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Jeanne de Belleville dite la Tigresse bretonne

mardi 29 octobre 2019

Jeanne de Belleville dite la Tigresse bretonne (vers 1300-1359)

Corsaire

Fille de Maurice IV de Montaigu [1], seigneur de Belleville [2] et Palluau [3] et de Létice de Parthenay [4]. Elle est d’abord l’épouse de Geoffroy, seigneur de Châteaubriant [5], puis celle d’ Olivier IV de Clisson .

Ce dernier se rend à Paris pour participer à des tournois, mais il y est arrêté pour son soutien à Jean de Montfort contre Charles de Blois, neveu du roi de France, Philippe VI, et prétendant au trône ducal. Il est condamné en août 1343 à la décapitation pour félonie par Philippe VI. En décembre 1343, Jeanne est condamnée au bannissement du royaume et à la confiscation de ses biens.

L’épouse ne peut pardonner au roi sa cruauté, et à Charles de Blois d’avoir trempé dans ce qu’elle regardait comme un assassinat. La tête d’Olivier avait été envoyée à Nantes et plantée sur une pique aux créneaux du château du Bouffay [6]. Considérant que le roi a agi par traîtrise, elle achète, pour se venger, trois bateaux avec ses biens pour faire la guerre de course contre les navires de commerce français. Elle baptisera son navire amiral "Ma Vengeance". Après quelques années de combats navals pendant lesquelles elle inflige de sérieuses pertes aux Français, elle perd son navire dans un naufrage. Son plus jeune fils Guillaume meurt durant ce naufrage.

Réfugiée en Angleterre avec son fils Olivier, futur connétable de France, elle épouse Walter Bentley , lieutenant du roi Édouard III d’Angleterre en Bretagne et capitaine des troupes anglaises qui combattent pour Jean de Montfort contre Charles de Blois. Alliée positive de l’Angleterre, le pape Clément VI, sur requête du roi de France, intervient auprès du roi Édouard III pour qu’il mette un terme aux agissements de cette tigresse.

Enfin lasse, épuisée par cette vie si mouvementée, elle se retire à Hennebont [7], près de la comtesse et de son jeune fils, le comte de Montfort. La ville et le château de Blain [8] lui étaient fermés, car le château avait été saisi avec tous ses biens et donné à Louis de Poitiers, ainsi qu’une maison au faubourg de Nantes.

L’un de ses fils, le futur Olivier V de Clisson, bien qu’élevé à la cour d’Angleterre, servira Charles V, puis Charles VI et deviendra connétable de France [9].

Elle meurt en 1359, probablement en Angleterre.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Marie-Ève Sténuit, Femmes pirates : les écumeuses des mers, Éditions du Trésor, 2015. (ISBN 979-10-91534-15-4)

Notes

[1] Montaigu est une ancienne commune française de l’Ouest de la France située dans le département de la Vendée. Apparut une lignée de seigneurs de Montaigu, parmi lesquels Maurice II, dont on trouve la trace fin 12ème siècle dans des chartes de fondation d’une aumônerie dans le faubourg sud, sur la route des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle (actuelle rue Saint-Jacques, dans le quartier du même nom, où se situe toujours l’hôpital moderne). Ce seigneur se rangea au côté de Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, et duc d’Aquitaine par son mariage avec Aliénor, quand leur fils Richard entra en rébellion. Au début du 13ème siècle Montaigu, comme le Poitou, passa sous la domination du roi de France. Lors de la guerre de Cent Ans, après la cession du Poitou à la Couronne d’Angleterre par le traité de Brétigny en 1360, une garnison anglaise s’installa à Montaigu qu’elle quitta en 1373 vaincue par le connétable de Clisson et Bertrand du Guesclin. Un seigneur de Montaigu, Jean III Harpedane, époux de Marguerite de Valois, qui était aux côtés de Jeanne d’Arc lors de la délivrance d’Orléans en 14299 fonda dans sa ville en 1438 une collégiale sous le vocable de Saint-Maurice, dont le chanoine assura les fonctions de maître d’école

[2] Belleville-sur-Vie est une ancienne commune française située dans le département de la Vendée.

[3] Palluau est une commune française située dans le département de la Vendée. Pendant la guerre de Cent Ans, Palluau fut assiégée par les Anglais, sans qu’elle ne leur soit cédée, en 1371. Au 15ème siècle, la seigneurie de Palluau était dépendante de la vicomté de Thouars, qui appartenait alors à la famille d’Amboise.

[4] Les seigneurs de Parthenay se surnomment Parthenay l’Archevêque à partir de 1140, en souvenir de Joscelin II de Parthenay, archevêque de Bordeaux au 11ème siècle.

[5] L’histoire de Châteaubriant commence au début du 11ème siècle quand Brient (envoyé du comte de Rennes), fils de dame Innogwen, édifia une forteresse sur une motte au bord de la Chère destinée à poursuivre la fortification de la frontière des marches de Bretagne. Une cité s’est développée autour du château et fut appelée Châteaubriant. Il fonda plus tard le prieuré Saint-Sauveur de Béré, l’église St Jean de Béré, et le premier château en 1015. La forteresse faisait partie des marches de Bretagne avec Vitré, Fougères, frontière chargée de défendre la Bretagne face au royaume de France.

[6] Le château du Bouffay est un ancien château aujourd’hui disparu construit à Nantes, dans le quartier Bouffay (centre-ville), à la fin du 10ème siècle par Conan 1er le Tort.

[7] Hennebont selon des sources aux archives, signifiant « vieux pont », est une commune française située dans le département du Morbihan en Région Bretagne.

[8] Le château de Blain (ou château de la Groulais), est une forteresse médiévale implantée sur la commune de Blain, en Loire-Atlantique. Construit au 12ème siècle par Alain Fergent, duc de Bretagne, puis agrandi au 13ème siècle par Olivier de Clisson, connétable de France et fortement remanié au 16ème siècle dans le style renaissance, il faisait partie des défenses de la frontière bretonne avec les châteaux de Vitré, Fougères, Châteaubriant, Ancenis et Clisson. En 1407, le château devient propriété de la famille de Rohan, jusqu’en 1802. Durant les guerres de religion, le château est assiégé par les Tercios espagnols de Juan del Aguila y Arrelano et est livré aux flammes, le 21 novembre 1591, lors des combats entre le duc de Mercœur et le chevalier De Goust. Durant ce siège, la garnison du château dissimule son trésor, 30 kg de pièces d’argent, au fond d’une fosse d’aisances ! Le château est ensuite restauré par Catherine de Parthenay, qui s’y installe avec ses enfants.

[9] Tirant son nom de son origine de “comte de l’étable”, le connétable a, au Moyen Âge, la charge de l’écurie et de l’organisation des voyages du roi. Au 14ème siècle, sa fonction évolue vers le commandement de l’armée en temps de guerre et le conseil militaire du roi en temps de paix. Du Guesclin, Clisson, Bourbon… font partie des grands connétables de France. Supprimée en 1627, la charge de connétable est rétablie par Napoléon 1er en 1804 pour son frère Louis.