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L’histoire pour le plaisir

Pons de Melgueil

jeudi 25 avril 2019, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 3 mars 2012).

Pons de Melgueil (vers 1075-1126)

Septième abbé de Cluny

Fils cadet de Pierre 1er de Melgueil. Dès 1099, il aura pour parrain le cardinal Rainier, qui sera ultérieurement le pape Pascal II. Pons appartient à la haute noblesse du Languedoc, il est apparenté aux comtes d’Auvergne [1] et aux comtes de Toulouse [2]. Par son arrière-grand-père, il est apparenté aux empereurs saliens du Saint Empire Romain Germanique, qu’il côtoiera toute sa vie.

Il est élu abbé en 1109, à la suite d’Hugues de Cluny. Il entretient alors d’excellents rapports avec la papauté, le successeur de Pascal II, Gélase II, viendra mourir à Cluny après avoir été chassé de Rome par des troubles civiques.

L’ordre de Cluny est à ce moment à son apogée et ses dépendances couvrent l’Europe, mais la formation rapide de cet empire monastique n’a pas été accompagnée par la mise en place d’une administration centrale efficace. Des réformes sont nécessaires, tant au niveau des mœurs quotidiennes que du fonctionnement économique des monastères de l’ordre de Cluny. Il s’y attelle, mais une réaction se fait jour, il fait l’objet de sévères critiques lors du concile de Reims, en 1119.

Excellent négociateur, formé à Saint Pons de Thomières [3] par l’abbé Frotard, légat du pape [4] en Espagne et bras droit de Grégoire VII, il remporte des succès diplomatiques en Espagne et en Allemagne. En Espagne, en 1114, il prépare l’essor du pèlerinage de Compostelle [5] en parvenant à décider Bernard de Tolède, primat d’Espagne, à accepter la fondation d’un archevêché à Compostelle [6] même. En Allemagne de 1115 à 1119, il rompt avec la traditionnelle neutralité de l’ordre clunisien et prend le parti du pape dans l’interminable querelle des Investitures [7]. Il prépare ainsi le concordat de Worms [8] du 23 septembre 1122. En remerciement, Calixte II le nomme cardinal.

La même année, en mars, il est convoqué à Rome par Calixte II, qui a reçu des plaintes de ses moines. Il démissionna ou fut déposé pour des raisons qui ne font pas l’unanimité parmi les historiens. Redevenu simple moine il gagne le Mont-Cassin [9], puis la Terre Sainte.

En 1123, il revient en Italie où il fonde un monastère, Santa Croce di Campese près de Vicence. La même année, il figure parmi les participants de la diète de Worms.

Après avoir tenté de reprendre l’abbatiat en 1126. Il est aussitôt excommunié par l’archevêque de Lyon [10], qui s’était déjà prononcé contre Pons au concile de Reims en 1119. Le pape Honorius II, successeur de Calixte, confirme bientôt la sentence. En 1126, il est convoqué à Rome, où il doit être jugé pour haute trahison. Pons obtempère, mais, une fois à Rome, refuse de se présenter devant Honorius. Selon la tradition, il déclare qu’aucun autre que Pierre ne peut le juger et refuse de demander la levée de son excommunication. Emprisonné, il meurt de la malaria le 28 décembre 1126.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Agnès Gerhards, L’Abbaye de Cluny, Complexe, Bruxelles, 1992 (ISBN 2870274564)

Notes

[1] Le comté d’Auvergne est l’une des plus anciennes seigneuries de France, puisqu’elle a déjà été érigée à la fin de la période romaine. Durant l’ère mérovingienne, il devient même momentanément un duché. La famille des Comtes d’Auvergne gouverne le comté depuis le dixième siècle. Une crise éclate au sein de la famille en 1155, date à laquelle le comte Guillaume VII d’Auvergne est forcé par son oncle Guillaume VIII d’Auvergne à diviser le comté en deux. Guillaume VIII reprend le comté, tandis que Guillaume VII doit se satisfaire du titre de dauphin d’Auvergne. En 1360, le roi de France Jean II de France crée, sur la vieille Terre royale d’Auvergne, un duché d’Auvergne qui se transmet au sein de la famille royale

[2] Le comté de Toulouse est un ancien comté du sud de la France, dont le titulaire était l’un des six pairs laïcs primitifs. Le comté de Toulouse est créé en 778 par Charlemagne, au lendemain de la défaite de Roncevaux, afin de coordonner la défense et la lutte contre les Vascons et intégré dans le royaume d’Aquitaine, lorsque celui-ci est créé trois ans plus tard.

[3] La cathédrale Saint-Pons-de-Cimiez ou abbaye Saint-Pons-de-Thomières, ou Abbatia Sancti Pontii - Abbatia Thomeriarum, est une ancienne abbaye et cathédrale catholique romaine, située à Saint-Pons-de-Thomières, dans le département de l’Hérault. L’abbaye fut fondée en 936 par le comte de Toulouse, Raymond III Pons et son épouse Garsinde. Elle était le siège de l’évêché de Saint-Pons de Thomières, créé en 1318 par détachement du diocèse de Narbonne et supprimé à la Révolution pour être intégré au diocèse de Montpellier (devenu par la suite archidiocèse).

[4] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[5] Le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle ou pèlerinage de Compostelle est un pèlerinage catholique dont le but est d’atteindre le tombeau attribué à l’apôtre saint Jacques le Majeur, situé dans la crypte de la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle en Galice (Espagne).

[6] L’archidiocèse de Saint-Jacques-de-Compostelle est un diocèse d’Espagne dont le siège ecclésiastique est la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle dans la ville du même nom. Le diocèse de Saint-Jacques de Compostelle est l’héritier du diocèse historique d’Iria-Flavia.

[7] La querelle des Investitures est le conflit qui opposa la papauté et le Saint Empire romain germanique entre 1075 et 1122. Elle tire son nom de l’investiture des évêques. Au Moyen Âge, l’investiture est un acte par lequel une personne met une autre en possession d’une chose. Au 11ème siècle, les souverains estiment que le fait de confier à un évêque ou à un curé des biens matériels leur permet de choisir l’officiant et de lui accorder les investitures spirituelles. Cette mainmise du pouvoir temporel sur le pouvoir spirituel a comme conséquence une défaillance profonde du clergé, qui n’assure plus son rôle. La réforme grégorienne qui débute au milieu du 11ème siècle entend lutter contre les manquements du clergé à ses devoirs, ce qui incite le pape à vouloir le contrôler, au détriment du pouvoir politique. Les monarques du Saint Empire romain germanique, pour qui les évêques sont aussi des relais de l’autorité impériale, s’opposent alors à cette prétention. Après une lutte sans merci entre les empereurs et les papes, la querelle des Investitures aboutit à une victoire provisoire du spirituel sur le temporel.

[8] Le concordat de Worms est l’accord qui met fin à la Querelle des Investitures en 1122, conflit qui opposait le pape à l’empereur allemand depuis 1075. L’original de l’acte de l’empereur Henri V est conservé aujourd’hui aux archives du Vatican. En signant le concordat de Worms, l’empereur renonce à l’investiture par la crosse et par l’anneau. Il accepte la libre élection des évêques par le chapitre de la cathédrale. En cas de conflit lors de cette désignation, il peut arbitrer en faveur du candidat le plus digne. Il donne ensuite, d’abord en Allemagne puis, après son sacre, sur tout son territoire l’investiture temporelle sous la forme d’un sceptre pour les biens fonciers et les fonctions régaliennes de l’évêque. Ce dernier a l’obligation de s’acquitter des tâches que lui imposent les terres concédées par l’empereur. Mais ce droit de regard sur l’élection épiscopale ne s’exerce que sur les possessions allemandes de l’empereur. Il perd donc son influence sur la nomination des évêques en Bourgogne et en Italie. Or dans cette dernière région, les évêques étaient les plus fidèles soutiens de l’empereur et de gros pourvoyeurs de fonds pour le trésor impérial. L’empereur restitue aussi à l’Église les biens et les régales temporelles (le droit de percevoir les revenus d’un siège épiscopal vacant) et spirituelles (soit la nomination aux bénéfices et donc aux prébendes). Il garantit en outre paix et assistance à l’Église.

[9] L’abbaye territoriale du Mont-Cassin est une église particulière de l’Église catholique en Italie. Fondée par Benoît de Nursie en 529, elle est le berceau de l’ordre des Bénédictins. Elle sert de retraite à des souverains et à des pontifes tels que le prince franc Carloman, frère de Pépin le Bref, le roi lombard Ratchis (avec sa famille), et saint Grégoire. Renfermant d’immenses richesses, dont une précieuse bibliothèque, cette dernière est en partie placée sous la protection de Rome, avec une galerie de précieux tableaux.

[10] Créé dès le 2ème siècle, le diocèse de Lyon est un des plus anciens de France. Son premier évêque fut Saint Pothin. Il souffrit des persécutions de Marc Aurèle en 177. On dénombre 48 martyrs dont l’évêque Pothin et Sainte Blandine ce sont les martyrs de Lyon. Saint Irénée devient alors évêque. Le diocèse de Lyon est élevé au rang d’archidiocèse métropolitain dès le 3ème siècle