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Théophano Anastaso ou Theophanon

dimanche 17 avril 2022, par ljallamion

Théophano Anastaso ou Theophanon (941- ?)

Impératrice byzantine

Sa beauté ses mœurs et comportements scandaleux ainsi que son utilisation des poisons sont restés célèbres.

De son vrai nom, Anastaso, elle était en fait la fille d’un tavernier. Elle se livra dès sa prime jeunesse à de honteux désordres, mais sa beauté aveugla le jeune Romain II sur son immoralité. Il tomba donc amoureux d’elle, l’épousa en 959 et lui fit changer de nom.

Le couple impérial formé par Théophano et Romain II eut trois enfants Après 4 ans de règne avec Romain II, ce dernier mourut subitement le 15 mars 963 à l’âge de 26 ans. Elle devint donc la régente de ses fils Basile et Constantin VIII avec le soutien de l’eunuque Joseph Bringas .

Nombreux sont les historiens qui n’ont pas hésité à l’accuser d’avoir empoisonné son mari, ils ont vu la vérité dans les rumeurs qui ont suivi la mort de l’empereur et qui donnaient Théphano pour la meurtrière.

Toutefois, il est peu concevable que Théophano assassine son mari deux jours après avoir accouché de leur 4ème enfant, sa mort la mettant de fait dans une position difficile et peu sûre.

Afin de stabiliser le trône, elle s’allia à Nicéphore Phocas général, respecté dont le prestige le soutien de l’armée et un coup de force dans les rues de Constantinople [1] suffirent à lui faire accéder au pouvoir impérial.

Il écarta Théophano un temps et l’envoya à la forteresse de Pétrion sur les hauteurs de la Corne d’Or [2]. Théophano l’épousa peu après son accession au trône, le 20 septembre 963 dans l’église palatine de la Néa et il y gagna la légitimité de la lignée macédonienne [3].

Peu après, lassée du vieux guerrier ascète et religieux, elle devint la maîtresse d’un jeune et brillant général, Jean Tzimiskès qu’elle fit revenir à Constantinople. Il complotèrent tous deux contre Nicéphore II, qui est assassiné dans la nuit du 10 au 11 décembre 969.

Dans ses calculs, Théophano devait épouser Jean Tzimiskès, mais ce dernier, n’éprouvant que mépris pour elle, obéit au patriarche Polyeucte qui lui intima de se repentir, de punir les meurtriers de Nicéphore II et de soustraire Théophano de la cour ; Polyeucte invoqua pour raison officielle que Théophano avait déjà été mariée deux fois. Elle fut donc exilée sur l’île de Proti [4] dans la mer de Marmara [5]. Polyeucte mourut 2 mois plus tard, mais Jean 1er ne la rappela jamais d’exil.

Selon Jean Skylitzès elle s’échappe secrètement et se réfugie à la Grande Église. Le parakoimomène [6] Basile Lécapène l’en expulse et la relègue dans le thème des Arméniaques [7] au monastère de Damideia que l’empereur venait de fonder non sans qu’elle eût auparavant couvert d’injures l’empereur et Basile qu’elle traita de Scythe et de barbare et dont elle martela les joues de ses poings. En même temps qu’elle on bannit sa mère Marie à Mantinée [8].

On sait que le 9 décembre 971, elle réagit depuis son exil au futur mariage d’Otton II du Saint Empire et de Théophano Skleraina.

Après la mort de Tzimiskès en 976, ses fils reprirent le pouvoir et l’autorisèrent à revenir d’exil. Elle vécut ainsi encore plusieurs années, rétablie dans les fastes de la cour impériale.

La date de sa mort est inconnue.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de John Julius Norwich (trad. Dominique Peters), Histoire de Byzance (330-1453), Paris, Librairie Académique Perrin, 1998 (1re éd. 1999) (ISBN 2-262-01333-0)

Notes

[1] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[2] La Corne d’Or est un estuaire commun aux rivières Alibeyköy Deresi et Kağıthane Deresi qui se jettent dans le Bosphore à Istanbul. Cet emplacement qui forme un port naturel fut aménagé par les colons grecs pour former la ville de Byzance. Sous l’empire byzantin, les chantiers navals y étaient installés et un mur d’enceinte le long de la berge protégeait la ville des attaques navales.

[3] La dynastie macédonienne régna pendant presque 2 siècles à Constantinople, soit de 867 à 1057. Elle doit son nom à son fondateur, Basile 1er qui naquit dans le thème byzantin de Macédoine (district administratif correspondant à la région d’Andrinople en Thrace). Elle a compté plus de 20 souverains, certains accédant au trône soit par usurpation, soit par mariage.

[4] Proté, aujourd’hui Proti (ou Prodano) est une île grecque, située au nord de Sphactérie, tout près de la côte de Messénie, face à Marathopoli. Elle est restée une île déserte (à l’exception d’un petit couvent), comme au temps de Thucydide, qui est, semble-t-il, le seul historien ancien qui en fasse mention.

[5] La mer de Marmara, autrefois appelée la Propontide, est une mer située entre l’Europe orientale et l’Asie Mineure et qui communique avec les Dardanelles au sud-ouest et le Bosphore au nord-est. Par ces détroits, elle constitue une mer transitoire entre la mer Égée (mer Méditerranée) et la mer Noire. La mer de Marmara s’étend sur une superficie de 11 500 km² et a une profondeur maximale de 1 261 mètres. Elle est bordée au nord et au sud par la Turquie et est située sur une faille responsable de nombreux et dramatiques séismes.

[6] Parakimomène était un titre porté par un haut dignitaire du palais des empereurs byzantins. Il était conféré par édit impérial, c’est-à-dire que le titulaire était révocable au gré du souverain. C’était l’une des dix charges palatiales par édit, et la plus haute, qui étaient tout spécialement réservées aux eunuques. Le parakimomène était le chef des eunuques affectés à la chambre de l’empereur. C’était un responsable chargé tout particulièrement d’assurer la protection du souverain pendant la nuit (portant d’ailleurs une arme), et en qui celui-ci devait avoir toute confiance. À partir du 9ème siècle, plusieurs titulaires de cette charge jouèrent un rôle politique de premier plan.

[7] Les Arméniaques ou le thème des Arméniaques sont un thème de l’Empire byzantin situé au nord-est de l’Asie Mineure (Turquie actuelle). Ce thème est l’un des quatre thèmes originels, créés vers la moitié du 7ème siècle.

[8] monastère situé dans le thème des Bucellaires