Marcus Marius Gratidianus (mort en 82 av. jc)
Homme politique romain
Neveu par adoption de Marius et cousin de Cicéron. Il fut tribun de la plèbe [1] en 87 et préteur [2] en 85.
Comme son oncle, il appartenait à la faction des populares [3]. En 85, durant sa préture, il prépara, avec ses collègues préteurs et avec les tribuns de la plèbe, une réforme monétaire permettant de garantir une valeur fixe des monnaies. Il s’arrangea pour s’attribuer tout le mérite de la réforme en la publiant sous son seul nom, ce qui lui valut une grande popularité.
Sa mise à mort, après la victoire de Sylla à la Porte Colline [4], fut selon de nombreux témoignages antiques particulièrement barbare. Son beau-frère Catilina en fut probablement l’organisateur. Le supplice eut lieu dans le quartier du Janicule [5], devant la tombe de Lutatius Catulus , qu’il avait contraint au suicide, et semble avoir eu le caractère d’un sacrifice expiatoire.
On lui brisa les jambes, on lui coupa la langue et les mains, on lui arracha les yeux, on le démembra avant de lui couper la tête.
Catilina apporta sa tête à Sylla, qui l’expédia, en même temps que celles d’autres chefs marianistes, à Préneste [6] pour intimider la cité, tenue par Marius le Jeune.
Notes
[1] Dans la Rome antique, les tribuns de la plèbe sont les représentants de la plèbe. Ils ne représentent pas le populus dans son entier, puisque la plèbe est le populus (l’ensemble du peuple de Rome, comprenant tous les citoyens de toutes les classes) sauf les patriciens.
[2] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.
[3] Les populares formaient une tendance politique populiste qui marqua la République romaine, notamment au 2ème siècle av. jc, en s’appuyant sur les revendications des couches les plus pauvres de la société romaine et des non citoyens. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se situer face au conservatisme des optimates au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes. Lancé par des aristocrates réformistes comme les Gracques, qui gagnèrent l’appui de la classe montante des chevaliers, le mouvement évolua vers la démagogie et le populisme, et fut récupéré par des ambitieux tels que Marius, Cinna, Catilina ou des agitateurs comme les tribuns Saturninus et Clodius Pulcher. Pompée, d’origine équestre puis Jules César, patricien ambitieux, s’appuyèrent sur les populares pour leur ascension au pouvoir. La fin des guerres civiles et la consolidation du pouvoir d’Auguste correspondent à l’extinction du mouvement populares, avec la satisfaction des revendications qui étaient à son origine et avec la fin des luttes de pouvoir.
[4] La bataille de la Porte Colline est une bataille qui mit fin à la deuxième guerre civile entre Marius et Sylla.
En effet, les partisans de Marius avaient levé six armées pour faire face à l’armée aguerrie de Sylla qui avait débarqué à Brindes. Ces armées, essentiellement composées d’alliés italiens, furent battues les unes après les autres par Sylla : la dernière armée, composée de marianistes, de Lucaniens sous les ordres de Marcus Lamponius et de Samnites commandés par Pontius Telesinus, fut écrasée sous les murs de Rome, près de la porte Colline.
[5] Le Janicule est situé sur la rive droite du Tibre, au sud de la cité du Vatican. Elle est considérée comme la huitième colline de Rome
[6] Préneste est une ancienne ville du Latium à 37 km à l’est de Rome. Actuellement nommée Palestrina, la ville était située sur une hauteur stratégique des Apennins.