Né à Wildhaus [1], dans le canton de Saint-Gall, il étudia aux universités de Vienne et de Bâle. Pendant ses études, il fut profondément influencé par l’esprit de l’humanisme de la Renaissance. Ordonné prêtre en 1506, il fut nommé curé de la ville de Glaris [2], qui était alors un centre de recrutement important de mercenaires pour les armées européennes.
À deux reprises, Zwingli fut amené à servir d’aumônier aux troupes de Glaris lors de combats sanglants à l’étranger. Cette expérience l’incita à dénoncer publiquement le mercenariat, ce qui lui valut l’hostilité des notables de la ville.
En 1516, il accepta d’être nommé curé d’Einsiedeln [3], au sud-est de Zurich.
Durant son ministère à Einsiedeln, il commença à éprouver des doutes au sujet d’un certain nombre de pratiques de l’Église. En 1516, il lut la traduction en latin du Nouveau Testament réalisée par Érasme, qu’il recopia dans ses carnets et apprit par cœur.
S’appuyant sur ce texte et sur quelques autres passages de la Bible, il affirma dans ses sermons que l’enseignement et la pratique de l’Église s’étaient beaucoup écartés du christianisme originel des Écritures. Parmi ces usages contraires au témoignage de la Bible, il citait l’adoration des saints et des reliques, la promesse de cures miraculeuses et les abus ecclésiastiques du système des indulgences.
Cet attachement rigoureux à l’autorité de l’Écriture établit sa réputation et le 11 décembre 1518, le chapitre de Zurich élit Zwingli alors âgé de 34 ans à la cure de la cathédrale. C’est le début d’une réforme religieuse originale, concurrente de celle de Luther.
Jeune humaniste passionné de lettres grecques et latines, le nouveau curé dénonce les abus de l’Église romaine. Il revendique une religion très épurée comme aux premiers temps du christianisme. Il développe aussi une théologie fondée sur la gratuité de la Grâce.
En 1520, il lut pour la première fois les écrits de son contemporain Martin Luther. Encouragé par la fermeté de celui-ci face à la hiérarchie ecclésiastique allemande, il persuada le conseil de la ville de Zurich de proscrire toute obligation religieuse qui ne fût pas fondée sur les Écritures.
Parmi celles-ci figurait l’interdiction formulée par l’Église de manger de la viande pendant le carême. En 1522, plusieurs de ses disciples furent arrêtés car ils enfreignirent délibérément cette règle. Zwingli les défendit avec vigueur et on les relâcha bientôt au prix d’un châtiment symbolique. Le pape Adrien VI, irrité par cette attitude, l’interdit de prêche et demanda au conseil de Zurich de le condamner comme hérétique.
Ses thèses sont dans l’ensemble proches de Luther, mais il ne tarde pas à s’opposer à celui-ci à propos du sacrement de l’Eucharistie dans lequel il ne voit qu’un symbole. En janvier 1523, il présenta sa défense devant le conseil. Il y affirma la suprématie des Saintes Écritures sur les dogmes de l’Église, attaqua le culte des images, des reliques et des saints. Il dénonça également le sacrement de l’Eucharistie et le célibat obligatoire des prêtres.
Au terme du procès, le conseil manifesta son accord avec Zwingli en retirant le canton de Zurich de la juridiction de l’évêque de Constance. Le conseil proclama aussi que l’interdiction qu’on lui avait signifiée de prêcher n’était pas fondée sur les Écritures. Par ces décisions, le conseil adoptait officiellement la Réforme. Encouragés par Zwingli, les habitants de Zürich expurgent leurs églises de toute décoration et ôtent les représentations des saints et de la Vierge.
En 1524, il épousa Anna Reinhard, une veuve qui partageait ouvertement son existence. En 1525, les habitants de Zurich abolissent même la messe. Dans l’enthousiasme, 6 des 13 cantons suisses votent leur ralliement à la Réforme. La même année, un groupe d’extrémistes protestants appelés anabaptistes [4] s’éleva contre l’autorité de Zwingli à Zurich.
À l’occasion d’un débat devant le conseil, le 2 janvier 1526, il défit ces anabaptistes et fit bannir leurs chefs de la ville. L’affrontement entre cantons catholiques et protestants provoqua une scission grave au sein de la Confédération helvétique et dégénéra en guerre civile.
Les cantons ruraux, restés catholiques, firent bientôt appel à l’Autriche et attaquèrent Zürich. Le 10 octobre 1531, Zwingli, aumônier et porte-drapeau des troupes suisses protestantes, fut blessé à la bataille de Kappel [5], puis exécuté le lendemain par les soldats victorieux des cantons forestiers.
Malgré leur défaite, Berne, Bâle et Zürich restèrent fidèles à la Réforme.