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L’histoire pour le plaisir

Zoé Carbonopsina

dimanche 21 février 2021, par ljallamion

Zoé Carbonopsina

4ème épouse de l’empereur byzantin Léon VI le Sage

Elle était parente du chroniqueur Théophane le Confesseur, et la nièce de l’amiral Himérios . Elle fut la maîtresse de Léon VI pendant un certain temps, et il ne l’épousa que lorsqu’elle lui eut donné un fils, le futur Constantin VII, en 905. Il s’agissait cependant là de son quatrième mariage, ce qui équivalait, pour l’Église orthodoxe, au crime de polygamie.

Le patriarche Nicolas Mystikos baptisa avec réticence Constantin, mais interdit fermement à l’empereur de se remarier pour la 4ème fois. Il passa outre en célébrant secrètement son mariage dans la chapelle privée du palais, devant un simple prêtre. L’opposition continuelle de Nicolas lui valut d’être arrêté sous un prétexte fallacieux, et il fut forcé d’abdiquer en 907. Le nouveau patriarche, Euthyme Ier de Constantinople , reconnut le mariage.

En 912, Léon mourut et son frère cadet Alexandre lui succéda. Il rappela Nicolas et chassa Zoé du palais. Elle y revint après la mort d’Alexandre, en 913, mais Nicolas la força à entrer dans un couvent après avoir obtenu du sénat et du clergé qu’ils ne l’accepteraient pas comme impératrice. Cependant, les concessions impopulaires que fit Nicolas aux Bulgares [1] la même année affaiblirent sa position, et en 914, Zoé put renverser Nicolas et le remplacer à la régence. Nicolas put rester patriarche après l’avoir reconnue comme impératrice.

Zoé régna en s’appuyant sur la bureaucratie impériale, ainsi que sur l’influent général Léon Phocas, son favori. Le premier acte de Zoé fut de révoquer les concessions faites à Siméon de Bulgarie , dont la reconnaissance de son titre impérial et le mariage arrangé entre sa fille et Constantin. Ce geste ralluma la guerre entre Byzance et la Bulgarie, qui commença mal pour les premiers, qui devaient également s’occuper d’opérations militaires dans le sud de l’Italie et sur leur frontière orientale.

En 915, les troupes de Zoé firent échouer une invasion arabe de l’Arménie, et la paix fut signée avec les Arabes. Elle était désormais libre d’organiser une opération de grande envergure contre les Bulgares, qui s’étaient enfoncés profondément dans l’empire et avaient pris Andrinople [2]. Cette campagne se solda par un échec cuisant : l’alliance avec les Petchenègues [3], qui devaient attaquer les Bulgares par le nord, échoua, et Léon Phocas subit deux défaites cuisantes à Anchialos [4], puis à Katasyrtai [5], en 917.

Les offres d’alliance aux Serbes et aux Magyars [6] n’aboutirent pas, et les Arabes, encouragés par la faiblesse de l’empire, recommencèrent à lancer des raids. La position de Zoé ne fut guère améliorée par un traité humiliant avec les Arabes de Sicile, dont l’aide était demandée pour mettre un terme aux révoltes en Italie.

En 919, l’amiral Romain Lécapène profita de l’opposition croissante à Zoé et Léon Phocas pour prendre le pouvoir. Il maria sa fille Hélène à Constantin VII et, en 920, accusant Zoé d’avoir voulu l’empoisonner, la renvoya dans son couvent.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de John Julius Norwich (trad. Dominique Peters), Histoire de Byzance (330-1453), Paris, Librairie Académique Perrin, 1998 (1re éd. 1999) [détail des éditions] (ISBN 2-262-01333-0)

Notes

[1] Le Premier Empire bulgare désigne un État médiéval chrétien et multiethnique qui succéda au 9ème siècle, à la suite de la conversion au christianisme du Khan Boris, au Khanat bulgare du Danube, fondé dans le bassin du bas Danube. Le Premier Empire bulgare disparut en 1018, son territoire au sud du Danube étant réintégré dans l’Empire byzantin. À son apogée, il s’étendait de l’actuelle Budapest à la mer Noire, et du Dniepr à l’Adriatique. Après sa disparition, un Second Empire bulgare renaquit en 1187.

[2] Edirne (autrefois Andrinople ou Adrianople) est la préfecture de la province turque du même nom, limitrophe de la Bulgarie et de la Grèce. Elle est traversée par la Maritsa (Meriç en turc).

[3] Les Petchénègues ou Petchenègues sont un peuple nomade d’origine turque qui apparaissent à la frontière sud-est de l’empire khazar au 8ème siècle. Ils s’installent au 10ème siècle au nord de la mer Caspienne. Selon la légende, ils constituent la tribu Peçenek des Oghouzes, issue de Dağ Han (« prince montagne »).

[4] La troisième bataille d’Anchialos opposa le 20 août 917, les forces de l’armée byzantine commandées par Romain 1er Lécapène, Léon Phocas et Jean Bogas à celles de l’empereur Siméon 1er de Bulgarie sur les rivages de la mer Noire autour de cette ville (aujourd’hui Pomorie en Bulgarie). Elle se termina par une victoire bulgare au terme de laquelle Siméon se rendit à Constantinople où il fut couronné une deuxième fois comme « tsar ».

[5] La bataille de Katasyrtai a eu lieu à l’automne 917, peu de temps après le triomphe bulgare à Anchialos près du village du même nom près de la capitale byzantine Constantinople (aujourd’hui Istanbul). Le résultat a été une victoire bulgare.

[6] Les Magyars ou Hongrois sont à l’origine un groupe ethno-linguistique finno-ougrien originaire d’Asie centrale et dont les migrations successives, d’abord vers l’Oural, ensuite vers la mer Noire (pays d’Etelköz, l’actuelle Ukraine) ont finalement abouti à la création du « pays magyar » (Magyarország), c’est-à-dire la Hongrie. Des débats historiographiques récurrents évoquent l’existence de « Magyars orientaux » (keleti Magyarok) dans le Caucase et en Asie centrale. De nos jours, le qualificatif « magyar » est souvent utilisé comme un ethnonyme, pour désigner la catégorie ethnique dans son sens historique (avant la création de l’État hongrois) ou dans son sens socio-culturel, pour désigner les Magyars d’outre-frontières, à savoir les minorités de langue hongroise dans les pays frontaliers de la Hongrie. En hongrois, le qualificatif magyar est également utilisé dans un sens politique, pour désigner tout ce qui est relatif à la Hongrie comme État-nation moderne et par extension tous les citoyens hongrois, quelles que soient leurs origines socio-culturelles.