Alain Canhiart (vers 1000-1058)
Comte de Cornouaille de 1020 à 1058
Fils de Benoît de Cornouaille comte et évêque de Cornouaille . Sa mère Guigoëdon ou Guiguoedon est la fille d’Orscand l’évêque de Vannes [1] qui appartient à la famille du roi Alain de Bretagne. Il est père d’Hoël II.
Alain accède au comté vers 1020 par renonciation de son père qui se démettra peu après en 1022 de son évêché en faveur de son second fils Orscand . Les relations entre les deux frères et leurs épouses respectives seront parfois tendues mais Alain gardera toujours la prééminence sur son frère l’évêque.
Une brouille l’oppose à son suzerain Alain III de Bretagne qui reproche au comte d’avoir soutenu des rebelles et le duc confisque des territoires appartenant à Alain dont l’île de Guadel [2].
Alain Canhiart rentre en grâce rapidement après avoir facilité le mariage de son suzerain en enlevant, selon la tradition, pour son compte Berthe de Blois , la fille du comte Eudes II de Blois. il recouvre l’île confisquée précédemment.
Alain Canhiart épouse vers 1026 Judith fille de Judicaël de Nantes et héritière de ce comté. Entre autres dons de mariage il lui cède, les noces ayant été célébrées suivant la coutume, cinq hameaux en Quistillic et la moitié de l’église de Cluthgual, avec la dîme [3], la sépulture et tous ses droits.
L’accroissement potentiel de sa puissance lié à son union semble avoir attiré l’attention du duc Alain III de Bretagne. Une armée ducale entre en Cornouaille [4] mais elle est repoussée en 1031 près de Locronan [5] grâce à l’intervention de Saint Ronan selon la tradition.
Après une seconde réconciliation avec Alain III de Bretagne Alain Canhiart doit faire face à l’indiscipline de ses propres vassaux les Léonais [6] avec à leur tête Guyomarch 1er de Léon vicomte de Léon qui s’est soulevé avec“ des tyrans” de sa région puis Morvan vicomte du Faou [7]. Le comte s’impose rapidement aux révoltés.
À la suite de sa guérison d’une grave maladie, Alain Canhiart fonde selon la tradition vers 1029 l’Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé [8] avec à ses côtés son frère l’évêque Orscand et il en confie la direction à Gurloës .
En 1050 après la mort de Mathias 1er de Nantes , Alain Canhiart fait valoir les droits de son épouse contre Conan II de Bretagne et prend en charge en 1054 le comté de Nantes [9] pour le compte de son fils et héritier Hoël.
Le comte meurt en 1058 et il est inhumé à l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé selon son obituaire.
Notes
[1] Le diocèse de Vannes est un des neuf diocèses historiques de Bretagne. Dépendant du siège métropolitain de Tours, le diocèse de Vannes a été érigé au 5ème siècle par Saint Patern l’un des 7 saints fondateurs de la Bretagne. Ses limites correspondent alors, à celles de la cité gallo-romaine des Vénètes. Pendant tout le 6ème siècle, le siège épiscopal est occupé par des évêques d’origine gallo-romaine, les premiers évêques bretons ne sont attestés qu’à partir du 7ème siècle.
[2] Belle-Île-en-Mer
[3] La dîme ou dime ou décime est une contribution, habituellement en soutien d’une œuvre chrétienne. Autrefois, elle était un impôt spirituel que les juifs devaient payer pour aider les démunis (orphelins, veuves, étrangers) et les serviteurs de Dieu, selon la loi. Les dîmes ont été imposées par l’Église catholique avant le 7ème siècle. Elles sont mentionnées dans le concile de Tours en 567 et celui de Mâcon en 585, et elles ont été officiellement reconnues et généralisées en 779. Les paysans devaient « offrir » un dixième de leur récolte, alors que les artisans devaient « offrir » un dixième de leur production. Ces dîmes pesaient sur des produits très variés tels que les grains, le vin, les fruits des arbres, les petits des animaux, le foin, le lin, la laine, le chanvre, les fromages.
[4] La Cornouaille est une ancienne division politique et religieuse de la Bretagne. Les premières mentions écrites du toponyme datent de la fin du haut Moyen Âge, dans la Vie de Samson, voire plus tard, dans l’Hymne de Guénolé. La Cornouaille a donné son nom au légendaire "royaume de Cornouaille", ainsi qu’à l’honor et au comté de Cornouaille. Elle donne aussi son nom à l’évêché de Quimper, appelé aussi au diocèse de Cornouaille, disparu comme tel à la Révolution. La maison de Cornouaille a donné au duché de Bretagne plusieurs de ses dirigeants.
[5] Locronan est une commune française, située dans le département du Finistère.
[6] La vicomté de Léon, dans le nord-ouest de la Bretagne, a existé depuis au moins le milieu du 11ème siècle et a disparu à la fin du 13ème siècle. Son territoire correspondait peu ou prou avec celui de l’évêché de Léon et à la majeure partie de l’ancien pays de Léon, dénommé alors comté de Léon avant la partition de 1176 qui donne naissance à la vicomté de Léon et, au profit d’une branche cadette, à la seigneurie de Léon
[7] La vicomté du Faou s’étendait jusqu’aux portes de Carhaix et était l’une des plus puissantes de Cornouaille. Le premier vicomte du Faou dont le nom est connu est Morvan, qui vivait en 1048. Son fils Ehuarn est dénommé "seigneur du Fou" en 1102 dans un acte du Cartulaire de Quimperlé. Parmi leurs descendants, Morvan, second vicomte du Faou, mourut en Terre sainte en 1218. Plusieurs vicomtes du Faou ont été inhumés dans l’abbaye de Landévennec, par exemple Morvan III en 1248, Rivalon au 13ème siècle, Viguier en 1299, Morvan IV en 1316. Guy, vicomte du Faou, décédé le 23 décembre 1391 et son épouse Jeanne de Ploesquellec, furent enterrés dans le chœur de l’église des Cordeliers à Quimper. Un de leurs successeurs, Even, fut capitaine de Brest et Morlaix, amiral de Bretagne et fut tué en Angleterre le 16 mai 1404, mais son corps fut aussi inhumé dans le chœur de l’église des Cordeliers à Quimper. En 1450, Jean ou Guyon du Quélennec, « haut et puissant seigneur », vicomte du Faou, épouse Jeanne de Rostrenen, fille de Pierre VIII de Rostrenen, conseiller et chambellan de Charles VIII, roi de France ; elle lui apporte en héritage la seigneurie de La Roche-Helgomarch en Saint-Thois. En 1498, leur fils Jean IV du Quélennec est aussi entre autres titres vicomte du Faou et Charles Ier du Quélennec, marié avec Gilette du Chastel lui succède. Les vicomtes du Faou avaient, avec les sires du Névet, de Plœuc et de Guengat, le privilège de porter sur leurs épaules la sedia de l’évêque de Quimper. Les vicomtes du Faou sont aujourd’hui représentés par les branches cadettes : les comtes du Fou et vicomtes du Fou de Kerdaniel.
[8] L’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé est une ancienne abbaye située dans la ville de Quimperlé dans le département du Finistère. Fondée en 1029 par Saint Gunthiern grâce à une donation du comte de Cornouaille Alain Canhiart, elle est une des abbayes puissantes de Bretagne, comprenant de nombreuses dépendances. Sa nef de plan centré inspirée du Saint-Sépulcre de Jérusalem est un exemple quasi-unique en Bretagne. L’abbaye est fermée lors de la Révolution.
[9] Le comté de Nantes faisait partie de la marche établie par les rois Francs à la frontière de la Bretagne indépendante. Durant la première moitié du 8ème siècle, les évêques de Nantes cumulèrent avec le titre de « Comte de Nantes ». Il fut conquis par Nominoë en 851 avec le traité d’Angers.