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L’histoire pour le plaisir

Titus Statilius Taurus

vendredi 19 août 2022, par lucien jallamion

Titus Statilius Taurus (vers 60 av. jc - vers 10 av. jc)

Général et homme politique de la fin de la République romaine et des débuts de l’Empire-Consul suffect en 37 av. jc-Consul éponyme en 26 av. jc aux côtés d’Auguste

Statilius Taurus est un homo novus [1] originaire de la région de Lucanie [2].   En 37 av. jc, il est choisi pour devenir consul suffect [3] par Marc Antoine, dont il est initialement un partisan. Il remplace Lucius Caninius Gallus qui a abdiqué en cours de mandat   Au cours de la guerre civile en Sicile [4], il commande une flotte envoyée par Antoine à l’aide d’Octavien. Il devient sans doute alors un partisan de ce dernier et combat Sextus Pompée sous ses ordres.   Après que Sextus Pompée fut éconduit de la Sicile [5], Taurus traverse la mer pour gouverner et pacifier la province d’Afrique [6], qu’il sécurise sans difficulté durant 2 ans et obtient pour cela le triomphe en 34 av. jc.   Cette même année, il accompagne Octavien en Dalmatie [7], et après le retour de ce dernier à Rome, Taurus reste aux commandes des troupes stationnées sur place.   Lorsque la guerre civile contre Antoine et Cléopâtre éclate, Taurus soutient Octavien et participe à la bataille d’Actium [8] en commandant les forces terrestres, établies sur la rive, en 31 av. jc tandis que Marcus Vipsanius Agrippa commande la flotte. À la suite de la retraite navale d’Antoine et Cléopâtre, les troupes terrestres de ces derniers, commandées par Publius Canidius Crassus, qui déserte son armée, se rendent rapidement à Octavien et Taurus plutôt que combattre ou de faire retraite, transformant la victoire navale non déterminante en succès total.   En 29 av. jc, il est envoyé combattre comme proconsul [9] en Hispanie [10] où il vainc les Cantabres*, Vaccéens* et Astures*, durant les guerres cantabres. Il y est acclamé trois fois imperator par ses soldats. Il est inscrit parmi les patriciens [11].   Il fait construire avec ses propres finances le premier amphithéâtre à Rome dans la partie sud du Champ de Mars en 29 av. jc. Il l’inaugure par un combat de gladiateurs lors de l’ouverture au public.   En remerciement, les Romains lui reconnaissent le droit annuel de nommer chaque année un des préteurs [12].   Il se pourrait que Statilius ait fait bâtir ce monument sur demande de son ami Octavien, car ce dernier encourage ses riches amis à embellir la cité de leurs propres frais.   En 27 av. jc, Octavien devenu Auguste part pour les Gaules et l’Espagne, laissant à Rome le consulat éponyme à ses fidèles collaborateurs, Agrippa en 27 av. jc, puis Statilius en 26 av. jc.   En 16 av. jc, quand Auguste quitte à nouveau l’Italie pour la Gaule, Taurus est préfet de Rome [13] et le reste jusqu’en 10 av. jc.   Il a semble-t-il 3 fils et peut-être 2 filles, mais il n’est pas certain que tous ces enfants soient de la même femme.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Maria Letizia Caldelli et Cecilia Ricci, Monumentum familiae Statiliorum : un riesame, Rome, Quasar, 1999, 143 p. (ISBN 88-7140-160-3)

Notes

[1] Homo novus est une expression latine désignant dans l’Antiquité romaine, particulièrement sous la république, un citoyen dont aucun aïeul n’a occupé quelque charge publique que ce soit (consulat, préture, questure, édilité, ...) et qui occupe pour la première fois une telle charge alors qu’il n’est pas issu du patriciat.

[2] les Lucaniens sont un ancien peuple d’Italie

[3] Parfois, un consul décède ou démissionne avant la fin de son mandat de douze mois. Le consul restant rétablit la collégialité par l’élection intermédiaire si le délai restant le permet ou par la désignation directe d’un consul suffectus (du participe passé du verbe sufficere, « remplacer »). Ce consul entre en fonction immédiatement, il a les mêmes privilèges et les mêmes pouvoirs que le consul remplacé mais il n’est en charge que pour la durée du mandat qui reste à couvrir. Enfin, le consul suffect ne donne pas son nom à l’année, à l’inverse du consul dit ordinaire.

[4] La Révolte sicilienne est une guerre civile contre le Second triumvirat de la République romaine qui se déroule entre 44 et 36 av. jc. La révolte était menée par Sextus Pompée et se solde par la victoire des triumvirs.

[5] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. À partir du 2ème millénaire av. jc, l’île est occupée par trois peuples : les Sicanes, les Sicules et les Élymes. À partir du 8ème siècle av. jc, les Phéniciens fondent des comptoirs commerciaux en Sicile. Ceux-ci, souvent établis sur des promontoires ou des îles voisines de la côte, sont concentrés à la pointe nord-occidentale comme Palerme, Solonte ou Motyé. La Sicile fut ensuite gouvernée par des princes appelés tyrans dont les Denys l’Ancien et Denys le Jeune.

[6] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une ancienne province romaine qui correspond à l’actuelle Nord et sud Est Tunisien, plus une partie de l’Algérie et de la Libye actuelle. La province d’Afrique est créée en 146 av. jc, après la destruction de Carthage, au terme de la 3ème guerre punique ; ayant Utique pour capitale, elle est séparée du royaume de Numidie par une ligne de démarcation, la fossa regia. En 46 av. jc, Rome annexe la Numidie avec le nom de « nouvelle province d’Afrique » (Africa Nova) pour la distinguer de la première (Africa Vetus). Vers 40-39 av. jc, les deux provinces sont réunies dans la province dite d’Afrique proconsulaire ; ayant Carthage pour capitale, elle s’étend, d’ouest en est, de l’embouchure de l’Ampsaga (auj. l’Oued-el-Kebir, en Algérie) au promontoire de l’Autel des frères Philènes (auj. Ras el-Ali, en Libye). En 303, celle-ci est divisée par Dioclétien en trois provinces : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.

[7] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est

[8] Le 2 septembre de l’an 31 av. jc pendant la Dernière Guerre civile de la République romaine, qui suit l’assassinat de Jules César, une grande bataille navale se déroule près d’Actium, sur la côte occidentale de la Grèce, dans le golfe Ambracique, au sud de l’île de Corfou. Elle met aux prises les forces d’Octave et celles de Marc Antoine et Cléopâtre. Elle voit la victoire d’Octave et marque la fin de la guerre civile. Par son ampleur et ses conséquences, la bataille d’Actium est généralement considérée par les historiens comme l’une des batailles navales les plus importantes de l’histoire.

[9] La fonction de proconsul dans la Rome antique correspond à la notion actuelle de gouverneur. Étymologiquement, ce terme vient du préfixe latin pro, à la place de, et consul. Le premier cas de proconsulat historiquement cité par Denys d’Halicarnasse date de 464 av. jc, lorsque Titus Quinctius Capitolinus Barbatus reçut le pouvoir de diriger une armée (imperium) pour aller au secours d’un consul assiégé. Il s’agit alors d’une solution improvisée sous la pression des événements. La fonction réapparaît avec l’agrandissement de la République romaine au 4ème siècle av. jc, lorsqu’un consul doit finir une campagne militaire ou doit gouverner un territoire au-delà de la durée normale de son mandat de consul (un an). Son pouvoir (imperium consulaire) est alors prolongé, en général pour une durée d’un an et toujours sur un territoire précis, le plus souvent une province. Le terme « proconsul » tient au fait que son titulaire exerçait un pouvoir consulaire ; cependant, tous les proconsuls n’étaient pas forcément d’anciens consuls.

[10] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.

[11] Un patricien est durant la période romaine un citoyen qui appartient, par sa naissance, à la classe supérieure ancienne et traditionnelle, et par ce rang détient diverses prérogatives politiques et religieuses. La classe des patriciens se distingue à Rome du reste de la population dite plébéienne.

[12] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.

[13] Le préfet de Rome ou préfet de la Ville est une magistrature romaine non collégiale et non élective, chargée de gouverner la ville. Si les historiens romains mentionnent durant la monarchie romaine et la République archaïque une délégation temporaire et épisodique pour défendre la ville en l’absence des titulaires du pouvoir, la préfecture de Rome n’est une magistrature réelle que sous l’Empire.