Guillaume II de Provence dit le Pieux (982-1018)
Comte de Provence de 993 à 1018
Il ne peut récupérer le titre de marquis qui échoit à son oncle Rotboald 1er .
Fils de Guillaume 1er dit le Libérateur et de sa seconde épouse, Adélaïde d’Anjou. Bien que la filiation entre Adélaïde et son fils Guillaume soit attestée par de nombreuses chartes contemporaines et soit acceptée par les historiens médiévistes, certaines compilations généalogiques de seconde main persistent à en faire le fils d’Arsinde de Comminges, la première femme de Guillaume le Libérateur.
Le jeune Guillaume est cité pour la première fois en 990 dans une charte signée par son père le comte Guillaume 1er, sa mère la comtesse Adélaïde et son oncle Rotboald.
Comte en 993, alors qu’il est encore enfant, il le devient effectivement en 999. Vers 1002, il épouse Gerberge de Bourgogne, fille d’Otte-Guillaume, comte de Bourgogne [1] et d’ Ermentrude de Roucy , comtesse de Macon [2] et de Besançon, dite de Reims.
Il participe en 1005 à l’assemblée présidée par sa mère la comtesse Adélaïde qui règle la condition de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille [3].
En 1008 à la mort de son oncle Rotboald, Guillaume étant trop jeune pour exercer avec autorité la fonction comtale, l’aristocratie met le pouvoir comtal en cause dans une révolte qui n’est que la première d’une longue série. La nouvelle génération nobiliaire conteste avec violence les donations pieuses accordées par le marquis et son entourage.
Ce n’est qu’en 1009 que la comtesse Adelaïde réussit avec difficulté à rétablir la paix. Vers 1014, le pape Benoît VIII s’adresse à Guillaume II et à Adélaïde, qui gouverne avec lui, pour les engager à réprimer les brigandages des seigneurs qui envahissent les biens de l’abbaye de Saint-Gilles [4].
Les violences avec la maison de Fos reprennent un peu après. Dans le passé la forteresse de Fos [5], qui commandait l’entrée de l’étang de Berre [6] où se trouvaient de nombreux salins, ainsi que Hyères [7], avait été confiée à un vicomte, Pons de Fos . Or, celui-ci refuse l’hommage et la restitution au comte en 1018. Avec l’aide du vicomte de Marseille [8] Fulco et d’autres grands, Guillaume II de Provence part en guerre contre Pons de Fos, mais est tué dans les combats, en 1018 avant le 30 mai, probablement le 4 mars.
Guillaume II est inhumé dans les fondements de l’église en cours de construction de l’abbaye de Montmajour [9] qui au début du 11ème siècle devient la nécropole des comtes de Provence. Sa dépouille est rejointe en 1026, par celle de la comtesse Adélaïde et en 1063 par celle du comte Geoffroy . Toutes les trois initialement déposées dans la crypte du 11ème siècle sont transférées au 12ème siècle au cloître. Le comté de Provence fut partagé en indivision entre ses 3 fils
Notes
[1] Le comté de Bourgogne, appelée aussi Franche Comté de Bourgogne était un important comté fondé en 986 par le comte Otte-Guillaume de Bourgogne et dont le territoire correspond aujourd’hui approximativement à l’actuelle région de Franche-Comté. Il avait pour capitale Dole (château de Dole) et était gouverné du 10ème au 17ème siècle par les comtes palatins de Bourgogne. Ce comté est formé par la réunion des quatre circonscriptions administratives carolingiennes (pagi bourguignons) : l’Amous (région de la Saône, de l’Ognon et du Doubs), l’Escuens (région de Château-Chalon), le Portois (région de Port-sur-Saône) et le Varais (région enserrée dans le « M » que forme le tracé de la rivière le Doubs).
[2] Le comté de Mâcon rattaché à la ville de Mâcon en Saône-et-Loire (Mâconnais) dans la partie sud-est de la Bourgogne au Moyen Âge. À l’époque carolingienne, le pagus devient un comté. Sans postérité, le dernier comte, Jean de Dreux et de Braine, et sa veuve, Alix, comtesse de Mâcon et de Vienne, vendent le comté au roi de France, Saint Louis, qui l’incorpore au domaine royal, tandis que le titre de comte de Vienne reste aux oncles d’Alix. Rendu au duché de Bourgogne en 1435 dans le cadre du traité d’Arras, le comté de Mâcon est définitivement annexé au royaume avec l’ensemble de la Bourgogne après 1477, année de la défaite et de la mort du duc Charles le Téméraire vaincu par Louis XI. Jusqu’à la Révolution française, le Mâconnais, rattaché à la Bourgogne avec le statut de comté adjacent, disposait de ses propres États : les États particuliers du Mâconnais.
[3] L’abbaye Saint-Victor de Marseille a été fondée au ve siècle par Jean Cassien, à proximité des tombes de martyrs de Marseille, parmi lesquels saint Victor de Marseille, qui lui donna son nom. L’abbaye prit une importance considérable au tournant du premier millénaire par son rayonnement dans toute la Provence. L’un de ses abbés, Guillaume de Grimoard, fut élu pape en 1362 sous le nom d’Urbain V. À partir du 15ème siècle, l’abbaye entama un déclin irrémédiable.
[4] Le monastère est construit au 7ème siècle, initialement dédié à saint Pierre et saint Paul, puis au 9ème siècle à saint Gilles, un ermite local. Ses reliques, conservées dans l’église abbatiale, en font un important lieu de pèlerinage sur la via Tolosana vers Saint-Jacques-de-Compostelle. L’abbaye est placée sous la protection du Saint-Siège. À la fin du 11ème siècle, sous l’influence du pape Grégoire VII, le monastère de Saint-Gilles est rattaché à Cluny. Les moines de Saint-Gilles, refusant de se soumettre à Cluny, conservent le privilège d’élire leurs abbés. En 1120 nouveau refus des moines de se soumettre à Cluny. En 1132 les moines de Saint-Gilles acceptent enfin de se soumettre à la réforme de Cluny et à la règle bénédictine. Il connaît, en ce temps-là, une période de grande prospérité. Cette protection et les reliques assurant de bons revenus à la communauté, un projet de construction d’une nouvelle église est alors lancé
[5] Fos-sur-Mer est une commune française, située dans le département des Bouches-du-Rhône. Au Moyen Âge, Fos-sur-Mer fut le fief originel des seigneurs de Fos. Il se présentait sous la forme d’une bande littorale longue d’environ 25 km pour une largeur inférieure à 10 km et englobait le château, l’un des plus anciens et des plus importants de la Provence occidentale, le village et les terres de Fos, des églises rurales comme Saint-Julien et Saint-Pierre près de Martigues et l’abbaye Saint-Gervais de Fos.
[6] L’étang de Berre est une étendue d’eau voisine de la mer Méditerranée à l’ouest de Marseille, dans le département des Bouches-du-Rhône. Véritable lagune côtière, c’est le second plus grand étang salé d’Europe après le Mar Menor, en Espagne.
[7] Hyères est une commune française située dans le département du Var. Chef-lieu de deux cantons, la ville est située sur la rive de la mer Méditerranée à 16 km à l’est de Toulon, à l’embouchure du Gapeau.
[8] Les vicomtes de Marseille sont une famille vicomtale dont l’origine remonte au milieu du 10ème siècle avec Arlulf de Marseille. Seigneurs de Marseille et de Trets avant 977, les vicomtes de Marseille réussissent à se soustraire à la domination des comtes de Provence. Ils se créent une sorte de souveraineté. Ils ne sont plus astreints qu’à un service de chevauchée envers leurs suzerains, et prétendent tenir leur vicomté de la grâce de Dieu et ne pas relever des comtes de Provence. Le sel leur appartient. Presque toujours un de leurs fils occupe le siège épiscopal du diocèse. Du reste, les évêques suivent les vicomtes dans cette voie d’indépendance. Les évêques ont la seigneurie de la ville supérieure, et les vicomtes, maîtres de la seigneurie de la ville inférieure, jouissent en outre de droits domaniaux dans tout le reste du district, qui embrasse le littoral depuis Fos jusqu’à l’embouchure du fleuve d’Argens, près de Fréjus, la vallée de l’Huveaune et le pays situé sur la rive orientale de l’étang de Berre
[9] L’abbaye Saint-Pierre de Montmajour, attesté sous la forme latinisée Monsmajoris, est une abbaye bénédictine fondée en 948 à environ quatre kilomètres au nord-est d’Arles dans le département des Bouches-du-Rhône (France). Dès la fin du 10ème siècle elle devient l’une des abbayes les plus riches de Provence et le monastère se développe, entre le 11ème siècle et le début du 18ème siècle, par la construction d’une série de bâtiments religieux et militaires. Abandonné à la fin du 18ème siècle, puis fortement dégradé après la Révolution