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Egbert d’York

mardi 18 août 2020, par ljallamion

Egbert d’York (mort en 766)

Prélat anglo-saxon

Frère du roi Eadberht de Northumbrie, il est évêque d’York [1] à partir de 732, puis archevêque à partir de 735. Correspondant de Bède le Vénérable et de Boniface de Mayence , il est l’un des principaux hommes d’Église anglais du 8ème siècle.

Issu de la lignée royale de Bernicie [2], Ecgberht est le frère d’Eadberht, qui devient roi de Northumbrie en 737. Un autre frère, Ecgred, meurt lors d’un voyage à Rome entrepris avec Ecgberht, durant lequel ce dernier est ordonné diacre [3]. D’après Alcuin, Ecgberht est l’élève de Bède le Vénérable, mais cette affirmation est peut-être à prendre au figuré : Alcuin lui-même se décrit comme un élève de Bède, alors qu’il ne l’a jamais connu, pour dire qu’il a étudié de près ses travaux. Bède est en tout cas l’auteur d’une lettre adressée à Ecgberht en 734 “Epistola ad Ecgberhtum episcopum”, dans laquelle le vieux moine (il meurt l’année suivante) offre ses conseils au nouvel évêque d’York. Il le presse de diviser son vaste diocèse, ce qu’Ecgberht ne fait jamais.

En 735, le pape Grégoire III envoie un pallium [4] à Ecgberht, signe de son élévation au rang d’archevêque. Il collabore étroitement avec son frère Eadberht dans le gouvernement de la Northumbrie, une période qu’Alcuin qualifie par la suite de véritable âge d’or pour le royaume.

Le pape Paul 1er adresse néanmoins une lettre à Ecgberht pour annuler une décision prise avec son frère concernant trois monastères pris à un abbé et remis à un laïc.

Ecgberht pose les fondations de l’école de la cathédrale d’York [5] et de son importante bibliothèque, qui est grandement développée par son successeur AEthelberht d’York .

Ecgberht meurt le 19 novembre 766. Il est inhumé en la cathédrale d’York.

Ecgberht est l’auteur d’un “Dialogus ecclesiasticae institutionis” [6], un véritable code de lois religieux qui décrit procédures et peines requises pour diverses situations, y compris le wergeld [7] des hommes d’Église.

D’autres œuvres lui sont attribuées de manière plus incertaine.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Michael Lapidge, « Ecgberht », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, 2014, 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).

Notes

[1] L’archevêque d’York est le troisième personnage de l’Église d’Angleterre, après le gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre (c’est-à-dire le monarque) et l’archevêque de Cantorbéry (le primus inter pares de tous les primats anglicans).

[2] La Bernicie est un royaume anglo-saxon situé dans le nord de l’Angleterre et le sud de l’Écosse actuelles. Fondé au 6ème siècle, il est uni au royaume voisin de Deira au début du 7ème siècle pour former le royaume de Northumbrie. Son territoire se serait étendu depuis la Tyne vers le nord, atteignant finalement le Firth of Forth. Sa frontière occidentale s’est graduellement étendue, mordant sur les royaumes de langue brittonique de Rheged, Gododdin et Dumbarton. La résidence royale principale est le château de Bamburgh, près de l’île de Lindisfarne.

[3] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[4] Le pallium est un ornement liturgique catholique dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, pendant la célébration de la messe. Il vient du latin pallium qui signifie manteau.

[5] La cathédrale d’York est située dans la ville d’York dans le nord de l’Angleterre. C’est, devant la cathédrale d’Uppsala, le plus grand édifice gothique d’Europe du Nord, le siège de l’archevêque d’York, second dans la hiérarchie de l’Église anglicane, et la cathédrale du diocèse d’York. Elle est présidée par un doyen et un chapitre. Son appellation formelle est : « cathédrale et église métropolitaine de Saint-Pierre à York ».

[6] Dialogue sur les institutions ecclésiastiques

[7] Le wergeld, littéralement « prix de l’homme, est une somme d’argent demandée en réparation à une personne coupable d’un meurtre, ou d’un autre crime grave. Cette tradition exerçait un rôle important dans les anciennes civilisations d’Europe du Nord, en particulier chez les Germains et les Vikings. Les Celtes connaissaient également cette coutume, mais distinguaient le « prix de l’honneur » pour meurtre du « prix du visage » pour d’autres crimes. Le montant du wergeld en cas de meurtre dépendait assez largement du rang social auquel appartenait la victime. Charlemagne a rendu le wergeld obligatoire dans le cadre de la vengeance privée (faida). En effet, la vengeance privée était source de désordres et était surtout contraire à la religion catholique. Malgré tout, la faida persistera dans la coutume. En effet le wergeld du droit coutumier germanique est bien une réparation, et pas une amende à la grecque. C’est-à-dire qu’il n’y avait pas d’équivalence automatique entre un crime et un montant pécuniaire. Au lieu de ça, la parentèle de la partie offensée et celle de la partie incriminée débattaient, encadrées par une assemblée des Anciens. S’ils tombaient d’accord sur un montant (souvent en nature, mais en monnaie dans les zones de contact avec l’empire romain), on considérait l’affaire comme réglée. Sinon, l’autre forme commune de réparation légale à cette époque était la revanche par le sang, appelée faide, identique à la loi du talion.