Le document qui nous fait remonter le plus haut dans l’histoire des premiers seigneurs de Château-Gontier [1], est la charte notice relatant la fondation même du château et de la ville. Elle est en tête du Cartulaire de Saint-Aubin, raconte l’établissement du château par Foulque III Nerra, l’année même de la naissance de Geoffroy Martel en 1007, dans le territoire de Bazouges [2], que le comte avait retiré sur les religieux de Saint-Aubin depuis plusieurs années en échange d’Hondainville.
Le fait est que Renaud, qui avait eu la mission d’achever l’œuvre de Foulque Nerra, prenait le titre de Renaud de Château-Gontier en 1026, dans une charte du comte dont il était l’un des officiers les plus notables, puisqu’il paraît en tête de tous les témoins.
Renaud de Château-Gontier fut un fidèle chevalier de Foulque Nerra qui lui confia la place et la tour de Château-Gontier, tout en retenant prudemment la suzeraineté et la possibilité d’une reprise si la succession légitime du bénéficiaire venait à défaillir. Il avait également un domaine et fief à Angers, que conservèrent ses successeurs. Le comte lui avait donné aussi en bénéfice l’abbaye de Saint-Maurille, l’une des plus vieilles églises de la ville.
Plus tard l’évêque d’Angers [3], Hubert, désolé de voir cette abbaye de sa ville épiscopale en mains laïques, en obtint la restitution de Renaud, de ses fils et de ses filles, en échange de vignes et d’exemption de vairie sur ses terres de Morannes [4]. Foulque Nerra est encore assisté de Renaud de Château-Gontier quand, en 1038, il réorganise l’Abbaye Saint-Nicolas d’Angers [5], fondée en 1010.
La faveur de Renaud auprès de Geoffroy Martel ne fut pas moins grande dès le commencement de son administration. On en a la preuve dans les nombreuses chartes qu’il signa avec lui. On peut supposer qu’il avait été partisan de sa cause même du vivant de Foulque Nerra. On le trouve comme juge de sa cour et même comme arbitre entre le comte et les moines.
Geoffroy apprit au mois d’octobre 1040 la mort de son père survenue à Metz le 21 juin précédent. Aussitôt il confirma les donations du défunt aux abbayes du Ronceray et de Saint-Nicolas, y ajoutant de nouvelles faveurs, aussi bien qu’à sa propre fondation de Vendôme [6], toujours en présence de Renaud de Château-Gontier et de son fils Alard . On ne peut préciser la date de la mort de Renaud, mais elle se trouve entre octobre 1040 et 1046, du temps de la comtesse Agnès. Alard, son fils, paraît seul dans une charte du Ronceray du 14 février 1041.