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L’histoire pour le plaisir

Bénigne Grenan

lundi 10 février 2020, par ljallamion

Bénigne Grenan (1681-1723)

Professeur à l’université de Paris

Inscription collège d'Harcourt, sur la façade de l'actuel lycée Saint-Louis, boulevard Saint-Michel, Paris 6ème aujourd'hui (photo archive lj)Il fit ses études dans la capitale avec tant d’éclat, qu’à l’âge de 22 ans on le jugea digne d’occuper une chaire de seconde au collège d’Harcourt [1]. Il passa, quelques années après, à celle de rhétorique dans le même collège. Pendant 20 ans qu’il enseigna, il se fit estimer par son zèle à remplir les devoirs de sa place, et admirer par son esprit, son goût et son rare talent pour la poésie latine et l’éloquence.

Une Ode qu’il composa en 1711 sur le vin de Bourgogne, et dans laquelle il lui accordait la prééminence sur celui de Champagne, ne laissa pas de contribuer à sa célébrité, en donnant lieu, entre lui et son collègue Charles Coffin , à une sorte de combat littéraire qui fit du bruit et amusa le public. Coffin, quoique Champenois, ne s’était pas fort empressé, de réclamer en faveur du vin de son pays ; mais s’étant trouvé à table, chez l’abbé de Louvois, avec le professeur Hersan, celui-ci lui reprocha, en plaisantant, son indifférence et son peu de patriotisme.

Piqué d’honneur, Coffin répondit par une ode pleine de feu et d’esprit à celle de Grenan. Le badinage n’en resta point là. Grenan adressa au premier médecin, Guy-Crescent Fagon, des hendécasyllabes [2] en forme ; de requête, aux fins de faire proscrire par la Faculté le vin de Champagne, comme contraire à la santé ; et Coffin adressa en vers un prétendu décret, rendu dans l’île de Cos [3], lequel, au moyen d’une ingénieuse ironie, semble prononcer en faveur du bourgogne, quoiqu’au fond le Champagne gagne sa cause. Rien dans cette lutte n’outre passa les bornes d’une plaisanterie spirituelle ; on fut poli de part et d’autre.

Il n’en fut pas ainsi d’un débat plus sérieux entre Grenan et le Père Porée. Tous deux avaient été chargés de prononcer l’éloge funèbre de Louis XIV : l’un, au nom de l’université, en Sorbonne ; l’autre, aux Jésuites, au nom de sa société. Grenan se permit de critiquer la harangue du Père Porée ; ce Père récrimina dans une lettre adressée à Grenan, et lui reprocha de s’être borné dans l’éloge du prince, tout en le louant de son zèle pour l’extirpation de l’hérésie, à parler du calvinisme et du quiétisme, sans dire un seul mot du jansénisme [4]. Cette rixe donna lieu à plusieurs écrits, dans lesquels l’aigreur est mêlée aux raisons : ces différentes pièces, d’abord imprimées séparément, ont été réunies, dans un, recueil in-12 publié en 1716.

Grenan mourut en 1725, âgé de 42 ans.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Bénigne Grenan/ Portail du 18ème siècle/ Catégories : Écrivain français du 18ème siècle

Notes

[1] Le collège d’Harcourt est un collège de l’université de Paris, fondé en 1280 et fermé en 1793, et sis au 94, rue de la Harpe, à l’emplacement de l’actuel lycée Saint-Louis.

[2] Un hendécasyllabe ou endécasyllabe est en général un vers de onze syllabes. En poésie française, il est peu employé ; on l’utilisa au 19ème siècle pour combattre l’hégémonie de l’alexandrin.

[3] Kos ou Cos est une île grecque faisant partie de l’archipel du Dodécanèse, dans la mer Égée. Longue de 40 km sur 8 km de largeur, Kos est la troisième plus grande île du Dodécanèse après Rhodes et Karpathos. Elle est située à 4 km des côtes turques et de la ville d’Halicarnasse (Bodrum). La ville principale, centre touristique et culturel de l’île, s’appelle également Kos.

[4] Le jansénisme est un mouvement religieux, puis politique, qui se développe aux 17ème et 18ème siècles, principalement en France, en réaction à certaines évolutions de l’Église catholique, et à l’absolutisme royal. Les jansénistes se distinguent aussi par leur rigorisme spirituel et leur hostilité envers la compagnie de Jésus et sa casuistique, comme envers un pouvoir trop puissant du Saint-Siège. Dès la fin du 17ème siècle, ce courant spirituel se double d’un aspect politique, les opposants à l’absolutisme royal étant largement identifiés aux jansénistes. Le jansénisme naît au cœur de la réforme catholique. Il doit son nom à l’évêque d’Ypres, Cornélius Jansen, auteur de son texte fondateur l’Augustinus, publié en 1640. Cette œuvre est l’aboutissement de débats sur la grâce remontants à plusieurs dizaines d’années, coïncidant avec l’hostilité grandissante d’une partie du clergé catholique envers la compagnie de Jésus ; il prétend établir la position réelle de Saint Augustin sur le sujet, qui serait opposée à celle des jésuites, ceux-ci donnant une importance trop grande à la liberté humaine.