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L’histoire pour le plaisir

Polybe

dimanche 19 septembre 2021, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 29 juillet 2011).

Polybe (vers 210-vers 126 av. jc)

Général, homme d’État, historien et théoricien politique

Stèle en relief de Kleitor représentant soi-disant l'homme d'État et historien achéen Polybe, IIe siècle av. J.-C., œuvre d'art grecque hellénistique du Péloponnèse. Source : wiki/Polybe/ domaine publicNé à Megalopolis [1] en Grèce, dans le Péloponnèse [2]. Issu d’une grande famille arcadienne [3], il reçoit une solide éducation militaire.

Il passe sa jeunesse près de Philopoemen , qui le forme dans l’art de la guerre. Après l’effondrement de l’empire d’Alexandre le Grand en 323, les cités grecques se disputent à nouveau. Dans le sillage de son père, Lycortas , il est un des meneurs de la Ligue achéenne [4] et en tant qu’hipparque [5] il est au commandement de la cavalerie de la Ligue au moment de la défaite du roi Persée de Macédoine face à Paul Émile, à Pydna en 168. Il s’efforce, mais en vain, de maintenir la neutralité des Achéens entre Rome et le Macédoine. Il est une des premières victimes grecques des Romains, Rome exigeant de la Ligue, restée neutre, des otages parmi les dirigeants politiques soucieux de l’indépendance des villes grecques. Mille otages sont envoyés à Rome en 167. il ne recouvre sa liberté que 17 ans plus tard.

Pendant son séjour en Italie il a tout le loisir de faire une étude approfondie de la politique et de l’état militaire des Romains. Il peut voir le fonctionnement du régime politique de la République de l’intérieur et est séduit par l’organisation politique des Romains. Logé chez Paul-Emile, et servant de précepteur à ses deux fils, il s’acquiert l’amitié de ceux-ci, surtout du second, Scipion Émilien. En 149 av. jc, l’exil prend fin. Polybe rentre en Grèce. Mais très vite, Scipion Émilien fait appel au militaire qu’est Polybe, et avec son aide, rase Carthage [6] en 146 av. jc. Il voyage ensuite en Afrique, en Espagne, en Gaule.

La Ligue achéenne se soulève alors contre Rome. Le résultat est désastreux, les Achéens sont écrasés, et Corinthe [7] détruite. Grâce à ses relations, Polybe est chargé par les Romains de faire respecter leurs volontés dans la politique grecque. Il réussit l’exploit de se concilier la reconnaissance des Grecs, en faveur desquels il réussit plus d’une fois à adoucir le vainqueur, et la satisfaction des Romains. Il termine sa carrière politico-militaire aux côtés de son ami Scipion Émilien en Espagne, au siège de Numance [8] en 133.

La dernière partie de sa vie est consacrée à la rédaction de sa grande œuvre, une “Histoire générale de son temps”, en quarante livres où il menait de front l’histoire de Rome et celle des États contemporains. Dans cet ouvrage, il veut montrer comment et pourquoi les nations civilisées du monde sont tombées sous la domination de Rome. Il meurt vers 126 d’une chute de cheval à 82 ans.

Il a en outre écrit un Éloge de Philopoemen, un Traité de tactique, un Traité sur les régions équatoriales et une Guerre de Numance.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Paul Pédech, La Méthode historique de Polybe, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Collection d’études anciennes », 1964

Notes

[1] Mégalopolis ou Megalópoli est une ville de Grèce, dans le Péloponnèse, dans la vallée de l’Alphée. Elle fut fondée entre 371 et 368 avant notre ère par Épaminondas pour surveiller Sparte, et fut le siège de la ligue arcadienne. En 331, Agis III, roi de Sparte, fut tué lors de la première bataille de Mégalopolis, qui l’opposa à Antipater, un général d’Alexandre le Grand.

[2] Le Péloponnèse est une péninsule grecque, qui couvre 21 379 km². Elle a donné son nom à la périphérie du même nom qui couvre une part importante de la péninsule, regroupant cinq des sept nomes modernes qui la divisent. Seuls deux nomes (l’Achaïe et l’Élide) situés au nord-ouest de celle-ci sont rattachés à la périphérie de Grèce-Occidentale.

[3] L’Arcadie est une région de la Grèce située au centre de la péninsule du Péloponnèse. Son relief est très montagneux, surtout au nord et elle est baignée à l’est par la mer Égée. Tirant son nom du personnage mythologique Arcas. L’Arcadie était un pays de villages, qui n’a jamais eu un poids fort dans la politique grecque. Mantinée et Tégée furent pourtant mêlées à l’expansion spartiate, principalement au 5ème siècle av.jc. Pendant longtemps l’Arcadie n’eut pas de gouvernement central : plus tard, Sparte ne pouvant plus s’y opposer, Megalopolis, capitale de toute l’Arcadie, fut bâtie en 370 avant jc. Ce pays fut d’abord gouverné par des rois,

[4] La Ligue achéenne est une confédération de villes d’Achaïe, sur la côte nord-est du Péloponnèse. À son apogée, la ligue contrôle tout le Péloponnèse à l’exception du sud de la Laconie. La montée de l’impérialisme romain dans la région conduit finalement à sa dissolution en 146 av. jc , à la suite de la guerre d’Achaïe.

[5] Un hipparque est un général commandant une hipparchie, une division de cavalerie dans la Grèce et la Macédoine antique, le plus souvent formée de 500 cavaliers.

[6] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[7] Corinthe était l’une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l’Acrocorinthe. Elle abritait autrefois un célèbre temple d’Aphrodite.

[8] Numantia ou Numance est une ville antique du nord de l’Hispanie (près de l’actuelle Soria1) qui résista durant vingt ans à la conquête romaine, entre 153 et 133 av.jc. Cette lutte farouche, dans laquelle les Romains furent longtemps impuissants, se place en partie dans le contexte de la Troisième Guerre punique. Plusieurs généraux échouèrent à la prendre avant que le Sénat n’y envoyât son meilleur chef, Scipion Émilien, le vainqueur de Carthage.