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L’histoire pour le plaisir

Ippolito Desideri

mercredi 27 avril 2022, par ljallamion

Ippolito Desideri (1684-1733)

Missionnaire jésuite italien

Né à Pistoia [1]. Il fut le premier Européen à résider à Lhassa [2], au Tibet [3] et à pouvoir comprendre la langue et apprécier la culture tibétaine.

Il dut quitter le Tibet contre sa volonté, par décision de la Propaganda Fide  [4] qui avait confié ce pays comme territoire missionnaire aux Capucins [5].

Né dans une famille assez prospère de Pistoia, en Toscane [6], il fit ses études au collège jésuite de Pistoia, et, le 27 avril 1700, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus [7]. À la fin de la période de formation spirituelle il étudie au Collège Romain de Rome [8]. De 1706 à 1710, il enseigna la littérature dans les collèges jésuites de Orvieto [9] et Arezzo [10], et plus tard au Collège romain lui-même où il fait également la théologie. Il est ordonné prêtre le 28 août 1712.

Il s’offre pour la mission des Indes. Cette offre est acceptée par le Supérieur Général de la Compagnie de Jésus [11], Michelangelo Tamburini , en 1712. Il est affecté à la réouverture de la mission du Tibet [12], qui était sous la juridiction de la Province jésuite de Goa [13].

Desideri quitte Rome le 27 septembre 1712, et s’embarque pour l’Orient à Lisbonne [14] sur un navire portugais, arrivant à Goa un an plus tard. De Goa il voyage à Surate [15], Ahmedabad [16], Rajasthan [17] et Delhi [18], arrivant le 15 septembre 1714 à Âgrâ [19], capitale de l’empire mogol [20] et siège de la mission jésuite en Inde du Nord [21].

De là il revient à Delhi, où il rencontre son supérieur religieux et compagnon de voyage, le Portugais Manoel Freyre. Ensemble, ils voyagent de Delhi à Srinagar [22] dans le Cachemire [23] où ils restent 6 mois, Desideri souffrant d’une maladie intestinale qui lui fut presque fatale. Du Cachemire il passe au royaume du Ladakh [24] : il arrive à Leh [25] à la fin de juin 1715.

D’après Desideri, ils sont bien accueillis par le roi du Ladakh et sa cour. Il souhaitait y rester pour y fonder une mission, mais, leur mission étant le Tibet, son supérieur, Freyre, impose la continuation du voyage vers le Tibet central.

Ils entreprennent ainsi un périlleux voyage, mal préparés et inexpérimentés. Leur survie est probablement due à l’aide reçue de Casal, le gouverneur Mongol et veuve de l’ancien gouverneur de Ü-Tsang [26], qui quittait son poste et retournait à Lhassa. Ils se joignent à sa caravane, et arrivent enfin à Lhassa, le 17 mars 1716. Au bout de quelques semaines Freyre repart en Inde, via Katmandou [27] et Patna [28] et Desideri est laissé seul, responsable de la mission.

Peu après son arrivée à Lhassa, Desideri est reçu en audience par le souverain mongol qoshot du Tibet [29], Lkhazan Khan , qui lui donne la permission d’acheter une maison à Lhassa, un rare privilège accordé à un étranger. De plus il est autorisé à pratiquer et à enseigner le christianisme.

Après la lecture de premiers travaux de Desideri en tibétain, sur les fondements de la doctrine catholique, Lhazang Khan lui conseille d’améliorer la langue et de se mettre à l’école des religieux bouddhistes tibétains et de la littérature philosophique. Après quelques mois d’études intensives, il entre à l’université monastique de Sera [30], l’une des trois grands sièges de l’apprentissage de la politique engagée Gelugpa [31]. Là, il étudie et discute avec des moines tibétains et des savants.

On lui permet d’avoir une chapelle chrétienne dans son appartement. Il améliore sa connaissance de la langue alors inconnue des Européens. Son intérêt et admiration pour la langue, religion et culture tibétaines va croissant.

À la fin de 1717, il est contraint de quitter Lhassa en raison de troubles causés par l’invasion des Mongols Dzoungars [32]. Il se retire dans la province de Dakpo [33], dans le sud du Tibet central, mais il revient régulièrement à Lhassa durant la période 1719/1720. Entre 1718 et 1721, il compose 5 traités en tibétain, dans lesquelles il expose la foi et doctrine chrétiennes et tente de réfuter les concepts dharmique [34] de Karma [35] qu’il dénomme métempsycose. Dans ces livres, Desideri utilise les techniques du bouddhisme tibétain de l’argumentation scolastique, et accepte ce qui, dans le bouddhisme, ne lui semble pas contraire à l’enseignement catholique, en particulier en philosophie morale.

Desideri est le premier à tenter une explication du mantra [36] d’origine sanskrits Om mani padme hum [37], invocation incessamment répétée par les moines, et qui avait déjà fort intrigué ses prédécesseurs jésuites au Tibet.

À l’insu des jésuites la mission du Tibet avait, en 1703, été confiée aux missionnaires italiens de l’Ordre des Capucins par la Propaganda Fide. Trois Capucins arrivent à Lhassa en octobre 1716, et présentent des documents à Desideri confirmant leur droit exclusif à travailler au Tibet. Comme Desideri ne souhaite pas partir il est accusé de désobéissance au Saint-Siège. L’affaire remonte à Rome.

Dans l’entretemps Desideri aide les religieux capucins à s’acclimater au Tibet. Bien que les Capucins n’aient pas de querelle personnelle avec Desideri, ils craignent que d’autres jésuites ne viennent. Ils demandent son expulsion du pays.

En 1720 les mandchous [38] conquièrent Lhassa mais ces derniers reprirent Lhassa le 24 septembre 1720, sous le règne de Qing Kangxi et y remirent le 7e dalaï-lama Kelzang Gyatso sur le trône le 16 octobre.

En janvier 1721, Desideri reçoit l’ordre de quitter le Tibet et de revenir en Inde. Après un long séjour à Kuti, à la frontière tibéto-népalaise, il arrive à Agra en 1722.

À Âgrâ, Desideri est nommé pasteur principal de la communauté catholique de la capitale mogole de Delhi. Il organise l’éducation et construit une nouvelle église pour remplacer l’ancien édifice devenu vétuste. En 1725, il se trouve dans la mission jésuite du Malabar [39], à Pondichéry [40], et se met à l’apprentissage de la langue tamoule. En 1727, il est envoyé à Rome pour promouvoir la cause de la béatification de Jean de Britto , un jésuite portugais, mort martyr en Inde du Sud. Il prend avec lui ses notes très détaillées sur le Tibet, sa culture et sa religion, et commence à préparer un livre alors qu’il était sur le navire de retour en Europe.

Il débarque en France en août 1727. Après un séjour dans ce pays, où il rencontre nombre de personnalités importantes et a une audience, avec le roi Louis XV , il arrive à Rome en janvier 1728. Il prend résidence à la maison professe des Jésuites. Il passe une bonne partie de son temps auprès de la Propaganda Fide à défendre la présence des jésuites au Tibet, contre Felice di Montecchio, qui défendait les vues des Capucins. Le 29 novembre 1732, la Propaganda Fide rend un verdict laconique et définitif sur la question : la mission est confiée aux pères Capucins ; ils sont les seuls missionnaires à pouvoir œuvrer et résider au Tibet.

Desideri travaille durant ce temps à une Relation sur le Tibet et en avait préparé la publication. Ce fut interdit par la Propaganda Fide. Le manuscrit de cet ouvrage monumental, comprenant un compte rendu de la géographie du Tibet, son gouvernement, l’agriculture, les coutumes et la philosophie bouddhiste tibétaine, a été préservé dans les archives de la Compagnie de Jésus à Rome et dans une collection privée.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de E.G. Bargiacchi, Ippolito Desideri S.J. : Opere e bibliografia, Rome, 2007

Notes

[1] Pistoia est une ville située dans la province de Pistoia en Toscane (Italie). À la fin du 5ème siècle, sous domination byzantine, Pistoia avait son propre évêque, preuve du développement de la ville. Même chose plus tard quand la région fut conquise par les Lombards, qui installèrent aussi dans la ville un administrateur royal appelé gastaldo. En 1254, Pistoia, ville gibeline, fut conquise par Florence guelfe, mais cela provoqua la division des Guelfes en factions noire et blanche. Pistoia resta sous contrôle florentin, sauf pendant une période brève au 14ème siècle, quand Castruccio Castracani la conquit pour Lucques, et fut officiellement annexée par Florence en 1301.

[2] Lhassa, capitale du royaume du Tibet depuis le 7ème siècle, puis de l’Ü-Tsang à partir de l’ère de la fragmentation fut le siège du gouvernement religieux puis politique du Ganden Phodrang, sous le règne religieux du Lozang Gyatso, 5ème dalaï-lama et temporel du Mongol qoshot Güshi Khan roi du Tibet sous le Khanat qoshot, sous la tutelle mandchoue de la dynastie Qing, puis sous le Tibet indépendant du 13ème dalaï-lama, au début du 20ème siècle, est actuellement le chef-lieu de la région autonome du Tibet, région autonome de la République populaire de Chine, appelée plus couramment Tibet, bien qu’elle ne couvre qu’environ la moitié du Tibet durant l’apogée de l’Empire du Tibet de 629 à 877.

[3] Le Tibet est une région de plateau située au nord de l’Himalaya en Asie, habitée traditionnellement par les Tibétains et d’autres groupes ethniques (Monbas, Qiang et Lhobas) et comportant également une population importante de Hans et de Huis. Le Tibet est le plateau habité le plus élevé de la planète, avec une altitude moyenne de 4 900 m. Au 7ème siècle, le Tibet unifié est fondé par Songtsen Gampo, qui crée par la guerre un vaste et puissant empire, qui, à son apogée, s’étend sur une bonne partie de l’Asie y compris certaines parties de la Chine

[4] la Congrégation du Saint-Siège supervisant l’activité missionnaire dans le monde

[5] Les Frères mineurs capucins forment l’une des trois branches masculines du premier ordre religieux de la famille franciscaine, approuvé comme institut religieux de droit pontifical en 1528 par le pape Clément VII. De nombreux frères provenant presque tous de la branche de l’Observance et séparée de celle des Conventuels ont rallié alors ce nouvel ordre. Ils sont ainsi nommés du capuce ou capuchon dont ils couvrent leur tête. Les capucins sont aujourd’hui au nombre de 10 286, répartis à travers le monde.

[6] La Toscane, dirigée d’abord par des margraves et des marquis aux 9ème et 10ème siècles, devint un ensemble de cité-États à statut républicain-oligarchique. Au 15ème siècle, avec Cosme de Médicis, elle est progressivement réunifiée dans une seule entité politique et passe entre les mains de la famille des Médicis, l’une des plus puissantes durant la Renaissance. Cette famille a gouverné la Toscane du 15ème au 18ème siècle.

[7] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[8] L’université pontificale grégorienne, dite la Grégorienne, est une université pontificale romaine dirigée par les Jésuites, et dépendant du Saint-Siège. La première école des jésuites fondée en 1551 par Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus, se situe via dell’Araceli, au versant du Capitole et se nomme le Collège romain. En 1581, le pape Grégoire XIII a voulu donner un nouveau siège au Collège des jésuites. Il confia donc à l’architecte Bartolomeo Ammannati la construction d’un nouvel édifice plus grand et non loin de l’ancien, inauguré le 28 octobre 1584. Le souverain pontife fut considéré comme le fondateur et père du Collège romain qui fut divisé en deux instituts : le Collège grégorien et l’Université grégorienne. Dans le nouveau siège, nommé le Collège romain, le nombre des disciplines enseignées avait nettement augmenté. En quelques années, le nombre d’étudiants dépassa les 2000 : la chapelle universitaire, ne réussissant plus à accueillir un aussi grand nombre, fut démolie et on construisit l’actuelle église Saint-Ignace-de-Loyola entre 1626 et 1650.

[9] Orvieto est une commune italienne, située dans la province de Terni et la région d’Ombrie, en Italie centrale. La ville d’Orvieto se trouve dans la partie sud-occidentale de l’Ombrie, dans la province de Terni, à la frontière avec la province de Viterbe dans le Latium. Orvieto est installée sur un rocher de tuf volcanique, à 325 m d’altitude, elle y domine la vallée où coulent le Paglia et son affluent Chiani avant que le Paglia ne se jette dans le Tibre.

[10] Arezzo est une ville italienne, chef-lieu de la province d’Arezzo, dans la région Toscane.

[11] La Compagnie de Jésus, plus connue sous le nom de ses membres, les jésuites, est dirigée par un Praepositus Generalis, mot latin qui désigne un préposé général ou supérieur général, communément appelé « père général » ou « général », élu à vie à la tête de l’ordre. Il a une grande autorité, de type exécutif, sur la Compagnie. L’autorité suprême de l’ordre ou pouvoir législatif est détenue par les congrégations générales. Le rôle du supérieur général, son mandat et ses pouvoirs sont définis par les « constitutions » de l’ordre (9e et 10e parties) et les décrets ou instructions qui lui sont donnés par les congrégations générales.

[12] La mission jésuite au Tibet commença avec l’arrivée de Antonio de Andrade à Tsaparang (Royaume de Guge, au Tibet occidental) en 1624, et se termina lorsque l’évangélisation du Tibet fut officiellement confiée aux pères capucins par la Propaganda Fide, en 1704

[13] Goa est un État de la côte sud-ouest de l’Inde. Contrôlé par les Portugais à partir du début du XVIe siècle, il a été repris par l’Inde en 1961. L’état de Goa, situé sur la mer d’Arabie s’étend sur 3 702 km² et possède 101 km de côtes. Goa borde l’État du Maharashtra au Nord et l’État du Karnataka au Sud et à l’Est. Le Sonsogor est le point culminant avec une altitude de 1 167 m.

[14] Lisbonne est la capitale et la plus grande ville du Portugal. Lisbonne est prise par les Maures vers 719 et est rebaptisée al-ʾIšbūnah, sous le gouvernement desquels la ville prospère. Les Maures, qui étaient des musulmans du nord de l’Afrique et du Proche-Orient, construisent plusieurs mosquées, des habitations et les murailles de la ville, actuellement appelées Cerca Moura. La ville abrite une population mélangée de chrétiens, de berbères, d’arabes, de juifs et de saqālibas. L’arabe est imposé comme langue officielle. Le mozarabe reste parlée par la population chrétienne. L’islam est la religion officielle, pratiquée par les Maures et les muladís, alors que chrétiens et juifs peuvent pratiquer leur religion, en qualité de dhimmis’, à condition d’acquitter la djizîa.

[15] Surate est une ville de l’État du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde et le chef-lieu administratif du district de Surat. Elle est située à 265 km kilomètres au sud d’Ahmedabad, plus grande ville du Gujarat, et à 289 km au nord de Mumbai.

[16] Ahmedabad est la principale ville de l’État du Gujarat, au nord-ouest de l’Inde. Elle fut la capitale de l’État de 1960 à 1970, date à laquelle cette dernière fut déplacée à Gandhinagar. Située sur les rives de la rivière Sabarmati

[17] Le Rajasthan est un État du nord-ouest de l’Inde. Sa capitale est Jaipur. Il est bordé à l’ouest par le Pakistan, au nord par le Pendjab, au nord-est par le Haryana et l’Uttar Pradesh, au sud-est par le Madhya Pradesh et au sud-ouest par le Gujarat.

[18] Delhi est une ville et un territoire du nord de l’Inde, contenant en son sein New Delhi, la capitale du pays. Delhi est située sur les bords de la rivière Yamuna, et est depuis longtemps une ville importante, placée sur les routes de commerce du nord-ouest aux plaines du Gange. Elle a été la capitale historique de plusieurs empires indiens. Delhi est notamment rattachée à l’Empire moghol en 1526 après la victoire du prince Babur face au dernier sultan de Delhi. Les Moghols établissent leur capitale dans la partie de la ville maintenant connue comme le Old Delhi (vieux Delhi). Elle reste capitale jusqu’en 1707 et la défaite des Moghols face aux Marathas. Au début du 20ème siècle, pendant la colonisation britannique, le gouvernement britannique décide de déplacer la capitale de Calcutta, jugée trop excentrée, vers la ville de Delhi : New Delhi est ainsi construite au sud de la vieille ville et devient la capitale de l’Empire britannique des Indes en 1911.

[19] Agra est une ville située dans l’État de l’Uttar Pradesh en Inde, chef-lieu de l’une des 18 divisions territoriales de cet État et du District d’Agra. Parmi ses nombreux monuments, elle compte notamment le Taj Mahal, le Fort rouge et, à proximité, Fatehpur-Sikri. La ville actuelle est fondée en 1501-1504 par Sikandar Lodi, le sultan de Delhi, qui en fait sa capitale. Lorsque Babur, premier empereur moghol, bat le sultan de Delhi, il s’empare d’Agra en 1526 et son petit-fils Akbar lui rend son statut de capitale en 1556. Du milieu du 16ème siècle au milieu du 17ème , la ville connaît son apogée sous les règnes successifs d’Akbar, Jahângîr et Shâh Jahân. La ville compte alors 700 000 habitants. C’est Shâh Jahân qui fait construire le Taj Mahal en 1631 avant de transférer la capitale de l’empire à Delhi.

[20] L’Empire moghol est fondé en Inde par Babur, le descendant de Tamerlan, en 1526, lorsqu’il défait Ibrahim Lodi, le dernier sultan de Delhi à la bataille de Pânipat. Le nom « Moghol » est dérivé du nom de la zone d’origine des Timourides, ces steppes d’Asie centrale autrefois conquises par Genghis Khan et connues par la suite sous le nom de « Moghulistan » : « terre des Mongols ». Bien que les premiers Moghols aient parlé la langue tchaghataï et conservé des coutumes turco-mongoles, ils avaient pour l’essentiel été « persanisés ». Ils introduisirent donc la littérature et la culture persanes en Inde, jetant les bases d’une culture indo-persane. L’Empire moghol marque l’apogée de l’expansion musulmane en Inde. En grande partie reconquis par Sher Shâh Sûrî, puis à nouveau perdu pendant le règne de Humâyûn, il se développe considérablement sous Akbar, et son essor se poursuit jusqu’à la fin du règne d’Aurangzeb. Après la disparition de ce dernier, en 1707, l’Empire entame un lent et continu déclin, tout en conservant un certain pouvoir pendant encore 150 ans.

[21] La Mission jésuite de Moghol (ou Mogol) est une œuvre d’évangélisation chrétienne entreprise par les Jésuites en Inde du Nord. Arrivés en 1580 à Fatehpur-Sikri comme invités personnels de l’empereur Akbar lui-même, les jésuites résidèrent à Agra durant près de deux siècles. Ils furent remplacés par les Pères Carmes lorsque la Compagnie de Jésus fut supprimée en 1773. Les Capucins prirent la relève en 1820 lorsque la mission devint le vicariat apostolique du Tibet-Hindustan.

[22] Srinagar est une ville du nord-ouest de l’Inde, capitale d’été du territoire de l’Union du Jammu-et-Cachemire, la capitale d’hiver étant Jammu. Srinagar est située dans la vallée du Cachemire, à 1 585 mètres d’altitude, sur le lac Dhal formé par la rivière Jhelum et ses affluents.

[23] Le Cachemire est une région montagneuse du sous-continent indien. On désigne sous ce vocable, depuis la partition des Indes et la disparition de la principauté du Jammu-et-Cachemire, l’ensemble du territoire qui constituait cette dernière. Le Cachemire était autrefois un pays d’apprentissage du bouddhisme, peut-être avec l’école dominante de Sarvāstivādan. Les moines bouddhistes d’Asie centrale ont visité le royaume. À la fin du 4ème siècle de notre ère, le célèbre moine Kuchanese Kumārajīva, né d’une famille noble indienne, a étudié Dīrghāgama et Madhyāgama au Cachemire sous Bandhudatta. Il est devenu plus tard un traducteur prolifique qui a aidé à répandre le bouddhisme en Chine. Sa mère Jiva semble avoir pris sa retraite au Cachemire. Vimalākṣa, un moine bouddhiste, s’est rendu à Kucha au Cachemire. Il a modifié Kumārajīva en Vinayapiṭaka.

[24] Le Ladakh est une région de culture tibétaine qui forme un territoire de l’Union indienne. Également appelé le Petit Tibet, Tibet indien ou Tibet occidental, le Ladakh a pour religions principales le bouddhisme tibétain pour 40 % de la population et l’islam pour 46 % de la population en 2009. Sa ville la plus importante est Leh

[25] Leh est une ville du territoire de Ladakh en Inde, dans le district du même nom. Située à 3 500 m d’altitude, dans la vallée de l’Indus, Leh est la capitale et la plus importante ville de la région du Ladakh.

[26] L’Ü-Tsang ou bar ütsang rushyi, est l’union des deux provinces du Tibet que sont l’Ü et le Tsang. Dans la culture géographique traditionnelle tibétaine, le Tibet est divisé en trois régions, le Tibet occidental ou Tibet septentrional appelé Ngari Korsum, l’aire central du Tibet-Tsang Ü-Tsang, incluant les vallées et citées de Lhasa, Yarlng, Shigatse et Gyantse, et enfin le Tibet oriental et méridional, le Dokham, composé de l’Amdo et du Kham

[27] Katmandou, parfois appelée Kantipur du nom de l’ancienne cité-État, est la capitale politique et religieuse du Népal dont elle est également la plus grande ville ainsi que le chef-lieu du district du même nom. Les premiers habitants de Katmandou étaient des Newars et parlaient le nepâlbhâsa qui est une langue très répandue parmi les différentes communautés ethniques résidant à Katmandou. La ville s’élève à 1 350 mètres d’altitude au confluent de deux rivières : la Bagmati et la Bishnumati. Elle est entourée d’une couronne de montagnes de taille moyenne (3 000 mètres au maximum) dans les contreforts de l’Himalaya ; ce qui explique qu’on parle de la vallée de Katmandou (administrativement connue sous le nom de zone de la Bagmati, « Bagmati anchal ») qui comprend aussi Patan et Bhaktapur

[28] Patna est la capitale de l’État du Bihar, dans le nord-est de l’Inde. La ville était auparavant connue sous les noms de Kusumpura, Pushpapura, Pāṭaliputra et Azeemabad.

[29] Le khanat qoshot ou khanat khoshuud également appelé Khochotie par les français en 1836 est un Khanat mongol établit par les Qoshots-Oïrats qui contrôlèrent le Qinghai et le Tibet central à la fin de la Dynastie Ming et au début de l’ère de la Dynastie Qing.

[30] Le monastère de Séra ou Sera est l’une des trois grandes universités monastiques gelugpa du Tibet. Les deux autres grands monastères gelugpa sont Drepung et Ganden. Le monastère est à 5 km au nord du Jokhang à Lhassa, dans la région autonome du Tibet. Il est toujours en activité aujourd’hui mais un monastère de même nom a été refondé en exil, en Inde du Sud, à Bylakuppe

[31] L’école gelug, guéloug, geluk, guéloukpa ou guélougpa surnommée secte ou école des bonnets jaunes, est la plus récente des quatre lignées du bouddhisme tibétain. La tradition gelug fut fondée par Tsongkhapa, à partir des traditions de l’époque, en particulier kadampa dont gelug a repris le nom (nouveau kadampa). Elle visait à subordonner les pratiques tantriques à la formation textuelle de base (sutras et philosophie), et prôner un célibat strict, à savoir le monachisme. Le nom de gelug est généralement interprété comme « vertueux », mais certains y ont vu la contraction de Geden lug ou Ganden Lug signifiant « tradition de Ganden », traduction en tibétain de Tushita et nom de son premier monastère. C’est le ganden tripa, et non le dalaï-lama, qui est à la tête de l’école gelugpa

[32] Le nom de Dzoungars ou Züüngars également parfois nommés Tchoros (l’un de ses clans), fait référence aux tribus mongoles (parmi les tribus Oïrats) qui formèrent et peuplèrent ce qu’on appela après leur arrivée la Dzoungarie, région située entre l’Altaï et le Tian Shan, actuellement en territoire chinois, aux 17ème et 18ème siècles. Historiquement, ils ont été l’une des principales tribus de la confédération des Quatre Oïrats. Dzoungar, le "bras gauche", sont les Mongols occidentaux (zuun signifiant pourtant à la fois gauche et oriental). Ils sont appelés ainsi par opposition aux Mongols orientaux, également appelés les Baruungar

[33] Le Dakpo est une région située au sud-est de l’Ü et de Lhassa, à proximité du Kongpo, au Tibet. L’histoire du Dagpo, décrite dans les Blue Annals, est d’importance pour l’école kagyu du bouddhisme tibétain. La région comporte de nombreux monastères tibétains et des moines célèbres. Le 13e dalaï-lama, Thubten Gyatso, est né dans le Dagpo. Le Dagpo se trouve dans l’actuelle préfecture de Shannan de la région autonome du Tibet.

[34] Le dharma désigne l’ensemble des normes et lois, sociales, politiques, familiales, personnelles, naturelles ou cosmiques. Le terme peut renvoyer à un « enseignement », religieux ou pas, en particulier celui du Bouddha. Il est aussi parfois traduit, en Occident, par « religion », sans pour autant que les croyances originellement indiennes, à savoir l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme lui attribuent une signification équivalente au concept occidental. Enfin, dans la mythologie hindoue, c’est un sage (rishi) personnifiant la justice et l’ordre naturel

[35] Karma ou karman ou kamma en pali, est l’action sous toutes ses formes, puis dans un sens plus religieux l’action rituelle. C’est aussi une notion désignant communément le cycle des causes et des conséquences liées à l’existence des êtres sensibles. Il est alors la somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire ou fera. Dans les religions orientales ayant adopté le concept de renaissance (parfois nommée réincarnation ou transmigration), lié au fait que les êtres renaissent en fonction de la nature et de la qualité de leurs actes dans cette vie-ci, mais aussi dans d’autres vies qui se sont déroulées antérieurement. Ainsi tout acte (karma) induit des effets censés se répercuter sur les différentes vies d’un individu, formant ainsi sa destinée

[36] Un mantra est une formule sacrée ou invocation utilisée dans l’hindouisme, le bouddhisme, le sikhisme et le jaïnisme. On trouve les premiers mantras en sanskrit védique dans le Rig-Véda, qui sont utilisés à des fins rituelles. Leur usage a par la suite été systématisé dans le tantrisme en tant qu’instrument de salut. Depuis l’Inde, ils se sont répandus avec le bouddhisme, au Tibet, en Asie du Sud-Est et en Extrême-Orient. De nos jours, ils sont aussi utilisés en Occident à des fins spirituelles ou méditatives.

[37] Parfois suivi d’une septième syllabe ayant pour diminutif maṇi, est un des plus célèbres mantras du bouddhisme, issu de sa branche mahāyāna. C’est le mantra des six syllabes du bodhisattva de la compassion Avalokiteśvara. Il est donc également nommé mantra de la grande compassion (mahākaruṇā). Il est considéré comme important dans le bouddhisme tibétain, et a été popularisé au Tibet par Karma Pakshi, le 2ème karmapa au 13ème siècle.

[38] À l’origine, les Mandchous se nommaient Jürchen. Ce peuple, une des branches des peuples toungouses, se forma au 11ème siècle, renversa en 1115-1125 la dynastie Liao, qui régnait sur la Chine du Nord et provenait du peuple des Khitans, également originaire de Mandchourie, et fonda à la place la dynastie Jin. Leur langue était également une forme ancienne du mandchou. Sous le règne de Sejong le Grand de la dynastie coréenne Joseon, il se font repousser de la péninsule coréenne, jusqu’au fleuve Yalou.

[39] La Mission jésuite du Maduré est une œuvre d’évangélisation chrétienne entreprise par la Compagnie de Jésus dans la partie sud-est de l’Inde appelée Maduré (aujourd’hui Madurai, dans le Tamil Nadu). Il y a l’ancienne mission (de l’époque de Saint François-Xavier à la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773), et la nouvelle mission, qui reprit en 1837, après la restauration de la Compagnie de Jésus (en 1814).

[40] Pondichéry ou Puducherry est une ville du Sud-Est de l’Inde, capitale du territoire de Pondichéry et principale ville du district de Pondichéry, enclavée au Tamil Nadu. Ce fut la capitale de l’Inde française.