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Richard de Mandra

mardi 19 avril 2022, par ljallamion

Richard de Mandra

Baron italo normand du royaume de Sicile

Le royaume de Sicile en 1154Personnage important de la Cour sous les règnes des rois Guillaume 1er et Guillaume II de Sicile.

Richard de Mandra apparaît dans les années 1150 au début du règne tumultueux du roi Guillaume 1er de Sicile, lorsque ce dernier doit faire face à une grave révolte de barons qui n’ont pas hésité à s’allier à l’Empire byzantin [1]. En 1160 et 1161, lorsqu’une nouvelle révolte de barons éclate, Richard prend le parti des chefs rebelles Simon de Tarente , demi-frère du roi Guillaume, Tancrède de Lecce , neveu du roi, et Roger Sclavo , comte des Lombards de Sicile [2]. Les barons rebelles songeaient à renverser le roi et à porter au pouvoir son fils Roger, un enfant âgé de 9 ans.

Lorsqu’en mars 1161 les rebelles réussissent à rentrer dans Palerme [3], capitale du royaume, et à pénétrer de force dans le palais royal, le roi Guillaume, panique, tente vainement de fuir. Des barons normands foncent sur lui pour le massacrer mais Richard de Mandra sauve la vie du roi en s’interposant à temps. Le roi sera épargné mais brièvement emprisonné.

Lorsque le roi reprit la situation en main, il punit sévèrement les rebelles et récompensa Richard de Mandra en le faisant connétable [4].

À la mort du roi en 1166, qui laisse pour successeur un adolescent, Guillaume, Richard de Mandra reste proche du pouvoir et il est bientôt nommé chancelier [5] du royaume par la reine Marguerite de Sicile.

L’aristocratie avait en effet réclamé un représentant dans le conseil du roi et le caïd Pierre décida la reine Marguerite à donner satisfaction à cette demande. En choisissant le connétable Richard, Marguerite s’assura l’appui de tous les chevaliers mercenaires dont Richard avait le commandement.

En 1167, il est accusé d’avoir une relation intime avec la reine, peut-être une invention de la part de ses détracteurs, parmi lesquels Gilbert de Gravina , jaloux de son pouvoir et de son influence auprès de cette dernière.

À partir de 1168, on retrouve Richard de Mandra à la tête du grand comté de Molise [6], succédant au comte Hugues.

La même année, il est accusé par 2 barons, Bohémond II de Tarse et Robert de Lauro ou Robert de Caserte , de conspirer contre le chancelier Étienne du Perche, et de détenir injustement la place de Mandra et d’avoir usurpé diverses possessions de la couronne.

Bohémond s’offrit même à prouver par le duel judiciaire que Richard était un comploteur. Ce dernier se défendit avec énergie et nia avoir pris part au complot formé contre la vie du chancelier, mais dut passer devant un tribunal ; reconnu coupable, Richard de Mandra injuria les juges et aggrava son cas. Il fut emprisonné à Taormine [7].

Peu de temps après, une révolte populaire éclate à Messine [8]. Les Français, venus en Sicile avec Étienne du Perche, sont massacrés. Certains barons, hostiles au jeune chancelier, en profitent pour se joindre à la révolte. Des rebelles allèrent assiéger Taormine et libérèrent Richard de Mandra qui s’allia aux chefs de la rébellion composés notamment de Roger, comte de Geraci [9] et du comte Henri de Montescaglioso .

Devant l’ampleur de la révolte, Étienne du Perche fut forcé de quitter le pouvoir et la Sicile. Après son départ, Richard de Mandra et d’autres chefs de la révolte débarquèrent victorieux à Palerme avec 23 galères. Ils instituèrent auprès de la reine Marguerite un décemvirat [10]

Il est encore cité dans un diplôme daté de mai 1169.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du livre de John Julius Norwich, The Kingdom in the Sun, 1130-1194, Longman : London, 1970.

Notes

[1] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[2] Les Lombards de Sicile, appelée aussi gallo-italiques de Sicile (en italien : Lombardi di Sicilia ou gallo-italici di Sicilia), sont une minorité ethnolinguistique installée en Sicile. Elle descend de plusieurs groupes de soldats lombards, originaires du nord de l’Italie et arrivés au cours du Moyen Âge.

[3] Palerme est une ville italienne, chef-lieu et plus grande ville de la région Sicile Elle se situe dans une baie sur la côte nord de l’île.

[4] Connétable était une haute dignité de nombreux royaumes médiévaux. Selon les pays, son rôle était généralement de commander l’armée et de régler les problèmes entre chevaliers ou nobles, via un tribunal spécial, comme la Court of Chivalry anglaise ou la juridiction du point d’honneur française. Parfois, il avait aussi un pouvoir de police. Le connétable était secondé par un ou plusieurs maréchaux. La fonction de connétable n’est pas une tenure, mais une fonction de ministérial.

[5] Chancelier est un titre officiel attribué dans de nombreuses sociétés dérivées de l’Empire romain. La fonction d’un chancelier peut être très variable.

[6] Le Molise ou Molisé est une région d’Italie du sud, créée au 11ème siècle. À partir du 12ème siècle, la région fait partie du royaume de Sicile. Dans les années 1160, le comte du Molise Richard de Mandra a une forte influence sur la reine et régente Marguerite de Sicile. En 1221, Frédéric II en fait le comté de Molise.

[7] Taormine est une commune de la ville métropolitaine de Messine en Sicile (Italie). Les Itinéraires placent Tauromenium à 40 km de Messine et à la même distance de Catane. La ville demeure une des plus importantes villes de Sicile après la chute de l’Empire d’Occident. Grâce à sa position de force, elle fut l’une des dernières places fortes à demeurer aux mains de l’Empire byzantin dans la région. Mais la ville fut prise par les Sarrasins en 902 après un siège de 2 ans, et fut totalement détruite. La ville résista farouchement et ce n’est que sous la pression de l’émir aghlabide Ibrahim II lui-même, qui venait d’abdiquer au profit de son fils pour se consacrer à la guerre sainte en Sicile, que la cité finit par tomber

[8] Messine est une ville italienne, chef-lieu de la province de même nom en Sicile. Messine est située à l’extrémité nord-est de la Sicile, sur la rive occidentale du détroit de Messine qui sépare la péninsule italienne (la pointe de Calabre) de la Sicile. La ville de Reggio di Calabria est située de l’autre côté du bras de mer.

[9] Geraci Siculo (Jiraci en sicilien) est une commune italienne de la province de Palerme, dans la région Sicile, en Italie.

[10] conseil composé de 10 familiers