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L’histoire pour le plaisir

Martial (poète)

lundi 15 novembre 2021, par ljallamion

Martial (poète) (vers 40-vers 104)

Poète latin

Connu pour ses Épigrammes [1], dans lesquelles il dépeint la société romaine de son temps. Martial naît dans une famille plutôt aisée de Bilbilis [2], une petite ville de Tarraconaise [3], au nord de l’Hispanie [4]. Cette famille se nomme Valerii [5].

En 64, il part pour Rome, où il espère faire fortune en tant qu’écrivain. Il s’installe dans le quartier de Subure, qui est populaire de mauvaise réputation, situé au nord des Forums impériaux. Il cherche l’appui de compatriotes originaires d’Hispanie, dont les plus importants sont Sénèque et son neveu Lucain, dont il devient client. C’est le début d’une vie de bohème, reposant entièrement sur le soutien de ses patrons, pratique assez courante à l’époque.

L’année suivante, en 65, l’échec de la conspiration de Pison [6] déclenche de la part de Néron une période de répression, dont Sénèque et Lucain sont les victimes. Durant cette période, Martial trouve refuge notamment auprès de Quintilien et de Pline le Jeune.

Grâce à son talent littéraire, il compose des poèmes pour ses patrons, que ces derniers font passer pour les leurs, ce qui va d’ailleurs pousser Martial à s’attaquer à eux dans son œuvre.

En 80, à l’occasion de l’inauguration de l’Amphithéâtre flavien [7], il publie “le Liber spectaculorum” [8]. On lui accorde le privilège du “ius trium liberorum”, qui lui confère aussitôt une certaine notoriété sans toutefois résoudre ses problèmes d’argent.

Domitien fait de lui un tribun militaire [9] et un chevalier [10] : il acquiert alors une certaine aisance et publie en 84 les “Xenia et les Apophoreta”. Il devient ensuite propriétaire de deux villas, l’une à Nomentum [11], l’autre à Rome sur le Quirinal [12].

En 98, lassé, semble-t-il de l’effervescence romaine et ruiné, il retourne, avec l’aide de Pline le Jeune, qui lui paie le voyage, dans sa ville natale, et s’installe dans une maison offerte par une admiratrice, Marcella.

Martial meurt en 104.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Fourest, Vingt-deux épigrammes plaisantes imitées de M. V. Martial, chevalier romain, édition établie et présentée par Yannick Beaubatie, Tusson, Du Lérot éditeur, 2017.

Notes

[1] À l’origine, une épigramme est une inscription, d’abord en prose, puis en vers, qu’on gravait sur les monuments, les statues, les tombeaux et les trophées, pour perpétuer le souvenir d’un héros ou d’un événement. À partir du 4ème siècle av. jc, l’épigramme devient une petite pièce de poésie sur un sujet quelconque, imitant par sa brièveté les inscriptions, offrant une pensée ingénieuse ou délicate exprimée avec grâce et précision. Les plus anciennes épigrammes ne revêtent qu’un caractère pratique, visant à identifier le propriétaire ou la personne dédiant l’objet.

[2] Augusta Bilbilis était une cité (ou municipium) celtibère et romaine dans la province de Tarraconaise. La cité était située sur la colline de Bámbola au bord de la rivière Jalón, aujourd’hui près Calatayud dans la province de Saragosse. C’est dans cette cité que se situe le lieu de naissance de Martial en 40. La ville moderne de Calatayud a été fondée près du site romain.

[3] La Tarraconaise était une province romaine qui couvrait le nord et l’est de l’Espagne et qui correspond aujourd’hui à peu près à l’Aragon, la Catalogne et les Asturies. Elle est issue de l’ancienne Hispanie citérieure.

[4] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.

[5] Les Valerii sont les membres de la gens Valeria, l’une des familles romaines les plus importantes. De rang patricien à l’origine, la famille compte plus tard plusieurs branches plébéiennes. De toutes les gentes maiores (les plus illustres gentes patriciennes de la République), les Cornelii survivent le plus longtemps. En effet, les Fabii patriciens disparaissent des fastes en 34 apr. jc, les Aemilii s’éteignent en 39 apr. jc, les Claudii en 68 apr. jc et les liens des Valerii postérieurs aux Julio-Claudiens avec les Valerii patriciens sont contestés. Les Cornelii disparaissent des fastes consulaires sous Marc Aurèle, avec Servius Cornelius Scipio Salvidienus Orfitus, consul en 178, descendant des Lentuli et des Scipions. Il est le dernier représentant du patriciat républicain ancestral.

[6] La Conjuration de Pison, du nom que lui donne Suétone, est un complot dirigé contre l’empereur Néron en 65.

[7] Le Colisée, à l’origine amphithéâtre Flavien, est un immense amphithéâtre elliptique situé dans le centre de la ville de Rome, entre l’Esquilin et le Cælius, le plus grand jamais construit dans l’empire romain. Il est l’une des plus grandes œuvres de l’architecture et de l’ingénierie romaines. Sa construction, juste à l’est du Forum Romain, a commencé entre 70 et 72 ap. jc, sous l’empereur Vespasien, et s’est achevée en 80 sous Titus.

[8] Placé en tête des Épigrammes, ce premier recueil de 33 pièces épigrammatiques, offert à Titus lors de l’inauguration du Colisée en 80 et dénommé aujourd’hui Liber spectaculorum. Il valut à Martial son admission dans l’ordre équestre ainsi qu’une petite pension.

[9] Le tribun militaire est un officier supérieur qui sert dans la légion romaine sous la Rome antique. Sous le Haut Empire, le poste de tribun militaire reste une étape dans les débuts de carrière publique, rendue obligatoire par Auguste pour le cursus honorum tandis que son accès par la voie électorale tombe en désuétude. Il semble que l’empereur, en tant qu’imperator se réserve les nominations

[10] Les chevaliers sont un groupe de citoyens de la Rome antique appartenant à l’ordre équestre (equester ordo), sous la Royauté, la République et l’Empire. Choisis par les censeurs, ce sont les plus fortunés (au moins 400 000 sesterces du 2ème siècle av. jc, jusqu’au début de l’Empire) et les plus honorables des citoyens (en dehors des sénateurs). Cette appartenance pouvait être théoriquement remise en cause à chaque censure. En pratique elle était héréditaire. Le chevalier se reconnaît à la bande de pourpre étroite cousue sur sa tunique (tunique dite angusticlave), et au port de l’anneau d’or. Les chevaliers se virent attribuer un poids politique supplémentaire au motif qu’ils étaient capables financièrement de s’équiper pour servir dans l’armée à cheval. De plus l’appartenance à l’ordre équestre était nécessaire pour accéder aux postes d’officier dans l’armée.

[11] Nomentum est une cité antique du Latium, à l’emplacement du lieu-dit Casali de l’actuelle commune de Mentana, à une vingtaine de kilomètres au Nord-Est du centre de Rome, à laquelle elle était reliée par la Via Nomentana partant de la Porta Nomentana.

[12] Le Quirinal est la plus élevée et la plus septentrionale des sept collines de Rome. Il est situé de nos jours dans le rione de Trevi.