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Philippe 1er de Hesse dit le Magnanime

lundi 25 novembre 2019

Philippe 1er de Hesse dit le Magnanime (1504-1567)

Landgrave de Hesse de 1518 à sa mort

Portrait de Philippe 1er, Landgrave de Hesse (1504-1567) (tableau de Hans Krell château de Wartburg en ThuringeIl est l’un des principaux chefs protestants de la ligue de Smalkalde [1]. Il fut décrit par ses contemporains comme un homme doué et doté d’une grande intelligence, mais d’une nature hautaine et égoïste.

Il fut l’un des acteurs majeurs de la Réforme et un artisan actif de la Renaissance en Allemagne.

Il succéda à son père en 1509, n’étant âgé que de 5 ans, sa mère assura la régence et il fut proclamé majeur à 14 ans. Son éducation fut imparfaite, sa formation morale et religieuse furent négligées. Malgré cela, il se révéla rapidement un véritable homme d’État, il commença à prendre certaines mesures afin d’augmenter son autorité.

Sa première rencontre avec Martin Luther eut lieu en 1521, le landgrave [2] adolescent fut tout de suite attiré par la personnalité du réformateur, malgré son peu d’intérêts pour les questions religieuses.

Philippe 1er se marie le 11 décembre 1523 à Dresde [3] avec Christine de Saxe, fille de Georges de Saxe .

En 1524, il se convertit au protestantisme après une alliance personnelle avec le théologien et professeur Philippe Melanchthon.

Le 15 mai 1525, il remporta la bataille de Frankenhausen [4] sur Thomas Müntzer . Il refusa d’adhérer à la ligue anti-luthérienne de Georges de Saxe en 1525.

À Gotha [5], il signa un pacte d’alliance avec l’électeur Jean 1er de Saxe protégeant tous les princes protestants. Il joint la politique à la religion, dès 1526 il empêcha l’élection en tant que roi des Romains [6] de l’archiduc Ferdinand de Habsbourg le futur Ferdinand 1er du Saint Empire.

À la réunion de Spire [7] en 1526, Philippe 1er de Hesse soutint ouvertement la cause protestante rendant possible les prédications.

Philippe 1er de Hesse détermina l’organisation de l’Église luthérienne selon les principes protestants. En cela, il fut aidé par son chancelier Feige de Lichtenau et son aumônier Adam Krafft, mais également par l’ex-franciscain François Lambert d’Avignon .

Les activités contre la progression de la Réforme des évêques de Wurtzbourg [8] et des archevêques électeurs de Mayence [9], la combinaison de plusieurs circonstances, y compris les rumeurs de guerre, ont convaincu Philippe 1er de Hesse de l’existence d’une ligue secrète parmi les princes catholiques.

Il fut conforté dans ses soupçons par un aventurier employé dans diverses missions importantes par Georges de Saxe, ce conspirateur allemand se nommait Otto von Parck. Martin Luther et le chancelier, convaincus de l’existence de cette ligue, conseillèrent à Philippe 1er de Hesse, l’action.

L’autorité impériale réunie à Spire interdit toute infraction à la paix et, après de longues négociations, Philippe 1er de Hesse réussit à extorquer des fonds couvrant les dépenses pour l’armement des diocèses de Wurtzbourg, de Bamberg [10] et de Mayence. Malgré tout, pour Philippe 1er de Hesse, les affaires se présentaient mal, au printemps de 1529 lors de la seconde Diète de Spire [11], il fut totalement ignoré par l’empereur Charles Quint. Néanmoins il prit une part active dans l’union des représentants protestants, dans la préparation de la protestation présentée à Spire.

Avant de quitter la ville de Spire, Philippe 1er de Hesse réussit le 22 avril 1529 à trouver un arrangement secret entre la Saxe [12], la Hesse [13], Nuremberg [14], Strasbourg [15] et Ulm [16].

Philippe 1er de Hesse fit venir en Allemagne le chef de la Réforme suisse Ulrich Zwingli.

Il repoussa plusieurs invasions étrangères, réprima les Anabaptistes [17] en 1525, et signa en 1530 la confession d’Augsbourg [18]. Il créa la première université protestante en 1527 à Marbourg [19], cette université était destinée à l’enseignement de la théologie protestante.

Il fut vaincu par Charles Quint à Mühlberg [20] en 1547, fut 4 ans retenu prisonnier par l’empereur et mourut en 1567. À sa mort, le landgraviat de Hesse fut partagé entre ses quatre fils.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Philippe Ier de Hesse » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie,‎ 1878

Notes

[1] La ligue de Smalkalde ou Schmalkalden est une union militaire au sein de l’Empire romain germanique de Charles Quint, formée pour des motifs idéologiques en 1531, par des princes protestants allemands du Nord dirigés par Philippe de Hesse, puis l’Électeur Jean Frédéric de Saxe. Elle entre en guerre contre l’empereur en 1545, c’est la guerre de Smalkalde.

[2] Titre de noblesse équivalent, lorsqu’il est employé seul, à celui de comte. Dans le Saint Empire romain germanique, il fut combiné avec d’autres termes dénotant une juridiction ou un domaine de responsabilité, assortis de concessions spéciales d’autorité ou de rang jusqu’à la fin du régime féodal.

[3] Dresde est une ville-arrondissement d’Allemagne, capitale et ville la plus peuplée de la Saxe. Elle se situe dans le bassin de Dresde, entre les parties supérieures et médianes de l’Elbe et la plaine d’Allemagne du nord.

[4] La bataille de Frankenhausen est la conclusion de la guerre des paysans qui éclata en 1524-1525. Il ne faut pas croire que c’est un mouvement inédit puisque 18 autres mouvements analogues coururent sur le 15ème siècle. Contrairement aux autres mouvements, celui-ci dispose d’un facteur religieux important. En effet, le mouvement fut déclenché en 1524 lorsque des communautés réformées affirmèrent qu’elles avaient le droit de choisir librement leur pasteur. Luther ne réagit pas dans un premier temps et promut plutôt la paix, mais lorsqu’il vit l’ampleur du mouvement et l’accusation des princes qui le désignaient responsable de la révolte, il envoya le chevalier Philippe 1er de Hesse réprimer le mouvement des paysans conduits par le millénariste Thomas Münzer. Luther choisit à cette occasion de passer d’une réforme sans fil directeur à une réforme institutionnalisée par le haut, c’est-à-dire avec l’aide du pouvoir civil. Il décide dès lors d’attribuer un pouvoir de réforme au prince, le jus reformandi, grâce auquel tout un territoire est converti lorsque le détenteur de l’autorité civile choisit la religion réformée et devient ainsi garant de l’autorité religieuse pouvant contrôler l’action des pasteurs dans son territoire. Le 15 mai 1525, à la bataille de Frankenhausen, environ 6 000 personnes trouvèrent la mort et Thomas Münzer fut quant à lui capturé. Il fut torturé, puis exécuté le 27 mai.

[5] Gotha est une ville allemande de Thuringe, Chef-lieu de l’arrondissement du même nom, elle est située à 23 km à l’ouest d’Erfurt, la capitale du Land. Gotha doit sa renommée à son rôle de capitale et de résidence des ducs de Saxe-Gotha de 1640 à 1918. Elle fut un des centres de l’édition en Allemagne (atlas géographiques de Justus Perthes et almanach de Gotha notamment) et un grand centre des sciences naturelles, ce dont témoignent le Musée d’Histoire Naturelle et son observatoire. La ville est dominée par la silhouette du château de Friedenstein, résidence des ducs de Saxe-Gotha-Altenbourg, puis des ducs de Saxe-Cobourg-Gotha.

[6] Le titre de roi des Romains est un titre utilisé dans le Saint Empire romain germanique pour désigner le candidat au trône impérial, entre le moment de son élection et celui où il est couronné empereur

[7] Spire est une ville et un arrondissement au sud du Land de Rhénanie-Palatinat. Spire est une ancienne ville impériale, dont l’imposante cathédrale romane est l’un des monuments majeurs de l’art du Saint Empire romain. Cette cathédrale a été, pendant près de 300 ans, le lieu de sépulture de huit rois et empereurs allemands. Le 27 décembre 1146, Bernard de Clairvaux vient à Spire prêcher la deuxième croisade devant l’empereur Conrad III, qui, séduit par l’homme, se croise aussitôt.

[8] L’évêché de Wurtzbourg est une principauté ecclésiastique du Saint Empire romain germanique, situé en Basse Franconie, autour de la ville de Wurtzbourg. Le diocèse est crée en 743, et devient à la fin du 8ème siècle suffragant du diocèse de Mayence. Au 18ème siècle, le prince évêque de Wurtzbourg est aussi évêque de Bamberg.

[9] Le diocèse de Mayence est une église particulière de l’Église catholique latine en Allemagne. Son siège est la cathédrale Saint-Martin de Mayence dédiée à Martin de Tours. Érigé au 4ème siècle, il est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain au 8ème siècle. Au 12ème siècle, l’archevêque de Mayence devient prince électeur du Saint Empire romain germanique. En 1803, le siège archiépiscopal est transféré à Ratisbonne.

[10] Bamberg est une ville allemande, située dans le sud du pays, dans le nord du Land de Bavière et la région de Haute Franconie. Elle est le chef-lieu de l’arrondissement de Bamberg et le centre urbain de l’ouest de la région. Elle dépend de la région métropolitaine de Nuremberg. Ville de taille moyenne, elle abrite une université, un archidiocèse et est un centre économique pour la région.

[11] La diète de Spire se compose de chacune des réunions des diètes (Reichstag) qui se sont tenues dans la ville de Spire en Allemagne, entre 838 et 1570. Les diètes de 1526 et 1529, en particulier, portent sur les questions religieuses occasionnées par l’émergence du Protestantisme.

[12] L’électorat de Saxe était un État du Saint Empire romain germanique qui joue un rôle majeur dans l’histoire de l’Allemagne. Il est né du duché de Saxe-Wittemberg en 1356, lors de la Bulle d’or promulguée par l’empereur Charles IV qui confirme les ducs de la maison d’Ascanie au statut des princes électeurs l’une des sept principautés investies d’une fonction élective au trône impérial. Après l’extinction des souverains ascaniens, le margrave Frédéric IV de Misnie, issu de la maison de Wettin, obtient la souveraineté sur l’électorat en 1423. Sous le règne des Wettin, la dignité électorale s’étend également sur les territoires de Misnie et de Thuringe. Toutefois, en 1485, l’accord de Leipzig crée la séparation entre les branches ernestine et albertine et la partition des territoires saxons affaiblissant clairement la position de l’électorat, notamment en tant que leader du protestantisme rivalisant avec les margraves de Brandebourg.

[13] Le landgraviat de Hesse était un duché du Saint Empire romain germanique, ayant pour capitale la ville de Marbourg, Gudensberg puis à partir de 1277, Cassel. C’est en 1264 que naît le landgraviat. C’est à cette date que le landgraviat de Thuringe fut divisé, après la guerre de Succession de Thuringe, ce qui a entraîné la création d’une nouvelle entité indépendante : le landgraviat de Hesse. Cet État a existé pendant plus de 300 ans, jusqu’à sa division en 1567 en quatre entités indépendantes : les langraviats de Hesse Cassel, de Hesse-Marbourg, de Hesse-Rheinfels et de Hesse Darmstadt.

[14] Nuremberg est une ville de Bavière, en Allemagne. C’est la deuxième ville de Bavière après Munich. Elle est le centre économique du district de Moyenne Franconie et l’un des principaux centres industriels d’Allemagne du Sud. La rivière Pegnitz sépare la vieille ville en deux quartiers, celui de Sebald et celui de Lorenz, nommés d’après les deux principales églises de Nuremberg. Son charme de ville pittoresque et médiévale, malgré sa modernité sur les plans économique, industriel et technologique, en fait une métropole culturelle majeure d’Allemagne.

[15] Strasbourg est une commune française située dans le département du Bas-Rhin. Préfecture du département. Le développement de l’imprimerie favorise le courant humaniste qui fait jour à Strasbourg et qui va préparer l’avènement de la réforme protestante. En effet, l’humanisme et la Réforme sont les faits marquants de l’époque et Strasbourg est une des premières villes qui appelle au changement. Dès 1519, les thèses de Martin Luther sont affichées aux portes de la cathédrale et les dirigeants de la ville, notamment Jacques Sturm, sont favorables à ce changement. La ville adopte la Réforme en 1525 et devient protestante en 1532 avec l’adhésion à la confession d’Augsbourg. Strasbourg est alors l’un des principaux bastions de la Réforme protestante, ce qui va largement contribuer à son rayonnement. La ville devient une terre d’accueil pour les huguenots, ces protestants chassés de France pour leur croyance. Parmi eux, notamment Jean Calvin qui s’installera plus tard à Genève. Cependant, devenue ville protestante, Strasbourg ne sera pas autorisée à créer sa propre université. La ville propose déjà de nombreux enseignements, notamment en médecine et en théologie depuis 1538 grâce au gymnase de Jean Sturm, mais ceux-ci ne donnent pas lieu à un grade universitaire reconnu

[16] Ulm est une ville du Bade-Wurtemberg, dans le sud de l’Allemagne, dont la plus grande partie se trouve sur la rive gauche du Danube. Riche d’histoire et de traditions, ancienne cité impériale libre, elle est aujourd’hui un important centre économique grâce à une forte activité industrielle. Importante ville universitaire, avec une université et une Hochschule (université de sciences appliquées)

[17] L’anabaptisme est un courant chrétien qui prône le baptême du croyant, volontaire et conscient. Le mot vient du grec ecclésiastique anabaptizein signifiant « baptiser à nouveau ». Cette pensée est un point essentiel de la Réforme radicale, mais se retrouve aussi parmi les vaudois, les bogomiles et les pauliciens, ainsi que dans l’assemblée des chrétiens apostoliques de Thessalonique au 16ème siècle. Les anabaptistes eux-mêmes considèrent descendre directement de l’Église primitive, sans s’être jamais unis avec l’Église catholique. Le terme a aussi pris historiquement un sens politique, car ce mouvement s’opposa au pouvoir politique et religieux en place en Rhénanie (révolte de Münster) et dans le canton de Berne au 16ème siècle.

[18] La confession d’Augsbourg est un texte majeur du luthéranisme présenté le 25 juin 1530 à Charles Quint lors de la diète d’Augsbourg.

[19] Marbourg est une ville de Hesse en Allemagne, chef-lieu de l’arrondissement de Marbourg-Biedenkopf. Elle est traversée par la rivière Lahn. C’est une ville libre depuis le 12ème siècle, au cours duquel elle a acquis l’autonomie municipale. De cet héritage découle le statut spécial dont dispose encore aujourd’hui la ville, comme six autres villes de Hesse. La Philipps-Universität de Marbourg, fondée en 1527, est la plus ancienne des universités protestantes d’Allemagne. Elle joue un rôle particulièrement important pour l’image de marque de la ville et est étroitement mêlée à l’identité municipale. Marbourg est une cité estudiantine, dressée à flanc de colline. Elle se distingue par son château perché sur un éperon et par son imposante église gothique, dédiée à sainte Élisabeth. Cette dernière, princesse de Hongrie venue se retirer ici pour soigner les malades incurables, fit longtemps de la ville un centre de pèlerinage. Avec la Réforme protestante, Marbourg devint un important foyer de théologie protestante.

[20] La bataille de Muehlberg est une bataille qui se déroula le 24 avril 1547 entre les troupes de la ligue de Smalkalde et les troupes de Charles Quint. Malgré sa victoire écrasante, l’Empereur, à l’instigation de son ministre Granvelle, eut l’habileté d’entamer des négociations avec les protestants : il mit par là un terme à la guerre civile (paix d’Augsbourg), et put retourner l’essentiel de ses forces contre la France (guerres d’Italie).