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Guillelmus Duranti dit Guillaume Durand ou Guillaume VI Durand

mercredi 21 janvier 2015 (Date de rédaction antérieure : 29 juillet 2012).

Guillelmus Duranti dit Guillaume Durand ou Guillaume VI Durand (mort en 1330)

Évêque de Mende de 1296 à 1330

Guillelmus Duranti dit Guillaume Durand ou Guillaume VI Durand Évêque de Mende de 1296 à 13306ème évêque de Mende à porter ce prénom. Les actes de son époque le présentent sous le nom Guilhelmus III. Natif de Puimisson [1], ce personnage tient une place fondamentale dans l’histoire de la Chrétienté du début du 14ème siècle mais il a suivi toute cette carrière en demeurant évêque de Mende. Il possède une maison à Paris, où il séjourne souvent, rue de la Calandre, ainsi qu’un château à Argenteuil.

Le 7 mars 1291, sur la requête de Paul Baussan et d’Adémar Charbonier, il obtient du pape la collation du prieuré de Saint Médard de Banassac en Gévaudan, vacant après la mort d’un de ses parents, Hugon d’Aquisvivis. Il est chanoine et archidiacre [2] de Mende en 1296, lors de son élection comme évêque. Le 17 décembre 1296, sur l’intervention du chapitre de Mende, des clercs, du peuple, des vassaux du diocèse de Mende et du roi de France, Boniface VIII confirme son élection qui succède ainsi à son oncle. Le pape accorde une dérogation en tenant compte qu’il n’est pas encore prêtre. Il prend rapidement en main son diocèse et attache à son service des hommes qui figuraient dans l’entourage de son oncle et qu’il connaît bien.

Mais il engagea aussi à son service le célèbre juriste, Pierre d’Aurelhac Jacobi qui rédigera la “Pratique d’or” et qui sera son official en 1312.

Le 24 juin 1297, Boniface VIII l’autorise à contracter un emprunt de 3000 livres tournois et le 29 juillet, le pape le relève de son serment, prêté au moment de sa promotion comme évêque, de se rendre à Rome en pèlerinage tous les 2 ans.

Le 6 décembre, avec 5 autres chanoines, il fixe un statut selon lequel les chanoines s’engagent à ne pas présenter aux prébendes vacantes ceux dont les parents jusqu’au 3ème degré se sont emparés des biens de l’Église ou ont violé ses droits. 5 ans plus tard, le 25 décembre 1302, le pape confirmera ce nouveau statut.

Le 23 août 1305, sur mandat du pape Clément V, à Florence, avec Pelfort de Rabastens , abbé de Lombez [3], il intervient en faveur des Gibelins [4] assiégés dans Pistoia [5] par les Guelfes [6], mais ces derniers, excommuniés, triomphent en avril 1306 et consacrent l’échec de Guillaume. Ce dernier parcourt alors la Toscane, la marche d’Ancône et la Romagne. En 1307, il est en Angleterre où il enquête en vue de la canonisation de Thomas de Canteloup, évêque d’Hereford [7].

Fidèle serviteur de Philippe le Bel, il s’engage dans la lutte contre les Templiers et devient, en août 1308, l’un des 8 commissaires nommés par le pape pour instruire leur procès.

En 1309, à Paris, en l’abbaye Sainte-Geneviève [8], il assiste à la première commission pontificale convoquée dans le cadre de cette affaire. Le 5 juin 1311, il remet un rapport dans le cadre du procès des Templiers qui lui vaut l’inimitié des partisans du Temple.

Le 16 octobre 1311, lors du concile de Vienne [9], il livre son rapport, “Tractatus de modo generalis concilii celebrandi”, sur les remèdes à apporter à la crise de la Chrétienté, dans lequel il remet en question l’absolutisme de Rome, et il le soutient avec une telle force qu’il risque, selon Jacques Duèse, de provoquer un schisme.

Son projet de réforme est rejeté bien qu’il réponde aux aspirations de nombreux évêques. Toutefois Clément V le suit dans l’idée de supprimer l’Ordre du Temple, par mesure administrative et non par sentence judiciaire, et le concile accepte cette procédure lors d’une sentence définitive le 22 mars 1312. Le roi l’autorise alors à se constituer une garde personnelle afin d’assurer sa défense contre tout attentat.

En 1313, à Paris, en présence du roi, il participe à une réunion de prélats et de barons qui délibèrent sur la formation d’une croisade. À l’occasion de ce séjour, il requiert le prévôt de Paris de faire libérer l’un de ses vassaux, Richard de Peyre, alors détenu au Châtelet.

En 1316, il siège aux Enquêtes et à la Grande Chambre, à Paris. Le nouveau pape, Jean XXII, opposé aux idées du rapport qu’il a rendu au concile de Vienne, promulgue une constitution qui va en sens inverse et renforce les pouvoirs pontificaux, le 15 septembre.

À la mort de Jean 1er, fils de Louis X, en novembre 1316, Guillaume joue un rôle important, en qualité de juriste, pour conforter le droit de succession de Philippe V. Comme conseiller royal, il ouvre une campagne à la cour afin de critiquer la position du pape et tend ainsi à brouiller le pape et la cour royale ce qui lui vaut l’inimitié de Jean XXII, qui diligente des enquêtes contre lui. Il échappe toutefois aux sanctions du fait du crédit dont il jouit à la cour et le pape continue à l’utiliser pour diverses missions.

En 1319-1321, il part à deux reprises en Angleterre afin de conclure la paix entre les rois d’Angleterre et d’Écosse. En juillet 1321, il assiste à l’assemblée des députés de Paris, réunis sur la question des mesures et des monnaies. En 1323, avec Amauri de Narbonne, il prépare une croisade dont le projet échoue.

En 1329, sur ordre de Jean XXII et de Philippe de Valois, il part en Égypte, en compagnie de Pierre de la Palu, patriarche de Jérusalem, afin de préparer une croisade. Il accompagne alors Marie, fille de Louis de Bourbon, et l’époux de celle-ci, Guidon roi de Chypre. Le 24 avril, il obtient du pape le droit de recevoir l’absolution à l’article de la mort et une indulgence pour lui et ses familiers. Le pape renouvelle cette indulgence le 10 août suivant.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de FASTI ECCLESIAE GALLICANAE Extrait du volume concernant le diocèse de Mende/Biographie de Guillaume Durand

Notes

[1] Puimisson est une commune française située dans le département de l’Hérault et la région Languedoc-Roussillon.

[2] Un archidiacre est un vicaire épiscopal à qui l’évêque confie certaines fonctions administratives pour un groupe de paroisses.

[3] Lombez est une commune française située dans le département du Gers et la région Midi-Pyrénées.

[4] Les gibelins (la pars gebellina), soutiennent la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[5] Pistoia est une ville située dans la province de Pistoia en Toscane (Italie). La ville s’est longtemps appelée Pistoria, terme visiblement dérivé du latin pistor désignant celui qui pile le grain, puis un boulanger. On suppose qu’il y aurait eu sur le site une sorte de moulin primitif permettant de broyer les grains pour nourrir à la fois hommes et bêtes. Pistoia est située au pied des Apennins, à 37 km au nord-ouest de Florence, dans le centre de l’Italie.

[6] Les guelfes et les gibelins sont deux factions médiévales qui s’opposent militairement, politiquement et culturellement dans l’Italie des Duecento et Trecento. Elles soutiennent respectivement et initialement deux dynasties qui se disputent le trône du Saint Empire romain germanique. La pars guelfa appuie les prétentions de la dynastie des « Welfs » et de la papauté, puis de la maison d’Anjou, la pars gebellina, celles de la dynastie des Hohenstaufen, au-delà, celles du Saint Empire romain germanique.

[7] Hereford est une cité historique de l’Ouest de l’Angleterre située sur la Wye, près de la frontière galloise, dans le comté de Herefordshire.

[8] L’abbaye Sainte-Geneviève de Paris était une ancienne abbaye parisienne dont plusieurs bâtiments ont été conservés pour constituer l’actuel lycée Henri-IV. Située à proximité de l’église Saint-Étienne-du-Mont et du Panthéon, ses bâtiments et jardins s’étendaient entre la rue de l’Estrapade, la place du Panthéon et la place Sainte-Geneviève. Elle fut fondée en 502 par Clovis et son épouse Clotilde sur le mons Lucotitius où se trouvait déjà un cimetière, sous le nom de monastère des Saints-Apôtres

[9] Le concile de Vienne est pour l’Église catholique romaine le quinzième concile œcuménique. Il fut convoqué par le pape Clément V à la demande du roi de France Philippe le Bel pour discuter de l’avenir de l’Ordre du Temple. Il se réunit entre octobre 1311 et mai 1312 à Vienne et aboutit à la suppression de l’Ordre. Outre la question centrale des Templiers, il traita également de la querelle des spirituels qui divisait l’ordre franciscain. Il interdit les béguinages, et légiféra sur la présence de l’islam en terre chrétienne. Les propositions de réforme de Guillaume Durand, évêque de Mende, y furent présentées.