Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 10ème siècle > Geoffroi 1er de Bretagne dit Bérenger

Geoffroi 1er de Bretagne dit Bérenger

mercredi 27 octobre 2021, par lucien jallamion

Geoffroi 1er de Bretagne dit Bérenger (mort en 1008)

Comte de Rennes et duc de Bretagne de 992 à 1008

Fils deConan 1er, comte de Rennes [1] et duc de Bretagne [2], et d’Ermengarde, fille de Geoffroy 1er d’Anjou.

À la mort de son père en 992, Geoffroi 1er est l’héritier du duché de Bretagne c’est-à-dire en réalité du comté de Rennes, du Vannetais [3] et d’une grande partie de la Domnomée bretonne [4]. Il reste un personnage mal connu et il est le seul duc dont on ne possède aucun acte.

Après avoir vaincu en 994 le jeune comte Judicaël de Nantes , il oblige ce dernier à venir lui rendre hommage vers 1000. Pour assurer son pouvoir sur le Nantais [5], après les morts simultanées en 1004 de l’évêque Hervé à Blois et du comte Judicaël, Geoffroi fait élire un chevalier rennais comme nouvel évêque de Nantes [6] Gauthier II ? .

Face à la menace que représente le comté d’Anjou [7] Geoffroi ne bénéficie plus de l’appui du nouveau comte de Blois [8] Eudes II dont les centres d’intérêt se sont déplacés vers l’Est. Afin de s’assurer de bonnes relations avec le puissant Richard II de Normandie il demande et obtient vers 996 pour femme Havoise ou Hadvise de Normandie la sœur du duc. Plus tard afin de renforcer leur alliance, Richard II lui fait demander comme épouse sa sœur, Judith de Bretagne.

Comme son père avant lui, Geoffroi est un bienfaiteur de l’abbaye du Mont-Saint-Michel [9] à laquelle il manifeste sa liberalitas en accordant des revenus aux moines de Saint-Méloir-des-Ondes [10] et Saint-Benoît-des-Ondes [11].

Voulant restaurer les monastères il demande à Gauzlin de Fleury abbé de Saint-Benoît-sur-Loire [12] et futur archevêque de Bourges [13] de lui envoyer un religieux apte à accomplir cette tache. L’abbé confie la mission à un moine breton nommé Félix qui arrive en Bretagne en 1008. Lorsque le duc veut entreprendre un pèlerinage à Rome et éventuellement au Saint-Sépulcre [14], il recommande alors Félix à son épouse et à ses 2 fils.

Sur le chemin de l’Italie, Geoffroi 1er passe par Paris où il aurait rendu l’hommage à Robert le Pieux et où il confie à la nouvelle abbaye Saint-Magloire [15] la mission de relever le monastère celtique de Léhon sur la Rance [16].

Geoffroi 1er meurt le 20 novembre 1008 en revenant de son pèlerinage sur le tombeau des apôtres. La mort du duc Geoffroi et les révoltes qui lui font suite sont évoquées dans le poème Ar Falc’hon [17] repris dans le Barzaz Breizh [18]. Comme son père Geoffroi est inhumé dans la chapelle Saint-Martin de l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Joëlle Quaghebeur et Bernard Merdrignac, Bretons et Normands au Moyen Âge, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2008 (ISBN 9782753505636)

Notes

[1] Les comtes de Rennes étant devenus ducs de Bretagne avec Conan 1er. Le comté disparut quand il fut intégré au duché de Bretagne sous Pierre Mauclerc duc consort de 1213 à 1221.

[2] Le Duché de Bretagne est un duché féodal qui a existé de 939 à 1547. Son territoire, partie de celui de l’ancienne Armorique, correspond à la région Bretagne actuelle avec une grande partie du département de la Loire-Atlantique où se trouvent la ville de Nantes et l’ancien pays de Retz. Le duché s’est trouvé, au fil des siècles, dans les zones d’influence du duché de Normandie, du royaume de France et du royaume d’Angleterre. À plusieurs reprises, les ducs ont essayé de se détacher de ces influences. Succédant au royaume de Bretagne, le duché naît en 936, en plein cœur de l’occupation de la Bretagne par les troupes viking du chef Incon. Alain Barbetorte, petit-fils du dernier roi de Bretagne Alain 1er Le Grand, libère le pays du joug normand et devint alors le premier duc de Bretagne. Pendant près de trois siècles, du 10ème siècle au 12ème siècle, les grandes maisons comtales bretonnes (Nantes, Rennes, Cornouaille) se disputent ardemment le pays breton et finissent par posséder le duché les unes après les autres.

[3] Le royaume fondé par les Bretons dans le Vannetais prit le nom de Bro Waroch d’après Waroch II qui régna à la fin du 6ème siècle. L’histoire de ses chefs est essentiellement connue par Grégoire de Tours qui évoque leurs luttes contre les rois Francs au 6ème siècle. Les souverains du Bro Waroch ont reçu la dénomination soit de rois (au sens de petit roi local), soit de princeps, traduit par princes (au sens de premier seigneur local) ou plus souvent comtes. Le comté de Vannes semble disparaître après la mort de Rudalt en 913 et les invasions normandes du début du 10ème siècle. Orscand, évêque de Vannes en 970 et descendant d’Alain le Grand, roi de Bretagne, contrôle « de facto » le Vannetais pour le compte de son allié Conan 1er de Bretagne, comte de Rennes. Le territoire du Vannetais est alors en grande partie rattaché au domaine ducal sous le règne du « Princeps Britannorum », Conan 1er de Bretagne.

[4] La Domnonée (lat. Dumnonia) désigne au 6ème siècle un royaume brittonique centré sur le Sud-Ouest de l’Angleterre. Le terme est ensuite employé à partir du 8ème siècle dans l’hagiographie bretonne pour désigner une partie de la péninsule armoricaine

[5] Le Pays nantais est l’un des neuf pays historiques de Bretagne dont Nantes est une des capitales. Il correspond à peu près au Comté nantais et à la baillie médiévale de Nantes. Il couvre une superficie de 7 323 km², correspondant au territoire de l’actuel département français de la Loire-Atlantique (jadis Loire-Inférieure) et à quelques communes d’Ille-et-Vilaine, du Morbihan et de la Vendée.

[6] Le diocèse de Nantes est une circonscription territoriale de l’Église catholique correspondant au département de la Loire-Atlantique. Le diocèse de Nantes faisait partie de l’Archidiocèse de Tours jusqu’en 2002. C’est un des neuf évêchés de la Bretagne historique (symbolisés par les 9 bandes du drapeau breton Gwen ha du) ; son territoire constituait le Pays nantais, lui-même correspondant approximativement à l’actuel département de la Loire-Atlantique.

[7] Dans l’histoire de l’Anjou, le comté d’Anjou émerge au 10ème siècle en conséquence de la dislocation du royaume carolingien. Il devient l’une des plus importantes principautés du royaume de France aux 11ème et 12ème siècles. En 1204, le roi de France Philippe Auguste met la main sur le comté. Celui-ci retrouve une certaine autonomie à partir du règne de Saint Louis en tant qu’apanage. L’Anjou est érigé en duché au début de la guerre de Cent Ans.

[8] Le comté de Blois est un ancien comté du Nord de la France. Le comté de Blois était une juridiction féodale du Royaume de France née vers 900. Le premier vicomte est Garnegaud, décédé en 906. Son successeur était le chevalier bourguignon Thibaud l’Ancien qui reçut également la vicomté de Tours en 908 et en 940, il devint vicomte de Blois et de Tours. Il mourut en 943 et son fils Thibaut le Tricheur prend le titre de Comte de Blois et s’empare du comté de Chartres. Son fils Eudes 1er devient Comte de Blois et de Chartres, de Tours, de Châteaudun, de Provins et de Reims. Son fils Thibaut II lui succède de 996 à 1004 . Son frère Eudes II rajoute à son domaine le comté de Meaux et le comté de Troyes. Il meurt en 1019, date à laquelle les domaines sont divisés. La dynastie continua jusqu’à la mort de Thibaut VI, donnant le comté à sa fille Marguerite de Blois. Le comté passe alors dans la Maison d’Avesnes puis de Blois-Châtillon. En 1397, le comté est intégré au Duché d’Orléans par manque de descendance.

[9] L’abbaye du Mont-Saint-Michel est une ancienne abbaye bénédictine et un monument historique situé sur l’îlot du mont Saint-Michel, qui se trouve lui-même sur le territoire de la commune française nommée Le Mont-Saint-Michel, dans le département de la Manche en région de Normandie.

[10] Saint-Méloir-des-Ondes est une commune française située dans le département d’Ille-et-Vilaine

[11] Saint-Benoît-des-Ondes est une commune française située dans le département d’Ille-et-Vilaine. Le village de pêcheur des origines fut érigé en paroisse au 12ème siècle sous le nom de Saint Benoît de la Marine avant de devenir au 16ème siècle Saint Benoît des Ondes.

[12] L’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, appelée également abbaye de Fleury, est une abbaye bénédictine située à Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret. Le premier monastère fondé au Haut Moyen Âge en 651 est l’un des premiers en Gaule à vivre selon la règle de saint Benoît et les reliques de Saint Benoît y sont transférées. Au début du 11ème siècle, l’abbaye est un des centres culturels de l’Occident et rayonne alors grâce à son importante bibliothèque et son scriptorium. Après un incendie en 1026, l’église actuelle est reconstruite et sa tour-porche occupe une place importante au début de la période dominée par l’art roman, par la haute qualité des sculptures des chapiteaux.

[13] L’archidiocèse de Bourges est un archidiocèse de l’Église catholique en France. Il a été érigé en Patriarcat d’Aquitaine en 1232.

[14] L’église du Saint-Sépulcre ou basilique du Saint-Sépulcre, également appelée basilique de la Résurrection est une église chrétienne située dans le quartier chrétien de la Vieille ville de Jérusalem. Cette basilique est vénérée par les Catholiques romains et les orthodoxes qui y vont en pèlerinage depuis le 4ème siècle. Il s’agit d’un sanctuaire englobant selon la tradition le lieu de la crucifixion (le Golgotha), ainsi que la grotte où le corps du Christ fut déposé après sa mort (le Saint-Sépulcre ou tombeau de Jésus). Par inférence, c’est là qu’aurait eu lieu la résurrection. Enjeu symbolique fort, l’église accueille les cultes de plusieurs confessions chrétiennes différentes. Toutes ces communautés y sont protégées par le statu quo sur les lieux saints. Elle est également un des sièges du patriarcat arménien et orthodoxe de Jérusalem.

[15] L’abbaye Saint-Magloire est un ancien monastère bénédictin situé dans l’ancienne commune de Léhon dans les Côtes-d’Armor en France. L’abbaye fut reconstruite au cours de la fin du 12ème et au 13ème siècle, par Pierre Mauclerc. L’abbaye dépendait du diocèse de Saint-Malo et la paroisse était du ressort et de la subdélégation de Dinan. Le roi des Francs : Philippe 1er, signe en 1093, une charte prononçant la soumission de l’abbaye Saint-Magloire à celle de l’abbaye de Marmoutier. En 1168, Henri II, roi d’Angleterre assiège le château, brûle le cimetière le 25 juin 1168, mais épargne l’église et le prieuré, qui sera rasé en 1169 et reconstruit en 1170. En 1181, l’abbaye se place sous la tutelle de l’abbaye de Marmoutier, les titres sont conservés aux Archives départementales des Côtes-d’Armor. Le jeune duc Geoffroy II de Bretagne donne en 1181, confirmation de l’accord conclu entre l’abbaye Saint-Magloire de Paris et le prieuré royal Saint-Magloire de Léhon

[16] La Rance est un fleuve côtier de l’ouest de la France, au nord de la Bretagne. Elle prend sa source dans les monts du Mené à Collinée, dans le département des Côtes-d’Armor, et se jette dans la Manche entre Dinard et Saint-Malo dans le département d’Ille-et-Vilaine.

[17] le faucon

[18] Le Barzaz Breiz, chants populaires de la Bretagne, sous-titré « recueillis et publiés avec une traduction française, des éclaircissements, des notes et les mélodies originales par Th. de La Villemarqué » est un recueil de chants recueillis, paroles et musique, dans la partie bretonnante de la Bretagne au 19ème siècle, traduits et annotés par le vicomte Théodore Hersart de La Villemarqué. La quasi-totalité des textes sont issus d’une collecte commencée par sa mère, Marie-Ursule de Feydeau de Vaugien, et poursuivie à plus grande échelle par le jeune chartiste.