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Jean Georges 1er de Saxe

dimanche 4 janvier 2015

Jean Georges 1er de Saxe (1585-1656)

Prince électeur de Saxe

Portrait de Jean Georges 1er, prince électeur de Saxe par Frans Luycx (château de Dresde)Fils de Christian 1er et de Sophie de Brandebourg . À la mort de son père, en 1591, son lointain cousin Frédéric-Guillaume de Saxe-Altenbourg est nommé régent et gouverne en son nom et celui de ses deux frères jusqu’à sa mort, en 1602.

Son frère Christian II règne alors seul jusqu’à sa mort en 1611. N’ayant pas eu d’enfants, Jean Georges 1er lui succède le 23 juin 1611.

Jean-Georges épousa en 1604 Sibylle de Wurtemberg, fille du duc Frédéric 1er de Wurtemberg et de Sibylle d’Anhalt.

Veuf en 1606, Jean Georges se remarie en 1607 avec Madeleine de Prusse , fille du duc Albert Frédéric de Prusse .

Le début de son règne correspond à une période de tensions croissantes entre les protestants et les catholiques dans l’Empire, tensions qui culminent avec la guerre de Trente Ans de 1618 à 1648. La position géographique de l’Électorat de Saxe la condamne à être impliquée dans la guerre. En tant que seigneur de l’État protestant le plus puissant, Jean Georges est prédestiné à diriger les États protestants.

Jean Georges et son gouvernement se tiennent toutefois à la traditionnelle politique d’équilibre de la Saxe. Cette politique vise à maintenir le statu quo par rapport à la Paix d’Augsbourg [1] de 1555 qui avait établi la règle cujus regio, ejus religio [2].

La Saxe luthérienne refuse ainsi catégoriquement de nouer des relations plus étroites avec les calvinistes menés par l’Électeur palatin Frédéric V et ne souhaite pas soutenir la puissance grandissante de l’Électeur de Brandebourg. L’empereur et les Habsbourg approuvent pleinement la politique de Jean Georges.

Ne voulant pas s’opposer au Habsbourg Ferdinand II, Jean Georges refuse en 1619 de se porter candidat à la couronne de Bohême qui lui est proposée par le chef des États protestants de Bohême, Joachim Andreas von Schlick . La même année, il accepte d’élire le même Ferdinand II à la tête du Saint Empire, contrecarrant les plans des autres Électeurs protestants.

Il fait alliance avec Ferdinand pour combattre dans les 2 Lusace [3] et en Silésie [4] les partisans de l’Électeur du Palatinat Frédéric V, nouvellement élu roi de Bohême. La guerre contre les territoires bohémiens voisins a été formellement confiée à Jean Georges, nommé “commissaire impérial”, tout comme le duc électeur de Bavière, en échange de la promesse qu’il pourra conserver les biens ecclésiastiques qu’il a illégalement sécularisés. Il prend ainsi part à l’éviction de Frédéric V de Bohême et à l’éradication du protestantisme dans ce pays.

Bien que jugeant que le début de la Contre-réforme en Bohême après la bataille de la Montagne Blanche [5] et plus tard en Silésie également, rompt ses engagements vis-à-vis de l’empereur, Jean Georges ne prend pas position ouvertement contre l’Empereur, restant neutre pendant les années qui suivent. Toutefois, l’Édit de restitution promulgué en 1629 accroît ses craintes. Il réunit les princes protestants à Leipzig en février 1631, mais en dépit des appels du prêtre Matthias Hoë von Hoënegg , il se contente de condamner la politique impériale.

Dans le même temps, le roi de Suède Gustave Adolphe, luthérien, débarque en Allemagne à la tête de ses troupes et cherche un accord avec Jean Georges pour pouvoir traverser l’Elbe à Wittenberg [6]. Jean Georges ne parvient pas à se décider. Craignant un ralliement de la Saxe à la cause protestante, Tilly envahit et ravage la Saxe avec les troupes de la Ligue catholique. En septembre, Jean Georges se rallie à Gustave Adolphe et, peu de temps après, l’armée de Saxe nouvellement formée rejoint les troupes suédoises près de Bad Düben [7]. La Saxe est libérée après la bataille de Breitenfeld [8] (septembre 1631). L’armée saxonne elle-même, toutefois, est mise en déroute par les Impériaux pendant la bataille et Jean Georges doit prendre la fuite.

Néanmoins, les armées saxonnes passent à l’offensive, marchent sur la Bohême et occupent Prague, mais la mort de Gustave Adolphe à la bataille de Lützen [9] en 1632 et la victoire des Impériaux à la bataille de Nördlingen [10] en 1634 intimident Jean Georges qui se détache de la cause protestante. Il commence à négocier et ses troupes offrent peu de résistance à Wallenstein, condottiere au service de l’Empire, qui les repousse en Saxe.

Il signe la paix de Prague [11] le 30 mai 1635 après de longues négociations à Eilenburg [12] et Pirna [13] et reçoit les deux Lusace [14] en possessions héréditaires. Par ailleurs, l’archevêché de Magdebourg [15] est attribué à son fils et quelques concessions lui sont octroyées par rapport aux dispositions de l’Édit de restitution. Il s’allie alors avec Ferdinand II pour expulser les Français et les Suédois de l’Empire et déclare la guerre à la Suède.

Cette décision se solde par d’importants ravages dans le pays après les combats malheureux de Dömitz [16] le 22 octobre et de Kyritz [17] le 7 décembre et l’invasion du duché par les troupes suédoises du général Johan Banér . Après la victoire sur les Saxons et les Impériaux à Wittstock [18], le 24 septembre 1636, Banér envahit la Saxe une 2ème fois, puis une 3ème fois en février 1639. Il occupe Zwickau [19] après sa victoire à Reichenbach [20], assiège en vain Freiberg [21] et bat les Impériaux et les Saxons une nouvelle fois le 4 avril près de Chemnitz [22].

Jean Georges reprend certes Zwickau le 7 juin 1642, mais perd en revanche Leipzig après la victoire de Lennart Torstenson sur les Impériaux le 23 novembre à la bataille de Leipzig [23]. Enfin, Torstensson force Jean Georges à accepter le cessez-le-feu de Kötzschenbroda le 27 août 1645 après avoir anéanti l’armée saxonne près de Jüterbog [24] et incendié Pegau [25]. La période la plus dévastatrice de la guerre est désormais passée pour la Saxe. Les traités de Westphalie [26] signés en 1648 confirment à Jean Georges ses acquisitions de la paix de Prague.

Durant son règne, Jean Georges est entré souvent en conflit avec ses États, la cause principale étant l’endettement du duché dû à la guerre.

Il meurt à Dresde le 8 octobre 1656. Son testament divise le duché entre ses quatre fils : l’aîné, Jean Georges II , hérite de l’électorat, tandis que ses cadets Auguste , Christian et Maurice reçoivent les duchés nouvellement créés de Saxe-Mersebourg, Saxe-Weissenfels et Saxe-Zeitz.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en Allemand intitulé Johann Georg I. (Sachsen)/ Traduit par mes soins

Notes

[1] Le 29 septembre 1555, la Paix d’Augsbourg suspend les hostilités entre les États luthériens et les États catholiques en Allemagne. C’est un compromis qui n’a pu voir le jour qu’en éludant un grand nombre de questions litigieuses. Elle repose sur un principe fondamental : cujus regio, ejus religio c’est-à-dire : « tel prince, telle religion ». Les princes et les seigneurs étaient désormais libres de choisir, pour eux, leurs vassaux et leurs sujets, entre les deux confessions chrétiennes. Les sujets en désaccord avec la religion de leur suzerain avaient le droit d’émigrer.

[2] tel prince, telle religion

[3] La Lusace est une région du nord-est de l’Allemagne, aux confins de la Pologne (Silésie) et de la République tchèque (Bohême), à l’est de la Saxe et au sud du Brandebourg.

[4] La Silésie est une région qui s’étend sur trois États : la majeure partie est située au Sud-Ouest de la Pologne, une partie se trouve au-delà de la frontière avec la République tchèque et une petite partie en Allemagne. Cette région fut au 10ème siècle l’objet d’un conflit entre la dynastie tchèque des Přemyslides et la dynastie polonaise des Piast. En 990, Mieszko 1er de Pologne achète cette région à Boleslav II de Bohême. Après avoir appartenu à la Pologne, la Silésie fut rattachée en 1335 à la couronne de Bohême, ensuite à l’Autriche qui domina la Bohême dès 1526, puis à la Prusse en 1742 par le traité de Hubertusburg qui mit fin aux guerres de Silésie.

[5] La bataille de la Montagne Blanche se déroula le 8 novembre 1620, non loin de Prague. C’est l’une des premières et des plus importantes batailles de la guerre de Trente Ans. Elle oppose une armée d’environ 21 000 hommes commandée par Christian 1er d’Anhalt-Bernbourg pour le compte de Frédéric V, aux forces du Saint Empire placées sous les ordres de Charles Bonaventure de Longueval, comte de Bucquoy, combinées aux forces de la Ligue catholique, sous les ordres de Jean t’Serclaes, comte de Tilly, regroupant ainsi 29 000 hommes qui obtiennent une victoire écrasante. Cette bataille marque la fin de la première période dite période Palatine de la guerre de Trente Ans.

[6] Wittemberg, en allemand Lutherstadt Wittenberg, est une ville de Saxe-Anhalt en Allemagne, située au bord de l’Elbe. Wittemberg est célèbre pour ses liens étroits avec Martin Luther et les origines de la Réforme protestante : plusieurs de ses bâtiments sont associés aux événements de ce temps.

[7] Bad Düben est une ville de Saxe, située dans l’arrondissement de Saxe-du-Nord, dans le district de Leipzig.

[8] La première bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631) fut la première victoire majeure des protestants lors de la Guerre de Trente Ans, elle incita les États protestants à s’unir. Pour la première fois, la mobilité et la puissance de feu (utilisation des cartouches et pratique du feu de salve) l’ont emporté sur le nombre et la force des piques.

[9] La bataille de Lützen, (Saxe-Anhalt) (6 novembre 1632) fut l’une des batailles les plus marquantes de la Guerre de Trente Ans, pendant laquelle les armées suédoises du roi Gustave II Adolphe de Suède, mort au combat, s’imposèrent face à des forces de la ligue Catholique dirigées par Albrecht von Wallenstein.

[10] La première Bataille de Nördlingen a lieu les 5 et 6 septembre 1634, durant la guerre de Trente Ans.

[11] La Paix de Prague est un traité de la Guerre de Trente Ans signé le 30 mai 1635 entre l’empereur Ferdinand II et l’Electeur de Saxe, qui accepte de reconnaître la dignité électorale de la Bavière alors que l’empereur suspend l’application de l’Édit de Restitution. L’électeur de Saxe obtient définitivement la Lusace.

[12] Eilenburg est une ville de Saxe, située dans l’arrondissement de Saxe-du-Nord, dans le district de Leipzig.

[13] Pirna (autrefois Pirne en français) est une ville de Saxe. Elle est située dans l’arrondissement de Suisse-Saxonne-Monts-Métallifères-de-l’Est et le district de Dresde. C’est une Große Kreisstadt, un siège d’administration du district Suisse saxonne dans la république de Saxe, dans la circonscription de Dresde. Pirna se trouve au pied du Elbsandsteingebirge au début de la vallée de l’Elbe, où le Wesenitz au nord et le Gottleuba au sud se jettent dans l’Elbe. On appelle aussi Pirna la porte de la Suisse saxonne.

[14] anciens territoires de la couronne de Bohême

[15] L’archevêché de Magdebourg était un archevêché de l’Église catholique romaine à l’intérieur du Saint Empire romain germanique. Sa capitale était Magdebourg et il était situé le long de l’Elbe. Établi en l’an 968, l’archevêché commença à être gouverné par des administrateurs en 1545. Certains d’entre eux furent luthériens. L’archevêché fut hérité par le Brandebourg Prusse en 1680 et, après avoir été sécularisé, fut remplacé par le duché de Magdebourg.

[16] Dömitz est une commune du Landkreis de Ludwigslust-Parchim, dans le sud-ouest du Mecklembourg, en Allemagne. Dömitz est située au bord de l’Elbe. Elle est la commune la plus méridionale du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.

[17] Kyritz est une ville du Land de Brandenbourg en Allemagne.

[18] La bataille de Wittstock a eu lieu au cours de la guerre de Trente Ans à proximité de la ville de Wittstock, le 4 octobre 1636 et a opposé une armée suédoise aux forces alliées du Saint-Empire romain germanique et de l’électorat de Saxe.

[19] Zwickau est une ville de l’ex-Allemagne de l’Est, dans le sud-ouest de la Saxe l’une des six villes les plus peuplées de la Saxe

[20] Reichenbach im Vogtland est une ville de Saxe (Allemagne), située dans l’arrondissement du Vogtland, dans le district de Chemnitz.

[21] Freiberg est une ville du land de Saxe, en Allemagne. C’est la préfecture de l’arrondissement de Saxe centrale (Landkreis Mittelsachsen en allemand). La ville a été fondée en 1162, et a été un centre de l’industrie minière dans les monts Métallifères pendant des siècles. Elle vécut longtemps de l’exploitation de son sous-sol d’où l’on extrayait divers minéraux (argent, cuivre, plomb, zinc, fluorine, spath et agate). Un symbole de cette histoire est l’École des mines de Freiberg, fondée en 1765 : il s’agit de l’une des plus anciennes écoles d’ingénieur d’Europe et l’université des mines et de la métallurgie la plus ancienne dans le monde.

[22] La bataille de Chemnitz du 14 avril 1639 (4 avril du calendrier julien), pendant la Guerre de Trente Ans est une victoire des troupes suédoises contre les troupes impériales et saxonnes.

[23] La bataille de Leipzig (1642), aussi connue dans l’histoire comme la seconde bataille de Breitenfeld s’est déroulée les 23 et 24 octobre 1642 autour de la ville de Leipzig en Allemagne. L’armée suédoise, sous les ordres de Lennart Torstenson, y vainquit l’armée alliée des Impériaux et des Saxons dirigée par l’archiduc Léopold-Guillaume de Habsbourg et Ottavio Piccolomini.

[24] Jüterbog est une ville allemande située à 70 km au sud-ouest de Berlin, dans la région de Brandebourg (Land Brandenburg), plus précisément dans la circonscription (Landkreis) de Teltow-Fläming. La ville fait partie de l’association des "Villes ayant un cœur historique" de la région de Brandebourg. Elle a été fondée en 1007.

[25] Pegau est une ville de Saxe en Allemagne, située dans l’arrondissement de Leipzig, dans le district de Leipzig.

[26] Les traités de Westphalie (ou Paix de Westphalie) conclurent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-vingts ans le 24 octobre 1648. Ils sont à la base du « système westphalien », expression utilisée a posteriori pour désigner le système international spécifique mis en place, de façon durable, par ces traités. Catholiques et protestants ayant refusé de se rencontrer, les négociations se tinrent à partir de décembre 1644 à Münster pour les premiers et à partir de 1645 à Osnabrück pour les seconds. Cette solution qui avait été proposée par la Suède est préférée à l’alternative française qui suggérait Hambourg et Cologne. Les pourparlers de Münster opposaient les Provinces-Unies (les Pays-Bas) à l’Espagne et la France au Saint Empire romain germanique. Ceux d’Osnabrück, la Suède à l’Empire. Les principaux bénéficiaires furent la Suède, les Pays-Bas et la France. Côté français, la diplomatie engagée par Mazarin fut décisive.