Djer
Souverain de la 1ère dynastie
Il est considéré comme le second ou le troisième roi de la dynastie selon l’hypothèse qui fait de Narmer et de Hor-Aha deux souverains distincts ou une seule et même personne.
Fils de Hor-Aha et Khenthap. Il mène une campagne en Palestine et conduit des expéditions en Nubie [1] et en Libye [2]. Sous son règne le pays connaît un grand essor économique.
Il épouse Herneith, qui assura peut être la régence durant la minorité de son fils Ouadji , et Naktneith. Il est enterré comme tous les rois thinites [3] dans le cimetière d’Oumm el-Qa’ab [4] à Abydos [5]. On situe son règne, peu connu, aux alentours de 3095 à 3040 avant notre ère.
La principale source concernant son règne est la Pierre de Palerme [6] qui conserve une partie des annales royales de la 1ère à la 5ème dynastie. Sur plusieurs fragments de cette stèle les informations concernant dix huit années de son règne sont encore lisibles. Il est ainsi précisé que le roi organisa plusieurs expéditions notamment une militaire au Sinaï dans le but d’assurer le contrôle sur cette région minière mais également commerciale avec le Liban afin d’importer du bois de cèdre. On y apprend également que Djer fait édifier un palais à Memphis [7], et qu’il organise les cultes de Bouto [8] dans le delta du Nil.
Une inscription à son nom a été retrouvée à Ouadi Halfa [9], au sud de la première cataracte du Nil, ce qui indiquerait que les troupes égyptiennes avaient déjà pénétré en territoire nubien pendant son règne sans doute dans le but de contrôler le commerce et l’accès à la vallée.
De son règne datent une série de tombes découvertes en Abydos ainsi que de nombreux mastabas [10] découverts sur le plateau de Saqqarah [11].
Notes
[1] Dans l’Antiquité, la Nubie était un royaume indépendant dont les habitants parlaient des dialectes apparentés aux langues couchitiques. Le birgid, un dialecte particulier, était parlé jusqu’au début des années 1970 au nord du Nyala au Soudan, dans le Darfour. L’ancien nubien était utilisé dans la plupart des textes religieux entre les 8ème et 9ème siècles.
[2] La Libye tire son nom d’une tribu berbère qui était nommée Libou, qui a donné le mot grec Libyè. Traditionnellement, on y distingue les régions de Tripolitaine, de Cyrénaïque et du Fezzan. Peuplé originellement de Berbères, son territoire est colonisé pendant l’Antiquité par les Phéniciens, puis les Grecs, avant d’être conquis par l’Empire romain. Au 7ème siècle, il est envahi par les armées arabes, qui y imposent leur culture et leur religion.
[3] On appelle période thinite de l’Égypte (ou époque archaïque), la période couverte par les deux premières dynasties ; elle est ainsi désignée parce que Manéthon leur assigne Thinis, près d’Abydos en Haute Égypte comme lieu d’origine.
[4] Oumm el-Qa’ab ou Oumm el-Qaab est la nécropole de rois de la période prédynastique égyptienne, de tous ceux de la 1ère et de deux rois de la 2ème dynasties.
[5] Abydos est une ancienne ville sainte d’Égypte vouée au culte du dieu Osiris, et située à 70 km au nord-ouest de Thèbes. Aujourd’hui sur le territoire de l’antique Abydos s’élève l’actuelle ville de Madfounek
[6] La pierre de Palerme est un document historique et archéologique conservant une partie des annales royales de l’Ancien Empire égyptien. Le plus gros fragment conservé au musée de Palerme mesure vingt-cinq centimètres de haut et, bien qu’aucune étude n’ait été faite pour déterminer le type de pierre, elle est probablement constituée de basalte.
[7] Memphis était la capitale du premier nome de Basse Égypte, le nome de la Muraille blanche. Ses vestiges se situent près des villes de Mit-Rahineh et d’Helwan, au sud du Caire.
[8] Bouto est une ville du delta du Nil, qui se situe dans le sixième nome de Basse Égypte, le nome « Le taureau montagnard » (ou taureau du désert), à environ 90 km à l’est d’Alexandrie.
[9] Localité du nord du Soudan sur la rive droite du Nil qui, avant que le barrage d’Assouan ne crée le lac Nasser, qui se termine à peu près à sa hauteur, se trouvait à 2 kilomètres en aval de la deuxième cataracte. La deuxième cataracte, qu’on nommait aussi cataracte de Ouadi-Halfa, formait la partie inférieure d’une série de rapides appelés Batn-el-Hadjar ou « les Entrailles de pierres », qui s’étendait sur une longueur de 130 kilomètres.
[10] Le mastaba est un édifice funéraire égyptien servant de sépulture aux pharaons des deux premières dynasties, ainsi qu’aux hauts dignitaires, de l’époque archaïque au Moyen Empire égyptien.
[11] Au sud du Caire s’étend le plateau de Saqqarah, au centre de la nécropole de Memphis qui s’étend sur près de vingt kilomètres. Elle est une vaste nécropole de la région de Memphis. Elle connaît une occupation ininterrompue tout au long de l’histoire de l’Égypte antique : de ce fait, tombes royales et sépultures plus modestes se côtoient et présentent de nombreux témoignages sur la vie quotidienne de l’Égypte ancienne.