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Eutychius de Constantinople dit Saint Eutychius de Constantinople

mercredi 28 avril 2021, par ljallamion

Eutychius de Constantinople dit Saint Eutychius de Constantinople (vers 512-582)

Patriarche de Constantinople d’août 552 à janvier 565 et d’octobre 577 à sa mort

Né à Theium en Phrygie [1] Sa vie est bien connue, car la biographie rédigée après sa mort par un de ses proches, Eustathe, prêtre de Constantinople [2], a été conservée.

Son père Alexandre était un officier de l’armée qui servit sous Bélisaire. Lui-même devint moine à 30 ans dans le diocèse d’Amasée [3], puis prêtre et archimandrite [4], et en 552 son évêque l’envoya à Constantinople pour y traiter d’affaires de sa charge.

Il fit apparemment grande impression sur l’empereur Justinien, car, lorsque, juste après, mourut le patriarche Mennas le 25 août 552, il fut désigné le jour même pour la succession.

Il eut aussitôt à reprendre les négociations avec le pape Vigile, qui se trouvait à Constantinople depuis 547, sur la convocation d’un concile œcuménique, voulu par l’empereur Justinien pour entériner la condamnation des Trois Chapitres [5].

Le pape céda finalement le 28 janvier 553, mais refusa de participer à ce deuxième concile de Constantinople [6], qui fut dès lors présidé par Eutychius du 5 mai au 2 juin 553. Le 14 mai, le pape envoya un document condamnant 60 propositions de Théodore de Mopsueste, mais refusant toujours la condamnation globale des Trois Chapitres. Le concile passa outre, et ce fut Eutychius qui rédigea les décrets. Finalement, c’est dans une lettre adressée au patriarche Eutychius et datée du 8 décembre 553 que le pape Vigile céda pour pouvoir rentrer à Rome.

Le 24 décembre 562, Eutychius réinaugura en présence de l’empereur la cathédrale Sainte-Sophie [7] dont la coupole s’était effondrée le 7 mai 558, à la suite du tremblement de terre de décembre 557.

Fin 564, Justinien promulgua un décret à la teneur relevant de l’aphthartodocétisme [8]. L’empereur envoya ce texte aux patriarches pour signature, mais Eutychius lui opposa un refus net.

Le 22 janvier 565, Justinien fit perquisitionner son domicile et arrêter tous ses serviteurs pendant qu’il célébrait la messe. La nuit suivante, le patriarche fut arrêté et enfermé dans un monastère à Chalcédoine [9].

Huit jours après, un synode d’évêques fut réuni pour le juger sur des griefs sans rapport avec la question, touchant son mode de vie prétendument inapproprié. Eutychius refusa de se présenter, et fut condamné et déposé. Il fut d’abord relégué sur l’île de Prinkipo [10], puis renvoyé au mois d’avril suivant dans son ancien monastère d’Amasée, et remplacé par Jean III Scholastique.

C’est après la mort de celui-ci, le 31 août 577, que Justin II, le successeur de Justinien, rétablit Eutychius sur son trône le 3 octobre 577.

Il eut aussi une controverse avec le diacre Grégoire, apocrisiaire [11] du pape Pélage II à Constantinople de 580 à 585, et futur pape Grégoire 1er, à propos de la résurrection des corps.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Eutychius de Constantinople/ Portail du monde byzantin/ Catégories : Patriarche de Constantinople

Notes

[1] La Phrygie est un ancien pays d’Asie Mineure, situé entre la Lydie et la Cappadoce, sur la partie occidentale du plateau anatolien. Les Phrygiens sont un peuple indo-européen venu de Thrace ou de la région du Danube. Ils ont occupé vers 1200 av.jc la partie centrale et occidentale de l’Asie Mineure, profitant de l’effondrement de l’Empire hittite.

[2] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[3] Amasya est la ville capitale de la province turque de même nom. Amasya est la ville natale du grand historien et géographe grec Strabon. Sous le nom d’Amasée ou Amasia elle était la capitale de la province de Diospontus ou Hélénopont, créée par Dioclétien et rattachée au diocèse du Pont.

[4] Un archimandrite est, dans les Églises de rite byzantin, un titre honorifique accordé aux higoumènes (supérieurs de monastère) ou aux recteurs (curés) de paroisses importantes.

[5] L’affaire dite des Trois Chapitres s’inscrit dans les efforts de Justinien 1er pour réconcilier sur le plan religieux les parties orientale et occidentale de son empire en les persuadant que les décisions du concile de Chalcédoine de 451 étaient conformes à la christologie de l’école d’Alexandrie. En 544, il publia un édit en trois chapitres, le premier condamnant Théodore de Mopsueste, les deux autres condamnant les écrits jugés pro-nestoriens de Théodoret de Cirrhe et la lettre adressée par l’évêque d’Édesse, Ibas, à Mari.

[6] Le deuxième concile de Constantinople s’est tenu du 5 mai au 2 juin 553. Ce fut le cinquième des sept conciles œcuméniques reconnus à la fois par l’Église catholique romaine et l’Église orthodoxe. Convoqué par l’empereur Justinien, il fut présidé par le patriarche Eutychius de Constantinople et réunit 152 évêques venant principalement d’Orient. Seuls 16 évêques d’Occident étaient présents, dont 9 d’Illyrie et 7 d’Afrique, mais aucun d’Italie. Par ce concile, Justinien voulait faire confirmer par l’Église sa condamnation édictée en 553 contre les écrits de 3 évêques se rattachant à l’école théologique d’Antioche : Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse.

[7] Ancienne église chrétienne de Constantinople du vie siècle, devenue une mosquée au 15ème siècle sous l’impulsion du sultan Mehmet II. Elle est édifiée sur la péninsule historique d’Istanbul. Depuis 1934, elle n’étaitt plus un lieu de culte mais un musée. en 2020 elle redevient une mosquée

[8] L’aphthartodocétisme est une doctrine apparue au début du 6ème siècle enseignant l’incorruptibilité du corps du Christ avant sa résurrection. Cette doctrine christologique a connu son heure de gloire sous Justinien, qui, d’après le De sectis attribué à Léonce de Byzance, aurait fini par y adhérer. Elle consiste à dire que le corps du Christ étant inséparable de sa divinité (selon un point de vue propre à Cyrille d’Alexandrie et au monophysisme), il n’a pas pu lui-même, de par sa nature propre, s’altérer dans la mort ni même souffrir, Dieu n’étant pas sujet à la corruption de la matière. Elle a été formulée par Julien d’Halicarnasse, d’où le nom de Julianistes donné parfois à ses partisans. On les appelle aussi Phantasiates (les souffrances du Christ, quoique réelles, sont apparentes, elles ne sont pas dues à sa nature mais à sa volonté) et Gaianites (du nom du premier évêque de l’Église dissidente, qui a essaimé principalement dans le monde syriaque). Justinien y adhéra à la fin de sa vie, et la consacra par un édit de janvier 565. Il s’aliéna ainsi tout le clergé orthodoxe et fit déposer et exiler le patriarche de Constantinople Eutychius.

[9] Chalcédoine est une cité grecque de Bithynie (actuellement en Turquie), située sur l’entrée orientale du Pont-Euxin, face à Byzance et au sud de Chrysopolis (Scutari, actuellement Üsküdar). La ville turque de Kadıköy est aujourd’hui située sur l’emplacement de Chalcédoine, dans le prolongement d’Üsküdar. Elle fait partie, avec le reste du royaume de Bithynie, du legs de Nicomède IV à l’Empire romain en 74 av. jc. Elle subit l’invasion de Mithridate VI, qui est ensuite chassé par Lucullus. De nouveau dans le giron de l’Empire romain, elle redevient une ville libre. Chalcédoine accueille le quatrième concile œcuménique des chrétiens en 451. Chosroès II, roi des Perses Sassanides, assiège la ville en 602 et s’en empare pour venger le meurtre de son ami Maurice Tibère ; il menace alors directement Constantinople dirigée par Phocas. La ville revient à l’empire l’année suivante, avant d’être à nouveau assiégée (mais non prise) par les Perses en 617 et 626, puis par mer, par les Arabes, en 678 et 718.

[10] Büyükada est la plus grande (5,4 km2) des neuf îles constituant les îles des Princes dans la mer de Marmara, à proximité d’İstanbul.

[11] Un apocrisiaire est dans l’Empire byzantin soit un ambassadeur impérial , soit, de façon plus spécifique, un messager ou un représentant ecclésiastique. Dans cette seconde acception, l’apocrisiaire est le représentant d’une autorité ecclésiastique locale ou régionale, comme les évêques et les higoumènes, au siège du ressort supérieur dont elle dépend, métropole ou patriarcat. Cette institution apparaît dès le 5ème siècle avant d’être généralisée par Justinien. Les patriarcats, archevêchés et sièges métropolitains les plus importants envoient à leur tour des apocrisiaires à la cour impériale, à Constantinople.