI qui opposa l’empereur au patriarche Taraise de Constantinople, Théophane prit le parti du patriarche contrairement à Théodore Studite . Les deux moines devaient se réconcilier lorsque l’empereur Léon V l’Arménien rétablit l’iconoclasme [6].

Théophane se révéla alors un ardent partisan des images, qu’il défendit lors du 2ème concile de Nicée [7] en 787 et qui lui vaudra le titre de Confesseur lorsqu’il fut canonisé.

À la requête pressante de son ami, Georges le Syncelle Théophane reprit entre 810 et 815, la chronique là où celui-ci l’avait laissée, c’est-à-dire à Dioclétien et la mena jusqu’à la chute de Michel 1er Rhangabé, couvrant ainsi les années 284 à 813.

Écrite dans une langue à mi-chemin entre le style ecclésiastique sévère et le grec vernaculaire, cette chronique, en dépit d’une valeur historique contestable, fut fréquemment utilisée par les chroniqueurs subséquents.

Une suite de cette chronique, entreprise à la demande de Constantin VII Porphyrogénète et comprenant six livres nous est également parvenue. Écrite par divers auteurs, la plupart anonymes, réunis sous le nom de “Theophanes Continuatus ou Scriptores post Theophanem”, elle complète celle de Théophane jusqu’à l’an 961.

Théophane fut arrêté et jeté en prison en 815, pour son refus de dénoncer la vénération des images telle que sanctionnée par ce concile. Libéré, il fut exilé dans l’île de Samothrace en 817 où il mourut 17 jours plus tard.

P.-S.

Source : Ce texte est la traduction de l’article en langue anglaise Theophanes the Confessor, ce texte en anglais est une synthèse des textes de la Catholic Encyclopedia et de l’Encyclopaedia Britannica, tous deux aujourd’hui dans le domaine public

Notes

[1] La chronographie, est une nature de document historique qui correspond aux termes de chronique et d’annales. Il est l’équivalent en la langue grecque de chronologie. La chronographie est un genre intermédiaire, ni aussi succincte que la chronologie, ni aussi développée que l’annale, dans la narration année par année des événements historiques.

[2] L’iconodulie ou iconodoulie, est un courant de pensée qui est en faveur des images religieuses ou icônes et de leur vénération, en opposition au courant iconoclaste. Le terme est actuellement utilisé en relation à la controverse iconoclaste byzantine.

[3] Cyzique était une cité grecque de Mysie, sur la Propontide (l’actuelle mer de Marmara).

[4] du grand acre

[5] La Bithynie est un ancien royaume au nord-ouest de l’Asie Mineure, actuellement situé en Turquie. Située au bord du Pont-Euxin, elle était limitée par la Paphlagonie à l’est, la Galatie et la Phrygie au sud, la Propontide et la Mysie à l’ouest. Les Bithyniens sont, selon Hérodote et Xénophon, d’origine thrace. Ils forment d’abord un État indépendant avant d’être annexés par Crésus, qui ajoute leur territoire à la Lydie. Ils passent ensuite sous domination perse, où la Bithynie est incluse dans la satrapie de Phrygie. Mais dès avant Alexandre le Grand, la Bithynie retrouve son indépendance. Nicomède 1er est le premier à se proclamer roi. Durant son long règne de 278 à 243av jc, le royaume connaît la prospérité et jouit d’une position respectée parmi les petits royaumes d’Asie Mineure. Cependant, le dernier roi, Nicomède IV, échoue à contenir le roi Mithridate VI du Pont. Restauré sur le trône par l’Empire romain, il lègue par testament son royaume à Rome en 74 av jc. La Bithynie devient alors province romaine. Sous Auguste elle devient province sénatoriale en 27av jc puis province impériale en 135.

[6] L’iconoclasme est, au sens strict, la destruction délibérée de symboles ou représentations religieuses appartenant à sa propre culture, généralement pour des motifs religieux ou politiques. Ce courant de pensée rejette l’adoration vouée aux représentations du divin, dans les icônes en particulier. L’iconoclasme est opposé à l’iconodulie. L’iconoclasme ou Querelle des Images est un mouvement hostile au culte des icônes, les images saintes, adorées dans l’Empire romain d’Orient. Il se manifesta aux 8ème et 9ème siècles par des destructions massives d’iconostases et la persécution de leurs adorateurs, les iconophiles ou iconodules. Il caractérise également la Réforme protestante.

[7] Le deuxième concile de Nicée est un concile œcuménique qui eut lieu en 787. Convoqué par l’impératrice Irène, il avait pour objectif de mettre un terme au conflit politico-religieux provoqué par l’iconoclasme. Le concile a affirmé la nécessité de vénérer les images et les reliques : l’honneur n’est pas rendu aux images, ni aux reliques mais, à travers elles, à la personne qu’elles représentent.