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Les femmes celtes

mardi 18 mai 2021, par ljallamion

 Les femmes celtes

Femmes de pouvoir ? du 4ème siècle av.jc au début de notre ère

Archéologie, témoignages d’historiens antiques, mythologie même : toutes les sources sur la civilisation gauloise affirment qu’un certain nombre de femmes de haut rang ont exercé le pouvoir, au même titre que les hommes.

Ainsi en est-il, en Allemagne, de la dame de Reinheim [1] qui fut enterrée avec une grande quantité de bijoux au 4ème siècle av. jc. Le torque et les bracelets trouvés avec elle. Etais-ce un symbole mythologique ? une image ou un symbole propre à la dame de Reinheim ? Si tel est le cas, cela supposerait que cette femme détenait une grande puissance et une influence telle qu’elle pouvait commander ses propres parures ou qu’elle possédait assez d’autorité de son vivant pour que sa dépouille fût parée de joyaux spécialement réalisés à son intention.

Les auteurs classiques apportent également leur contribution : Plutarque révèle que, dans certaines tribus, les femmes intervenaient dans les conseils réunis en vue de la guerre ou de la paix ou lors de conflits avec des étrangers. Tacite et Dion Cassius évoquent longuement l’histoire de la reine Boadicée ou Boudicca , ainsi que celle de Cartimandua .

Prasutagos ou Prasutag , roi des Icéniens [2], avait fait un pacte avec les Romains afin de conserver son royaume. À sa mort, sa veuve, Bouddica, prend le pouvoir, comme il est de coutume chez les Celtes. Une coutume qui ne reçoit pas l’approbation des Romains qui tentent alors d’évincer la souveraine. C’est ce qui déclenchera la révolte de Boudicca.

Elle s’allie avec les Trinovantes [3], ses voisins et, de 60 à 61 après jc, mène une guerre sans merci contre le pouvoir impérial. Ainsi, elle s’emparera et détruira, avec d’ailleurs des raffinements de cruauté, 3 des principales villes romaines de Bretagne [4]. Colchester [5], Londres [6] et Verulamium [7]. Finalement vaincue par les légions romaines, Boudicca se suicidera. Elle avait été près d’arracher à Rome sa plus récente province.

L’histoire de Cartimandua, toujours au 1er siècle, est en quelque sorte l’antithèse de celle de Boudicca. En effet, loin de se révolter, Cartimandua, reine des Brigantes [8], est une alliée active des Romains, qui, dans l’intérêt de l’empire, ont passé outre leur aversion envers les femmes au pouvoir. Car ce n’est pas de Rome que Cartimandua détient son pouvoir. Tacite raconte en effet que son rang lui venait de sa naissance. Elle est donc souveraine par naissance et héritage et exercera le pouvoir durant 12 ans. De son côté, Strabon, dans la relation qu’il fait de la fondation de Massilia [9], donne le premier rôle à une femme Aristarché , l’une des femmes les plus considérées de la ville.

Ce qui paraît pourtant le plus étonnant dans ce bref aperçu du pouvoir réel des femmes celtes, c’est l’idée si largement répandue que les Celtes étaient des barbares. Or il paraît clair que leur société était évoluée, notamment si on les compare avec les Romains chez qui, justement, la femme n’avait ni place ni droit, sinon celui que voulait bien lui déléguer le paterfamilias.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Alix Ducret/ Histoire antique/ Histoire Celte (4 mai 2016)

Notes

[1] Le parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim est un parc archéologique situé à cheval sur la frontière franco-allemande sur les communes de Reinheim dans la Sarre et de Bliesbruck en Moselle.

[2] une tribu de l’actuelle East Anglie

[3] Les Trinovantes (ou Trinobantes) est l’un des peuples bretons les plus puissants de la protohistoire de la Grande-Bretagne, avant l’occupation romaine. Leur territoire se situait au nord de l’estuaire de la Tamise, dans les actuels comtés d’Essex et de Suffolk. Leur capitale Camulodunon se situait sur le lieu de l’actuelle ville de Colchester, une des localisations supposées de Camelot. Ils avaient pour voisins les Icènes au nord, les Catuvellauni à l’ouest et les Cantiaci au sud.

[4] La Bretagne ou Britannie (Britannia en latin) est la province romaine qui, du premier au quatrième siècle, couvrait une partie de l’île de Grande-Bretagne correspondant à des territoires qui devinrent par la suite ceux de l’Angleterre, du pays de Galles et du sud de l’Écosse.

[5] Camulodunum est l’oppidum du peuple breton des Trinovantes, situé près de l’actuelle ville de Colchester (comté d’Essex) dans l’île de Bretagne. Le toponyme signifie « forteresse de (du dieu) Camulos ».

[6] Les régions aux alentours de Londres (aujourd’hui situées à l’intérieur des frontières du Grand Londres) semblent avoir été habitées par des Bretons insulaires depuis les temps préhistoriques, mais aucune trace archéologique n’a été mise au jour au nord du pont de Londres, lieu où la ville est véritablement née et d’où elle s’est développée. Les plus anciennes traces certaines d’installations durables remontent à l’an 43 et sont dues aux Romains qui, à la suite de leur conquête de la Bretagne, y bâtissent une première ville. Ce premier campement est appelé Londinium. Le pont de Londres se trouvait au centre du tout nouveau réseau de routes créé par les Romains et était un lieu de passage privilégié pour traverser la Tamise, ce qui a attiré de nombreux commerçants et ainsi contribué à la croissance de la ville. Londres est vite devenue un important centre d’échanges et de commerce, la Tamise permettant d’acheminer facilement des marchandises jusqu’au cœur de la ville

[7] devenue Saint-Albans

[8] Les Brigantes étaient un puissant peuple celte de l’île de Bretagne (actuelle Grande-Bretagne). Le territoire des Brigantes, lors de la conquête romaine, se situait approximativement dans les actuels comtés du Northumberland et du Yorkshire au nord-est de l’Angleterre, entre les fleuves Humber et Tyne. Leur capitale semble avoir été Eboracon (latinisé en Eburacum, aujourd’hui la ville d’York), leurs autres résidences étant Catterick, Aldborough et Ilkley. Les Carvetii et les Parisii du Yorkshire comptaient parmi leurs clients. Lors de l’invasion et l’occupation de l’île par les Romains, les Brigantes ont bénéficié d’une relative autonomie, due au parti pris de la reine Cartimandua, qui régna de 50 à 70. Quand Caratacos, à la tête des tribus galloises de Silures et des Ordovices, est défait par le propréteur romain Publius Ostorius Scapula, il trouve refuge auprès de la reine Cartimandua, qui le livre à ses ennemis.

[9] Marseille