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L’histoire pour le plaisir

Liutprand de Crémone

jeudi 20 août 2020, par ljallamion

Liutprand de Crémone (vers 920/922-vers 972)

Evêque-Ambassadeur et historien italien

Il a effectué deux ou trois ambassades à Constantinople [1] dans le but de resserrer les liens entre les Lombards, puis le Saint Empire romain germanique avec l’Empire byzantin [2].

Il naît à Pavie [3], dans une famille noble lombarde vivant à la cour du roi Hugues de Provence. On ne connaît pas le nom de son père, ni celui du second époux de sa mère. Mais tous deux ont été commis par le roi Hugues, en 927 et à nouveau en 942, comme ambassadeurs à Constantinople.

Liutprand vit dans un premier temps à la cour du roi Hugues. Il passe ensuite au service de l’ancien premier ministre Bérenger II lorsque celui-ci renverse Hugues en 945. Sous les ordres de Bérenger, Liutprand est alors envoyé en ambassade à Constantinople auprès de Constantin VII en 949.

À son retour, il se brouille avec Bérenger II, et le quitte vers 955 pour rejoindre la cour d’Otton 1er, qui après avoir conquis une partie de l’Italie [4] le nomme évêque de Crémone [5] en 961. Il participe au concile de Rome 2 ans plus tard, en 963.

En 968, Liutprand retourne en ambassade à Constantinople demander à l’Empereur Nicéphore II Phocas la main d’une princesse Porphyrogénète [6] pour le fils d’Otton 1er, Otton II.

Il revient bredouille devant Otton 1er, qui comptait bien obtenir par ce mariage la paix avec l’Empire byzantin, la reconnaissance par l’empereur byzantin du titre d’Empereur et Auguste que le pape lui a conféré, ainsi que les terres conquises sur le domaine byzantin.

Liutprand effectue peut-être une troisième ambassade en 971, toujours à Constantinople, qui aurait enfin permis à Otton II d’épouser la princesse byzantine Théophano Skleraina.

Il a dénoncé et condamné les profits scandaleux que réalisaient les juifs trafiquants d’esclaves de Verdun [7].

Il meurt vers 972.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de François Bougard (trad. et comm.), Liudprand de Crémone. Oeuvres, Paris, CNRS éditions, 2015 (ISBN 978-2-271-08340-1)

Notes

[1] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[2] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la 4ème croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[3] Pavie est une ville de la province de même nom en Lombardie (Italie). Pavie est nommée Pavia en italien et en lombard. À partir du 6ème siècle, la ville est nommée Papia, un dérivé probable du nom d’une gens romaine. Pavie est située sur les rives du Tessin, à une dizaine de kilomètres en amont de son confluent avec le Pô. Milan, au nord, est distante de 35 km ; Gênes, au sud, de 90 km ; Turin, à l’ouest, de 110 km.

[4] Rome et Ravenne

[5] Ville de la Lombardie, dans le nord de l’Italie. En 603, Crémone, bastion byzantin, fut conquise par les Lombards qui démembrèrent le territoire. La cité dirigée par l’évêque ne devient pas siège du duché et même après la conquête carolingienne, l’évêque-comte maintiendra et amplifiera son contrôle sur la cité et sur le comté. Entre le 10ème et le 11ème siècle, la cité accroît son pouvoir, grâce à d’importantes concessions accordées par les évêques recteurs de la cité. Entre autres se distinguent Liutprand, qui fut appelé à la cour impériale de Saxe, et Olderico, qui réussit à obtenir, de Othon III, d’importants privilèges pour la cité. Ce furent les évêques Lamberto et Ubaldo qui créèrent des tensions avec la population de Crémone pour la gestion des propriétés du monastère de San Lorenzo, avec la médiation de l’empereur Corrado II du Saint-Empire qui en 1037, donna asile au pape Benoît IX.

[6] « né dans la pourpre », la pourpre symbolisant l’empereur

[7] L’existence de l’agglomération verdunoise remonte à l’Antiquité où les Celtes fondent un oppidum surplombant un méandre de la Meuse. Devenue chef-lieu de la Civitas Verodunensium, la ville est l’une des quatre cités de la province romaine de Belgique première. En 843, le traité de Verdun qui partage l’Empire carolingien en trois royaumes y est signé. Ville du Saint Empire romain germanique depuis le 10ème siècle, Verdun est soumise par la France en 1552, au cours du « Voyage d’Austrasie ». Elle forme avec les autres villes libres d’Empire, Metz et Toul, la province des Trois-Évêchés, qui se voit définitivement rattachée au Royaume de France en 1648 par le Traité de Münster. Forteresse de l’Est de la France, la ville est le théâtre de plusieurs batailles, telles que celle de 1792 lors des guerres de la Révolution française, et celle de 1870 lors de la guerre franco prussienne. Mais c’est surtout la bataille de Verdun de 1916, au cours de la Première Guerre mondiale, qui rend à jamais célèbre la ville dans le monde entier.