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Antiochos dit le Jeune

mardi 15 juin 2021, par lucien jallamion

Antiochos dit le Jeune (221-193 av. jc)

Membre de la dynastie des Séleucides [1], fils aîné d’Antiochos III et de Laodicé III. Il est associé au règne de son père mais meurt avant de pouvoir lui succéder.

Durant l’expédition d’Antiochos III dans les satrapies [2] orientales entre 212 et 206, Antiochos, alors âgé de 11 ans, reçoit le titre de vice-roi des provinces occidentales en 210 ; c’est sa mère Laodicé III qui exerce la régence depuis l’Anatolie [3].

La naissance d’un héritier a créé les conditions du complot hourdi par Hermias , l’influent ministre, qui cherche à faire tuer le roi dans l’espoir de régenter le royaume au nom du jeune prince. Mais le complot est éventé et Hermias finit par être exécuté.

Il est mentionné dans plusieurs décrets et lettres aux côtés de son père. En 200, il commande victorieusement la cavalerie des cataphractaires [4] à la bataille de Panion [5] contre les Lagides [6] durant la cinquième guerre de Syrie [7].

En 196, Antiochos est officiellement désigné comme héritier du trône des Séleucides et doit épouser sa jeune sœur, Laodicé IV. Il s’agit du premier mariage entre frères et sœurs de la dynastie séleucide, alors que c’est une tradition chez les Lagides.

De cette union née une fille, Nysa . La même année, son père lui confie la gouvernance des Hautes satrapies pendant qu’il s’entretient en Anatolie avec les légats romains Villius Tappulus et Galba Maximus .

En 193, Laodicé IV est nommée grande prêtresse du culte de Laodicé III en Médie [8]. Ce culte vient d’être instauré dans le royaume.

Cette même année, Antiochos, trouve brutalement la mort dans des circonstances mystérieuses, suscitant une grande peine parmi sa famille. Mais d’après Tite-Live, qui se fait l’écho d’une rumeur de palais, il aurait pu être empoissonné par des eunuques [9] sur l’ordre de son père qui aurait pris ombrage de son impatience à régner. Mais cette thèse parait invraisemblable.

Son frère cadet Séleucos IV, alors installé en Thrace [10] à Lysimacheia [11], devient dès lors le prince héritier.

Antiochos III, justifie la rupture des négociations diplomatiques avec Rome par la mort de son fils aîné, il commence alors ses préparatifs militaires.

Dans le sanctuaire d’Apollon de Claros [12] près de Colophon [13], une statue en son honneur a été érigée comme l’atteste une inscription épigraphique

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2003 (ISBN 2-02-060387-X).

Notes

[1] Les Séleucides sont une dynastie hellénistique issue de Séleucos 1er, l’un des diadoques d’Alexandre le Grand, qui a constitué un empire formé de la majeure partie des territoires orientaux conquis par Alexandre, allant de l’Anatolie à l’Indus. Le cœur politique du royaume se situe en Syrie, d’où l’appellation courante de « rois de Syrie ». Les Séleucides règnent jusqu’au 2ème siècle av. jc sur la Babylonie et la Mésopotamie dans la continuité des Perses achéménides.

[2] Un satrape est le gouverneur d’une satrapie, c’est-à-dire une division administrative de l’Empire perse.

[3] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[4] Un cataphractaire était une forme de cavalerie lourde utilisée dans les guerres antiques par un grand nombre de peuples d’Eurasie occidentale. Le terme français est dérivé du grec kataphractos, qui signifie littéralement « totalement protégé ». Le terme de « cataphracte » peut également être rencontré en référence à l’armure portée par les cataphractaires.

[5] La bataille de Panion ou bataille de Paneion se déroule en 200 av. jc durant la 5ème guerre de Syrie entre l’armée séleucide d’Antiochos III et l’armée lagide. La victoire écrasante d’Antiochos III lui permet d’occuper la Cœlé-Syrie.

[6] Les Lagides ou Ptolémées sont une dynastie pharaonique issue du général macédonien Ptolémée, fils de Lagos (d’où l’appellation « lagide »), qui règne sur l’Égypte de 323 à 30 av. jc.

[7] Les guerres de Syrie correspondent à une série de six conflits qui opposèrent les royaumes lagides et séleucides durant la période hellénistique pour la domination de la région appelée Cœlé-Syrie, une des voies permettant l’accès à l’Égypte.

[8] À l’époque hellénistique, la Médie tombe sous le contrôle des Grecs, et est incluse après les conflits opposant les Diadoques dans les territoires contrôlés par les Séleucides, après avoir été un temps dominée par Antigone le Borgne. L’ancien général Atropatès qui dirigeait le contingent mède de l’armée perse à la bataille de Gaugamèles, se rallie par la suite à Alexandre le Grand et devient satrape du nord de la Médie, qui devient la Médie Atropatène, futur Azerbaïdjan, qu’il parvient à rendre autonome du pouvoir séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca. Après plusieurs décennies d’indépendance, le roi Artabanzanes doit conclure un traité de vassalité avec Antiochos III en 220 av.jc. Cette région reste peu hellénisée, à la différence du sud de la Médie, centré autour d’Ecbatane. Plusieurs villes nouvelles y sont fondées par les souverains séleucides, et l’ancienne Rhaga est renommée Europa. Un satrape local, Molon, se révolte en 220 contre Antiochos III, qui le défait. Entre 163 et 160, c’est un autre satrape de Médie, Timarque, qui se révolte contre Démétrios 1er Sôter, et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement soumis. Les révoltes qui secouent le royaume séleucide vers 150 profitent au roi parthe Mithridate 1er qui prend alors la Médie, ainsi que l’Atropatène. Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Arsacides est finalement assuré en Médie, en dépit des attaques des nomades orientaux, Scythes ou Tokhariens. La région est réorganisée administrativement, et la ville de Rhaga/Europa est renommée Arsacia.

[9] Un eunuque est un homme castré. La castration se limite généralement à l’ablation des testicules mais il arrive qu’elle concerne également le pénis, connue alors sous le nom de pénectomie. Dans la Chine ancienne, la castration était à la fois une punition traditionnelle (jusqu’à la dynastie Sui) et un moyen d’obtenir un emploi dans le service impérial. À la fin de la dynastie Ming, il y avait 70 000 eunuques dans la Cité interdite. La valeur d’un tel poste était importante car elle pouvait permettre d’obtenir un pouvoir immense qui dépassait parfois celui du premier ministre. Cependant, la castration par elle-même fut finalement interdite. Le nombre d’eunuques n’était plus estimé qu’à 470 en 1912, lorsque la fonction fut abolie. La justification de cette obligation pour les fonctionnaires de haut rang était la suivante : puisqu’ils ne pouvaient procréer, ils ne seraient pas tentés de prendre le pouvoir pour fonder une dynastie. À certaines périodes, un système similaire a existé au Viêt Nam, en Inde, en Corée et dans d’autres contrées du monde.

[10] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[11] Lysimacheia était une cité et une ville grecque hellénistique de Thrace, située à l’extrémité nord-ouest de la Chersonèse dont subsistent des remparts byzantins, connus sous le nom d’Eksamil, près du village de Bolayır dans la province turque de Çanakkale. Fondée par le roi Lysimaque en 309 comme capitale de son royaume de Thrace à proximité de l’Hellespont, elle fut plusieurs fois détruite par des séismes et par les populations thraces indigènes et souffrit des vicissitudes des conflits hellénistiques et de l’expansion romaine.

[12] Claros, est une ville, important sanctuaire oraculaire dédié à Apollon sur le territoire de la cité de Colophon en Ionie (Asie Mineure).

[13] Colophon est une cité grecque d’Ionie (Asie mineure), située au nord-ouest d’Éphèse, dont le nom a donné naissance à un terme d’imprimerie. Elle se situe entre Lébédos et Éphèse. Les ruines de l’antique cité se trouvent aujourd’hui à Castro de Ghiaour-Keui, un village de mineurs d’İzmir.