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L’histoire pour le plaisir

Jacques de Voragine

mardi 22 mars 2022, par ljallamion

Jacques de Voragine (vers 1228-1298)

Chroniqueur italien-Archevêque de Gênes

Auteur de la Légende dorée [1], ouvrage racontant la vie d’un grand nombre de saints et saintes, martyrs chrétiens, ayant subi les persécutions des Romains. Il est aussi l’auteur d’une “Chronique de la cité de Gênes”, de plusieurs recueils de sermons, et de quelques autres opuscules.

En 1244, la même année que Thomas d’Aquin, il prend l’habit et rejoint l’ordre des Prêcheurs [2] fondé par Dominique de Guzmán. Il s’établit au couvent de Gênes [3], Santa Maria in Castello fondé en 1222. Entre 1246 et 1251, il fut envoyé au Studium Generale de Bologne [4], centre prestigieux de l’ordre dominicain.

En 1252, il revient pour être lector au couvent de Gênes élevé au rang de prieuré depuis 1229, il leur fallait un homme qui inculquât un enseignement de base aux frères.

On ne trouve guère de passage de Jacques de Voragine dans une université, ce qui peut paraître étonnant dans une carrière si bien menée au sein de l’ordre. Il fut sous prieur du couvent de Gênes en 1258 puis prieur des couvents d’Asti [5] et Gênes. Cette position centrale joua pour beaucoup dans la diffusion de la Légende dorée dans les couvents dominicains.

La Légende dorée est commencée vers 1260 et sera remaniée jusqu’à sa mort en 1298.

Au cours du chapitre général de Bologne de 1267, il fut nommé prieur provincial de Lombardie [6], charge qu’il exerça de 1267 à 1277, puis de 1281 à 1286.

Il assura aussi par intérim la direction générale de l’ordre à la mort de Jean de Verceil de 1283 à 1285. Il représente sa province lors des conciles de Lucques [7] en 1288 et de Ferrare [8] en 1290. Lors de ce dernier, il est l’un des 4 délégués chargés par le pape Nicolas IV de demander la déposition de Muño de Zamora , maître de l’ordre des Prêcheurs depuis 1285. Munio de Zamora sera ainsi démis de sa charge par une bulle pontificale datée du 12 avril 1291.

En 1288, la ville de Gênes envoie Jacques de Voragine auprès de Nicolas IV afin de libérer les Génois de l’excommunication dont ils sont frappés en raison de l’aide qu’ils ont apportée aux Siciliens contre le roi Charles II.

En 1292, Nicolas IV convoque Jacques de Voragine à Rome afin de le consacrer archevêque de Gênes [9]. Mais lorsqu’il arrive à Rome, le 30 mars, le pape est gravement malade. Il meurt le 4 avril sans avoir procédé à cette consécration. Ce sont finalement les cardinaux qui le nomment archevêque le dimanche suivant Pâques.

Jacques de Voragine remplit sa tâche avec beaucoup de dévouement, multipliant notamment les efforts pour réconcilier les deux factions politiques des Guelfes [10] et des Gibelins [11] qui déchirent Gênes, ce qu’il réussit à faire en janvier 1295. Il participe aussi, comme envoyé du pape, à plusieurs médiations dans le conflit qui oppose la République de Gênes [12] à celle de Venise [13].

Il meurt en juillet 1298 à Gênes en demandant que l’argent prévu pour ses funérailles soit distribué aux pauvres. Le gisant de son tombeau se trouve actuellement déposé au musée lapidaire de Sant’Agostino [14].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alain Boureau, « Introduction à la Légende dorée », Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2004.

Notes

[1] La Légende dorée (Legenda aurea en latin) est un ouvrage rédigé en latin entre 1261 et 1266 par Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, qui raconte la vie d’environ 150 saints ou groupes de saints, saintes et martyrs chrétiens, et, suivant les dates de l’année liturgique, certains événements de la vie du Christ et de la Vierge Marie.

[2] L’ordre des Prêcheurs ou des Frères Prêcheurs, plus connu sous le nom d’ordre dominicain, est un ordre catholique né sous l’impulsion de saint Dominique en 1215. Il appartient, comme l’ordre des Frères mineurs ou franciscains, à la catégorie des ordres mendiants. Suivant la règle de saint Augustin, ainsi que ses propres Constitutions, en partie inspirées de celles des prémontrés, il s’est donné pour mission l’apostolat et la contemplation. Les dominicains sont des religieux mais pas des moines : ils ont la particularité de ne prononcer qu’un seul vœu, celui d’obéissance, dans les mains du maître de l’ordre (ou de son représentant), les vœux de pauvreté et de chasteté étant implicitement inclus. Ils ne font, par contre, pas vœu de stabilité comme les moines. Ils vivent dans des couvents et non dans des monastères. Leur vocation étant de prêcher, leurs couvents sont souvent situés dans de grandes villes.

[3] Gênes est une ville italienne, capitale de la Ligurie, premier port italien et deuxième port de la mer Méditerranée. Gênes est située sur le golfe de Gênes, partie septentrionale de la mer de Ligurie. La ville correspond à l’inclinaison de l’arc de cercle formé à cet endroit par la côte. Au nord de la ville commencent les Apennins, débouchant à proximité sur la plaine du Pô. Gênes offre une façade méditerranéenne au nord de l’Italie, à 193 km de Nice au sud-ouest, à 155 km de Milan au nord et à 518 km de Rome au sud-est.

[4] Bologne est une ville italienne située dans le nord-est du pays, entre le Pô et les Apennins. C’est le chef-lieu de la région d’Émilie-Romagne (plaine du Pô) et de la province de même nom et l’une des principales villes d’Italie. Elle est considérée comme le siège de la plus ancienne université du monde occidental puisqu’elle a été fondée en 1088. Plus de 900 ans après sa fondation, l’université est encore aujourd’hui le cœur de la ville

[5] Asti est une ville italienne située dans la province du même nom dont elle est le chef-lieu, dans le Piémont.

[6] c’est-à-dire de toute l’Italie du nord

[7] Lucques Lucca en italien, est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom, située en Toscane. Elle fut autrefois, avant la réalisation de l’unité italienne, une ville libre puis la capitale de la principauté souveraine puis duché de Lucques (1815-1847). Elle se trouve non loin de la mer Tyrrhénienne, plus exactement à une vingtaine de kilomètres de la côte ligure (mer Ligure). C’est une ville fortifiée avec un grand nombre de monuments historiques, principalement des églises, mais aussi des villas et des palais comme le palais Pfanner et son célèbre jardin.

[8] Ferrare est une ville italienne de la province de Ferrare en Émilie-Romagne. Située dans le delta du Pô sur le bras nommé Pô de Volano, la cité actuelle remonte au 14ème siècle, alors qu’elle était gouvernée par la famille d’Este. Sans héritier mâle, en 1597 Ferrare fut déclarée fief vacant par le pape Clément VIII. Par la Dévolution de 1598, la ville et son territoire, abandonnés par les Este passent sous le contrôle politique et administratif direct du Saint-Siège jusqu’à son intégration dans le Royaume de Sardaigne en 1859.

[9] L’archidiocèse de Gênes est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique en Italie appartenant à la région ecclésiastique de Ligurie.

[10] Les guelfes et les gibelins sont deux factions (parti ou, plus souvent, brigate ou sette) médiévales qui s’opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. À l’origine, elles soutenaient respectivement deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint Empire : la pars Guelfa appuyait les prétentions de la dynastie des « Welf » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars Gebellina, celles des Hohenstaufen, et au-delà celles du Saint Empire. Conflit en apparence limité au Saint Empire, l’opposition entre Guelfes et Gibelins va se transporter dans diverses parties d’Europe, principalement dans les villes de la péninsule italienne. Dans cette bipolarisation, parfois surestimée, les allégeances dynastiques sont parfois secondaires, les adhésions fluctuantes, et il faut attendre le règne de Frédéric II pour que papauté et empire deviennent des symboles forts de ralliement et que se construise une véritable division antithétique. Ce clivage trouve des manifestations dans le domaine civique et religieux et cristallise les tensions entre les villes italiennes, au sein de leurs élites et parfois entre la ville et son contado. L’écho du conflit se manifeste à des époques ultérieures, en revêtant de nouveaux caractères et en stigmatisant des oppositions idéologiques nouvelles.

[11] Les gibelins (la pars gebellina), soutiennent la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[12] La République de Gênes est l’une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de 8 siècles, du milieu du 11ème siècle à 1797, après l’abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole.

[13] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[14] Le musée Sant’Agostino est situé à Gênes, sur la Piazza Sarzano, dans le complexe de l’ancien couvent des frères Eremitani de Sant’Agostino, datant du 13ème siècle, l’une des parties les plus anciennes du centre historique . Aussi connu sous le nom de « Musée de l’architecture et de la sculpture ligure », il abrite des œuvres, principalement des sculptures, provenant de nombreux édifices génois, pour la plupart religieux, disparus au cours des siècles.