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Abu al-Hasan ben Uthman ou Abû al-Hasan Alî

mardi 2 novembre 2021, par ljallamion

Abu al-Hasan ben Uthman ou Abû al-Hasan Alî (1288 ou 99-1351)

Sultan mérinide

Il succède à son père Abû Sa îd Uthmân dit Abû Saïd Uthmân ben Yaqub en 1331. Sa mère étant une esclave d’origine abbyssine [1], Abu al-Hasan avait une couleur de peau très brune, ce qui lui valut le surnom de sultan noir.

Son père Abû Saïd Uthmân, fils de Abu Yusuf Yaqub , est le 6e sultan mérinide du Maroc [2]

Il doit compter avec son frère, Abou Ali, rebelle qui tient le versant saharien de l’Atlas [3] dans la vallée du Dra avec comme capitale Sijilmâsa [4]. Abou Ali s’étant notamment allié avec le sultan zianide [5] Abû Tâshfîn , ennemi des Mérinides. Abu al-Hasan attaque alors Sijilmâsa en 1332 et capture son frère qu’il fait assassiner.

Dans le but de chasser les chrétiens d’Espagne et d’unir les pays musulmans d’Afrique du Nord, il attaque et capture Algésiras [6] et Gibraltar [7] en 1333. À cet effet il signe une alliance économique et militaire avec le roi Jacques III de Majorque en 1339.

Abou Ali éliminé, Abu al-Hasan peut envisager la conquête de territoires plus à l’est. Après le siège de Tlemcen [8] de 1335 à 1337, Abu al-Hasan prend aux Abdalwadides la ville de Tlemcen pendant 11 ans de 1337 à 1348.

Il gagne le 5 avril 1340 une bataille navale dans le détroit de Gibraltar, mais subit une défaite six mois plus tard, le 30 octobre 1340, à la bataille du rio Salado [9]. Le roi Alphonse XI de Castille prend Algésiras en 1344. Abu al-Hasan abandonne alors son projet de reconquête musulmane de l’Espagne.

Souhaitant faire renaître l’empire almohade [10], Abu al-Hasan veut dominer le Maghreb [11]. Il s’attaque alors aux Hafsides [12] qui règnent à Tunis. Bien que marié à la fille du sultan hafside Abu Yahya Abu Bakr al-Mutawakkil , il prend Tunis [13] le 15 septembre 1347, mais se heurte aux Arabes à Kairouan [14] qui le battent le 10 avril 1348 l’union de son Maghreb n’aura duré que quelques mois.

Fuyant Tunis par la mer, Abu al-Hasan débarque à Alger [15] après avoir tenté de rallier Béjaïa [16] puis Dellys [17]. Il marche sur Tlemcen pour reconquérir la ville que son fils, Abu Inan Faris, régent de l’État mérinide, avait fui pour se faire proclamer souverain en l’absence de son père. Mais il est vaincu dans la plaine de l’oued Chelif [18] par les Abdalwadides qui restaurent le royaume zianide de Tlemcen. Abu al-Hasan se replie alors sur Sijilmâsa où est il confronté à une rébellion conduite par son fils Abu Inan Faris.

Abandonné par ses troupes, il abdique et se replie jusqu’au sud du Maroc dans l’Atlas où il meurt d’une blessure infectée le 24 mai 1351.

Le règne d’Abu al-Hasan marque un certain apogée de la dynastie des Mérinides mais aussi son impuissance à réussir l’union par les armes. La personnalité de ce monarque fut parfois trop impulsive. Elle le précipita à l’isolement de la population locale et au désaveu de son propre clan. Ceci a fortement limité son unité du Maghreb et de l’Espagne qui n’aura finalement duré qu’une poignée de mois.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Charles-André Julien, Histoire de l’Afrique du Nord des origines à 1830, édition originale 1931, réédition Payot, Paris, 1994

Notes

[1] Ethiopie)

[2] Les Mérinides sont des berbères zénètes, originaires des Hauts Plateaux et des confins sahariens, qui migrent vers l’Ouest, dès le 11ème siècle, à la suite de l’arrivée des turbulentes tribus arabes des Banu Hilal. Ils son issue de la tribu des Wassin selon Ibn Khaldoun.

[3] L’Atlas est un massif montagneux de l’Afrique du Nord, culminant à 4 167 mètres d’altitude au djebel Toubkal, au Maroc. Il s’étend sur trois pays : le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.

[4] Sijilmassa était une importante ville fondée en l’an 757 au Maroc, qui joua dès le 8ème siècle un rôle important dans le commerce transsaharien, et ce pendant tout le Moyen Âge. Elle se trouvait à proximité immédiate de l’emplacement actuel de la ville de Rissani, au sud d’Errachidia, à 40 km au nord des célèbres dunes de Merzouga, dans la région de Tafilalet. Actuellement, seules quelques ruines modestes subsistent de la cité.

[5] Le royaume de Tlemcen ou royaume zianide de Tlemcen est un royaume berbère, établi après la disparition du califat almohade en 1236. Il est gouverné par les sultans de la dynastie zianide qui règnent depuis Tlemcen au Maghreb central (actuelle Algérie). Tlemcen était une plaque tournante de la route commerciale nord-sud reliant Oran sur la côte méditerranéenne à l’ouest du Soudan. Le royaume, en raison de sa position centrale au Maghreb, pris comme dans un étau, entre les royaumes mérinides et hafsides, tombe à plusieurs reprises sous la domination de leurs rivaux mérinides, qui occupent Tlemcen sans pouvoir s’y établir durablement au 14ème siècle. Il tombe également sous la suzeraineté hafside à la fin du 15ème siècle. Les zianides réussissent malgré cela à fonder un État prospère et indépendant. Au début du 16ème siècle, le sultan zianide reconnaît la suzeraineté espagnole dans un contexte où les royaumes du Maghreb sont de plus en plus morcelés.

[6] Algésiras est une commune d’Espagne, appartenant à la province de Cadix et à la région d’Andalousie. Conquise par Byzance et le royaume wisigoth, la cité passa sous domination arabe en 711 lors de la conquête musulmane de la péninsule Ibérique dirigée par Tariq ibn Ziyad. Les musulmans y bâtirent leur première ville sous le nom de « alcaetaria ». En 858, Algésiras fut pillée par le chef viking Hasting. Munie d’un excellent port nature, la ville devint un point stratégique de la péninsule. Elle fut dotée de plusieurs mosquées et protégée par des fortifications. Elle subit de nombreux sièges et fut la ville natale d’Almanzor. Elle redevint espagnole après sa reconquête en 1342 sur les maures par Alphonse XI de Castille, après un siège de deux ans, où les Maures firent usage du canon, encore inconnu en Europe. Occupée à nouveau par les Arabes à l’issue du siège de 1369, elle fut détruite par le roi Muhammad V de Grenade en 1379.

[7] Gibraltar est un territoire britannique d’outre-mer, situé au sud de la péninsule Ibérique, en bordure du détroit de Gibraltar qui relie la Méditerranée à l’océan Atlantique. Il correspond au rocher de Gibraltar et à ses environs immédiats et est séparé de l’Espagne par une frontière de 1,2 kilomètre. Gibraltar est possession du Royaume-Uni depuis 1704. Au début du 8ème siècle, dans le cadre de la conquête musulmane de l’Espagne wisigothique, le chef Tariq ibn Ziyad y établit une tête de pont en Europe, donnant son nom au rocher. Le site est conquis, en 1309, par le royaume de Castille, puis repris par le général mérinide Abd-el-Melek en 1333 expulsant les Castillans. En 1374, les Mérinides cèdent le rocher au royaume de Grenade. Gibraltar est définitivement reconquis par Ferdinand V en 1492.

[8] Tlemcen est une commune de la wilaya de Tlemcen, dont elle est le chef-lieu. Elle est située au nord-ouest de l’Algérie, à 520 km à l’ouest d’Alger, à 140 km au sud-ouest d’Oran et, proche de la frontière du Maroc, à 76 km à l’est de la ville marocaine d’Oujda. La ville est érigée dans l’arrière-pays, est distante de 40 km de la mer Méditerranée. Ancienne capitale du Maghreb central, la ville mêle influences berbère, arabe, hispano-mauresque, ottomane et occidentales. De cette mosaïque d’influences, la ville tire le titre de capitale de l’art andalou en Algérie

[9] La bataille de Tarifa ou bataille du Salado se déroule le 30 octobre 1340 entre la coalition musulmane mérinido-nasrides et la coalition chrétienne castillano-portugaise avec l’aide d’un contingent aragonais. La coalition chrétienne est victorieuse à l’issue de cette bataille.

[10] Les Almohades sont un mouvement religieux fondé au début du 12ème siècle, dont est issue la dynastie éponyme d’origine berbère qui gouverne le Maghreb et al-Andalus entre le milieu du 12ème siècle et le 13ème siècle. Le mouvement religieux des Almohades est fondé vers 1120 à Tinmel par Mohammed ibn Toumert, appuyé par un groupe de tribus masmoudiennes du Haut Atlas marocain principalement des Masmoudas. Ibn Toumert prône alors une réforme morale puritaine et se soulève contre les Almoravides au pouvoir à partir de son fief de Tinmel. À la suite du décès d’Ibn Toumert vers 1130, Abd al-Mumin prend la relève, consolide sa position personnelle et instaure un pouvoir héréditaire, en s’appuyant sur les Koumyas de la région de Nedroma dans l’ouest algérien (située alors dans l’est de l’empire Almoravide) ainsi que les Hilaliens. Sous Abd al-Mumin, les Almohades renversent les Almoravides en 1147, puis conquièrent le Maghreb central hammadide, l’Ifriqiya (alors morcelée depuis la chute des Zirides) et les Taïfas. Ainsi, le Maghreb et l’al-Andalus sont entièrement sous domination almohade à partir de 1172. À la suite de la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, les Almohades sont affaiblis et leur empire se morcelle au profit des rois des Taïfas en al-Andalus des Zianides du Maghreb Central et des Hafsides, et voit l’émergence des Mérinides au Maghreb al-Aksa qui prennent Fès en 1244. Les Almohades, qui doivent désormais payer tribut aux Mérinides et ne contrôlent plus que la région de Marrakech, sont finalement éliminés par ces derniers en 1269.

[11] Le Maghreb est une région située en Afrique du Nord, partie occidentale du monde arabe correspondant à l’espace culturel arabo-berbère, comprise entre la mer Méditerranée, la bande sahélienne et l’Égypte (non compris dans les limites).

[12] Les Hafsides sont une dynastie d’origine berbère masmoudienne qui gouverne puis règne sur l’Ifriqiya, constituée par le Constantinois, la Tunisie et la Tripolitaine, entre 1207 et 1574. C’est sous leur règne que Tunis prendra de l’importance, à la suite de l’installation des souverains dans la ville, au détriment notamment de Kairouan. Étroitement liés aux Almohades, au nom desquels ils gouvernent l’Ifriqiya à partir de 1207, les Hafsides deviennent indépendants sous Abû Zakariyâ Yahyâ en 1236 et se maintiendront au pouvoir jusqu’à l’annexion de la Tunisie par l’Empire ottoman en 1574.

[13] Tunis est la ville la plus peuplée et la capitale de la Tunisie. Elle est aussi le chef-lieu du gouvernorat du même nom depuis sa création en 1956. Située au nord du pays, au fond du golfe de Tunis dont elle est séparée par le lac de Tunis, la cité s’étend sur la plaine côtière et les collines avoisinantes. Son cœur historique est la médina. Bourgade modeste placée dans l’ombre de Carthage, Kairouan puis Mahdia, elle est finalement désignée comme capitale le 20 septembre 1159, sous l’impulsion des Almohades, puis confirmée dans son statut sous la dynastie des Hafsides en 1228 et à l’indépendance du pays le 20 mars 1956.

[14] Kairouan, dont le nom signifie étymologiquement « campement », est une ville du centre de la Tunisie et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle se situe à 150 kilomètres au sud-ouest de Tunis et cinquante kilomètres à l’ouest de Sousse. Elle est souvent considérée comme la quatrième ville sainte de l’islam. Jusqu’au 11ème siècle, la ville a été un important centre islamique de l’Afrique du Nord musulmane, l’Ifriqiya. Avec sa médina et ses marchés organisés par corporations à la mode orientale, ses mosquées et autres édifices religieux

[15] Située au bord de la mer Méditerranée, la ville donne son nom à la wilaya dont elle est le chef-lieu. La ville d’Alger est en fait constituée de plusieurs communes et n’a ni personnalité juridique, ni structure d’administration en propre. Fondée au 4ème siècle av. jc, comme comptoir phénicien en pays berbère, sous le nom d’Ikosim, elle est occupée par les Romains, les Vandales, les Byzantins et les Arabes puis au début du Moyen Âge par la tribu berbère des Beni-Mezghana. C’est le souverain berbère de la dynastie ziride Bologhine ibn Ziri, au milieu du 10ème siècle qui fondera l’Alger actuelle, sous son nom El-Djazaïr ou Lezzayer, employé encore de nos jours pour la désigner en arabe et en berbère. Elle ne prend son rôle de capitale de l’Algérie qu’à partir de la période de la régence d’Alger en 1515. Elle est alors une des cités les plus importantes de la mer Méditerranée entre le 16ème siècle et le début du 19ème siècle, pratiquant le corso, et à laquelle les puissances maritimes versent un impôt pour le passage de leur flotte. Son rôle de capitale du pays sera confirmé lors de la colonisation française où elle devient le siège du gouverneur général de l’Algérie.

[16] Béjaïa anciennement Bougie, est une commune algérienne située en bordure de la mer Méditerranée, à 180 km à l’est d’Alger, dans la wilaya de Béjaïa et la région de Kabylie. Elle est le chef-lieu éponyme de la wilaya de Béjaïa et de la daïra de Béjaïa. Connue à l’époque romaine sous le nom de Saldae, elle devient au Moyen Âge l’une des cités les plus prospères de la côte méditerranéenne, capitale de grandes dynasties musulmanes notamment les Hammadides et une branche des Hafsides. D’abord connue en Europe grâce à la qualité de ses chandelles faites de cire d’abeille auxquelles elle a donné son nom, les bougies, Béjaïa a également joué un rôle important dans la diffusion des chiffres arabes en Occident.

[17] Dellys est une commune algérienne située dans la wilaya de Boumerdès en Grande Kabylie, dans la daïra de Dellys. Elle se trouve à 50 km de Boumerdes, chef-lieu de la wilaya, à 45 km de Tizi Ouzou et à 100 km environ de la capitale Alger. Elle est le chef-lieu de la daïra homonyme. Elle fut successivement, cité phénicienne, puis romaine, puis arabo-islamique.

[18] Le Chelif, est le plus important fleuve d’Algérie. Long de 733 km, au nord-ouest de l’Algérie, il prend sa source dans l’Atlas saharien et a son embouchure dans la Mer Méditerranée, près de Mostaganem.