Adalbold II d’Utrecht (vers 970-1026)
Évêque d’Utrecht
Il étudie à Liège [1] et fut clerc de la Chancellerie impériale [2]. Il est fait évêque d’Utrecht [3] en 1010. Il a écrit une vie de l’empereur germanique Henri II.
Adelbold était un disciple de l’évêque Notger de Liège au séminaire cathédral de Liège. Il y apprit les mathématiques et l’astronomie puis enseigna lui-même à Liège et à Lobbes [4]. Il était en correspondance avec d’autres érudits comme Hériger de Lobbes et Gerbert d’Aurillac, le futur Sylvestre II. Il était un des clercs de la chancellerie de l’empereur Henri II, tout en bénéficiant du statut d’archidiacre [5] de la cathédrale Saint-Lambert de Liège [6] avant de devenir évêque d’Utrecht [7].
En tant qu’évêque, il prit fait et cause pour Wichman dans la querelle qui l’opposait à Adèle d’Hamaland et au comte Balderik de Drenthe, qui avait élevé une réclamation contre la légitimité des possessions de l’évêque. Après la défaite du comte Balderik, Adelbod se vit attribuer en 1024 le comté de Drenthe [8] par l’empereur ; en 1026 il obtint en outre le comté de Teisterbant [9]. Si les prédécesseurs d’Adelbold avaient déjà reçu plusieurs terres lors de successions, Adelbold fut le premier évêque d’Utrecht à bénéficier de droits comtaux, devenant par là-même Prince évêque, électeur du Saint Empire romain germanique, et fondateur de la principauté d’Utrecht [10].
En tant qu’ami d’Henri II et en tant que porte-parole de l’église il s’opposa à la puissance montante des princes laïcs. C’est ainsi qu’il entra en guerre contre le comte Thierry III de Hollande, qui remporta contre lui en 1018 une victoire éclatante à la bataille de Vlaardingen [11], et négocia les droits seigneuriaux sur les terres bordant la Merwede [12].
L’évêque est surtout connu comme le maître d’ouvrage de l’église d’Adelbold, phase initiale de la cathédrale d’Utrecht. Cette église fut consacrée en 1023. Il se consacra à l’introduction de la Règle de saint Benoît [13] dans le monastère que son prédécesseur Ansfrid avait fondé au sanctuaire d’Amersfoort [14]. Adelbold fut d’ailleurs inhumé dans la crypte de la chapelle de ce monastère.
Adelbold est désigné comme l’auteur d’un traité mystico-philosophique conservé à la Bibliothèque apostolique vaticane où il apparaît sous l’épithète “Adalboldi episcopi ultraiectensis epistola cum tractatu de musica instrumentali humanaque ac mundana”.
Parmi les autres textes qui lui sont attribués, on compte une biographie de l’empereur Henri II, l“a Vita Heinrici”, et un traité de géométrie consacré au calcul du volume de la sphère : “De ratione inveniendi crassitudinem sphæræ”.
Notes
[1] Liège aussi surnommée « La Cité ardente », est une ville francophone de l’est de la Belgique. Elle est le chef-lieu de la province de Liège et la capitale économique de la Wallonie. De 972 à 1795, elle fut la capitale de la principauté de Liège. Du 8ème au 16ème siècle, elle fut le siège du vaste évêché de Liège, héritier de la Civitas Tungrorum.
[2] Le Saint Empire romain germanique, comme il apparaît dans la plupart des sources francophones, est un regroupement politique, aujourd’hui disparu, de terres d’Europe occidentale, centrale et méridionale, fondé au Moyen Âge et appelé du 16ème siècle au 18ème siècle Saint Empire romain de la nation teutonique
[3] L’évêché d’Utrecht, fondé en 696 par le pape Serge 1er, constituait avec les évêchés de Liège et de Cambrai les trois évêchés de la Basse Lotharingie, ayant comme métropolitain l’archevêque de Cologne pour Liège et Utrecht, celui de Reims pour Cambrai, et relevant du Saint Empire. Le siège des évêques d’Utrecht se trouvait dans la cathédrale Saint-Martin d’Utrecht. À partir du 10ème siècle, l’évêque d’Utrecht est également le seigneur temporel d’une principauté, la principauté d’Utrecht. Le dernier évêque souverain fut Henri de Bavière qui, las des révoltes de ses sujets, vendit à Charles Quint en 1528 la domination temporelle de la principauté. Toutefois l’évêché subsista toujours comme pouvoir spirituel ; il fut en 1559 érigé en archevêché.
[4] Lobbes est une commune francophone de Belgique située en Région wallonne dans la province de Hainaut. Elle est située près de la Sambre, un affluent de la Meuse.
[5] Un archidiacre est un vicaire épiscopal à qui l’évêque confie certaines fonctions administratives pour un groupe de paroisses.
[6] La cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert fut la cathédrale de Liège jusqu’en 1794, date du début de sa destruction.
[7] L’évêché d’Utrecht, fondé en 696 par le pape Serge 1er, constituait avec les évêchés de Liège et de Cambrai les trois évêchés de la Basse Lotharingie, ayant comme métropolitain l’archevêque de Cologne pour Liège et Utrecht, celui de Reims pour Cambrai, et relevant du Saint Empire. Le siège des évêques d’Utrecht se trouvait dans la cathédrale Saint-Martin d’Utrecht. À partir du 10ème siècle, l’évêque d’Utrecht est également le seigneur temporel d’une principauté, la principauté d’Utrecht. Le dernier évêque souverain fut Henri de Bavière qui, las des révoltes de ses sujets, vendit à Charles Quint en 1528 la domination temporelle de la principauté. Toutefois l’évêché subsista toujours comme pouvoir spirituel ; il fut en 1559 érigé en archevêché.
[8] La Drenthe est une province du nord-est des Pays-Bas, dont le chef-lieu est Assen. Elle est bordée par l’Overijssel au sud, la Frise à l’ouest, la Groningue au nord, ainsi que l’Allemagne à l’est (districts d’Emsland et de Bentheim).
[9] Le Teisterbant était un pagus de Lotharingie. Il était situé sur la Meuse, le Waal et le Rhin. Il était voisin de la Frise occidentale à l’ouest et au nord, du Maasgau et de la Toxandrie au sud et de la Betuwe à l’est. Le traité de Meerssen en 870 indique qu’à l’époque le Teisterbant constituait un comté et qu’il se trouvait dans la part de Louis le Germanique. Au 10ème siècle le Teisterbant fut rattaché aux possessions des descendants de Gérulf II. Waldger, son fils, y eut le comitatus jusque vers 944. Les Ansfrid, qui dominaient dans la Betuwe, acquirent probablement ensuite le Teisterbant. À la fin du 10ème siècle le comte de Teisterbant était Ansfrid. Vers le commencement du 11ème siècle, quand Ansfrid devint évêque d’Utrecht, un de ses cousins nommé Unroch devint comte du Teisterbant et de la Veluwe. Une notable portion du comté fut alors distraite en faveur de l’église d’Utrecht
[10] La principauté d’Utrecht ou évêché d’Utrecht est un État du Saint Empire romain germanique. Au 11ème siècle, les évêques d’Utrecht obtiennent l’immédiateté impériale comme seigneurs temporels de la principauté épiscopale. Leur siège était la cathédrale Saint-Martin à Utrecht. Les frontières de la principauté et du diocèse d’Utrecht fondé en 695, suffragant de la province ecclésiastique de Cologne, ne coïncidaient pas. À la suite des troubles de la Réforme protestante, le dernier prince-évêque d’Utrecht cède son administration à l’empereur Charles Quint en 1528.
[11] La bataille de Flardingue (Vlaardingen), survenue le 29 juillet 1018, vit la déroute de l’armée envoyée par l’empereur romain germanique pour déposer le comte rebelle Thierry III de Hollande. Trois chroniques contemporaines de l’événement nous donnent le récit de cet affrontement : le De diversitate temporum du moine Albert de Metz, le Chronicon de l’évêque Dithmar de Mersebourg, et la Chronique des évêques de Cambrai. Des fouilles archéologiques récentes permettent de mieux comprendre l’importance de Flardingue au 11ème siècle.
[12] La Merwede est une rivière néerlandaise faisant partie du delta de la Meuse et du Rhin. Il s’agit du cours inférieur du Waal.
[13] L’ordre de Saint-Benoît, plus connu sous le nom d’ordre des Bénédictins, est une fédération de monastères ayant, au cours de leur histoire, adopté la règle de saint Benoît. Ainsi saint Benoît de Nursie en est-il considéré comme le fondateur en 529.
[14] Amersfoort est une agglomération et la seconde plus grande ville de la province d’Utrecht sur le fleuve Eem aux Pays-Bas. Située au carrefour de deux lignes de train parmi les plus grandes du pays (est-ouest et nord-sud), c’est un des principaux nœuds ferroviaires des Pays-Bas.